🤍chapitre 10 🤍
👻Un tourbillons de flocons aux bruits de sanglots.👻
Le 25 décembre 2006 :
Cette journée promettait d'être inoubliable puisque, pour la première fois, une neige épaisse avait saupoudré la ville de Saint-Malo.
C'était l'un des plus beaux cadeaux que le ciel ne pouvait offrir aux habitants impatients de s'amuser dans cet océan blanc étincelant sous les rayons timides du soleil levant. Dans chaque maisonnette retentissaient les rires mélangés aux chants traditionnels pour célébrer cette belle période de Noël.
Une légère magie s'éveille dans les cœurs des enfants comme celui des adultes qui, pour un court instant,trouveraient leurs âmes d'enfance.
Tous étaient dehors pour jouer à des batailles de boule à neige ou bien pour fabriquer des jolis bonhommes de neige avec des carottes piquées malicieusement dans les frigos familiaux. Le vent froid emportait dans ses courants ces mélodies harmonieuses pour les transporter vers une demeure bien silencieuse, sans aucune décoration illuminée pour commémorer cet événement qui ne se déroule qu'une fois dans l'année.
À l'intérieur de cet habitacle, un seul bruit se faisait entendre : le grincement des couverts utilisés pour savourer un délicieux repas qui avait cependant un goût bien amer pour la propriétaire de ce lieu, obligée de devoir supporter une invitée indésirable à sa table. Cela faisait déjà pratiquement une semaine que madame Alessandro devait faire un effort surhumain pour ne pas se débarrasser de sa génitrice.
Celle-ci était venue s'incruster à l'improviste pour les vacances de Noël avec pour prétexte qu'elle se sentait seule chez-soie et que sa petite fille lui manquait. Bien sûr, madame Alessandro ne pouvait y croire, surtout en sachant parfaitement que le conseil avait entamé les entraînements pour les jeunes sentinelles dotées du don de clairvoyance.
Une personne spécialisée pour déceler ce fameux don chez les plus jeunes était venue une journée pour observer Cassie et le résultat, sans aucune surprise, s'était révélé être négatif. Sûrement que sa génitrice a su cela, ce qui expliquerait sa venue et son attitude envers sa seule petite fille.
Madame Alessandro jubilait intérieurement de voir sa chère et tendre mère se décomposer jour après jour pour comprendre que Cassie ne possède aucune aptitude pour être sentinelle. Elle n'aurait pas imaginé que son plan allait si bien fonctionner en continuant petit à petit à tisser sa toile pour éclater au grand jour la vérité.
— Aliénor, peux-tu avoir l'obligeance de bien te tenir correctement ? Ne vois-tu pas que cela donne un mauvais exemple à Cassie, murmura sa mère avec une voix détestable. Celle-ci se tenait droite comme un piquet avec un air hautain en observant chaque recoin de la pièce pour se faire son propre jugement de l'habitacle que sa fille avait construit.
— Si seulement ta sœur pouvait être encore parmi nous, certainement qu'elle t'aurait pu te donner des leçons pour faire de cet endroit une charmante maisonnette, murmura-t-elle avant de se tourner vers son adorable unique petite fille Cassie.
Elle était à ses yeux le portrait de sa fille défunt, aussi belle qu'une poupée, avec un tempérament digne de la famille Alessandro. Elle ne ressentait que de la fierté pour cette adorable enfant qui un jour aura un grand rôle : devoir continuer à être à la hauteur de leur ligne de sentinelle. Cependant, le temps s'écoulait comme un léger filet de sable pour son désespoir. À aucun moment propice, Cassie n'a éveillé encore son don de clairvoyance.
— Hélas, elle n'est plus là, murmura madame Alessandro en mangeant un bout de dinde sans une seconde baisser son regard ancré dans celui de sa mère.
Leurs yeux n'étaient qu'un seul reflet identique, leur unique ressemblance, sa mère avait toujours été répugnée par cela, car celle-ci avait espéré secrètement que ce soit sa sœur aînée qui héritait des yeux si particuliers d'Alessandro.
Dommage, ça n'a pas été le cas parce que celle-ci avait eu de sombres yeux ténébreux comme leur père. Son cœur se serrait brièvement en se remémorant cet homme aimant et dévoué pour sa famille.
