🤍chapitre 16🤍

👻Le lac maudit où demeure une créature maléfique.👻

Madame Alessandro d'une démarche confiante se dirigeait vers la partie obscure de la forêt, accompagnée par les fées, puisque celles-ci étaient aussi prêtes à tout pour protéger les enfants. Elles s'étaient énormément attachées à eux, même si aucun des trois ne pouvait les voir.

Ce n'était pas bien grave, car malgré cela, c'était avec bienveillance qu'elles restaient auprès d'eux à chaque fois qu'ils jouaient dans les jardins. Dans le bosquet, aucun bruit ne se faisait entendre ; même le soupir du vent était étouffé par les feuillages épais des arbres. Ils avaient tous des formes étranges qui pouvaient faire penser que c'étaient des personnes emprisonnées dedans leurs troncs robustes.

Elle poursuivait son chemin, bien que quelques obstacles venaient ralentir sa progression. Grâce aux étoiles et aux lumières qui entouraient les petites fées, cela l'aidait à y voir dans cette noirceur omniprésente. Les arbustes finissaient par s'écarter et leurs branches nouées formaient une porte faite par la nature elle-même, avec sûrement l'aide des petites fées.

C'était ce chemin-là qu'elle devait prendre pour aller au lac, mais son corps refusait de bouger. Comme paralysé par la crainte encore d'une fois de demander un service à cette créature avide de chair et par-dessus tout de sang frais. Un long frison se faisait ressentir le long de sa colonne vertébrale avec une chair de poule.

Habituellement, elle savait contrôler ses terreurs avec une main de fer. Pourtant, cette fois-ci, elle craignait que chaque pas qu'elle avait fait pour protéger ses enfants n'aurait rien servi. Elle sentait la chaleur qui émanait des fées, car celles-ci l'entouraient pour faire rallumer cette étincelle d'espoir dans son cœur.

Madame Alessandro avec hésitation écarta les branches lourdes pour pénétrer dans ce lieu maudit sans la présence des fées, parce qu'elles risquaient d'être en danger. Alors, celles-ci avaient fait demi-tour pour regagner leurs maisonnettes légèrement détruites par les ronflements forts de calamité.

Elles faisaient confiance à leur formidable sentinelle pour réussir à protéger ses petits. Madame Alessandro, sans un regard en arrière, parvient à sortir de l'autre côté du passage et ses yeux s'agrandissaient d'émerveillement pour cet endroit toutefois sinistre, mais tellement magnifique qu'il coupait le souffle.

Son regard se posa sur le lac qui reflétait légèrement les scintillements des étoiles et de la lueur de cette lune bien ronde. Madame Alessandro admirait ce spectacle époustouflant, car le ciel n'était absolument plus couvert par ce manteau épais qui cachait une belle voie lactée. Elle s'asseyait au rebord avec précaution pour regarder intensément cette eau aussi pure que du cristal.

Celle-ci était immobile pour refléter parfaitement son reflet. Elle avait l'impression de ne pas se reconnaître avec ses traits marqués par ses émotions dévastatrices et sa pâleur était aussi effrayante qu'un croc mort.

Son regard d'une nuance d'un bleu océan ne brillait d'aucune émotion en croisant celui de cette fameuse créature. Celle-ci n'avait que sa tête sortie à la surface, car le reste de son corps était dissimulé encore dans les profondeurs.

Les yeux mauves de cette monstruosité la fixaient avec une certaine haine. Leurs regards ne se lâchaient pas jusqu'à ce qu'avec rapidité celle-ci plonge entièrement sans montrer aucun signe de sa présence. Madame Alessandro resta sur ses gardes, méfiante pour se préparer à une certaine attaque que sûrement celle-ci préparait.

C'était brusquement que le visage d'une beauté morte de cette créature ressortait tout près du sien, leurs yeux s'ancraient l'un dans l'autre. Ses dents acérées dévoilaient un sourire carnassier amusé par cette situation divertissante.

— Bonsoir Méline, cela fait bien longtemps qu'on ne s'était pas vu. Pourrais-tu avoir la politesse de lâcher mon bras, car je n'ai aucune envie de te faire du mal, murmura-t-elle avec un petit sourire au coin. Effectivement, c'était d'un clignement d'un regard qu'elle avait mis sa dague dessous le menton de cette femme mi-pieuvre à la longue chevelure d'un violet forcé.

Celle-ci n'était pas préparée à un tel coup, bien trop occupée à jubiler de sa victoire sur cette sentinelle qu'elle n'apprécie pas. C'était à contrecœur que son tentacule lâchait le bras de madame Alessandro pour s'écarter d'elle et de sa maudite dague à la lame empoisonnée.

