5 ans plus tard... Chapitre 14

Voisin(e) 5 ans plus tard 
Chapitre 14

Koichi était assis sur le canapé et jouait avec son téléphone portable. Il suivait d'un œil le journal télévisé. Lorsqu'on aborda l'agression de Minami, il leva la tête de son smartphone. Il repensait à la visite de Ryu un peu plus tôt. Il ne pouvait pas nié qu'il était touché par la détresse de cet enfant qui voyait sa famille éclatée. Il aurait voulu l'aider comme il lui demandait mais il ne pouvait rien faire pour lui. Et puis, même si Minami n'était pas toujours très honnête, il avait un doute. Et si Ryo l'avait agressé ? Après tout, il avait dû finir par comprendre qu'elle était responsable du scandale au club XXX. Et si finalement, Ryo avait simplement péter un plomb et s'en était pris à Minami ?

Toute la soirée, le jeune homme fut préoccupé. Il n'était pas très concentré à son rôle d'hôte et son patron lui fit remarquer son manque d'enthousiasme par deux fois. Il tâcha de donner le change mais ce soir, il n'avait pas très envie de jouer les séducteurs Il ne cessait de penser que toute cette histoire allait beaucoup trop loin. Et puis, il s'en voulait. C'est lui qui avait soufflé l'idée à Minami de s'en prendre à Hana. Il ignorait que tout déraperait autant.

Lorsqu'au petit matin, il finit par rentrer chez lui, il était fatigué mais n'arrivait pas à trouver le sommeil tant il était accablé par les remords. Il déambula dans l'appartement regrettant de l'avoir extorqué à Hana. Il avait l'impression d'être aussi machiavélique que Minami en ayant accepté ce logement. Tout à coup, ce lieu n'était plus le symbole de revanche sur Hana, c'était simplement la preuve de son inhumanité. Son regard s'arrêta sur un carton rangé dans un coin du salon : celui oublié par Hana. Il ne résista à l'envie l'ouvrir et de regarder les photos et autres souvenirs de la jeune femme. Koichi ne put s'empêcher d'avoir un pincement au cœur en voyant que chaque photo où il était censé apparaître avait été coupé. Hana l'avait rayé de sa vie depuis longtemps et il ne pouvait pas lui en vouloir. Il avait joué avec ses sentiments et aujourd'hui, il faisait pire, il brisait sa vie.

Il n'arrivait pas à croire qu'il est pu devenir un homme uniquement guidé par l'argent et que pour cela, il était capable du pire. Il passa en revue toutes les photos qu'il y avait dans cette boite, il repensa à l'époque où il sortait avec Hana. Même si leur histoire s'était mal finie, il ne pouvait pas nier qu'ils avaient passer de bons moments ensemble. Hana conservait probablement en mémoire que les mauvais moments et sa trahison lors du mariage. Lui, en revanche, se rappelait uniquement du positif. Comme par exemple, lorsqu'ils avaient passé ce weekend en amoureux, il regardait d'ailleurs un cliché de Hana sur la plage. Il se souvenait parfaitement du moment où il l'avait prise. Ce jour-là, la jeune femme lui avait fait des confidences sur sa jeunesse aux Etats-Unis, une période de sa vie qu'elle évoquait très rarement. Soudain, Koichi fit un bond, laissant tomber la boite. Toutes les photos s'éparpillèrent au sol mais il continuait de fixer Hana souriant au bord de l'eau. Il quitta en trombe l'appartement.

*
* *

- Vous avez cinq minutes ! Informa le gardien avant de laisser Ryo en salle d'interrogatoire.

Ryo se retourna vers la table où se trouvait un homme qui lui était complètement inconnu. Il s'approcha même s'il se serait volontiers passé d'un nouvel interrogatoire. Il venait de passer la nuit en détention sans réussir à fermer l'oeil. Il était pourtant épuisé de répéter qu'il n'avait rien fait mais les policiers étaient sourds à ces propos. Ils ne cessèrent de lui montrer les photos montrant le visage boursouflé de Minami lui demandant pourquoi il avait fait ça mais Ryo n'avait aucune justification à donner, il était innocent.