Il avait représenté un vrai phare dans plusieurs phases de sa vie pour la guider sur le droit chemin jusqu'à ce que l'organisation retrouve son corps sans vie. Son visage restait de marbre, bien que ses souvenirs se transforment en torrent de fragments d'émotions.
Qu'elle sût très bien camoufler grâce aux années d'entraînement intense obligatoires pour être à la hauteur du nom qui a toujours pesé sur ses épaules.
— La faute de qui qu'elle n'ait plus là, murmura sa mère d'une haine ravageuse qui embrassait son cœur anéanti. Celui-ci n'était plus qu'un morceau d'organe qui battait juste pour voir sa petite fille devenir une sentinelle imbattable.
Madame Alessandro encaissait en silence les reproches injustes de sa propre mère qui pensait toujours qu'elle était la seule responsable de l'accident tragique qui avait enlevé sa sœur. Son regard glacial se posa sur Cassie recroquevillée, la tête rentrait dans ses épaules tremblantes, ses yeux baissaient sur son assiette qu'elle n'avait qu'à peine touchée.
Une bouffée de culpabilité envahit entièrement son corps pour ranimer sa petite part d'humanité bien enfouie au fond de son âme moitié pourrie. C'était la première année qu'elles fêtaient Noël sans la présence de Constance et Brandon.
Apparemment, chacun avait eu des obligations familiales, ce qui faisait que la demeure semblait avoir perdu sa joie de vivre sans eux. Ils s'étaient partis quelques semaines après qu'elle est revenue de son voyage en France avec monsieur Dal Silva.
Cela, au départ, faisait leurs affaires parce qu'ils avaient pu entreprendre la suite de leur plan en se cachant dans une pièce invisible à l'œil de tous, à part madame Alessandro.
Hélas, les semaines s'étaient passées sans que Constance et même Brandon ne viennent leur rendre visite, bien trop préoccupés apparemment par leur vie devenue très active d'un seul coup. Peu de temps après, monsieur Dal Silva eut aussi un étrange comportement, jusqu'à ce que du jour au lendemain, elle n'eût plus de nouvelles de lui, comme s'il avait disparu mystérieusement.
Elle avait beau se convaincre que leurs absences ne pesaient pas sur son cœur, mais ce n'était qu'une toile de mensonge pour ne pas admettre que sans eux sa vie était devenue monotone.
Certainement que Cassie ressentait la même chose. Elle n'avait plus qu'eux depuis que la famille d'accueil d'Éléonore avait bien clarifié qu'ils ne voulaient plus que leur fille adoptive ne traîne avec sa nièce.
Puis William avait interdiction formelle de ne plus venir à la demeure, car son père ne voulait plus que celle-ci puisse nuire à ce que le petit devienne un homme. Madame Alessandro avait essayé d'arranger les situations avec des conversations qui n'avaient abouti qu'à créer des problèmes supplémentaires.
Elle alla se lever pour s'agenouiller à la hauteur de sa nièce avec l'intention de la consoler, mais sa mère, malgré son âge bien avancé, se redressa d'une certaine rapidité impressionnante.
— Est-ce que c'est des larmes que je vois couler sur tes joues ? Questionne-t-elle sévèrement. Je n'aime pas les pleurnicheuses, tu me déçois avec un tel comportement : jamais tu ne seras une digne héritière, dira la grand-mère en soulevant le menton de Cassie avec son index pour souder son regard larmoyant avec le sien glaçant.
Madame Alessandro, d'un geste, s'interposa pour éloigner sa mère de la petite, pâle et tremblante par la peur de son aïeul terrifiante.
— Cassie, peux-tu aller dans ta chambre ? Ta grand-mère et moi, on doit discuter entre adultes, dira-t-elle avec douceur et sa main se posa derrière le dos de la petite paralysée pour la rassurer, enfin qu'elle parte du salon sous le regard furibond de sa grand-mère.
Elle ferma les yeux pour entendre le son de la progression de Cassie jusqu'au premier étage et la porte de sa chambre se ferma d'un léger claquement sonore. Madame Alessandro se sentait soulagée de savoir que la petite était à l'abri. Maintenant, elle pouvait librement affronter sa mère.
Celle-ci ne tardait pas à déverser ses émotions nocives sans pourtant dépasser les limites, pas comme une certaine époque où les coups étaient bien plus faciles à donner pour les punitions. Cela n'empêchait pas qu'elle sentait son corps devenir raide par une certaine angoisse, comme celle qu'elle ressentait enfant.
