Voisin(e)

5 ans plus tard

Chapitre 3

- Tadaïma !

Nishikido Ryo rentrait sa longue journée de travail. Il était fatigué mais heureux car son tournage était enfin terminé. Il avait désormais la fin de semaine rien que pour lui. Il allait enfin profiter de quelques jours de congés. Il avait d'ailleurs prévenu son agence, il couperait son portable pour les jours à venir. Il voulait surtout prouver à Hana qu'il la faisait passer avant son travail, et ne plus répondre à la moindre sollicitation de son manager était une preuve de sa bonne foi.

Il avait conscience qu'il serait difficile de se faire pardonner l'annulation de ce voyage à Paris mais ce qu'il avait dans sa poche serait peut-être un moyen de se rattraper. Il savait que Hana rêvait de passer quelques jours à Hiroshima. Cela faisait des mois que son amie Ayumi la tannait pour que le couple vienne leur rendre visite. C'était l'occasion parfaite. Ryo voulait lui faire la surprise en lui montrant les billets de train qu'il venait d'acheter.

Pourtant, à peine eut-il fit quelques pas dans la maison qu''il commença à paniquer. En effet, une épaisse fumée noire commençait à remplir toute l'habitation. Il fit quelques pas et s'aperçut que la source de cette inquiétante fumée était la cuisine. Il se précipita pensant y trouver un début d'incendie. Aucune trace d'un quelconque feu en revanche, il aperçut dans l'évier, une poêle qui semblait être la cause de cet incident. Il s'approcha mais fût incapable de d'identifier le contenu, cela semblait être des légumes quoi que cela aurait pu tout aussi bien être un morceau de viande.

La cuisine était dans un désordre monstre. Ryo se demanda si un ouragan n'était pas passer par là. Il fût très étonné que la responsable de ce cataclysme soit son épouse. Hana était en effet à quelques mètres de tout ce carnage et semblait concentré sur une feuille de papier.

- Hana-chan, tu veux faire bruler la maison ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Demanda Ryo qui connaissait le danger de son épouse dans un tel endroit.

- Je ne comprends pas, j'ai bien fait comme Sophie-sama me l'a dit, fit Hana en ne quittant pas sa recette des yeux. En cours, j'y suis très bien arrivé... Ah ! C'est pas possible, j'ai tout gâché !

- De quoi tu parles ?

- Je me suis dit que comme on ne pouvait pas aller à Paris, alors c'est Paris qui viendrait à nous. Je voulais te faire une surprise mais ça tombe à l'eau. J'avais tout prévu...

Hana entraina alors Ryo dans la salle à manger où elle avait dressé une magnifique table. De la musique était diffusée en fond sonore tandis qu'au milieu de la pièce, se tenait la table éclairée par des chandelles. Hana avait utiliser tout les clichés de la soirée romantique. La jeune femme semblait déçue que tout ses efforts soient vains. Elle avait raté l'essentiel, le diner. Elle n'aimait pas échouer et elle s'était donné beaucoup de mal pour cette soirée. Cela faisait deux jours qu'elle préparait cet événement en secret.

- Toi, tu voulais faire la cuisine ? Tu voulais plutôt m'empoisonner ?

- Eh ! Fit Hana qui n'aimait pas beaucoup la critique. Cela fait deux jours que je prends des cours de cuisine française ! Je te signale que je réussissais très bien ce plat... bon d'accord Sophie-sama, ma professeur, n'était jamais très loin. Je dois me rendre à l'évidence, je suis une cruche en cuisine.

- Je meurs de faim. Et si tu nous préparais quelque chose ?

- Je viens de manquer de cramer la cuisine. Tu n'as pas peur de me voir utiliser de nouveau la gazinière ?

- C'est juste que tu as dû mettre un temps fou à préparer tout ça...

- A vrai dire, ça m'a pris la journée, avoua-t-elle.

- Ce serait bête de ne pas en profiter.

Et voilà comment Hana se retrouva à servir de l'omurice dans une ambiance si romantique. En effet, cette omelette au riz était la seule recette qu'elle maitrisait et le seul plat que son mari acceptait de gouter venant d'elle. La jeune femme trouvait la chose ridicule, un plat si simple, cela n'avait rien à voir avec l'idée qu'elle s'était fait de sa soirée romantique. Pourtant, Ryo semblait aux anges et mangeait avec délice ce qu'il y avait dans son assiette.

- Cette soirée est un vrai fiasco. Cette semaine est un vrai fiasco, souffla Hana. A croire que le monde est contre moi.

- Tu m'en veux toujours pour Paris ? Je te promets qu'on ira... un jour.

