Chapitre 2.

Cassia en média.

À mon réveil, Thomas n'était plus là. Du moins, il n'était plus au camp. Je m'étirai tout en baillant, et grimaçai lorsque je sentis des courbatures au niveau de mon dos. Dormir sur le sable dur n'était visiblement pas une bonne chose. Je me levai, et marchai pour chercher Thomas. Le sol chaud me brûlait les pieds, mais la sensation n'était pas si désagréable. Je soupirai et m'asseyais dans le sable, quand une voix se fit entendre derrière moi :

- Tu as vu une baleine ou quoi ? Cria Thomas.

Je me retournai vers lui, haussant les sourcils. Il venait vers moi avec des morceaux de bois, je n'avais pas cherché dans les bois, suis-je bête. Un rictus se forma sur son visage, et que je compris que sa remarque était sûrement pour la tête que je devais avoir. Mes cheveux étaient tout emmêlés, et vu la nuit que j'avais passée, de longues cernes violettes devaient orner mes yeux. La nuit fut longue, j'entendais des bruits toutes les cinq minutes, et à chaque fois, je tremblais de peur. En plus, il faisait froid, le vent était dérangeant. 

- Bonjour à toi aussi Thomas.

Il pouffa de rire avant de me lancer un bref salut. Il me fixait, et je me sentais gênée d'être regardé de telle sorte.

- Bon.. tu m'aides à faire cette foutue cabane ?

Je soufflai et me levais en faisant la moue. Avais-je l'air d'une aventurière ? Une apparence de bricoleuse ? Non, loin de là. On devait s'entre-aider dans cette situation, puis une cabane serait utile face à une averse, où même la nuit pour se protéger du vent. Mais encore, fallait-il qu'on arrive à la construire.

- Je te préviens je ne suis pas une reine du bricolage, grommelais-je.

Il me regarde et me lança un tas de feuille, que je rattrapais de justesse. Thomas assemblait les bois entre-eux, et moi, je devais faire des nœuds, assez solides avec des lianes, pour que le tout tienne. C'était assez difficile, je devais recommencer plusieurs fois, au plus grand mécontentement de Thomas. Une fois le bois finit, on s'attaquait aux feuilles. C'était la même astuce, poser et attacher. Mon cœur rata un battement lorsque je pris une feuille, et que je vis cette horrible chose, du nom d'araignée.

J'étais pétrifiée, et totalement paniquée. J'hurlai de peur, en regardant le visage remplit d'incompréhension de Thomas. Il se tordit de rire, quand il vit la source de ma peur soudaine. Je le fusillai du regard et lui lançai les feuilles en pleine de tronche.

- Je t'en prie, marres-toi !

Il continua de plus belle et je soupirai. Quand il reprit son souffle, nous continuâmes nos travaux. Après plusieurs heures, on avait enfin, à mon plus grand soulagement, fini. La nuit pointait déjà son nez. J'avais les mains sales, complètement abîmées et écorchées. 

Je posai mes mains dans l'eau pour les nettoyer. Une douleur me fit grimacer lorsque je frottais mes paumes l'un contre l'autre. Thomas, - que je n'avais pas entendu venir -, attrapa mes mains, qu'il essuya avec un tee-shirt. Puis il désinfecta et en roula un bande blanche autour de mes mains.

- Je vais finir par devenir ton sauveur privé.

Je lui lançai un sourire, puis nous retournâmes à notre cabane. Il y avait un petit rocher à côté, que je regardai. J'avais bien envie d'écrire quelque chose dessus, mais je n'avais rien pour le faire. Comme si Thomas lisait dans mes pensées, il s'accroupit à côté de moi et me tendit un couteau.

- D'où tu sors ça ? Demandais-je.

Il tourna l'objet entre ces doigts, tout en le fixant. Son regard avait l'air perdu, comme s'il était parti ailleurs.

- C'est un cadeau de mon grand-père. Je le garde toujours sur moi... c'est un peu une façon pour me souvenir de lui. Murmura-t-il en haussant les épaules.

Je souriais d'un sourire compatissant, puis je posais mes mains sur les siennes avant d'attraper le couteau.

- Non en vrai je l'ai trouvé dans les débris de l'avion, se moqua-t-il.

Quel culot il avait de se payer ma tête comme ça, surtout en prenant par les sentiments ! C'était pas trop difficile pou lui de jouer un jeu d'acteur, il avait l'habitude. 

- C'est ça, marre-toi. 

