J-44

C'est le jour J, le jour de l'oral. Je me prépare, prend mes affaires et je me dirige vers l'établissement. 

Je passe à 15 heures, cela me laisse le temps de relire mes notes et de décompresser en papotant avec Rita qui elle passe à 16 heures.

Nous arrivons toutes les deux en avance, moi remontée comme une pendule et mon amie zen.

 Cette épreuve ne lui fait pas peur, ça ne la dérange pas de s'exprimer à l'oral contrairement à moi. L'étudiante tente de me rassurer, mais rien n'y fait.

 Ce n'est seulement que quand je reçois un message de Kéo que la pression semble se relâcher autour de moi :

Tu vas y arriver Ambre tu es une battante ! Si tu angoisses vraiment à l'avance, imagine le visage de ton magnifique petit ami. Je suis sur que cela t'aidera ;) Et n'oublie pas que je t'aime aussi c'est important <3 Tu vas tout déchirer j'en suis certain ! Bisou mon cœur et bon courage !

Son message me remonte le morale, il permet de me détendre rien qu'en lisant ses mots. Rita remarque mon changement de comportement et devine immédiatement que c'est grâce au beau brun. 

Elle m'adresse un sourire complice et nous discutons de sa relation avec Connor. Elle ne cesse de me faire l'éloge sur le jeune homme. Elle l'apprécie vraiment. Je suis contente qu'elle soit avec lui, il a l'air d'être un mec bien. 

C'est un garçon rêveur, impatient de découvrir le monde : comme mon amie. Ils se sont bien trouvé tous les deux ! 

Mon téléphone vibre signe que j'ai reçu un message ce qui interrompt notre conversation. Ce n'est autre que mon frère qui me souhaite bonne chance. Ces mots aussi me font énormément du bien, ils me remplissent d'assurance et de confiance en moi. 

J'aimerai tellement qu'il soit là à mes côtés. Il me manque tellement ! C'est la première fois que je me retrouve éloigné aussi longtemps d'Elio. Il est mon moteur, mon acolyte. 

Il répond toujours présent quand quelque chose ne va pas ou au quand il y a un moment dur à passer. Même s'il est à des milliers de kilomètres de moi, je sais qu'il est là dans mon cœur prêt à me soutenir et à m'aider quand j'en aurai besoin. 

Et ce qui me remplit de joie, d'avoir autant de soutient auprès de mes proches. 

Cependant il y a bien une personne qui n'es pas là pour moi en ce moment difficile. Par tous les moyens j'essaye de l'oublier mais je n'y parviens pas. Il revient sans cesse dans ma mémoire et il me rappelle que j'ai échoué et que je l'ai déçu : mon père.

J'aimerai le rendre fier, lui montrer que j'arrive à atteindre mes objectifs.

 Malheureusement cela ne va pas être possible, quoi que je fasse, il n'arrivera jamais à me pardonner le fait que j'ai abandonné médecine.

 Mon choix a mis fin à son rêve de voir sa fille neurochirurgienne. 

Ma décision lui a fait perdre la raison et l'a rendu fou. Fou de ne pas avoir pu sauver maman. Fou de laisser maman mourir sans qu'il le puisse rien faire.

Fou de ne pas avoir eu sa vengeance. Fou d'être seul sans avoir l'amour de sa vie à ses côtés. Fou d'élever des enfants tout seul alors que c'était la mère qui s'en occupait la plupart du temps.

Fou d'avoir perdu sa moitié et d'être condamné à ressasser ses souvenirs pour la revoir. Fou d'avoir perdu une partie de lui-même qu'il ne retrouvera jamais.

Fou d'avoir perdu les seuls qui lui restait : ses propres enfants...

 Plongée dans mes pensées, je ne remarque pas que c'est à mon tour de rentrer dans la salle.

On m'appelle et c'est seulement quand Rita me touche l'épaule d'un geste affectueux que je me rends compte que mon moment est venue. 

Je lui souris confiante et j'entre dans la salle plus déterminée à réussir cette épreuve que jamais.