- Oui, un jour... J'espère seulement qu'on pourra y aller avant d'avoir l'âge de la retraite.  

* * *  

- J'y vais ! S'écria Hana.

- T'exagères quand même ! C'est nos vacances ! Tu es sûre que personne ne peut gérer le problème à ta place ? Chercha à savoir Ryo.

- Impossible... Je te promets, ensuite je fais comme toi, je coupe mon portable. Une fois à Hiroshima, je ne répondrais à plus aucun appel du bureau, promis. J'en ai pour deux heures tout au plus, je te rejoins à la gare.

C'est un peu à contre coeur que Ryo la laissa partir pour son bureau. Apparemment, il y avait une urgence au bureau et la présence de Hana était indispensable. Elle se dépêchait donc de résoudre le problème pour pouvoir ensuite partir à Hiroshima où Ryo avait décidé de l'emmener passer quelques jours. Pourtant, à peine Hana eut-elle poser le pied hors de sa maison que la bonne humeur qui semblait l'animer s'évapora. Elle s'était bien garder le révéler la vérité à Ryo. Normalement, elle ne lui cachait rien mais elle n'avait aucune envie qu'il sache que son ex petit ami la faisait chanter. Elle ne voulait pas l'impliquer dans ses problèmes et comptait régler cette histoire une bonne fois pour toute.

Quelques minutes plus tard, elle entra dans un café, la peur au ventre. Elle avait rendez-vous avec Koichi ou plutôt, elle avait été convoqué par le garçon. Ce matin, il lui avait envoyé un mail sur son portable qui ne laissait guère le choix à la jeune femme. Elle était très angoissée, tout le contraire de son ex qui sourit en la voyant la rejoindre et qui continuait à boire son thé le plus tranquillement du monde.

- Ha-chan, comment vas-tu ?

- Comment veux-tu que j'aille ? Tu m'avais dit que tu avais effacé ces photos ! Je t'ai déjà donné 2 millions de yens, ça te suffit pas ?

- Un journal serait près à me donner beaucoup plus pour pouvoir les publier...

Hana savait que Koichi n'était pas un ange mais ne le pensait si intéressé par l'argent. Il y a deux jours, il l'avait déjà menacé de diffuser d'anciennes photos plutôt compromettantes. Des photos prises par le garçon à l'époque où ils sortaient ensemble. Des clichés que Hana avait oublié mais qui prenaient de la valeur maintenant qu'elle était l'épouse d'une personne publique. Le genre de photos qu'on préfère garder pour son intimité et qui détruirait sa réputation et salirait grandement celle de Ryo.

- Très bien, combien tu veux 10 millions ? 20 millions ? Je te donnerais ce que tu veux mais disparais de ma vie !

Hana avait dit cette phrase en tachant de se montrer forte et déterminée. En réalité, elle était terrifiée. Se retrouver face à Koichi était plus difficile qu'elle ne l'aurait cru. Même si cela faisait bientôt une décennie qu'ils étaient séparés, elle s'en voulait toujours d'avoir cru à ses belles paroles. Elle n'arrivait toujours pas à lui pardonner d'avoir jouer avec ses sentiments pour de l'argent. Elle ne savait pas si elle lui en voulait à lui ou bien à elle-même d'avoir été bercé de belles illusions.

Aujourd'hui, elle était bien décidé à lui montrer qu'elle ne se laisserait plus manipuler. Pourtant ce dernier savait y faire, le ton mielleux qu'il employait avec elle avait le don d'énerver encore plus la jeune femme. Elle savait qu'elle ne devait pas se laisser avoir par la voix douce et le sourire charmeur du garçon, il était capable du pire pour de l'argent, il venait de lui en donner la preuve en menaçant de faire voler sa réputation en éclat.

- Je t'en prie, détruis ces photos, fit Hana dont les larmes étaient sur le point de faire leur apparition.

Hana ferma les yeux, cherchant à retrouver un peu de courage et de dignité. Elle ne devait pas montrer à Koichi qu'il avait la moindre emprise sur elle. Elle faisait tout son possible pour ne pas craquer devant lui, elle ne voulait pas lui laisser le plaisir de voir le pouvoir qu'il avait sur elle. Elle ne voulait donc pas verser une seule larme pour ce sale type. Elle souffla, cherchant à chasser tout son angoisse lorsque soudain, alors qu'elle avait toujours les yeux clos, elle sentit quelque chose d'humide sur ses lèvres.

    à suivre

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- C'est que ce Koichi est malin ! Il a un plan derrière la tête et tout doucement, cela se met en place. Pour en savoir plus, il faudra attendre le chapitre 4.