Un rire s'échappa de sa bouche me faisait lâcher un grognement. Je fronçai les sourcils, ne sachant pas quoi écrire, surtout après que cet imbécile m'ait rendu de mauvaise humeur. Puis, ces paroles, enfin, fausses paroles résonnèrent dans ma tête, «  pour me souvenir »..

D'un geste vif, je plantais le couteau dans la roche et commençais à tracer un trait. Un jour que nous étions ici. Alors pour me souvenir de chaque jour ici et ne pas perdre la boule, tous les jours je viendrais faire un trait sur ce rocher. C'était mon but, faire des traits. Mais j'eus un pincement au cœur, j'avais peur de ne plus avoir, un jour, de place sur ce rocher pour faire mes traits, et rester toute ma vie ici. Je chassai cette pensée de ma tête.

Je me posai sur mon matelas, fait des feuilles et recouvert de vêtements trouvés. C'était plus confortable que le sable de la veille. Thomas était en train de faire je ne sais quoi avec un bâton, et je me réjouissais de le regarder galérer.

- Tiens, je pense que tu as besoin.

Je lui tendis le couteau qu'il m'avait prêté quelques minutes auparavant, puis il me remercia d'un geste de la tête. Il était en train de tailler une pointe au bout de son bâton, sûrement une lance pour pêcher ou tuer, quelque chose comme ça.

- J'irai à la pêche demain. Lança-t-il en souriant.

Il brandissait son arme devant moi, comme fier de son œuvre. C'était vraiment cool d'avoir quelqu'un comme Thomas ici. Il savait faire beaucoup de choses essentielles pour notre survie. Et moi à côté.. je n'étais bonne qu'à me blesser ou me plaindre.

Un peu plus tard dans la soirée, Thomas avait examiné ma plaie derrière le crâne. D'après lui, ça commençait à cicatriser, à mon plus grand soulagement. Quand à ma jambe, je bougeais toujours seulement les orteils. La béquille de bois faîte par Thomas m'était d'une grande aide.

- Au fait, on parle de mes blessures, mais toi, tu n'as rien mis à part cette plaie sur la joue ?

Il me regarda, de ses prunelles sombres, avant de soulever son tee-shirt. Son torse était parsemé de bleus violacés, il devait avoir sûrement une ou plusieurs côtes fêlées.

- Comment tu fais pour tenir le coup et pas te plaindre ?

Il ria jaune face à ma remarque et je déglutis.

- Crois-moi, je me maudis tout le temps. Ça fait un mal de chien, mais j'y pense pas et je fais comme-ci tout allait bien.

J'hochai la tête, le blondinet était très courageux, chose à laquelle je n'avais pas pensé en voyant son corps tout gringalet. Mais il ne faut pas juger un livre par sa couverture. Malgré son apparence physique, Thomas était très fort. Je baissai la tête pour me regarder, non seulement j'étais fine, mais je n'étais pas forte pour autant. 

Blondie se pencha pour attraper une tablette de chocolat et m'en proposa un bout, mais je refusais, toujours un dent contre lui. Je n'avais pas la tête à manger. Je me retournai, dos à Thomas, et je m'endormis. J'eus le temps de l'entendre murmurer un bonne nuit avant d'explorer mon rêve.

*

Je revoyais encore et encore cette scène, celle du crash. Tous ces gens qui hurlaient, une vraie terreur. Puis je sentis l'avion s'écrasait sur le sol, et je sentis quelque chose me transpercer. Une barre de métal traverser mon corps, et je commençai à cracher du sang. L'instant d'après, j'étais morte.

*

Je me réveillai en sursaut, trempée de sueur. Le soleil commençait à se lever à l'horizon, laissant un ciel de couleur rose et rouge. La vue était juste magnifique. Un peu plus loin dans l'eau, j'aperçus Thomas en train de péter littéralement un câble. Je ne voyais pas la source de son énervement, mais il était muni de sa lance, j'en concluais donc qu'il essayait de pêcher, et aux vues de son comportement, cela ne devait si facile que ça.

Rien que cette scène me faisait rire et me mit de bonne humeur pour la journée, me faisant oublier le temps d'un instant mon cauchemar de la veille. Je me levai avec mon bâton et m'approchai de lui.

- Tu t'y prends comme un pied.

Il se retourna et me lança un regard noir, par lequel je répondis par un sourire narquois.

- Tiens, vas'y toi ! s'exclama-t-il.

Je me dirigeai dans l'eau, je posai mon pied sur un rocher et je glissai. J'étais mentalement préparée à tomber et à me faire mal, mais deux mains dans mon dos me rattrapèrent de justesse. Le visage du blond était à quelques centimètres de moi et je sentais son souffle s'abattra sur mon visage.

