Chapitre 4
L'air nocturne était chargé d'humidité, rendant la ruelle encore plus étouffante malgré la fraîcheur du soir. Je marchais d'un pas rapide, mon cœur battant à un rythme irrégulier. Le dossier froissé dans ma main me brûlait presque la paume. « Liaison. » Ce mot résonnait dans mon esprit, une énigme suspendue entre la peur et l'adrénaline.
J'atteignis ma voiture garée à quelques mètres de l'immeuble d'Olivier et y monta précipitamment. Une fois à l'intérieur, je verrouille les portières d'un geste automatique. Mon regard se posa sur le dossier que je venais de récupérer. Les noms, les dates, les endroits... Tout semblait lié, imbriqué dans un réseau complexe que Madeleine avait essayé de démêler. Mais qui était impliqué ? Et surtout, qui était prêt à tuer pour garder ces informations secrètes ?
Je sortis mon téléphone et appela immédiatement Marc, mon collègue et confident dans cette enquête.
— Astrid ? Qu'est-ce qui se passe ?
— J'ai du nouveau, soufflai-je. Un dossier. Des noms. Des connexions que Madeleine avait découvertes avant sa mort. Il faut qu'on se retrouve.
— Où es-tu ?
— Encore près de chez Olivier. Je vais rentrer au bureau.
— Non. Mauvaise idée. Si ce réseau est aussi dangereux que tu le penses, ils t'observent peut-être déjà. Viens plutôt chez moi. Je vais m'assurer qu'on n'est pas suivis.
Je hochai la tête, bien qu'il ne puisse pas me voir. Marc avait raison. Se précipiter au bureau avec un élément aussi brûlant serait une erreur. Je démarrai la voiture et pris la direction de son appartement, situé à une dizaine de minutes.
Les rues étaient presque désertes à cette heure. Pourtant, un frisson me parcourut l'échine lorsque je remarquai une voiture dans mon rétroviseur. Un modèle sombre, aux vitres teintées. Elle ne me lâchait pas d'une semelle.
Un test. Un hasard. Ou pire, une menace.
Je pris un virage serré à droite, accélérant légèrement. La voiture fit de même. Mon cœur s'emballa.
— Merde, murmurais-je en serrant le volant.
J'avais l'habitude d'être prudente, mais cette fois, tout semblait différent. Je pris un deuxième virage brutal, puis un troisième, espérant semer mon poursuivant. Peine perdue. La voiture persistait, maintenant une distance calculée.
J'active discrètement le mode haut-parleur et rappelai Marc.
— Dis-moi que tu es en route, grognait-je.
— Astrid ? Qu'est-ce qui se passe ?
— On me suit. Voiture noire, vitres teintées. Ils sont doués.
Un silence. Puis la voix de Marc se fit plus grave.
— Continue jusqu'au pont des Lilas. Prends la sortie derrière l'entrepôt désaffecté. Je t'y retrouve dans cinq minutes.
Je serrai les dents et obéis. Après quelques minutes à jouer au chat et à la souris, je réussis à emprunter la sortie en trombe, filant vers le lieu de rendez-vous. Mon poursuivant hésita une seconde, puis disparut dans l'obscurité. Il avait compris que je n'étais pas une proie facile.
Je garai ma voiture à l'ombre d'un vieux lampadaire cassé et attendis Marc. L'adrénaline bourdonnait encore dans mes veines quand il arriva enfin, descendant précipitamment de son véhicule.
— Tu vas bien ?
Je hochai la tête, toujours secouée. Il ouvrit la portière de ma voiture et s'agenouilla pour regarder les documents.
— « Liaison », répéta-t-il en fronçant les sourcils. C'est un nom de code, ou quelque chose de plus tangible ?
— Je ne sais pas. Mais Olivier en avait peur. Il m'a dit que ce meurtre n'était qu'un avertissement.
Marc soupira, passant une main nerveuse sur son visage.
