31. Yaxche

Les Kili'an sont des animaux naturellement doux et gentils recherchant bien plus les bisous que les tensions. Mais quand on les énerve, ils peuvent vite devenir très méchants. Et quand ils deviennent méchants, ça fait souvent très mal. C'est pour ça qu'il faut leur faire beaucoup de bisous. Ou les prendre par derrière, ça marche aussi. – Journal intime du premier Aar'on –

*****

– Y m'a fait bobo ! J'suis trop malheureux !

Dans les bras de son androïde roux de compagnie, Kili'an pleurait à chaudes larmes. Après « l'incident », les secours l'avaient immédiatement enroulé d'une serviette chaude et l'avaient confié aux bons soins de la cellule psychologique ouverte pour l'occasion. L'état de la scène avait même réussi à faire vomir les représentants des forces de l'ordre. Devant le massacre, le chef de la police scientifique de Thot Hora'tio'kayn avait replacé ses ©Végélunettes de soleil sur son visage et sorti un de ses plus fameux commentaires :

– C'est moche.

Sa foule d'assistants et de groupies avaient alors repris le mot « Yeah » en cœur, puis il était parti vers le soleil couchant sur une musique hard rock en confiant Kili'an – témoin clé dans l'affaire – à son équipage venu le chercher. À ses yeux, il était normal que ce jeune blondinet soit choqué à vie. Ce qu'il avait vu, ce qu'il avait vécu, personne ne devait avoir à le supporter. C'était bien trop ignoble. Au plus profond de son cœur, il souhaitait à cet innocent adolescent de ne jamais avoir à se retrouver à nouveau sur la scène d'un tel crime.

– Arrête de te plaindre ! – soupira Mart-1 à l'aide du modulateur de voix implanté dans sa trachée. Ce n'est pas la première fois que tu es obligé de faire d'horribles choses avec ta bouche et ton derrière ! C'est même parce que tu es excellent dans ce domaine que l'Aar'on a refusé de t'échanger après que tu l'as humilié aux jeux vidéo alors même que le service après-vente de la FNAMG – Fédération nationale d'achat des maîtres de la galaxie – lui proposait un remboursement intégral et la livraison d'un lot de jeunes Humains trop mignon en remplacement de ta personne !

– Oui, mais là, c'est pas pareiiiiil ! – continua à gémir l'adolescent. C'était Adri'an ! Il...il... il m'a forcé à faire des trucs dégueulaaaaaaaasses ! J'ai maaaaal ! Il... il... Il m'a mis son machin dans la bouche ! Et dans les fesses ! Trois fois ! Et il prenait du plaisir ! J'le sais, je sais quel goût ça a, l'plaisir ! Et il m'a attaché ! Et il m'a forcé à mettre des bas-résilles, que même qu'on sait même pas à quoi ça sert, mais que ça lui faisait des choses ! Et... et... et même qu'à un moment, il a dit « Aeurg » et « Whou » et même « Aaaaaaaaaaaaah », et il a fait une super drôle de tête !

– Oui, il t'a baisé, quoi...

– Wuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, j'suis malheureux Martou ! Y... y parait que même au premier Kili'an, il lui était pas arrivé des trucs aussi dégueulasses !

– Oui, je comprends... – poursuivit le robot en caressant la tête de son capitaine. Mais de là à essayer de le tuer...

– J'AI PAS FAIT EXPRÈS ! – beugla l'adolescent en laissant ses larmes redoubler d'intensité. C'est... c'est sa faute d'abord ! Il avait qu'à pas me dire qu'il me trouvait mignon ni me faire de bisous dans le cou ! Ça... Ça m'a fait péter un câble ! Et moi, quand je pète un câble, j'suis comme ça, j'me contrôle pas ! – puis, se calmant et se redressant sur ses deux jambes – Et puis ça va, hein ! Y a pas mort d'Âminêtre ! Les médecins ont dit qu'il allait survivre ! Qu'on le rêverait certainement pas avant la fin de l'histoire, mais qu'il allait survivre !

– Oui, enfin... Ils ont quand même dû lui greffer un anus artificiel et remplacer les sept mètres de gros intestin dont tu t'es servis pour l'étrangler ! Et je parle même pas du sang que t'as foutu partout sur les murs ! T'aurais pu faire gaffe, si l'Aar'on n'avait pas envoyé son expert à lui pour rédiger le PV, t'étais bon pour te retrouver en cage ! Heureusement qu'Adri'an a été cool et a accepté de ne pas porter plainte !