- Vous êtes qui ? Un journaliste ? Chercha à savoir Ryo.
- Je suis là pour vous aider.
- M'aider ? Vous seriez bien le seul. Tout le monde ici me croit coupable, même mon avocat.

Et c'était vrai, Ryo s'en était vite aperçu lorsque ce dernier lui conseilla que plaider coupable. Cela vous permettrait d'amoindrir votre peine, lui avait-il dit. Le Johnny's ne voulait pas minimiser son implication, il était innocent. Il était donc très intrigué par cet homme souhaitant l'aider.

- J'aurais juste une question : êtes-vous coupable des faits qui vous sont reprochés ? Demanda l'inconnu, ne cessant de le regarder dans les yeux.
- Non ! Bien sûr que non ! Je n'ai rien fait de mal à Minami-chan.
- Même après avoir appris qu'elle était responsable du scandale ? Que c'est à cause d'elle que votre épouse s'est faite piéger ? Et si vous aviez simplement perdu votre calme et...
- Non ! Cria Ryo en frappant violemment la table.
- D'accord, je vous crois. Même si je suis sûr que vous ne dites pas toute la vérité.

Ryo le dévisagea soudain comme si cet inconnu était capable de lire en lui. Ce dernier n'était pas mécontent de son petit effet et arbora un sourire, il était très sûr de lui.

- On dirait que j'ai visé juste.
- Je n'ai justement rien fait ! Je n'ai pas pu... à cause de Hana, murmura presque Ryo.

Ryo se referma aussitôt sur lui-même, il ignorait qui était cet homme et n'était pas prêt à lui en dire plus. Il finit par se laisser tomber sur le dossier de sa chaise et croisa les bras. Il ne dirait plus rien, il ne voulait pas qu'on puisse utiliser le moindre élément contre lui. Il n'avait pas confiance en cet homme.

- Je voulais juste m'assurer de votre innocence, je me fiche des détails mais vous devriez peut-être en parler aux enquêteurs, ça pourrait vous aider.
- Comment en savez-vous autant sur Minami-chan ? Demanda soudain Ryo à la fois curieux et inquiet. Et comment avez-vous réussi à passer la sécurité ? Personne ne peut me parler à part les policiers et mon avocat.
- Disons que je connais bien la commissaire, expliqua-t-il en prenant la frappant à la porte pour qu'un policier lui ouvre.
- Mais qui êtes-vous ?
- Ariake Koichi.

Sur ces mots, il quitta la salle d'interrogatoire. Ryo était encore plus surpris en apprenant l'identité de cette homme. Il mit quelques secondes avant de réaliser l'étrangeté de cette rencontre. Il ne l'avait jamais vu mais en avant beaucoup entendu parlé. Il ne manquait pas d'air, après s'être amusé avec Hana, il venait le narguer alors qu'il se retrouvait dans une situation impossible. Pourtant, Ryo ne comprenait pas ce qu'il gagnait à venir se moquer de lui ici et pourquoi voulait-il s'assurer de son innocence ? Quel plan avait-il encore en tête ?

*
* *

A cette heure-ci, l'endroit était presque désert. Seuls quelques surfeurs peuplaient la plage. Hana profitait de la quiétude des lieux avant que la foule de touristes afflue. Tout les matins, elle venait observer l'océan et durant ce court moment, elle oubliait ses soucis. C'était éphémère mais pendant quelques instants, elle pouvait juste observer le mouvement des vagues et faire le vide dans son esprit.