— Si c'est un réseau, Madeleine a dû toucher à quelque chose de très sensible. Et maintenant, c'est toi qui creuses trop profondément.
— Je n'ai pas le choix. Si je recule maintenant, ils auront gagné.
Il me fixa un instant avant de hocher la tête.
— Alors on va découvrir ce que Madeleine savait. Mais fais attention, Astrid. Parce que ce soir, quelqu'un a essayé de te faire comprendre que tu étais la prochaine sur la liste.
Un frisson glissa le long de mon échine. L'idée que j'étais devenue une cible n'avait rien d'abstrait. C'était réel. Tangible. Je resserre mes doigts autour du dossier, comme s'il pouvait m'offrir une protection quelconque.
— On ne peut pas rester ici, déclara Marc en balayant les alentours du regard. Suis-moi.
Il se dirigea vers sa voiture et je ne pris même pas la peine de discuter. Une fois installés, il démarra rapidement et s'éloigna du pont des Lilas.
— Où va-t-on ? demandai-je, le regard rivé sur le rétroviseur.
— Chez un contact. Un ancien flic qui bosse en privé maintenant. Il pourra peut-être nous aider à comprendre ce que Madeleine avait découvert.
J'acquiesçai et me calai contre le siège, tentant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Pas de voiture suspecte en vue, mais une sensation persistante d'être observée ne me quittait pas.
Après une quinzaine de minutes, Marc s'engagea dans une petite rue sombre et s'arrêta devant un immeuble anonyme. Il coupa le moteur et se tourna vers moi.
— Ce gars s'appelle Henri. Ancien des stups. Il a de bons contacts, mais il ne fait confiance à personne. Laisse-moi parler, d'accord ?
J'hochai la tête sans discuter. Nous descendîmes du véhicule et gravissons les marches menant au troisième étage. Marc frappa trois coups brefs contre une porte en métal. Un judas s'ouvrit, puis la porte grinça sur ses gonds.
L'homme qui nous fit face avait une cinquantaine d'années, les traits burinés et des yeux perçants qui me passèrent aussitôt au crible.
— Tu me ramènes une emmerde, grogna-t-il en croisant les bras.
— Une enquête, rectifia Marc en sortant le dossier que je lui avais confié.
Henri jeta un coup d'œil aux documents, et son visage se ferma aussitôt.
— Putain... murmura-t-il en feuilletant les pages. Madeleine avait mis les pieds dans un nid de vipères.
Je me penchai vers lui, mon cœur battant un peu plus vite.
— Explique.
Henri soupira et posa une feuille sur la table.
— « Liaison », ce n'est pas juste un mot. C'est le nom d'un programme. Officiellement, il n'existe pas. Officieusement, c'est un réseau clandestin qui touche à plusieurs sphères : politique, économie, criminalité organisée... Tout est lié.
Une vague glacée me traversa le corps.
— Madeleine enquêtait là-dessus ?
— Et elle était trop proche de la vérité, confirma-t-il en me lançant un regard appuyé.
Je déglutis avec difficulté.
— Si tu veux un conseil, laisse tomber.
Je croise le regard de Marc. Tout mon être me criait de fuir, de tout arrêter, mais je secouais la tête.
— Je ne peux pas.
Henri soupira profondément, me jaugeant une dernière fois.
— Alors prépare-toi. Parce que si tu continues à fouiller, ces gens ne se contenteront pas de te suivre. Ils s'assureront que tu ne puisses plus jamais parler.
Un silence pesant s'abattit sur la pièce. J'avais l'impression que l'air s'était alourdi, que chaque mot prononcé portait un poids supplémentaire sur mes épaules.
— Tu veux toujours continuer ? demanda Marc, sa voix plus basse, plus grave.
Je sentais son regard sur moi, mais je ne pouvais pas me résoudre à détourner les yeux de Henri. Cet homme savait des choses. Il détenait une partie de la vérité, et s'il pensait pouvoir m'effrayer pour me faire reculer, il se trompait.