– Y pouvait pas ! – rétorqua avec une naïveté sincère le blond qui s'était mis à jouer avec ses orteils. J'lui ai arraché la langue et j'la lui ai fait bouffer ! Bon, c'est pas tout ça, mais il est temps qu'on bouge. Que chacun rejoigne son poste. Yun'ah, lance les moteurs ; Link'o, fais le beau ; Geb, dessine-moi un mouton ; Camill, fais-moi un sourire trop mimi ; Ko'a, va nettoyer tes tentacules, t'es tout gluant, c'est désagréable sous le t-shirt ; Man'on, ah zut, c'est vrai, elle est morte... Bon, pas grave. Intelligence Artificielle de l'Unité Centrale Bête et Stupide, fixe le cap sur le système Solphéra et mets les gaz ! On se casse avant que les Voduos pigent que la vente était truquée ou que la police me cherche des noises ! Cap sur Yaxche !

– On ne rentre pas sur Thot ? – demanda avec étonnement la mécanicienne en apprenant la destination de l'équipage.

Se saisissant d'une feuille de papier froissée sur laquelle étaient inscrits plusieurs noms, Kili'an adressa un sourire en coin à sa camarade. Il ne pouvait pas rejoindre son Aar'on sans un présent à lui offrir, pas après tout ce qui s'était passé. Il avait une chose importante à faire, avant, pour lui prouver sa loyauté et son amour.

– Nan ! On va faire un p'tit détour pour taper du méchant ! Vous allez voir, ça va être cool !

Yaxche était la deuxième lune de Yum. D'une petite circonférence, elle brillait comme une émeraude dans l'infini. En cause, sa végétation verte développée sur toute sa surface. Depuis la nuit des temps, en l'absence de grands herbivores, les arbres avaient fait de Yaxche leur territoire et s'étaient développés jusqu'à atteindre des tailles parfois gigantesques. Les plus âgés dépassaient les milliers de mètres de haut et faisaient de l'ombre jusqu'aux montagnes. Royaume végétal, cette petite lune n'avait accueilli entre ses branches qu'une seule espèce Âminale autochtone, les Madakos. Hautes comme trois pommes – à l'échelle des pommes susaniennes, naturellement, celles de Yum faisaient cinq mètres de diamètre –, ces drôles de bestioles humanoïdes possédaient un corps parfaitement blanc et lisse, une bouche et deux yeux ronds parfaitement noirs, ce qui leur donnait souvent un air assez absent, voire stupide, mais tout de même attachant. Sauf quand ils bougeaient leur tête difforme et produisaient un horrible cliquetis insupportable à entendre. Là, ils étaient flippants.

Enfin, tout cela était avant que les Kekchis n'apprennent à se détacher de la gravité de leur propre planète pour visiter les astres qui tournaient au-dessus de leur tête. Des générations avant l'éveil du premier Aar'on et l'apparition du premier Vortico, un Kekchi avait posé ses pieds sur cette magnifique lune en prononcé une phrase restée célèbre : « C'est un petit pas pour le Kekchi, mais un grand pas pour le tourisme. »

L'air toujours printanier de Yaxche, sa végétation pacifique et son paysage unique en avait en effet rapidement fait un lieu de villégiature privilégié pour les riches et puissant de Yum. Ils s'entassaient à loisir dans des hôtels à vue panoramique nichés entre les branches et parcouraient volontiers les chemins tortueux à la recherche de quelques ruines à admirer de la toute petite civilisation des Madakos. L'entrée du système Solphéra dans la Fédération avait été le déclencheur d'un véritable boom de l'industrie touristique locale. Les Âminêtres et Âminaux de tout Vojolakta s'y ruaient en temps de paix. Les maisons secondaires fleurissaient et les plus fortunés se réservaient toujours les plus beaux emplacements. Très vite, l'argent détourné par les politiques trouva refuge entre les racines des arbres. Bourgeonnèrent ainsi des havres de paix pour tous ceux qui voulaient qu'on la leur foute. Parmi eux, on retrouvait un certain nombre de Kekchis, tel Bourdal, des membres du conseil et quelques militaires en fuite pour s'être un peu trop vite précipités aux pieds de Gér'ar, lors d'une certaine tentative foireuse de coup d'état. Bien élevé, Kili'an tenait à leur faire une petite visite de courtoisie.