Le lieu n'avait pourtant rien d'extraordinaire mais pour la jeune femme, il avait quelque chose de réconfortant. Enfant, lorsqu'elle n'avait pas le moral, son père l'emmenait faire un tour dans la grande roue de la jetée. Elle avait appris à nager à quelques mètres de là et conservait les meilleurs souvenirs de pique-niques familiaux sur cette plage. Ici, à Santa Monica, elle avait passé les plus belles années de son enfance.

L'autre nuit, lorsqu'elle vit Ryo dans les bras de cette femme, elle fut profondément blessée. Ce n'était pas la première fois qu'elle devait faire face à l'adversité mais cette nuit-là, c'était différent. Sa capacité à faire face à tout avait atteint ses limites. Tout les jours, elle se donnait à 200 % et relevait tout les défis qui se présentaient à elle. Pour Hana, chaque problème avait sa solution. Mais à quoi cela servait-il lorsque la seule personne qui compte pour vous ne vous fait plus confiance et vous remplace en un claquement de doigt ?

Hana se sentait lâche d'avoir abandonné ainsi sa vie de Tokyo. Elle avait tout quitté du jour au lendemain : sa famille, sa maison, son boulot. Elle s'en voulait d'être partie comme une voleuse sans même dire au revoir à ses enfants, sans leur donner d'explications. Elle s'en voulait d'être une mauvaise mère en agissait aussi égoïstement. Hina lui manquait, Ryu lui manquait et Ryo aussi. Même après l'avoir trahi, elle continuait de l'aimer.

En pensant ainsi à sa famille, l'émotion la gagna, une larme coula le long de sa joue. Elle l'effaça du revers de la main. La plage commençait à se remplir de vacanciers, Hana décida de plier bagages. Elle prenait la direction de la jetée pour s'acheter quelques choses à grignoter. Soudain un homme se planta devant elle, lui tendant un grand gobelet de café.

- Café allongé avec du sucre et du lait !

Hana était absorbée par ses pensées et n'avait pas vu l'individu. Elle sursauta de surprise avant de réaliser avec effroi qui lui proposait cette boisson. Elle n'avait pas envie de lui parler, elle ne voulait parler à personne. Elle le contourna alors qu'il continuait de lui tendre le gobelet, tout en souriant.

- Quoi, c'est pas ce que tu prenais avant ? Ha-chan, attends ! S'écria Koichi alors que la jeune femme s'éloignait.
- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça ! Tu ne crois pas que tu en assez fait ? Pourquoi tu me tortures comme ça ? Laisses-moi tranquille !
- Je dois te parler, c'est important.
- Je n'ai pas envie de t'écouter.
- Et bien tu vas m'écouter quand même, fit Koichi qui l'a rattrapa et l'obligea à se retourner vers lui. Tu crois que j'ai traversé le Pacifique pour te livrer du café ! Arrêtes de faire ta tête de cochon et écoutes-moi !
- Qu'est ce que tu veux encore ? Je n'ai plus rien, tu as volé tout ce qui comptait pour moi ! Pourquoi a-t-il fallu que tu refasses irruption dans ma vie ? Hein ? Pourquoi tu t'acharnes contre moi ? Qu'est ce que je t'ai fait ?
- Je... Fit Koichi relâchant son étreinte.
- Je ne regrette qu'une seule chose dans ma vie : t'avoir rencontrer !

Koichi s'attendait à la voir fondre en larmes. Pourtant, c'est une Hana au yeux bouillonnant de rage qui lui hurla ses mots. La jeune femme était à deux doigts de se jeter sur son ennemi de toujours et de lui régler son compte une bonne fois pour toute. Elle se retint et à la place, donna un puissant coup de poing dans le gobelet de café que Koichi tenait à la main et qui voltigea avant de s'écraser avec fracas. Ce dernier ravala sa salive, heureux à ce moment de ne pas être à la place de ce café.

- Pour ta gouverne, je prends toujours un café allongé sans sucre et sans lait ! Informa Hana avant de s'en aller en laissant Koichi encore surpris de ce brusque excès de colère.

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