Rien n'aurait pu effacer ce que sa mère avait osé lui faire subir. Sa main se posait sur la table, assez près d'un couteau, prête à se défendre si jamais la situation tournait au vinaigre.
— Qu'as-tu fait ? Comment as-tu réussi à faire taire son don ? Demanda sa mère, prise d'une telle rage que son poing fébrile s'abat sur le coin de la table. Sans montrer la moindre douleur, ses yeux lançaient des éclairs prêts à la foudroyer sur place tellement que sa colère grondait comme un orage sur le point d'éclater.
— Crois-tu sincèrement que je serais capable d'une telle prouesse ? N'as-tu pas oublié que je ne suis qu'une simple petite sentinelle et est-ce que tu n'as pas pensé une seconde que peut-être Cassie est juste une enfant comme une autre ? Demanda-t-elle en croisant ses bras contre sa poitrine pour dissimuler le couteau qu'elle avait discrètement glissé dans la manche de sa robe en laine gris perle.
— Je t'interdis de répéter ses mots. Cassie n'est pas, comme ses pitoyables humains, vouée à un destin tragique. Elle n'est pas comme toi un échec pour notre famille, murmura-t-elle, se rapprochant pour la défier d'oser soutenir son regard flamboyant d'une animosité ravageuse à son égard. Ses doigts fébriles se refermaient sur la manche en bois du couteau qu'elle tenait fermement comme si sa vie en dépendait.
Elle n'hésitera pas à enfoncer cette larme aiguisée pour découper la viande tendre, à transpercer le cœur pourri jusqu'à la moelle de sa mère, si jamais celle-ci lèverait la main contre elle.
Hélas, madame Alessandro savait qu'elle n'aurait pas la force nécessaire pour passer à un tel acte qui pourrait seulement prouver à sa mère sa partie monstrueuse dans son âme. Ses mains étaient déjà sales du sang des personnes qu'elle avait dû éliminer pour l'organisation et elle imaginait une seconde avoir celui de sa mère mélangé à ceux-ci.
C'était impensable de commettre ce crime et de perdre à jamais ce bout de son cœur qui ne vivait pas encore noirci par ses erreurs. Pourtant, elle ne pouvait pas se soumettre à son regard et ravaler les mots au bord de ses lèvres, d'un rouge éclatant comme la couleur d'une pomme d'amour, mais empoisonné pour faire de mal aux autres.
— Tu as oublié un détail, ma chère mère, le sang de Cassie n'est pas aussi pur, tu as omis un détail que ta fille préférée a conçu avec.
Elle n'achèverait jamais sa phrase, interrompue par sa mère d'une rapidité de vipère : elle l'avait giflé avec une telle violence que sa tête heurtait le sol déjà taché de son sang qui s'écoulait de son front.
Ses yeux embrumés par la douleur se posaient sur le couteau tombant un peu plus loin durant sa chute et son bras avec désespoir s'étira pour l'attraper. Avant d'atteindre son arme de fortune, celui-ci avait été attrapé par sa mère. Elle le tournait dans sa main habile pour les armes et son regard me visait comme un animal blessé qui fallait abattre.
— Je me demande bien qu'est-ce que tu aurais fait ensuite de mon cadavre ? Demanda-t-elle sans attendre réellement une réponse de sa part. Elle ne me jetait aucun autre regard avant de se détourner pour monter à l'étage.
— N'oublie pas de nettoyer ta bêtise et l'avenir avant de commettre l'irréparable. Réfléchis à deux fois à tes actions, dira-t-elle d'une voix glaciale en partant définitivement dans sa chambre contrariée pour le restant de la journée.
Madame Alessandro essayait de se relever, mais elle chancela pour retomber lourdement, incapable de se tenir debout. Sa main se posa sur sa bouche tordue de douleurs pour retenir ses sanglots qui étranglaient sa gorge serrée par l'émotion. Ses larmes coulaient abondamment sur ses joues pour se mélanger avec le sang qui coulait de ses plaies au front.
Elle ne comprenait pas pourquoi cette femme l'a détesté depuis le premier jour qu'elle l'avait mis au monde.
Qu'est-ce qu'elle avait fait de mal pour que sa propre mère ne l'aime pas ?
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