Enfin, pas avant d'avoir photographié quelques arbres ainsi que la statue du grand Rototo, Dieu tutélaire des Madakos dont le principal symbole était un parapluie. Forcément, c'était moins chic que l'éclair, le soleil, le feu où d'autres machins super stylés, mais il fallait quand même avouer, que lorsqu'il pleuvait sur Yaxche, il était vraiment conseillé de se mettre à l'abri pour ne pas se retrouver complètement trempé. Et il pleuvait beaucoup, d'ailleurs, ce qui justifiait du coup pleinement cette vénération ancienne et oubliée.

Se promenant avec un ©Végébob sur la tête en compagnie de son équipage au grand complet – si on omettait de compterles kidnappés et les décédés –, Kili'an rayonnait. L'air frais lui faisait le plus grand bien et lui permettait de se vider la tête, déjà peu remplie à la base, en sautillant et en s'émerveillant devant chaque caillou. Forcément, le voir pendant des heures lâcher des « oooooooooh » de fascination provoqua rapidement l'exaspération de ses camarades, à commencer par Yun'ah, toujours première dans la liste d'attente lorsqu'il s'agissait de critiquer son capitaine.

– Kili'an, c'est pas pour t'embêter, mais je commence à très sérieusement me demander si tu ne te fous pas un peu de notre gueule et si l'objectif de cette mission secrète n'est pas tout simplement de te payer des vacances sur le dos de la Fédération.

– QUOI ? – réagit avec véhémence le blond, outré. Mais... c'est n'importe quoi ! Là, on s'infiltre incognito ! On se fait passer pour des touristes lambda, comme ça, personne ne nous verra arriver ! Franchement, ça se voit bien que tu n'es pas l'héroïne, t'y connais rien du tout en héroïsme ! Vraiment, tu me fais de la peine. Donne-moi UNE bonne raison de dire que mon plan ne tient pas la route, UNE SEULE !

– ...

– Ah, tu vois ! – fanfaronna Kili'an devant le silence de sa mécanicienne. T'y arrives pas !

– Non, ce n'est pas que je n'arrive pas à en trouver, c'est juste que je ne sais pas laquelle choisir entre le fait que tu viens de commander cent cinquante-trois peluches de Rototo à livrer dans la cellule H3 de la station orbitale de Thot, ta préférée ; ton idée brillante de te balader avec un drapeau vert « Team Kili'an » entre les mains pour pas qu'on se perde ; et la crise que tu nous as piqué en public dans le hall de l'hôtel quand le réceptionniste a refusé de te céder gratuitement la suite royale alors que tu es le Kili'an officiel de l'Aar'on et que si c'était comme ça, tu menaçais d'annuler ta réservation pour aller à la place quinze jours pécher sur Pozidono. Non, franchement, j'hésite.

– Meeeeeeeeeeeeeeeeeh. T'as... t'as pas le droit ! C'est moi qu'ai le drapeau, c'est moi qu'vous devez suivre, j'suis le chef normalement ! Et puis, j'voudrais vous y voir, hein, j'suis pas l'Aar'on moi, j'suis pas le roi des plans foireux qui marchent à tous les coups ! En machiavélisme, j'débute, j'ai pas encore passé tous mes diplômes, alors c'est pas sympa de me juger. Franchement, si vous avez mieux, vous gênez pas, hein, levez la main ! ... Nan mais attendez, heu, la levez pas tous en même temps, j'vais passer pour un con après...

Finalement, l'équipage vota à l'unanimité moins une voix – celle de son chef – pour le plan de Mart-1, non pas parce qu'il était le plus fiable mais simplement parce qu'il était le plus rigolo. Puisque l'objectif de cette expédition était de botter les fesses des traîtres qui avaient, volontairement ou non, fait le jeu de Gér'ar et de l'anti-humanité, alors il fallait les piéger au moment où ils s'y attendaient le moins. Pour cela, le robot avait eu une brillante idée : l'opération stupre et volupté. Enfin, même si le nom plaisait à Kili'an, cela ne l'empêcha pas de bouder toute la soirée pour indiquer son mécontentement.