 Je marche jusqu'au milieu de la salle et je me positionne devant les deux examinateurs, souriante. Les deux professeurs m'invitent à commencer ma présentation. 

Je ferme les yeux, souffle un bon coup et je revois à cet instant le visage de mon petit ami et de mon frère souriants.

Je laisse cette image m'envahir et ainsi vaincre mes peurs. Et quand toute cette énergie positive s'empare de tout mon être. 

Je commence à signer avec tout mon cœur. Je fais bien attention à la configuration de mes mains et à l'expression du visage qui est si importante. 

Je suis tellement dans mon élément là en signant avec mes mains que je ne suis plus stressée. 

Non je suis même soulagée, et rassurée de signer en langue des signes mon histoire. Je ne me soucie pas des examinateurs qui scrutent avec minutie mes moindres faits et gestes.

Je ne me soucie de rien, je laisse la langue des signes m'envahir pour que je puisse m'exprimer. 

Je me rends alors compte que si je n'ai pas peur de cette oral, c'est parce que je n'oralise pas. Je m'exprime en langue des signes, avec mes mains. Et ça qui fait toute la différence. 

Quand j'utilisais ma voix lors de mes précédents oraux, je bégayais, hésitais, et tremblais. J'avais peur d'utiliser ma voix et de dire n'importe quoi à cause du trac.

 Là c'est la langue des signes qui fait ma force, c'est elle qui me pousse à être la meilleure version de moi-même. C'est mon amour pour cette langue où on n'oralise pas mais où on s'exprime avec son cœur qui me fait pousser des ailes lors de cet oral. 

J'ai le sentiment d'être libre en parlant en langue des signes.

 C'est comme si j'avais enfin réussi à me prouver à moi-même que j'étais capable de réussir à faire un exposé sans être angoissée en me torturant la cervelle avec mes milles et une questions.

 Là, je ne réfléchis plus, non je signe avec toute la délicatesse et la tendresse que je trouve à cette langue si belle. 

Ma timidité s'envole grâce à la langue des signes, c'est elle mon remède contre cette facette de ma personnalité.

À la fin de ma présentation vient le moment des questions. Je ne suis pas inquiète face à cette étape qui m'effrayais tant auparavant. 

Je suis sereine même. J'analyse les questions des professeurs avec attention et je prends le temps de répondre. 

Je ne me précipite pas, je laisse enfin mon cerveau fonctionner et me trouver la réponse qui me paraît la plus juste. 

Cette étape finit, les examinateurs me remercient et appellent la personne suivante... Je les remercie aussi par politesse et je quitte la salle plus que satisfaite. 

Cette expérience a été une révélation : je suis forte. 

J'ai réussi cette épreuve haut la main : mon stress a disparu et c'est ce qui me rend la plus heureuse d'avoir atteint cet objectif. 

Même si je ne sais pas si je vais être admise au niveau supérieur ou non, à cet instant ce n'est pas la question.

 À cet instant précis, je suis juste satisfaite de ma présentation. Je ne me suis pas laissée dépasser par la situation, et c'est ma plus grande victoire.

Je rejoins Rita qui passe dans une demi-heure. Je lui raconte mon oral, elle est ravie que tout se soit bien déroulé pour moi.

 C'est une véritable amie, elle est si bienveillante envers moi, c'est une bouffée d'oxygène. 

Nous papotons quelques instants jusqu'à ce qu'elle entre à son tour dans la salle...

***

Voilà le 12ème chapitre, celui tant attendu de l'oral haha !

J'ai essayé de faire en sorte de montrer au maximum les sentiments d'Ambre durant cette épreuve qui l'effraie énormément. Mais au final c'est la langue des signes qui la sauver haha ;)

C'est probablement le chapitre que j'ai préféré écrire car je me reconnais un peu en Ambre, je ne suis pas à l'aise à l'oral mdr

Enfin bref, j'espère de tout coeur que le chapitre vous a plus, n'hésitez pas à commenter et à voter cela fait toujours plaisir <3