— Quel service êtes-vous venue me demander encore une fois ? Demanda Méline sans une once de surprise dans sa voix parce qu'elle avait été prévenue que madame Alessandro viendrait ce soir. Elle se doutait bien que la venue de celle-ci n'était pas de gaieté de cœur, car ses visites étaient toujours liées par rapport à son don de créer des potions exceptionnelles.

C'était avec curiosité qu'elle observait celle-ci se lever pour entamer une longue marche autour du lac. Alors, c'était d'une nage gracieuse qu'elle l'a suivi, en restant quand même éloignée par prudence, méfiante par rapport à sa dague maléfique.

Madame Alessandro était perdue dans sa contemplation du ciel parsemé d'étoiles. C'était spectaculaire d'observer un tel paysage ; ses yeux s'assombrissaient d'une certaine tristesse en reconnaissant une constellation parmi tant d'autres. À une certaine époque, avec sa jeune sœur, quand elles s'étaient encore liées par leurs amours.

Chaque soir, elle s'amusait à nommer de nouvelles constellations imaginaires. Elle sentait son cœur se serrer de nostalgie par ses souvenirs qu'elle aurait bien voulu oublier, car ce passé était tombé dans l'oubli pour l'éternité.

Rien ne pouvait ramener sa sœur, même pas la magie ne pouvait faire revenir une âme perdue.

— Je voudrais que tu me fasses trois potions pour empêcher le don de clairvoyance de s'éveiller, déclara-t-elle calmement, puisque sa décision était prise pour assurer la protection des enfants. Ils ne devaient absolument jamais découvrir cet autre monde dissimulé aux yeux des mortels.

Elle n'entendait presque plus l'eau remuer légèrement, c'était le signe que Méline avait dû s'arrêter pour une quelconque raison qu'elle ne tardait pas à comprendre.

Celle-ci semblait être ébranlée par son ordre qui semblait pourtant anodin, car ce n'était pas la première fois qu'elle venait à sa rencontre pour demander de tels services, de même que souvent, c'était bien pire que cela.

— Ses potions sont destinées à ses enfants ? Que j'entends généralement leurs rires contagieux ? Ceux que vous avez recueillis ? Demanda-t-elle, tellement troublée que ses tentacules nuancés d'une couleur bleu royal gesticulaient dans tous les sens de nervosité.

Madame Alessandro ne comprenait pas sa réaction : pour la première fois, elle avait la drôle de sensation de ne pas comprendre la situation. Habituellement, elle était vive d'esprit pour saisir les choses que les autres personnes ne disaient pas. Méline se rapprochait d'elle jusqu'à ce que son tentacule gluant caressait légèrement un de ses mollets.

— Vous vous rendez compte de votre reconquête ? Si je fais ses potions, ses enfants seront privés de leur véritable identité ? Est-ce que vous désirez réellement cela pour eux, de leur enlever une part d'eux-mêmes ? Demanda-t-elle, peiné de devoir faire un tel acte, car bien que son âme était vouée aux enfers, cela ne l'empêchait pas d'avoir de l'empathie pour ses enfants.

Décidément, cette conversation se déroulait d'une manière inattendue parce que c'était avec conviction qu'elle pensait que madame Alessandro allait encore faire une requête pour une potion pour éliminer quelqu'un qui risquait de saboter ses projets.

Pourtant, elle n'aurait jamais imaginé que sa venue jusqu'au lac serait pour une telle demande. Méline savait qu'elle était considérée comme méchante et cruelle, même sans cœur.

Cependant, cet organe, pour la première fois depuis des siècles, battait énormément fort, rien que de penser à faire cela aux petits. Qu'elle avait rencontré un jour sans pour autant se révéler à eux, elle avait ressenti leur potentiel de don très élevé : c'était sans aucun doute qu'ils étaient destinés à faire des exploits extraordinaires.

— Bien sûr que non. Mon désir le plus cher serait qu'ils soient eux-mêmes et qu'ils vivent leurs vies comme ils l'entendent. Hélas, parfois les désirs passent au second plan, surtout lorsqu'il est question de protéger ceux qu'on aime. Vous devez connaître cela, Méline ? de faire des sacrifices, peu importe le prix à payer ? Demanda madame Alessandro, assez étonnée de se confier ainsi à une telle créature comme Méline, car celle-ci avait souvent voulu la tuer pour goûter à son sang de sentinelle. Elle ne comprenait réellement pas les tourments qui faisaient rage dans ses beaux yeux mauves dans lesquels les étoiles se reflétaient.

