Chapitre 2

« Jamais le Soleil ne voit l'ombre »

Léonard de Vinci

Je me réveille doucement. Ouch... mon corps entier me fait mal. Qu'ont-ils fait ?

Je ne m'en rappelle plus.

J'ouvre les yeux et détaille l'endroit où je suis. Je ne vois que des véhicules cassés mis dans des positions improbables.

Un cimetière de voiture.

C'est dans ce genre d'endroit que les gangs pas très nets se réunissent.

J'entends des éclats de rires au loin. Je vérifie que j'ai bien toujours mon couteau de cuisine sur moi.

C'est bon. Il est là.

Je m'avance vers l'endroit où j'ai entendu les éclats de rire, la main serrée autour du manche du couteau.

Les éclats de rire sont de plus en plus fort.

Je me cache derrière un bus qui a rendu l'âme pour regarder à qui appartient les rires.

Étonnamment, ils ne sont que trois : deux garçons et une fille. L'un des deux garçons est plutôt petit, l'autre est gigantesque. La fille est en train de délirer au milieu des canettes d'alcool vide (NDA : l'abus d'alcool est dangereux pour la santé).

Le plus petit des garçons me remarque au bout de quelques minutes d'observation.

- T'es qui toi ? demande-t-il d'un air inquiet.

- Tu vois des personnes partout, Klarckson, dit le plus grand.

- Je te dis qu'il ya une fille qui nous regarde ! s'écrie le dénommé Clarckson.

- Où ça ?

- Derrière le bus.

Le plus grand se met à regarder en ma direction.

- Qui est-ce ? dit-il en sortant quelque chose de son manteau.

- Je... je suis une paysanne, je réponds, pas sûre de moi.

- Et qu'est-ce qu'une paysanne ferait ici ? demande le plus grand en rigolant.

- Je ne sais pas. Je crois qu'on m'a emmenée ici.

- Étrange... dit Klarckson avec un air pensif.

- Es-tu armée, demande le plus grand ?

- Euh... je... oui. Un couteau de cuisine. Et vous ?

- J'ai un flingue et c'est tout. Tu as une arme Klarckson ?

- Non.

- Bien. Donc sors de ta cachette. Je ne tirerai pas dessus.

Je me demande si il est très judicieux de me mettre à découvert devant quelqu'un armé d'une arme à feu.

Bon... de toute façon, je n'ai rien à perdre.

Je me décale de bus et avance vers mes interlocuteurs. Je garde tout de même mon couteau pointé vers l'avant, je ne suis pas aussi folle que ça.

- On va t'aider, déclare le plus grand.

- Je me fiche que vous m'aidiez ou pas. Je veux juste avoir vos noms, et pouvoir partir d'ici sans que vous ne tentiez de m'assassiner.

- On ne compte pas t'assassiner, dit Klarckson calmement.

- Je suis Keiron. Le petit avec moi s'appelle Klarckson et la fille bourrée à moitié évanouie, c'est Kassandra. Quel est ton nom ?

- Je n'ai pas de nom.

- Tu es une pauvre, demande Klarckson ?

- Oui. J'imagine que vous êtes des « intermédiaires ».

Les « intermédiaires » sont ceux qui ne sont ni riches, ni pauvres. Ils n'ont pas besoin de travailler dès leur plus jeune âge, comme le groupe d'ados que j'ai vu quelques heures auparavant.

- Exactement, acquiesce Keiron.

- On vit sous les verrières n°0767.

- Les verrières n°0767, demandais-je ?

- Ah oui... j'avais oublié que les verrières n'étaient pas numérotées dans les quartiers pauvres, dit Klarckson.

- En fait, dans les quartiers riches et intermédiaires, chaque quartier à une verrière de qualité différente. Selon la qualité de la verrière, elle a un nombre différent. Plus le nombre est petit, plus la verrière est épaisse et sécurisée, ajoute Keiron.

- Donc les plus riches vivent dans la verrière n°1 ? je demande.

- Il n'y a qu'une seule personne qui vit dans la verrière un, dit Keiron.

- AJeff Brang, murmure Klarckson.

- AJeff quoi ?

- AJeff Brang, ignare, dit Keiron d'une voix moqueuse.

- Il est le seul à vivre sous la verrière n°1. Même les plus riches de ce monde ne peuvent pas rentrer chez lui. Tout simplement car il n'a pas de contact avec d'autres humains, déclara Klarckson.

