🤍chapitre 1🤍
👻Une étrange rencontre
aux
bruits des plics plocs de la pluie👻
Le 13 mars 2005 :
Ce jour-là, la ville de Saint-Malo était sous un ciel grisonnant, aucune lueur ne pouvait percer les épais nuages noirs d'orage qui menaçaient d'éclater à tout moment.
Les citoyens ne sortaient pas sans être armés de leurs splendides parapluies de différentes couleurs et formes pour se protéger des petites gouttelettes, aussi froides que des glaçons.
Certains s'étaient installés devant leurs fenêtres pour observer ce spectacle avec un grand intérêt, parce qu'à cet instant précis, on aurait pu affirmer qu'une rivière multicolore s'était abattue dans les rues pour éloigner les mauvaises ondes qui risquaient de s'abattre d'un instant à l'autre.
Pourtant, parmi la foule, une jeune femme se détachait de ses semblables, car elle n'avait pas de parapluie. Bien que la pluie tombât comme un rideau transparent, elle ne se souciait guère d'être trempée comme une vieille guenille.
Son visage exprimant la sérénité ne laissant aucun doute reflétait dans ses yeux aussi foudroyant que les éclairs qui transperçaient avec férocité les nuages. Sa chevelure d'ébène indomptable se balançait au rythme de sa démarche gracieuse.
Elle menait une conversation téléphonique houleuse. Le pauvre interlocuteur se faisait incendier par cette démone. Celle-ci savait bien manier sa langue d'une manière à concocter des injures très originales.
— Vous avez seulement 10 minutes pour venir me chercher, pas une de plus, sinon c'est la porte qui vous attendra, comptez sur moi pour que vous ne soyez repris nulle part ailleurs, s'écria-t-elle avant de raccrocher au nez de celui à l'autre bout du fil. Cette jeune femme continua son chemin n'adressant aucun regard, préférant fixer sa trajectoire devenue tumultueuse, car les passants couraient en essayant de se mettre à l'abri.
La pluie douce s'était métamorphosée en une déchaînée de grêle aussi ronde qu'une balle de ping-pong, qui rebondissait de toit en toit avant d'atterrir brutalement sur la route bétonnée.
La rivière multicolore devenait tumultueuse au fur et à mesure que les parapluies se cognaient entre eux.
Certains se chahutaient avec agressivité pour juste échapper à cette averse. Cependant, dans ce chaos, la jeune femme restait impeccablement calme. Le bruit de ses talons aiguilles résonnait avec le son des grêlons qui tombaient sur le sol glissant.
Elle naviguait dans cette rive colorée en direction d'un abri de bus débraillé où une petite fille se trouvait recroquevillée sur elle-même. La jeune femme s'agenouilla avec élégance, se mettant à sa hauteur en tendant prudemment sa main pour aider cette petite à se relever.
— Je m'appelle madame Alessandro, je ne te veux aucun mal, juste t'aider à te trouver protégé de cet orage, murmura-t-elle en espérant apaiser la méfiance de cette enfant qui finit par doucement poser sa mine dans la sienne, accordant un bout de sa confiance.
Madame Alessandro eut pitié de la petite fille ne tenant pas bien sur ses jambes fébriles ressemblant presque à des baguettes de tambour. Elle se résigna à la prendre dans ses bras avec douceur en la couvrant avec son manteau assez épais, bien plus que ses guenilles qu'elle porte.
Elle serra fortement sa petite protégée contre sa poitrine en sortant de leur abri de fortune, affrontant les rafales glaciales qui leur envoyaient des projectiles aussi durs que des billes de verre. Désespérément, ses yeux aveuglés par les gouttes d'eau cherchaient un lieu sûr en avançant tant bien que mal dans une direction au hasard.
Par miracle, une petite pancarte s'illuminant d'une boutique attira son attention sans une once d'hésitation : elle entra à l'intérieur avec la fillette frigorifiée.
La chaleur bienfaitrice de cet endroit s'abattit sur elles comme une vague pour les entourer de ses doux bras. Elle posa la petite dans un fauteuil installé dans un coin de la bibliothèque qu'elles venaient de pénétrer en ne saluant pas la propriétaire au visage aigris dissimulé derrière son écran d'ordinateur.
Avec précaution, elle fouilla dans son sac à main jusqu'à attraper ce qu'elle voulait : une écharpe rouge en laine bien chaude. Elle entoura la petite dedans celle-ci pour la réchauffer.
