5 ans plus tard... Chapitre 16

Hana était finalement rentrée dans son appartement. Elle referma la porte d'entrée et alluma la pièce principale. Elle n'était pas venue ici depuis des années mais rien n'avait changé. C'était étrange de se retrouver là, c'était à la fois rassurant de se trouver en terrain connu et troublant de faire un saut dans le passé. Hana n'avait pu s'empêcher de s'arrêter quelques instants sur le palier et de fixer la porte voisine. Elle savait très bien que cela faisait des années que l'appartement était reloué mais Hana s'attendait toujours à voir Ryo ouvrir cette porte et l'engueuler comme du poisson pourri comme lors de leur première rencontre.

La jeune femme s'assied sur le canapé et posa le carton remis par le concierge sur la table basse. Hana était intriguée par le départ soudain de Koichi, elle ne comprenait pas pourquoi il abandonnait cet appartement qu'il s'était donné tant de mal à lui extorquer. Au bout de plusieurs minutes, Hana décida d'arrêter de fixer cette boite et de l'ouvrir, espérant y trouver les réponses à ses questions. Elle trouva plusieurs papiers en vrac ainsi qu'une enveloppe où figurait son nom. Elle l'ouvrit et découvrit une lettre de Koichi.

Ha-chan,

Lorsque tu liras cette lettre, je serais déjà loin. J'ai décidé de retourner dans ma ville natale. J'ai enfin réalisé que cette vie de débauche et d'argent, ce n'était pas ça la vraie vie. Je ne sais pas si j'arrivais à vivre honnêtement mais je dois essayer. J'ai compris que ce n'est pas uniquement l'argent qui m'a poussé à te nuire, c'est la jalousie. J'étais jaloux de ton bonheur : ton mariage heureux et ta famille qui semblait si parfaite. Aujourd'hui, tout ça est en morceaux, à cause de moi. Je suis désolé.

Je sais que simplement dire pardon ne suffira pas. Je te rends donc ton appartement. D'abord parce que je n'arrive pas à y vivre sans penser à toi. Et puis, je sais qu'il a une signification particulière pour toi, Ogura-san m'a raconté que tu avais rencontré Ryo ici. J'espère que tu lui pardonneras. Avant de partir te retrouver aux Etats-Unis, j'ai rendu une visite à ton mari. J'ignore ce qu'il s'est passé réellement entre lui et Minami-chan mais je suis certain qu'il t'aime sincèrement.

Maintenant que nous en somme aux confidences, je crois que je dois la vérité sur ce qu'il s'est passé il y a dix ans. Crois le ou non, je t'aimais vraiment. Tu as toujours cru que je m'étais rapproché de toi pour l'argent, c'est faux. J'ignorais que tu avais hérité. Au début, je cherchais à escroquer Ayumi et j'ai cherché à me rapprocher d'elle. Mais j'ai rapidement abandonner cette idée lorsque je t'ai vu. Je ne pouvais pas escroquer la meilleure amie de la fille dont j'étais tombé amoureux au premier regard. Je t'aimais sincèrement mais pas autant que l'argent facile. Je me suis retrouvé sans le sou et j'ai repris mes arnaques amoureuses. Tu l'as appris juste avant notre mariage et tu as cru que je me servais de toi. Tu vas dire que je me cherche des excuses et tu as probablement raison.

Tu m'as dit que tu regrettais une seule chose : m'avoir rencontrer. Moi, c'est la seule chose que je ne regrette pas.

Koichi.

PS : Voici quelques documents que j'ai volé chez Minami-chan, j'espère que cela pourra t'aider à faire sortir ton mari de prison.

* * *

Quelques heures plus tard, Ryo sortait du poste de police en homme libre. Il fût le premier étonné lorsqu'on vint le réveiller en pleine nuit pour lui annoncer qu'il pouvait partir. Il n'avait aucune idée de ce qui s'était passé. Les policiers ne lui donnèrent que peu d'informations. Ils se sentaient probablement fautifs d'avoir juger aussi vite Ryo. On lui indiqua seulement que des éléments nouveaux remettaient en cause les faits qui lui étaient reproché. Ryo ne chercha pas à en savoir plus pour le moment, il était libre et ne comptait pas s'éterniser ici.