Elle sentait ses jambes engourdies d'épuisement. Alors, c'était avec délicatesse qu'elle se mit assise sur l'herbe fraîche pour être face à Méline. Celle-ci était toujours perdue dans les méandres de ses pensées. Jusqu'à ce que, d'un geste gracieux, elle plonge dans le lac pour disparaître entièrement.

Madame Alessandro espérait sincèrement qu'elle était partie chercher les potions, car si ce n'était pas le cas, c'était sûr qu'elle allait devoir trouver une autre solution pour fabriquer ses petites fioles.

Jusqu'à même sûrement de demander à des créatures bien plus terrifiantes que Méline si celle-ci refusait de se plier à son ordre. Les minutes s'écoulaient au même rythme que son esprit n'arrêtait pas de cogiter pour créer certaines scènes, dedans celles-ci se jouaient plusieurs fois. Son échec l'a terrifié, seulement imaginant d'échouer pour protéger les enfants.

Elle posait son visage dans ses mains avec espoir de calmer ses angoisses, de se sentir impuissante face à ses événements qu'elle ne pouvait absolument pas contrôler. Sa tête se relevait brusquement, car l'eau du lac avait remué légèrement à la surface : la chevelure mauve de Méline se voyait parfaitement sous les lueurs des étoiles.

Celles-ci faisaient briller cette eau claire d'un certain éclat époustouflant pour transformer ce lieu maudit en un endroit tout droit sorti d'un livre de contes.
Méline s'immergea élégamment pour poser deux de ses tentacules sur la terre ferme et, dedans l'une d'elles, des petits flocons se voyaient parfaitement grâce à la texture luisante qui était à l'intérieur.

Madame Alessandro, dans sa précipitation, se leva immédiatement pour récupérer ses petits objets qu'elle désirait tant. Hélas, elle a juste le temps de les effleurer que Méline, d'un geste vif, leva bien haut son tentacule pour la mettre hors de portée.

— Vous devez savoir que je n'ai pas fait cette potion par gaieté de cœur. Je ne vous estime pas beaucoup, Madame Alessandro, mais j'espère que vous avez parfaitement ce que vous êtes apprêtée à faire. Aucun retour ne sera possible après que ses enfants auraient bu ses potions, murmura Méline avec un regard vague, rempli d'une certaine culpabilité. Après avoir donné les fioles à contrecœur à cette sentinelle qu'elle haïssait de toute son âme, car c'était sa faute.

Qu'elle était coincée dans cet endroit pour seuls compagnons, ses squelettes qu'elle avait appris à aimer contre son gré. Elle avait bien sûr commis un certain crime pour être prisonnière de cette eau froide.

Pourtant, elle n'avait jamais regretté son acte qui l'avait conduit jusqu'ici, parce que cela avait permis de sauver sa jeune sœur des griffes de cette société contre laquelle l'organisation s'opposait depuis de nombreuses années.

Elle posa son regard assombri sur Madame Alessandro pour l'observer avec attention, car celle-ci n'avait pas bougé, comme paralysée par les actions qu'elle s'apprêtait à faire. C'était avec certitude que cela allait bouleverser l'avenir de tous sans exception.

— Il faut bien du courage pour protéger ceux qu'on aime. Jusqu'à même commettre parfois l'irréparable. J'espère qu'ils ne découvriront jamais la vérité, parce qu'avoir un pardon est bien compliqué, mais désirer trois, ce sera difficile de les obtenir, déclara Méline en reculant. Elle se plaçait au milieu de son environnement qui déclinait légèrement, car les arbres étaient devenus presque menaçants et certains, avec leurs branches tordues entre elles, créaient des formes monstrueuses.

Méline eut un sursaut d'hésitation avant de plonger pour se cacher dedans ses cryptes sous-marines. C'était doucement qu'elle se retournait une dernière fois vers Madame Alessandro. Celle-ci était perdue dans le tourbillonnant de ses pensées.

— J'espère que vous tenez toujours la promesse que vous m'avez faite à l'époque de protéger ma jeune sœur. Si, par malheur, j'apprends quoi que ce soit de très contrariant. Je vous conjure que ceux qui payeront le prix seront vos précieux enfants, dira-t-elle avec froideur avant de disparaître entièrement dans les profondeurs froides et lugubres de ce lac qui cachait bien des secrets.

Madame Alessandro serrait fortement les fioles dans ses mains pour calmer les tremblements qui avaient envahi son corps glacé par cette menace sanglante.

Elle resta un long moment immobile devant ce paysage qui semblait être figé dans le temps. C'était lentement qu'elle reprit possession de ses membres, car les astres dans le ciel pâlissaient pour s'éteindre une par une sous les nuages brumeux.


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