Chapitre 10
« On a besoin dans la nuit de croire au Soleil »
Jean-Yves Boulic
Ça fait bien une heure que je suis allongée sur le sol, sans aligner trois phrases correctes.
- C'est étrange... tu devrais avoir retrouvé tes esprits.
- Ah... ah b-bon ? dis-je de ma voix faible.
En réalité, j'avais totalement retrouvé mes esprits. Je voulais juste gagner du temps.
Qui est cet homme qui se dit être un majordome de Ajeff Brang ?
Je ne peux pas le savoir pour l'instant.
Je vais devoir attendre encore un petit bout de temps avant d'avoir des réponses à mes questions.
- Rédouane ! appela une voix lointaine.
- Pris' ? demanda Rédouane.
Je me disais bien que je connaissais cette voix. Mais comment Priscilla et Rédouane se connaissent ?
- Zya est là ?
- Oui mais c'est bizarre : apparemment le somnifère fait encore effet.
Elle se tut un instant.
- Zya... pourquoi tu fais semblant d'être encore sous l'effet de la pastille ?'
Co-comment avait-t-elle deviné ?
Elle avait dû remarquer que j'écarquillai les yeux car elle laissa échapper un petit rire.
- Je te connais assez pour savoir un minimum tes réactions.
Je me redresse doucement en regardant Priscilla.
- Tu as des questions, j'imagine.
- Oui.
- Pose-les.
- C'est qui ? demandai-je en pointant Rédouane du doigt.
- Il s'appelle Rédouane et c'est un majordome de Ajeff Brang.
- Mais... c'est impossible...
- Tu auras la certification de cette info plus tard. D'autres questions ?
- Euh... pourquoi vous m'avez emmené ici ?
- Eh bien en partie car tu veux voir le Soleil et qu'on compte t'aider et car Ajeff veut te rencontrer, on ne sait pas pourquoi.
- Pourquoi vous m'avez endormie ?
- Pour que tu ne saches pas comment venir jusqu'ici. Les moyens d'accès à la maison d'Ajeff doivent rester secret.
- On est où ?
- Dans les sous-sols. On est juste en dessous de la verrière n°1.
Je reste muette après cette révélation. La verrière n°1...
Mais si j'y vais et que je m'habitue au luxe... comment je ferais pour être heureuse chez les pauvres ?
Une lumière m'éblouie les yeux.
Je m'y habitue au bout de quelques secondes et je vois que Priscilla et Rédouane s'éloignent, la lumière en question à la main.
Je les suis. Ils arrivent à une échelle menant vers une trappe au-dessus de nos têtes. Ils commencent à monter donc je fais de même. Notre ascension se fait dans un silence pesant.
Je passe par la trappe qui débouche sur...
Un grand jardin. Je pense n'avoir jamais vu quelque chose d'aussi beau. Les fleurs semblaient faites pour être en harmonie entre elles. L'emplacement des arbres paraissait calculé pour être à une place qui naturelle et qui, en même temps, assurait une régularité déconcertante.
Mais surtout... il faisait frais. C'est étrange comme sensation.
Quand je repensai à la chaleur de la ville des pauvres, je pensai que je ne pourrai jamais y retourner sans suffoquer.
- Voici la verrière n°1, dit Rédouane avec un petit sourire en coin.
- C'est ici que vit... Ajeff Brang ?
- Exactement.
Ça ne me semblait pas si surprenant que ce jardin fasse partie de la verrière n°1. L'atmosphère était tellement parfait...
J'entendis des éclats de rires qui sortirent de ma torpeur. Je me retournai et aperçus deux adolescents en train de courir en rigolant à gorge déployée.
C'était un garçon et une fille. Il semblait tellement heureux que, pour moi, ça ne faisait qu'augmenter la taille du fossé entre nous. Moi qui avais vécue des horreurs que ses deux adolescents heureux et insouciants ne pourraient jamais imaginer.
- Jane, John ! Calmez vous un peu ! s'écria Rédouane.
Ils se calmèrent et se dirigèrent vers nous en me regardant et en souriant.
- Salut ! Moi c'est Jane, et lui c'est John. Et toi, tu es ? me dit la fille, toujours avec son sourire niais sur le visage.
- Moi c'est Zya.
- C'est un joli prénom !
Wa...
Je m'attendais pas à ça... mais plutôt à ce qu'elle me dise un truc du genre « oh... tu es une pauvre ».
Priscilla se rapprocha de moi et me murmura :
- Pour eux, ton nom ne définie pas ta classe sociale.
J'ai l'impression d'être au paradis.
Il faisait beau, frais et je ne serais pas jugée juste à cause de mon prénom.
- Est-ce que vous savez lire ? leur demandai-je.
- Bah évidemment ! me répondit John.
D'accord, donc j'étais arrivée dans un endroit encore mieux que le paradis.
- Tu ne sais pas lire ? demanda innocemment Jane.
Je ne savais pas si je dois leur répondre la vérité. Que penseront-ils de moi lorsqu'ils sauront que je n'ai absolument aucune éducation ?
- Hum... eh bien... non. Je n'ai pas eu la chance d'apprendre, dis-je, terriblement gênée.
Ils semblaient assez choqués par mon aveu, ce qui m'étonne beaucoup. Jane me prit la main en me souriant.
- Viens ! On va t'apprendre ! dit John en souriant.
Je ne pensais pas pouvoir rencontrer des personnes aussi gentilles dans ma vie.
- Désolé les gosses, mais vous irez vous amuser plus tard. On doit présenter quelqu'un à Zya, dit Rédouane en m'attrapant par le bras.
- Elle va rencontrer Ajeff !? s'écria Jane d'une voix aigue.
John mit sa main devant la bouche de Jane.
- Pour une fois, tais-toi Jane, dit-il calmement.
Rédouane, qui me tenait toujours le bras, se mit à marcher vers une sorte de semi-château, semi-villa. Je n'avais jamais vu un édifice aussi grand et imposant.
Rédouane ouvrit la porte de la gigantesque villa à l'aide d'une clé et me poussa légèrement à l'intérieur.
Il marcha rapidement dans les couloirs, toujours avec mon bras fermement tenu par sa main, et s'arrêta devant une porte. Il se tourna vers moi et prit un air sérieux.
- Écoute, Zya. Ce que tu vas voir dans cette pièce risque de grandement te choquer. Mais tu ne dois pas t'enfuir. Ajeff t'expliquera tout et tu dois rester calme. Compris ?
- Euh... ouais.
Il ouvrit la porte sur une salle rectangulaire dont on ne pouvait pas voir le fond tellement elle était grande.
Un homme était dos à nous. Je ne le voyais pas très bien de là où j'étais.
Il se retourna et nous fit fièrement face.
Oh mon dieu...
Je comprenais les paroles de Rédouane.
Il ressemblait à un homme par sa silhouette mais sa peau avait une couleur que je n'avais jamais vu sur aucun humain.
Sa peau était noir charbon. Elle était tellement sombre que je ne pouvais pas distinguer les traits de son visage.
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Bijour !
Je tiens à préciser que je ne suis en aucune façon raciste. Mais dans ce monde, les gens vivent sous des verrières, sans avoir de contact avec les rayons du Soleil. Donc ils sont tous blanc comme des culs ! Ce qui justifie la réaction de Zya.
Byyyye !
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