Dans sa chambre, un verre de liqueur au Nutella à la main, Bourdal suait à grosses gouttes. Avec les événements récents, le vieux Kekchi avait dû fuir ses privilèges en attendant que la rage de l'Aar'on retombe. À vrai dire, il n'avait pas compris grand-chose à ce qui s'était passé. Après l'attaque sur Yum, il avait cru aux paroles de Gér'ar, son vieil allié. En ses promesses aussi. « Profitons de la confusion pour renverser le pouvoir. À toi l'armée, à moi le champ politique. Mon fils n'est pas à la hauteur, ce massacre le prouve.... ». Bourdal avait fait un choix de raison. Il avait parié sur le mauvais cheval. Gér'ar assassiné par son propre sang, le Kekchi et ses alliés étaient devenus indésirables. Ils avaient dû fuir les affaires pour protéger leurs vies en attendant que la colère du Légitime se calme et qu'ils puissent revenir en odeur de sainteté. Le retour du Bottel'ron avait changé la donne. Son peuple était une cible évidente pour le peuple Ashtars. En premier lieu, ces monstres s'en prendraient forcément au système Solphéra, autant pour capter ses richesses que pour se venger. C'étaient les Kekchis qui avaient souhaité et défendu l'annihilation de leur race auprès du vingt-troisième Aar'on, le « Juste », l'homme qui avait courageusement pris cette lourde décision. Malheureusement, le dignitaire actuel de sa charge n'avait ni la même force, ni la même intelligence. Le vingt-septième était un jeune adolescent imbu de lui-même et difficilement manipulable qui ne jugeait que par les yeux de son Kili'an, une épine dans le pied des Kekchis.

C'était Bourdal qui avait exigé que la Fédération lui remette le jeune blond, cause du retour du Bottel'ron. Pensant dans un premier temps le garder prisonnier pour s'assurer de la bienveillance de l'Aar'on à l'égard de son peuple, le vieux politique avait fini par se laisser convaincre qu'un cadavre lui permettrait de suffisamment affaiblir le brun pour le renverser et mener lui-même la guerre contre les Ashtars. Malheureusement, le Légitime s'était encore une fois joué de sa personne, sauvant la vie de son bien-aimé en le vendant au plus offrant. L'idée était inédite, mais diablement efficace. Grâce à l'amour incompréhensible qui lui était porté, le Kili'an était toujours en vie.

Mais tous n'avaient pas la même affection que le jeune brun envers l'adolescent aux cheveux d'or. Il était connu pour être un véritable tyran pleurnicheur et capricieux avec les membres de son équipage. Ces derniers s'étaient souvent rebellés. Les tensions étaient à leur paroxysme. Il suffisait de planter une graine pour récolter les plus beaux fruits. Bourdal était bien placé pour le savoir, en chaque être se cachait un traître. Même dans ceux faits de ferraille et d'acier.

– Celui que vous recherchez est en notre possession. Il n'a pas eu le temps de soigner ses blessures et il est persuadé que l'Aar'on l'a abandonné, il n'opposera aucune résistance. Bref, grâce à mon terminal de paiement intégré, je prends les chèques et la carte de crédit. On disait donc : un blond en promotion sans sa PS27, dix millions de kils, plus le buffet et la réception pour vingt personnes facturé vingt mille kils... Vous me devez donc dix millions vingt mille kils. Franchement, c'est un prix d'ami. Votre bien vous sera livré ce soir couvert de chaînes à l'adresse indiquée avec en cadeau un petit guide sur la meilleure manière de le tuer. Je vous conseille le viol collectif suivi de l'éviscération, c'est souvent ce que les gens préfèrent, ça laisse toujours de supers souvenirs.

Bourdal avait une pleine confiance en son interlocuteur. Son professionnalisme à une heure ou la traîtrise était souvent l'affaire d'amateur faisait plaisir à voir. Et puis, il avait de sacrées références : il avait été presque entièrement reprogrammé par la célèbre Yun'ah, médaille d'or aux quarante-troisièmes olympiades de félonie de Vojolakta, catégorie « à ce niveau de putasserie, ce n'est plus de la trahison, c'est de l'art ». Clairement, le vieux Kekchi était tombé sur les meilleurs.

Et il avait eu raison. Tous ses plus grands alliés avaient répondu présent à son invitation pour assister à la remise du jeune blond. Les membres du conseil en fuite, les militaires et même le roi des Kekchis. Au bas mot, une vingtaine de diplomates protégés par divers accords qui à eux seuls représentaient la plus grande force d'opposition à l'Aar'on et à sa politique. Pour pimenter un peu le tout, de nombreux Âminêtres et Âminaux vicieux, violent et rebelles avaient aussi fait le voyage.

Comme prévu à l'heure convenue, deux personnes frappèrent à la porte. L'un était une sorte de peluche aillée qui poussait des piaillements incompréhensibles à base de « Geb » et de « Gab », l'autre était un Splatos qui avait confondu son rôle de livreur avec celui du client et qui se tapait frénétiquement son prisonnier.

