Évidence
J-95
Les jours passent et je ne regrette toujours pas ma décision. Médecine ce n'était pas fait pour moi.
Cette atmosphère de compétition et de pression m'étouffait. Je me noyais sur place. J'ai foiré les examens du premier et du deuxième trimestre à quoi bon continuer ? J'étais destinée à échouer.
Cependant, j'angoisse énormément sur ce que je vais devenir.
Est-ce que je vais réussir ma vie ?Est-ce que mon père va me pardonner ? Est-ce que je vais finir seule comme lui ?
Mon paternel a raison, si je continue comme cela je vais finir à la rue... Je le suis déjà d'ailleurs techniquement !
Je n'aurais jamais cru que ma vie allait prendre ce tournant si subitement.
Je n'ai que le bac et je ne sais pas quoi faire avec, je n'ai pas de diplôme concret, de compétence particulière. Je suis une bonne à rien...
Pour m'occuper et me vider l'esprit, j'accompagne mon frère dans son association, je les aide bénévolement.
Cela me fait du bien de penser à autre chose qu' à mon avenir. Je découvre un autre monde de partage et d'entraide. C'est magnifique !
Je passe ma journée à distribuer de la nourriture et à échanger avec les gens. Je découvre leur histoire, pourquoi ils se sont retrouvés dans cette situation.
J'éprouve de l'empathie pour ces derniers. Si je pouvais je leur donnerais tous un boulot, mais malheureusement moi-même je n'en n'ai pas. Il va falloir que je trouve une solution de replis et vite.
Je chasse cette pensée négative de ma tête et je me concentre sur les crêpes que je suis en train de préparer. Les gens viennent et partent avec le sourire aux lèvres. Ça me fait chaud au cœur.
Soudain, une personne rentre dans la salle et attire mon attention.
C'est une jeune femme à la chevelure rousse, les yeux bruns et la peau claire avec quelques de tâches de rousseurs sur son nez.
Elle est toute mignonne et a l'air timide à première vue. Elle s'avance tout doucement vers un homme.
Je m'attends à ce qu'elle lui parle mais non elle commence à utiliser ses mains et à danser avec elles. Je suis tout d'un coup hypnotisée par les mains de la jeune femme. Elles se baladent avec précision et délicatesse.
C'est sublime. Je n'ai jamais connu une langue aussi belle.
L'homme en face de la rouquine lui répond lui aussi en langue des signes. Cela m'étonne vu que je l'ai vu parler il y a quelques minutes.
Ils échangent un long moment et après la jeune femme le remercie et se dirige vers moi. Elle plante son regard dans le mien et c'est alors que je la salue en langue des signes comme je l'ai vu faire tout à l'heure.
Elle semble surprise et me sourit sincèrement. Je lui donne une crêpe et elle me sourit puis s'en va. Je l'observe s'éloigner ébahie.
Tout à coup, j'ai une illumination.
Une idée prend forme dans ma tête. Une idée peut-être folle mais plus j'y pense, plus je me dis que c'est une évidence.
Je sais ce que je veux faire ! Je vais apprendre la langue des signes et l'enseigner ! J'adore les enfants, être en contact avec les gens en générale. Ce serait la solution idéale !
Cela peut paraître un peu précipité, voire même beaucoup mais cette idée me plaît.
Cette langue est si peu connue et tellement magnifique qu'elle mérite qu'on prenne le temps de s'intéresser à elle.
Dans un élan de folie, je me précipite vers l'homme qui a échangé avec la jeune femme sourde et je l'aborde :
" Excusez moi monsieur, je vous ai vu pratiquer la langue des signes avec la femme qui vient de partir. Et je me demandais où est-ce que vous l'aviez apprise ?
- Appelez moi William! Je l'ai étudié au Canada. Je suis québécois. Me répond l'homme en face de moi.
- Enchantée William, moi c'est Ambre ! Comment t'es venu l'idée d'apprendre cette langue ? Je le questionne intriguée.
- Mon cousin est devenu sourd suite à un accident de voiture. Ma famille et moi,nous nous sommes donc mis à la langue des signes. M'avoue t-il d'un ton détaché.
- Et tu penses que je pourrais l'apprendre et l'enseigner ? Je lui demande plein d'espoir.
- Tout est possible ! Mais ça va être long, il faut que tu sois motivé. Ma cousine enseigne pour les CP ! Elle s'occupe des enfants sourds et malentendants. Tu vas devoir tout d'abord faire une licence pro enseignement de la langue des signes française en milieu scolaire. Ce diplôme délivre le titre d'enseignant en LSF (langue des signes française). Et ensuite, la licence professionnelle donne accès à la préparation au CAPEJS (certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement des jeunes sourds) délivré par le ministère du Travail. Et selon si tu veux exercer en primaire ou au collège tu vas devoir choisir quel préparation tu vas préparer...
- Et tu penses que j'en serai capable ? Je l'interroge en lui faisant exprimer mes craintes.
- La motivation est la clé de tout. Si c'est réellement ce que tu veux faire, alors tu y arriveras. J'en suis persuadé. Me rassure t-il.
- Et au Canada, il prépare bien là-bas ?
- Oui, ils ont un bon cursus. Tu seras bien entouré là-bas.
- Merci beaucoup je vais me renseigner. Je rétorque apaisée.
- Je te donne mon numéro, si tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas à m'appeler. Déclare t-il bienveillant.
- Merci énormément c'est adorable. Je rétorque émue.
- C'est normal ! " dit-il en m'adressant un énorme sourire.
Il me note son numéro sur un papier et me le tend. Je le saisis et le fourre dans ma poche. On se fait la bise en guise d'au revoir et il s'en va à son tour.
Est-ce que je vais prendre le risque de tout plaquer pour m'installer au Québec et accomplir mes études là-bas ?
Il n'y a rien qui me retient ici à part Elio.
Mon père ne veut plus de moi, et rien que ça, c'est une bonne raison pour partir aussi loin de lui. Je veux lui prouver que je peux être heureuse et réussir ma vie avec le métier que j'aurais choisi.
Je veux lui prouver qu'il a tord de me sous-estimer.
Le soir même, je me renseigne sur les billets d'avions direction le Canada. J'ai toujours voulu visiter ce pays, c'est l'occasion idéal pour le découvrir !
Je fais part de mon projet de vie à Elio, ce dernier m'encourage et me soutient à fond. Cela me soulage qu'il le prenne aussi bien, j'avais peur qu'il m'en veuille de vouloir partir.
Mon frangin m'aide à consulter les meilleurs offres et nous trouvons un vol à 14 heures demain qui part de Paris.
Ce dernier insiste même pour me payer le billet mais je refuse. Il a assez de soucis comme ça, je ne vais pas lui en rajouter. Il me reste quelques sous de côté qui me permette de le payer.
La réservation effectuée, je m'empresse de prendre mon frère dans mes bras. Il va énormément me manquer.
C'est la première fois que je voyage seule dans un pays étranger mais c'est surtout la première fois que je prends l'avion. J'espère que tout va bien passer.
Nous nous installons dans le canapé et je cale ma tête sur son épaule. Nous restons dans cette position pendant que nous regardons tranquillement la télé.
Demain est un nouveau jour, une nouvelle étape, une nouvelle aventure que j'ai hâte de découvrir !
***
Voilà le deuxième chapitre !
Il vous plaît ?
N'hésitez pas à me donner votre avis là-dessus, je serai ravie de le connaître :)
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