Dehors, une horde de journalistes se jeta sur lui mais comme d'habitude, il ne fit aucune déclaration. Néanmoins, il s'étonna des questions qu'on lui posait, ces derniers semblaient en savoir plus que lui sur les raisons de sa libération.

- Allez-vous porter plainte contre Minami-chan ? A votre avis, pourquoi a-t-elle mis en scène cette agression ? Pourquoi vous a-t-elle accusé ?

Après ce bain de foule, il rentra dans une voiture en compagnie de son avocat. Ryo se demandait encore à quoi cet homme avait servi. Il n'avait pas été d'une grande aide durant toute sa garde à vue. Pourtant, maintenant, c'était le seul à pouvoir l'éclairer sur la situation. Il voulait en savoir plus, ce que venait de dire ses journalistes lui trottait dans la tête.

- C'est quoi cette histoire avec Minami-chan ? Et c'est quoi exactement ses éléments qui ont pu annuler cette plainte? On vient m'arrêter chez moi, devant mes enfants et maintenant on me dit que tout ça n'était qu'une erreur. Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer ce qui se passe au juste ?
- Sa plainte a été débouté. Il a été prouvé qu'elle avait menti.
- Je l'ai toujours dit mais personne ne voulait m'écouter !
- Minami était couverte de coups et sa déposition semblait cohérente. C'était sa parole contre la vôtre. Votre défense s'appuyait juste sur « je suis innocent », c'était plutôt léger.
- Vous n'avez pas été dans un grand secours non plus, se plaignit Ryo.
- J'ai rarement eu des clients aussi buté que vous. Pourquoi vous êtes vous entêté à vous taire ? Pourquoi ne pas vous défendre de façon plus virulente ? Vous aviez tout du coupable à agir de la sorte.
- Parce que c'est de ma faute, Minami n'aurait jamais fait ça si je... S'arrêta Ryo avant d'en dire trop. Et dites-moi, qui a apporté ces preuves ?
- Votre femme, expliqua son avocat, a déposé cette nuit des documents qui avaient retiré du dossier et qui...
- Hana-chan ?
- C'est quelqu'un votre épouse. Elle n'a jamais douté de votre innocence et n'a pas arrêter de harceler les policiers pour qu'ils le prouvent. Elle a même failli se faire arrêter pour outrage à agent.
- Et où est-elle maintenant ?
- Je l'ignore. Elle est partie juste après avoir remis les preuves à une jeune policière.

Ryo était sans nouvelles de Hana depuis plusieurs jours et aurait aimé pouvoir partager ses premiers instants de libertés avec elle. Il était heureux d'apprendre qu'elle se soit autant démener pour lui. Il était encore plus heureux par cette nouvelle que par sa libération. Lorsqu'on le déposa chez lui, il se pressa de rentrer à l'intérieur, pensant y retrouver Hana. Il pensa un instant qu'elle avait préféré l'attendre à la maison mais réalisa qu'il se trompait : la maison était plongée dans le noir et il y régnait un silence de mort.

* * *

Deux jours plus tard, Ryo se retrouva une nouvelle fois au commissariat. Pourtant, cette fois-ci, il n'était pas en tant qu'accusé. C'était beaucoup moins stressant même s'il se serait volontiers passer de cette visite. Il signait quelques documents pour clore définitivement cette histoire. Il avait finalement renoncer à porter plainte contre Minami-chan. Elle lui avait causé beaucoup de torts. Et même si on avait réussi à prouver son innocence et que Minami-chan avait fini par avouer avoir tout inventer, certains continuaient à croire que Ryo n'était pas si innocent que cela.

Il signa le dernier procès-verbal et s'apprêtait à quitter les lieux lorsqu'une jeune femme sortait d'une salle d'interrogatoire le sourire aux lèvres. Elle venait d'obtenir les aveux d'un gros bonnet. Elle le salua mais Ryo mit un temps à la reconnaître.