Madame Alessandro s'asseyait sur un des accoudoirs pour rester près de cette enfant. Elle tendit une main pour caresser une mèche des cheveux bruns de cette fillette qui était dans un état bien triste avec ses vêtements bien trop grands pour elle. Puis sa maigreur a fait frissonner d'effroi.
Elle n'était pas habituée à avoir autant d'empathie envers ses semblables. Elle ne s'intéressait à eux que pour des intérêts purement financiers, car cela pouvait l'aider à grimper encore plus haut de l'échelle pour ses entreprises. Pourtant, face à ce petit être fragile confronté à ce monde cruel, son cœur se fissura d'une petite douleur qu'elle n'avait pas l'habitude de ressentir.
— Ma petite Colombe, tu voudrais bien me dire ton prénom ? demanda-t-elle d'une voix calme pour la rassurer. Elle voulait vraiment l'aider à rentrer chez elle.
Peut-être s'était-elle perdue, éloignée de sa famille durant ce chahut ?
Elle attendait avec une certaine patience que celle-ci ouvre sa petite bouche pour lui laisser entendre sa petite voix.
Hélas, le silence prit son règne avec brutalité face au mutisme de cette petite enroulée dans la grosse écharpe. Elle se recroquevilla encore plus sur elle-même d'une manière peureuse dans une détresse telle que la jeune femme ne sut que faire pour la rassurer. Elle se pinça les lèvres d'une couleur rouge cerise, cela faisait un contraste avec celles pâles presque fantomatiques de cette enfant.
Elle ne prêta aucune attention à ses pensées moroses pour ne pas se faire assaillir par celles-ci, parce que sa préoccupation était centrée sur cette petite fille enfouie dans ce grand fauteuil.
Elle s'installa dedans avec simplicité en mettant l'enfant sur ses jambes pour la serrer encore une fois dans ses bras, avec l'espoir que celle-ci s'ouvre pour confier son identité.
Madame Alessandro leva la tête en direction des immenses fenêtres en voyant des lueurs s'infiltrer pour éloigner l'obscurité.
Après la tempête venait le soleil pour offrir ses éclaircies.
Elle observait autour d'elle, dans une prise de conscience un peu tardive, qu'elle s'apercevait que la bibliothèque n'était pas vide.
À son plus grand désagrément, toute l'attention était tournée vers elle. Madame Alessandro détestait les personnes curieuses avides de savoir des petits sujets croustillants pour combler leurs vies infâmes d'une banalité ennuyeuse.
Dans une de ses poches, une vibration se fit ressentir, certainement son téléphone, et sûrement que c'était son chauffeur. C'était avec agacement qu'elle prit ce petit objet pour décrocher.
— Ce n'est pas trop tôt, rappelez-moi de vous acheter un GPS. Ainsi, vous n'aurez aucun souci pour retrouver la bonne route, dira-t-elle d'une voix froide au premier abord, mais si on prêtait une attention particulière à celle-ci, c'était avec facilité qu'on pouvait déceler une certaine douceur dissimulée derrière sa froideur.
La petite fillette confortablement installée était bien la seule à ne pas la regarder avec effroi. Pas comme les personnes ici présentes, puisque c'était avec attention qu'elle pouvait voir à travers ses yeux d'enfants la bonté que possède cette femme. C'était peut-être pour ça qu'elle décida de dévoiler son identité, ou du moins ce qu'elle savait.
Madame Alessandro raccrocha au nez de son interlocuteur encore une nouvelle fois, mais pas par agacement, parce que son attention était centrée sur cette enfant à l'identité inconnue.
La petite fille avait tiré sur la manche de son manteau avec une certaine douceur pour attirer son attention. Elle tendait sa main, caressant des bouts de ses doigts la chaînette en or autour du cou de cette enfant. Ses yeux se posaient sur le pendentif, un serpent entremêlé à une étoile entrelacée avec une demi-lune.
Son sang se glaça à peine réchauffé en reconnaissant ce symbole qu'elle reconnaîtrait entre mille. Après avoir côtoyé celui-ci pendant de longues années dans sa jeunesse.
Son regard troublé se posa sur une petite plaque en argent, ornée d'un écriteau placé à côté du pendentif. Les mots qu'elle put déchiffrer étaient comme une douche froide, puisqu'elle eut l'impression de devoir ramener un pauvre animal à son mauvais propriétaire.
🤍Nombre de mot : 1358🤍
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