— Je n'ai pas le choix, murmurai-je.
Henri secoua la tête avec un ricanement amer.
— On a toujours le choix, gamine. Mais certains mènent droit à l'enterrement.
Il s'éloigna pour fouiller dans un tiroir et en sortit une liasse de documents écornés. Il hésita une seconde, puis la posa devant moi.
— Madeleine m'avait contacté, il y a quelques semaines. Elle savait qu'elle frôlait quelque chose de gros. Elle avait peur, mais elle refusait de lâcher l'affaire. Je lui ai dit de se méfier.
Je tendis la main et effleura les feuilles du bout des doigts avant de les attraper. Des noms, des lieux, des notes griffonnées à la hâte. Des schémas reliant des figures publiques à des opérations occultes. Mon estomac se noua.
— Ce réseau... Il s'étend jusqu'où ? demandai-je, ma voix à peine plus forte qu'un souffle.
Henri me scruta longuement, puis soupira.
— Partout. Mais surtout là où on ne le soupçonne pas. Madeleine s'est approchée trop près de leur noyau. Et toi, tu es sur ses traces.
Un frisson glacé me parcourut. Je serrai les documents contre moi comme si leur poids pouvait m'ancrer.
— Alors il faut que je continue.
Marc pesta entre ses dents, mais il ne tenta pas de me raisonner. Il savait que c'était inutile.
— Très bien, lâcha Henri en s'adossant à son bureau. Mais ne compte pas sur moi pour te sortir du pétrin quand tu seras en cavale.
— Je ne demande rien, répliquai-je en relevant le menton. Juste des réponses.
Il esquissa un sourire sans joie et tapota la pile de documents du doigt.
— Tu as déjà plus de questions que de réponses. Et crois-moi, certaines vérités, tu préférerais ne jamais les connaître.
Je gardai le silence. Parce qu'au fond de moi, je savais qu'il avait raison. Mais il était déjà trop tard pour reculer.
Un craquement sonore retentit dans le couloir.
Mon corps se figea aussitôt, mes doigts se crispent autour des documents. J'échange un regard avec Marc, puis avec Henri. Lui aussi avait entendu. Son visage se referma, et d'un geste rapide, il attrapa un revolver planqué sous son bureau.
— Vous avez été suivis ? souffla-t-il.
Marc secoua la tête, mais son expression disait qu'il n'en était plus certain.
Un deuxième bruit, plus proche cette fois. Quelqu'un était juste derrière la porte.
— Éloigne-toi, murmura Henri en levant son arme.
Je me reculais lentement, mon cœur tambourinait dans ma poitrine. L'adrénaline montait, rendant l'air presque électrique.
Un silence s'étira. Puis, brutalement, la porte explosa sous l'impact d'un coup de pied. Des éclats de bois volèrent, et avant que je ne puisse réagir, trois hommes armés se précipitèrent à l'intérieur.
Henri tira en premier. Un coup sec, précis. L'un des assaillants hurla et s'effondra sur le sol, sa main plaquée contre son épaule ensanglantée.
— À terre ! cria Marc en me tirant vers lui.
Je me laissai tomber derrière le canapé pendant que les balles sifflaient autour de nous. Henri ripostait avec une froide efficacité, mais il n'avait que peu de munitions.
— On doit sortir d'ici ! hurla Marc.
Je jetai un coup d'œil vers la fenêtre. Troisième étage. Pas une option. Mais la cuisine, à l'arrière...
— Par là !
Je me levai d'un bond et courus vers la porte de la cuisine, sentant une balle frôler mon bras. La brûlure me fait grimacer, mais je n'avais pas le temps d'y penser. Marc me suivit, me couvrant tandis qu'Henri continuait à tirer.
— Bougez ! Je vais les retenir ! lança-t-il.