- Tu n'es pas vraiment douée non plus.

Il souria, et je m'apprêtais à me redressai, quand Thomas posa une main sous mes genoux et se mit à me soulever.

- Thomas, non. disais-je fermement.

Il ne m'écoutait pas et je savais très bien ce qu'il avait l'intention de faire.

- Non, Thomas, s'il te..

Mes mots se noyèrent dans l'eau. Il m'avait jeté à l'eau comme un sac à patates. Par chance, mes jambes n'avaient reçu aucun choc. En plus de ça, j'avais bu la tasse. Je sortais la tête de l'eau et vis un Thomas mort de rire. Je lui répondis par un majeur.

Après cette petite mésaventure, nous continuâmes notre pêche et nous avons seulement capturé deux poissons. Ce n'était pas grand-chose, mais mieux que rien. 

De retour au camp, Thomas me lança un maillot de bain en pleine figure, m'expliquant qu'il avait trouvé ça dans une valise, et que j'allais sûrement en avoir besoin. Merci de la bonne intention Thomas. Je transpirai dans les vêtements que je portais, j'avais un jean de la veille, car lui il faisait froid. J'attrapai les vêtements que j'avais trouvés, et partie un peu plus loin dans la forêt. J'enfilai le haut de maillot de bain que Thomas m'avait sympathiquement passé, puis je mettais le short, qui était légèrement trop petit. J'ai du combattre avec moi-même pendant cinq bonnes minutes pour fermer ce foutu bouton. Une fois mis, je pouvais enfin respirer.

À mon retour, Thomas était torse nu, laissant paraître ces hématomes, dont la couleur s'assombrissait de plus en plus, on distinguait un couleur rouge fade, presque noire. Mes yeux descendirent légèrement, et je pouvais voir qu'il était muni d'abdos.

- La vue te plaît ?

Il me regarda en souriant, il m'avait cramé. Et merde. Je baissai la tête, rouge de honte. Je me dirigeai d'un pas pressé – qui en réalité n'était pas pressé puisque j'arrivai à peine à marcher correctement -, vers mon fameux rocher pour y mettre un deuxième bâton.

Je rejoignis Thomas près du feu, son regard était perdu dans le vide. Je passai une main devant lui, mais aucune réaction de sa part. Alors, je décidai de l'appeler.

- Thomas ? Demandais-je d'une petite voix.

Il capta enfin mon attention et releva la tête vers moi.

- Hm ? Grommela-t-il.

Je venais de lui couper son rêve, d'éclater sa bulle dans lequel il était, et il n'avait pas l'air d'humeur à parler.

- Non rien, soupirais-je.

Je m'asseyais sur mon matelas, et faisais des petits dessins sur le sable. On pourrait mourir d'ennui ici. Heureusement, j'avais de la compagnie, mais celle-ci n'était pas d'humeur joueuse. Toute ma bonne humeur de ce matin avait disparu, laissant face à un sentiment de solitude qui s'empara de mon corps.

- Je peux te poser une question ? Me demanda-t-il après de longues minutes de silence.

J'acquiesçai de la tête pour lui montrer mon approbation et il se gratta la nuque.

- Pourquoi tu avais pris l'avion ? Lança-t-il.

C'était une très bonne question. Avant ce crash, j'étais censé me rendre en Amérique pour rendre visite à mes parents. Ils devaient sûrement être au courant du crash, - ou peut-être pas du tout -, et ils étaient sûrement morts d'inquiétude.

- Rendre visite à mes parents, répondis-je, et toi ?

Il soupira longuement avant de se passer une main sur le visage.

- Pour un tournage.

Cela ne m'étonnait même pas, c'était un grand acteur et si les gens savaient qu'ils étaient dans l'avion, sa popularité risquait d'augmenter. Thomas Sangster, survivant d'un crash. Ça ferait la une des journaux. Ses fans étaient sûrement en pleine crise.

- Pourquoi tu souries comme ça ?

Sans m'en rendre compte, je m'étais mise à sourire bêtement.

- Rien, je pensais seulement à tes fans qui devaient se faire du mal pour toi à l'heure actuelle.

Il haussa les épaules, comme si ce n'était pas la chose qui le préoccupait le plus. Il avait bien raison, il y avait mieux à penser. Notamment à notre pénurie de nourriture qui n'allait pas tarder à arriver, et ça, ça devenait notre principale crainte. 

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