- Nishikido-san, vous allez bien ? Vous avez l'air dans vos pensées.
- Excusez-moi, on se connait ?
- Kamiya Nana, c'est grâce à moi qu'une erreur judiciaire a pu être évité. Enfin, moi et votre épouse. Je n'aurais jamais pu y arriver sans le rapport médical qu'elle a retrouvé. Je me demande d'ailleurs comment elle a fait pour le retrouver si vite.
- Je l'ignore.
- Et dites-lui bien que grâce aux éléments trouvés par ce Koichi, nous avons un dossier solide contre Minami-chan. Et puis, remerciez-là pour moi, grâce à elle, j'ai réussi à être promu.
- Je... je le ferais... bredouilla Ryo.

La jeune policière retourna à ses occupations et Ryo quitta l'hôtel de police. L'idole tentait de remettre en ordre les pièces du puzzle. Hana avait amené la preuve du mensonge de Minami grâce aux éléments de Koichi. Pourquoi ce nom ne lui était pas inconnu ? Il passa tout le chemin du retour à essayer de comprendre tout ça. Il crut un instant que cet homme puisse être Ariake Koichi, ce drôle d'individu qui était venu lui rendre visite. Pourtant, tout cela n'avait aucun sens, pourquoi un ex de son épouse aurait fait une telle chose. Et puis ce n'était pas n'importe quel ex, Hana détestait Koichi, elle n'aurait jamais demander de l'aide à un type comme lui.

Ryo avait beau se poser un tas de questions, une seule lui importait aujourd'hui : est-ce que Hana allait revenir vers lui ? En apprenant tout ce qu'elle avait fait pour lui, il restait persuadée qu'elle l'aimait toujours. Alors pourquoi n'était-elle pas encore rentrer à la maison ?

En rentrant dans la maison, Ryo sourit en s'apercevant qu'il y avait du monde. Ses enfants rentraient aujourd'hui d'Osaka et Ryo était heureux de les revoir. Sa mère n'était pas venu les mains vides, comme à son habitude, elle ramenait de quoi manger pour des jours. Une délicieuse odeur flottait dans la maison. Le garçon retrouva sa mère et ses enfants à table.

- Tadaïma ! Lança Ryo.
- Okaeri ! Lui répondirent ses enfants la bouche pleine de takoyaki.
- Je ne savais pas à quelle heure tu rentrerais, nous ne t'avons pas attendu pour diner, fit sa mère. Assieds toi, je vais te servir.

Le garçon ne se fit pas prier pour gouter la nourriture de sa mère. Il dina avec plaisir et profita de ce moment familial. Il écouta ses enfants leur raconter leur séjour à Osaka. Même s'ils s'étaient retrouvé là-bas à cause de l'arrestation de Ryo, ces derniers en avaient profité comme des vacances. Ils adoraient aller chez leur grands-parents. Ils avaient même pu passer un peu de temps avec leur cousins, chose qui arrivait très rarement. Ryo était rassuré, ils ne semblaient pas trop affecté par toute cette affaire. Sa mère quitta la maison tard dans la soirée. Ryo insista pour qu'elle passe la nuit chez lui mais elle refusa.

- Tu es sûre de ne pas vouloir dormir ici ?
- Et laisser ton père seul ? Lui répondit sa mère. Il sera complètement perdu si je ne suis pas là à son réveil. Tu le connais.
- Je viendrais vous voir bientôt à Osaka avec les enfants, promis.
- Et avec Hana aussi. Ton père l'adore tu sais.

Ryo resta silencieux. Le sujet Hana n'avait pas été abordé de toute la soirée. Sa mère en évoquant ce nom l'obligeait à faire le point sur leur relation. Il ne savait pas comment la qualifier. Hana l'avait-elle quitté définitivement ou était-ce juste une dispute qui durait un peu trop longtemps ? La mère de Ryo monta finalement dans le taxi qui l'emmenait à la gare. Ryo regarda la voiture s'éloigner. Il rentra finalement dans la maison et tomba alors nez à nez avec Ryu.

- Tu n'es pas couché ?
- Pourquoi Maman n'est pas là ?
- Ryu, il est tard, il faut dormir. Tu as école demain. On parlera de tout ça demain.
- Tu ne l'aimes plus ? Demanda Ryu qui n'était visiblement pas décidé à dormir.
- Bien sûr que je l'aime, lui répondit Ryo qui ne voyait pas comment il pouvait en douter.
- Maman t'a sorti de prison, pourquoi elle ne peut pas revenir à la maison ?
- Elle ne... Comment sais-tu que ta mère m'a sorti de là ?

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