— Hors de question ! répliquai-je, refusant de l'abandonner.
— Fais ce que je dis, bordel !
Son ton ne laissait pas place au débat. Un instant plus tard, une explosion retentit dans la pièce principale. Une grenade assourdissante. Ma vision se brouilla sous l'impact du son, mais je me forçais à continuer, guidée par Marc.
Nous débouchâmes dans l'arrière-cour de l'immeuble. Il pleuvait. L'air nocturne était lourd, poisseux.
— La voiture est trop loin ! On doit se cacher !
Marc m'attrapa par le poignet et m'entraîna dans une ruelle sombre. J'essayais de reprendre mon souffle, le cœur battant à tout rompre.
— Ils nous ont trouvés... soufflai-je.
— Et ils ne vont pas s'arrêter là, répliqua Marc, son regard sombre.
Je me mordis la lèvre, sentant l'angoisse me ronger. Puis, une pensée me frappa de plein fouet.
— Henri...
Il était toujours là-bas.
— On ne peut rien faire pour lui maintenant, murmura Marc.
Je voulais protester. J'aurais dû protester. Mais une sonnerie brise le silence, résonnant dans la ruelle comme un coup de tonnerre.
Marc regarda son téléphone, puis me tendit l'écran.
Un numéro inconnu. Un seul message.
« Vous êtes déjà allée trop loin, Astrid. Rentrez chez vous. Pendant que vous le pouvez encore. »
Mon sang se glaça.
Quelqu'un savait exactement où nous étions.
Et ce n'était que le début.
***
Un bruit de pas résonna au bout de la ruelle.
Marc releva la tête d'un coup, le regard alerte. Instinctivement, je me plaquais contre le mur en serrant les poings. L'air était chargé de danger.
— On bouge, chuchota Marc.
Il m'attrapa par le poignet et nous nous faufilâmes dans l'ombre, longeant les murs délabrés. Derrière nous, le silence ne dure pas. Des voix s'élevèrent. Ils nous avaient repérés.
Un coup de feu explosa dans la nuit.
Je me jetai au sol, sentant l'impact d'une balle frôler le mur à quelques centimètres de ma tête. Marc riposta, tirant deux coups secs avant de me forcer à me relever.
— Cours !
Je ne réfléchis pas. Mes jambes se mirent en mouvement d'elles-mêmes. L'adrénaline noyait la douleur, la peur, la fatigue. Je suivis Marc à travers un dédale de ruelles sombres, mon souffle court et brûlant.
Un véhicule démarra brusquement à quelques mètres de nous.
— Merde...
Une fourgonnette noire fonçait dans notre direction. Pas le temps de réfléchir.
Marc attrapa une poubelle et la balança sur la route. Un choc sourd retentit lorsque le conducteur fait une embardée pour l'éviter.
— Par là !
Il m'entraîna vers une grille entrouverte. Nous nous sommes engouffrés à l'intérieur d'une cour abandonnée, le cœur battant.
La fourgonnette s'arrêta brutalement. Des portes s'ouvrirent.
— Ils nous suivent toujours... murmurai-je.
— Alors on les sème.
Marc me fit signe de grimper une échelle de secours accrochée au mur. J'attrapai les barreaux et me hissai tant bien que mal. Mes muscles criaient de douleur, mais je continuai, sentant l'urgence dans chaque mouvement.
D'en bas, des éclats de voix montaient.
— Ils sont là-haut !
Une détonation fendit l'air. La balle ricocha sur le métal juste à côté de ma main. Un cri m'échappa malgré moi.
Marc tira à son tour, couvrant ma progression. Une fois sur le toit, je l'aida à grimper à son tour.
Nous étions perchés sur un vieil immeuble, surplombant la ville plongée dans la nuit.
— On descend par l'autre côté, chuchota Marc.
Nous courûmes jusqu'au bord opposé du bâtiment. Il y avait une corniche, étroite mais praticable. Pas le choix.
