🤍chapitre 14🤍
👻Toujours aidé ceux qui ont le plus besoin même si cela risque d'être dangereux.👻
Je sens mes muscles se figer face au spectacle qui se passe devant nos yeux à tous. Ma gorge se sert à la vue d'un jeune serveur au sol. Il est sali par le contenu du plateau, mais ce n'est pas le pire. Il se fait injurier par une cliente élégante : celle-ci roule bien ses mots dans un accent désagréable. C'est sans aucun doute une femme certainement riche pour avoir un tel comportement, et elle s'amuse à le ridiculiser devant tous ceux qui sont là en observant ceux-ci avec amusement.
J'enfonce mes ongles dans la paume de ma main pour me retenir d'intervenir. Cette scène m'écœure surtout que ce jeune homme est handicapé. Il a une prothèse à une de ses jambes, comment peut-on être si atroce et avoir tant de méchanceté en soi ? Je ne comprends pas quel est le plaisir de dominer quelqu'un déjà à terre.
Je ferme brièvement les yeux pour refouler certains de mes souvenirs, loin d'être agréables. Mes mains prennent mon assiette encore pleine de crème anglaise. Je ne peux pas contrôler mon corps, car celui-ci réagit en bouillonnant d'une certaine rage. Bien que mes muscles résistent, parce qu'à cet instant précis, je m'apprête à faire une petite folie.
Je m'avance vers cette dame : celle-ci est d'une grande beauté avec ses longs cheveux roux ondulés. Sûrement qu'elle doit faire partie du monde des mannequins à première vue. Elle a des vêtements de luxe et son comportement est détestable ; cela me fait rappeler certaines personnes de mon passé que je pensais avoir oubliées avec le temps.
C'est d'une démarche mal assurée que maladroitement, en faisant exprès, je trébuche sur le reste du plateau qui est toujours au sol. Je tombe sur cette femme et le contenu de mon assiette se déverse sur sa belle chemise en soie, certainement d'une valeur inestimable.
Un lourd silence se fait entourer de nous à un point qu'on peut entendre une mouche voler. Aucune respiration des clients ne rompt pour ne pas briser ce moment qui est scellé par mon regard chocolaté qui croise celui de cette femme d'un vert foncé. Elle me donne un coup de coude dans l'estomac avec brutalité pour réussir à me dégager. Elle se relève rapidement, c'est avec un regard hautain qu'elle me juge comme un vulgaire insecte insignifiant.
— Décidément, ils laissent rentrer n'importe qui dans ce lieu, c'est très fort regrettable, murmure-t-elle froidement avant de partir la tête haute, mais sur le chemin en direction de la porte. Elle a perdu un peu de son indignité parce que les gloussements la poursuivent.
Maintenant, les moqueries se fixent sur elle. J'essuie mes mains sur mon pantalon déjà bien taché, c'est avec hésitation que doucement, j'aide le jeune homme à se relever. J'essaie de ne pas fixer sa jambe, je sais qu'être différent des autres peut se révéler compliqué. Surtout que pour eux, on n'est que des monstres de foire pour faire rire la galerie.
Il murmure des remerciements maladroits. Le pauvre, il semble tourmenté par ce qui vient de se passer. Ça doit être la première fois que ça lui arrive, une telle situation comme celle-ci. Lyam arrive immédiatement avec un seau d'eau et une serpillière.
Il est accompagné du premier serveur qu'il nous a installé, Cassie et moi. Je n'ose même pas jeter un coup d'œil vers elle par peur de voir briller dans ses pupilles bleues une colère noire nuancée par de la déception par rapport à mon acte inapproprié. Je garde la tête baissée en ne me sentant pas bien : c'est comme si un étau se resserrait avec fermeté autour de mon cœur pour m'empêcher de respirer. Je n'aime pas éprouver le sentiment d'étouffer sous les regards perçants des personnes.