- Mais comment c'est possible ?

- Il est tellement riche que ses serviteurs sont des robots. Il nage dans l'or mais il n'est pas né riche, dit pensivement Keiron.

- Mais ça ne se peut pas !

- Sa somme d'argent est égale à toutes les richesses de ce monde réunies. Et il est devenu richissime grâce à son livre. C'est un livre où il décrit le monde de dehors avec précision.

- J'en ai entendu parler. Vous l'avez lu ?

- Tu plaisantes j'espère, s'exclama Keiron ! Ce livre est vendu à plus d'un million de milliard de Decks (1 Deck étant égal à 10$) !

- C'est... assez cher, dis-je toujours abasourdie.

- C'est franchement super intéressant de parler de livres, mais il faudrait peut-être trouver un endroit où dormir, intervint Klarckson.

- Vous n'avez pas de maison où dormir, demandai-je ?

- Ben si, bien sûr. Mais toi, tu vas dormir où ? dit Keiron.

- Mais... je peux me débrouiller, vous savez, dis-je d'un ton qui se voulait froid.

- Mais ouais, bien sûr. En plus tu sais vachement où t'es, dit Keiron.

Je ne répliquai pas, sachant pertinemment qu'il avait raison.

Ils allèrent réveiller la fille à moitié évanouie, que j'avais complètement oubliée...

- C'est qui l'autre ? demanda a fille en question toujours à moitié endormie.

- Eh bien elle s'appelle... attends... c'est quoi ton nom en fait, demanda Keiron ?

- Réfléchis un peu. Je suis une pauvre. On ne considère pas qu'une pauvre mérite d'avoir une identité, lui répondis-je d'un ton froid.

Keiron réfléchit pendant quelque seconde. D'un coup, son visage s'illumina et il s'écria :

- Je sais ! On va t'appeler Alice !

- Mais t'es débile toi ! Alice c'est un prénom de riches, s'écria la fille bourrée !

- Ah bah t'es un petit peu lucide en fait...

- Il faut trouver un prénom commençant par « -Z », dit pensivement Klarckson.

- Pourquoi forcément commençant pas « -Z » ? demandais-je.

- Les noms définissent aussi ta classe sociale. Si la première lettre de ton prénom est vers le début de l'alphabet, tu fais partie des riches. Plus la lettre est vers la fin, plus t'es dans la merde, déclara Keiron.

- Oui donc mon prénom doit forcément commencer par un « -Z »... dis-je tristement.

Ils continuaient le débat sur mon prénom.

- Je sais ! s'écria la fille bourrée. On n'a qu'à t'appeler...

Et elle s'endormit directement.

- Ouais... bon, on va chercher un endroit où dormir et ensuite on s'occupera de ton prénom plus tard.

Et il commença sa route, avec une bourrée endormie sur son dos.

Je les suivis, lui et Klarckson, jusqu'à ce qu'on arrive à une petite auberge. On pouvait entendre d'ici les rires et les bruits de verres d bière qui s'entrechoquent.

Keiron entra en premier dans l'auberge, toujours avec la bourrée sur son dos et suivit de Klarckson. J'entrai juste après pour me retrouver nez à nez avec un homme de grande taille et plutôt...

Enrobé...

- Alors ma jolie, on s'est perdue ? T'sais qu'ici c'est pas un endroit pour les nanas. On n'est que des hommes ici. Il risquerait de t'arriver quelque chose de pas joli, joli...

Son haleine fétide pourrissait l'air que je respirai. Je pense que je vais vomir avant la fin de la soirée si tout le monde pue de la bouche comme ça.

- Fous-lui la paix, à la pauv' gazelle. Tu lui fais peur espèce d'alcoolique, dit un homme tout aussi bourré en tirant le gros à l'haleine fétide par le bras.

- Roooh... si on peut plus s'amuser...

- Tu t'es même pas présenté... cet alcoolique s'appelle Pedro. Moi c'est Priscilla.

Attendez... c'est une fille ?!

Mais on dirait un homme !

- Je sais que je ressemble beaucoup à un homme, mais je suis bien une femme, dit Priscilla avec un petit sourire en coin. Quel est ton prénom, ma jolie.

- Je n'ai pas de prénom.

- Oh ! Une paysanne. Quelle surprise.

J'ai l'impression d'avoir une étiquette avec marqué « paysanne » sur le front.

Mais je vais comme même accepter les bières qu'on me propose...

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