Prenant son rôle au sérieux, le Chérub tendit avec insistance une feuille et un stylo à
Bourdal.

– Geb ! Gaby gaby geb ! Euh... Geb ?

– Hein ? C'est quoi cette langue. Il ne parle pas humain ce machin ?

– ... Ça veut dire : « Signez le bon de livraison... » – reprit Geb en soupirant. Gaby geb ? Euh, Pigé ? Oh, des seins !

Quelques secondes plus tard, alors que le Chérub s'était jeté sur la poitrine d'une invitée pour la malaxer avec envie, Kili'an se retrouva nu, geignard, à genoux et couvert de chaînes au milieu de tous ceux qui rêvaient de le voir mort. Dans la pièce d'à côté, le reste de son équipage attendait son signal pour attaquer. À l'aide d'un minuscule trou dans la cloison, Camill observait la scène et transmettait les indications aux autres. Le plan de Mart-1 était en tout point génial. À fond dans son personnage, Kili'an y tenait son meilleur rôle : il feintait à la perfection la faiblesse, l'abandon et la soumission.

– La tronche que les Kekchis vont faire quand ils se rendront compte qu'il ne se laissera pas sauter ! – s'amusa même Yun'ah. Ils vont être dégoûtés. Bon, ça en est où ?

– Baaaaaaaaaah... – répondit Camill avec gène. Comment dire... Il est en train de se faire sauter, quoi. La bouche, les fesses... Ils se le passent à tour de rôle, c'est une boucherie... normal quoi... J'crois que ce couillon a oublié le signe. Bon bah écoute, tant pis hein, ça lui fera toujours des trucs à raconter à la cour sexuelle. On attaque, du coup, ou on attend qu'ils le tuent ?

Après un vote à l'arraché, décision fut prise de passer outre la mémoire défaillante du capitaine et de lancer l'assaut sans son accord. Il était de toute manière trop occupé à reprendre sa respiration pour prendre une décision.

Dans tous les sens du terme, ce fut un massacre. Link'o mordit des fesses. Geb plongea sa tête dans des nichons. Mart-1 mit une dérouillée à ses adversaires. Camill et Yun'ah parlèrent chiffons. Ko'a visita plusieurs orifices de ses tentacules avant de déterminer haut et fort que cela ne valait pas les cavités de Kili'an. Le blond le plus beau de tout Vojolakta, enfin, concentra la puissance de son Chrlorophily autour de ses yeux. Certes, il n'avait pas sa ©Végéscratch verte sur lui, mais il s'en fichait. Avoir atterri sur l'astre possédant le plus de plantes chlorophylliennes au mètre carré de toute la galaxie était un véritable bonheur pour son Regard Particulier. L'adolescent se retrouvait comme un dieu dans son élément. Comme un petit fou, il s'amusa à trancher et transpercer, ne comptant les cadavres que pour s'assurer qu'il avait rayé les bons noms sur sa liste. Quand, à genoux, Bourdal le supplia d'épargner sa vie, il n'eut qu'une seule réponse à lui adresser avant de lui arracher la tête.

– Fallait pas être méchant avec mon Aar'on ! Ça m'énerve.

Quand Hora'tio'kayn, le chef de la police scientifique de Thot arriva sur place, il ne put que constater l'évidence. Encore une partie fine qui avait dégénéré ! À quelques mètres à peine de lui, sous une couverture, un jeune adolescent aux cheveux dorés pleurnichait dans les bras de son robot.

– Ce... c'était horrible ! Ils... Ils m'ont fait des choses... J'ai eu si mal ! Ma bouche, mes fesses, ma dignité... Et je me souvenais même plus du code... J'voulais mourir, moi... Dis, tu crois que si je chiale comme ça, ça pourra berner la cour sexuelle ? Non, parce que là, si je fais le compte, ils vont me tuer !

Jetant un coup d'œil à la masse de cadavres, Hora'tio'kayn se fit la remarque que ce pauvre garçon était poursuivi par un bien funeste destin. Partout où il passait, il devenait la victime d'actes atroces et le témoin d'horribles massacres. Il devait être maudit.

Redressant ses ©Végélunettes de soleil sur ses yeux, l'inspecteur tourna les talons, non sans oublier de lâcher un de ses fameux commentaires. C'était l'affaire de sa vie.

– Ils ne mangeront plus jamais de Nutella.

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