Je ne doute pas à un seul instant de ce qu'ils pensent tous. Certainement qu'ils doivent me comparer à une folle sortie d'un asile. Je peux entendre des chuchotements pas discrets à mon égard ; cela me fait réagir pour fuir cet endroit d'une démarche rapide. Mon regard fixe le sol même après avoir dépassé la porte, en espérant que cet événement n'aille pas me poursuivre.
Je ne sais pas dans quelle direction mes pas m'emmèneront, mais tant que ça m'éloigne de cette salle pour me réfugier dans un endroit à l'abri des regards, c'est le plus important. Je pose ma main sur ma poitrine prête à exploser tellement que mon cœur tambourine à l'intérieur de ma cage thoracique douloureuse, parce que le souffle me manque. Dans ma course pour me dérober à ce cauchemar bien réel, à mon plus grand regret.
Je pousse sans ménagement une porte ornée de motifs étranges, mais c'est d'une telle beauté que mes yeux se fixent sur celle-ci, brève un instinct pour essayer de déchiffrer ce que ça peut bien vouloir dire, ses symboles. Hélas, je ne réussis pas et ma patience déjà mise à rude épreuve ne me permet pas de bien me concentrer. Je suis accueillie par un souffle glacial qui gifle ma peau chaude.
J'entoure mon corps de mes bras fragiles pour essayer de garder au maximum de chaleur parce que le froid s'insinue dans mon pull. Quelques flocons continuent à tomber pour bien tenir là où ils se disposent. Je m'avance avec hésitation, craintive par cette vague de froideur soudaine. C'est immobile que j'observe ce paysage enchanté qui m'émerveille. Je respire lentement cette bouffe d'air, bien que celle-ci soit glaciale, cela me calme instamment.
Ça paralyse mon angoisse, car celle-ci se gèle dans mes veines. Je m'avance doucement par prudence pour ne pas trébucher sur cette fine neige, comme celle-ci est légèrement glissante. Chaque pas que je fais laisse des empreintes au sol avec des petits craquements. C'est le seul bruit qui perturbe le silence de la nature. Mes yeux s'agrandissent à la vue d'une immense serre : elle doit être une parmi tant d'autres de ces jardins.
Ma curiosité me guide pour aller visiter cet endroit parce que c'est hors de question que je revienne sur mes pas pour affronter la colère de Cassie et me justifier pour ce malheureux affront envers cette dame. Quand je pousse les grands pour rentrer dedans, c'est minutieusement que je sens une odeur florale m'accueillir.
Il y a des milliers de rosiers d'espèce différente, chaque rose est magnifique avec des couleurs variées, qu'on peut s'imaginer que ce soit un arc-en-ciel. Mon nez me chatouille, je suis peux habituée à sentir autant de parfums. C'est avec délicatesse que je caresse du bout de mon doigt des pétales bleus avec une texture soyeuse et délicate. Mon regard se pose sur le sol, recouvert de plusieurs pétales de couleur et de forme différentes.
Je sens chaque muscle de mon corps se détendre, car la pression des événements se dissout progressivement pour laisser place à une émotion bien plus douce et réconfortante. Je respire longuement en fermant les yeux pour profiter de ce calme que ce lieu offre avec un magnifique décor. Je m'assois sur un des bancs immaculés d'un blanc brillant couvert de coussins confortables. Installé à cet endroit-là, cela donne une vue magnifique sur les rosiers qui brillent légèrement parce que des gouttes d'eau sont déposées sur leurs légers pétales.
— Tu as toujours aimé les refuges comme cela, calmes, pour t'éloigner de ce monde de fou, murmure Cassie en avançant avec délicatesse sur le chemin des pétales de rose. Elle vient s'installer à mes côtés toute silencieusement. C'est lentement, dans un geste tendre, qu'elle me met sa veste sur mes épaules, car celles-ci grelottent encore un peu.
Je tortille mes mains avec une légère grimace, parce que celles-ci sont dans un mauvais état. Surtout une, puisque mes traces d'ongles se voient parfaitement sur ma peau pâle et rouge, presque en sang.
