« Le Soleil brille pour tout le monde ».

Proverbe français.

J'ouvre les yeux doucement. Où est-ce que je suis ? Aucune idée. Je sais que je suis partie de l'auberge et que je suis arrivée dans les champs. Après je suis restée là-bas à réfléchir pendant des heures. Et je me suis endormie.

Je pense que je suis dans une chambre. Les murs sont en planches de bois clair. La fenêtre donne sur un paysage bien triste : seulement des usines, à perte de vue. De nombreux cadres vides sont accrochés sur les murs. Le tapis, qui avait dû être coloré au début de sa vie, était rongé par les mites. Cette pièce me rendait triste rien qu'en la regardant.

Qui habite ici ?

- Ah ! Tu es réveillée !

Je me tourne vers la provenance de la voix.

Priscilla ?!

J'ai l'impression qu'on se croise souvent en ce moment...
- Que se passe-t-il ? Où est-ce que je suis ?

- Je t'ai retrouvé endormie dans les champs donc je t'ai amené ici. Et tu es chez moi.

- Eh bien.... merci beaucoup de m'avoir m'accueilli. Est-ce que tu peux m'indiquer le chemin de l'auberge ? je ne voudrais pas inquiéter Kassandra et Madeleine.

- Tu as rencontré Madeleine ! Mais alors... ça veut dire que Kassandra t'a déjà proposé de rejoindre les brigades d'extérieur !

- Euh... eh bien oui... mais je ne suis pas sûre d'accepter...

- Mais tu es idiote ou quoi ?! Si tu rejoins les brigades d'extérieur, tu auras une chance de voir le Soleil !

- Pas sûr...

- Comment ça, pas sûr ?! s'écria-t-elle en commençant à s'énerver.

- De toute façon... soupirai-je, je ne pense pas que je pourrais survivre au camp d'entraînement...

- Qu'est-ce que tu en sais ? Peut-être que tu es assez forte. Personnellement, je pense que tu es assez forte.

- Qu'est-ce que tu en sais ? Tu ne me connais pas.

- Une intuition. Enfin je crois...

- Ce n'est pas parce que tu en penses que j'y arriverais que je vais le faire.

- Tu ne te bats pas.

- Hein ?

- Tu ne te bats pas.

- Qu-qu'est-ce que tu en sais ?

- Tu n'as aucune volonté.

C'est ce que Kassandra avait dit à Madeleine lors de leur discution.

Mais qu'est-ce qu'on s'en fiche, pourquoi je pense ça moi ?

- Bien sûr que si, j'ai de la volonté.

- Pas pour réaliser tes rêves alors.

- De nos jours... de nos jours plus personne ne se risque à exaucer ses rêves.

- Je t'y obligerais alors.

- Pourquoi tu fais ça ?

- Si on était dans un roman d'amour, je te dirai que c'est parce que je t'aime... mais on est dans la réalité donc je vais te dire que c'est parce que j'ai rien d'autre à faire.

Je ne dis rien, ne sachant pas quoi répondre à ses paroles si crues.

- Donc, on va retourner à l'auberge pour demander à Madeleine de te faire participer au camp d'entraînement.

- Main-maintenant ?

- Si ce n'est pas maintenant, tu veux que ça soit quand ? On est à un mois du commencement du camp. Notre timing est parfait.

- Euh... donc on y va ?

- C'est parti !

Priscilla me fit un sourire avant de se lever en prenant son manteau. Elle m'intima d'un petit geste de la suivre.

Une fois dehors, nous marchâmes jusque l'auberge. Nous nous dirigeâmes vers la chambre de Madeleine. Je toquai et elle ouvrit la porte. Elle avait toujours un air endormi mais cette fois ces cernes étaient beaucoup plus visibles.

- Zya ! Enfin ! On commençait à s'inquiéter ! Tiens... Priscilla...

- Eh oui... je l'ai retrouvée endormie dans les champs donc je l'ai prise sous mon aile, en quelques sortes.

- Moui... donc, tu peux t'inscrire au camp. Tu as juste à signer un papier.

Priscilla me regarda avec un regard encourageant.

- J-je vais signer.

- Super ! s'exclama Kassandra que je n'avais pas remarqué.

Je jetai un coup d'œil vers l'intérieur de la chambre. Tout le monde était là : Kassandra, Keiron et Klarckson.

- Eh ben, tu donnes ENFIN un signe de vie, dit Keiron d'un ton coléreux.

- Je... je suis désolée, dis-je doucement en baissant la tête.

- Tu n'as pas à t'excuser : tu étais troublée, il fallait bien que tu puisses réfléchir seule, dit Klarckson avec son éternel ton calme.

Madeleine me tendit une liasse de papier et un stylo.

- Tiens, c'est le contrat. Tu dois signer ici, dit-elle en m'indiquant le bas de la page.

Je ne pris pas la peine de regarder les clauses du contrat.

Ben...

Parce que je ne sais pas lire...

Je signai et Madeleine me reprit les papiers, le sourire aux lèvres.

- Je vais envoyer les papiers à l'armée. On recevra la réponse d'ici quelques jours.

- D'accord...

J'avais peur. Peur de ne pas être acceptée à l'armée. Et même, si j'étais acceptée, qui sait si je survivrais aux entrainements ?

Je suppose que je ne peux plus faire marche arrière.

Après plusieurs jours d'attente, nous reçûmes enfin la lettre de l'armée.

Ce jour là, Kassandra était arrivée comme une tornade dans ma chambre et Madeleine la suivait de près avec un air agacé et la lettre fatidique dans sa main.

- La lettre ! La lettre ! La lettre ! criait Kassandra, hystérique.

- Calme-toi Kassandra. Tiens Zya, lis la lettre avant que l'autre idiote ne te la lise à ta place, dit Madeleine en me tendant la lettre.

- D'a-d'accord...

J'étais tellement stressée...

- Euh... quelqu'un peut me lire la lettre ? demandai-je en me sentant très idiote.

- Ok je vais la lire ! s'écria Madeleine.

Bonjour Mme Zya,

En raison du manque de recrue en ce moment, nous acceptons de vous faire participer au camp d'entraînement.

Sachez que votre emploie dans les brigades d'extérieur n'est pas encore sûr, cela dépendra de vos performances lors des entrainements.

Votre nom officiel sera maintenant n°2805.

Le camp commencera le 56 du 6e mois. (équivalent du 28 décembre pour nous)

- Oh les malpolis ! Ils n'ont même pas mis un petit « au revoir » ou un truc du genre.

- On en a rien à foutre de ça ! Le plus important, c'est que Zya est acceptée, dit Madeleine.

- Il va falloir préparer ta valise ! s'écria Kassandra toujours aussi excitée.

- Ils n'acceptent pas les affaires personnelles à l'armée. Tout ce qui est indispensable à la vie quotidienne est fournit là-bas, dit calmement Madeleine.

C'est étrange... Keiron et Klarckson n'avaient toujours pas réagit...

Bah... c'est pas grave.