— T'es prête ?
Je hochai la tête, tentant d'ignorer le vide sous mes pieds.
Un hurlement retentit derrière nous. Un des hommes avait réussi à monter. Il nous braqua du canon de son arme.
J'ai pris une grande inspiration... et j'ai sauté.
Le choc fut brutal, mon corps roulant sur le béton du toit voisin. Marc atterrit juste après moi.
Pas le temps de respirer.
D'autres coups de feu fusèrent. Une alarme se déclencha quelque part dans le quartier.
— Faut qu'on se planque !
Marc repéra un escalier métallique menant à une issue de secours.
Nous nous précipitons à l'intérieur d'un vieil entrepôt désaffecté. L'air y était poussiéreux, l'obscurité totale.
Un bruit métallique.
Je tournai la tête. Une ombre bougea.
— Trop tard... ils sont déjà là, soufflai-je.
Quelqu'un nous attendait à l'intérieur.
Et cette fois, on n'avait nulle part où fuir.
Un grésillement s'éleva dans le silence, suivi d'un léger cliquetis métallique.
— Bougez plus, grogna une voix grave.
Marc et moi nous figeâmes. Dans la pénombre de l'entrepôt, une silhouette se dessina. L'homme tenait un pistolet équipé d'un silencieux, pointé directement sur nous.
— Vous avez mis les pieds là où il ne fallait pas, continua-t-il en avançant d'un pas mesuré.
Derrière nous, le bruit des pas lourds se rapprochait. Nos poursuivants allaient arriver d'une seconde à l'autre.
Marc échangea un regard avec moi. Un plan. Il nous fallait un plan.
L'homme pressa la détente.
Par pur instinct, je plongeai sur le côté. Un sifflement fendit l'air, la balle frôlant mon bras.
— Putain, Astrid !
Marc bondit sur l'assaillant, percutant son bras pour détourner l'arme. Un coup de feu explosa, ricochant sur une poutre métallique.
Je roulais sur le sol, cherchant désespérément quelque chose pour me défendre. Mes doigts rencontrèrent un bout de tuyau froid.
L'homme reprenait l'avantage sur Marc, le plaquant contre un mur. Il serra la mâchoire et leva son arme.
Sans réfléchir, je me jetai sur lui et abattis le tuyau sur son crâne.
Un craquement sourd. L'homme tituba en arrière, sonné.
— Viens ! hurla Marc en me tirant par le bras.
Nous fonçons à travers l'entrepôt, slalomant entre les machines rouillées et les palettes abandonnées. Une porte en fer se dessina au fond.
— Plus vite !
Des voix retentirent derrière nous. D'autres hommes entraient, leurs lampes balayant la pénombre.
Marc arracha la porte et nous déboulâmes dans une ruelle étroite.
La pluie s'était mise à tomber, transformant le sol en une patinoire glissante.
— Par ici !
Il m'entraîna vers une bouche d'égout entrouverte.
— Sérieusement ? protestai-je.
— T'as une meilleure idée ?
Un coup de feu fendit l'air.
Je n'hésite plus et me laisse glisser à l'intérieur. L'odeur immonde m'assaillit immédiatement, me retournant l'estomac.
Marc me suivit de près et referma la grille au-dessus de nous.
L'obscurité était totale. L'eau croupie léchait mes chevilles, et chaque bruit résonnait comme un hurlement.
— Où on est ? murmurai-je.
— Dans la merde, littéralement, répondit Marc avec un rire nerveux.
Au-dessus, des voix s'élevèrent.
— Ils ne peuvent pas être loin ! Vérifiez chaque coin !
Mon cœur battait à tout rompre.
— On doit bouger, chuchota Marc.
Il alluma la lampe de son téléphone et avança dans le tunnel.
J'ai pris une grande inspiration et je l'ai suivi.
Ce que je ne savais pas, c'est que nous n'étions pas seuls ici non plus...
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