— Tu sais que parfois, tu m'impressionnes par ton audace. Bien que ton caractère ne corresponde pas à tes actions de temps en temps. Tu réserves plein de surprises étonnantes et pas de mauvaises, dit-elle d'une voix tellement douce que cela apaise mon inquiétude, car sans croiser son regard, je sais au fond de mon être qu'elle ne m'en veut pas.
Elle me prend ma main dans la sienne et l'un de ses doigts fin et froid frôle légèrement mes marques qui ressemblent à des croissants de lune rouge sang. Je baisse la tête par culpabilité, parce que c'est difficile d'arrêter de me faire du mal, car cela me permet de contrôler mes émotions intenses.
Pourtant, je dois y arriver pour tenir ma promesse envers Cassie. C'est la seule au courant de cela, heureusement, puisque je n'imagine pas quelle réaction William aurait eue par rapport à ça, surtout qu'elle sait beaucoup sur un bout de mon passé comparé à Cassie.
— Cet endroit me rappelle notre cabane. Est-ce que tu t'en souviens de ce jour que tu avais attrapé cette peste ? Celle-ci l'avait détruite avec ses amies. Je me rappelle encore ton coup de tête : ça m'avait tellement impressionné, j'étais admirative par ton courage, murmure-t-elle sans apercevoir que mes larmes coulent sur mes joues rougies par le froid. Bien sûr, je me souviens comment oublier mes moments passés avec elle et William.
C'était à l'époque de l'École primaire. On était devenu très vite amis avec Cassie et William, c'était comme une évidence à nos yeux, notamment quand Cassie m'avait défendue contre un groupe de petits morveux. Grâce à eux, pour la première fois de toute mon existence, je ne me sentais pas seule. Ils sont ma lumière dans mes ténèbres.
Un jour, on avait fugué ensemble et on était tombé sur une vieille cabane encore en état. Alors, on a décidé que ce serait notre refuge pour fuir et créer notre propre monde. Ils m'avaient aidé chaque jour à aller en cours pour affronter les moqueries par rapport au harcèlement que je subissais par les autres élèves.
Les enfants entre eux sont tellement méchants que juste une légère différence peut nous faire devenir le mouton noir. Le pire, c'est que les adultes ne voyaient rien : dans la plupart du temps, ils fermaient même les yeux pour ne pas créer de scandale. Heureusement que Cassie et William étaient là, parce que c'est avec certitude que je ne serai pas là.
Je sens son bras entourer mes épaules pour m'attirer contre sa poitrine. Ma tête se repose sur celle-ci et les battements de son cœur m'enlèvent un poids énorme. Je pleure silencieusement, car cet événement m'a fait revenir en arrière. Quand j'étais une petite fille sans défense, ne sachant pas parler. Toujours seule et rejetée par tous, puisque je n'étais pas comme eux. Je n'avais pas les mêmes centres d'attraction et valeurs. Ce passé ne va jamais cesser de me hanter pour toujours bousiller mes efforts d'aller mieux.
— Je suis là. Je ne vais jamais partir, tu peux pleurer pour évacuer tes sentiments, ma petite Éléonore, murmure-t-elle. Sa main caressant doucement la perruque que je porte, mais même si ce ne sont pas mes vrais cheveux, cela n'empêche rien que ses caresses me réconfortent dans mes tourments.
Je somnole légèrement sous ses caresses. Elle chantonne tendrement sa mélodie et ça me berce pour lentement m'assoupir, pour une fois pas dans les bras de Morphée, mais dans les siens.
J'entends faiblement des bruits étouffés par les pétales. C'est des bruits de pas étouffer et un autre parfum que celui des roses qui envahissent le lieu. Mon petit nez détecte une légère senteur de thé à la menthe mélangée avec un parfum d'homme, mais mes paupières sont tellement lourdes que je ne trouve pas la volonté pour les ouvrir. Je veux rester bien au chaud dans ma rêverie, parsemée de tendresse et de douceur, sans aucune noirceur pour gâcher mon sommeil léger.
🤍Nombre de mot : 1979🤍
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