Chapitre 3

Le silence dans l'appartement d'Olivier était lourd. Trop lourd. Chaque mot prononcé par Olivier avait résonné comme une cloche, sonnant l'alarme d'une vérité que je n'étais pas encore prête à affronter. Madeleine... morte. Assassiné. C'était un coup direct dans le cœur, un affront brutal auquel je n'avais pas anticipé. Pourquoi ? Qui ? Et surtout... comment ?

Olivier s'était reculé, sa posture tremblante, évitant mon regard. Il savait, tout comme moi, que je n'étais pas là par hasard. Je n'étais pas simplement une inspectrice dans une affaire quelconque. Madeleine était mon cas, ma responsabilité. Et désormais, je n'allais plus faire marche arrière.

— Comment as-tu pu faire ça, Olivier ? dis-je d'une voix glaciale. Mon ton n'admettait aucune nuance de doute, seulement un besoin désespéré de réponses.

Il se mordit la lèvre inférieure, comme s'il était sur le point de dire quelque chose, mais se ravisait à chaque instant. Finalement, il baissa les yeux, et j'eus la sensation qu'il cherchait à fuir la confrontation.

— Je n'ai rien fait, Astrid. Sa voix se fit plus basse, mais il n'était plus aussi confiant. Tu ne comprends pas. Ce n'est pas moi. Ce n'était pas prévu. Il se passa une main dans les cheveux, nerveusement. Je t'ai toujours dit que tu devais rester à l'écart.

Je le fixai intensément. Le regard fuyant, les gestes maladroits. Olivier était loin d'être innocent. L'homme qui se tenait devant moi n'était plus que l'ombre de celui que j'avais connu. Il n'était plus qu'un suspect parmi tant d'autres. Et je n'allais pas lui laisser le temps de rassembler ses mensonges.

— Non, Olivier. Tu vas me dire la vérité. Maintenant. Je m'avançai d'un pas, l'obligeant à lever les yeux vers moi. Madeleine est morte. Et tu sais plus que tu ne veux bien l'admettre.

Il se tut, un instant de silence pesant. Ses mains tremblaient légèrement, trahissant son anxiété, mais il ne s'effondra pas. Pas encore. Il tentait de maintenir le contrôle, et c'était ce qui le rendait encore plus dangereux à mes yeux.

— Elle avait des informations, Astrid. Le ton de sa voix se fit plus grave. Elle savait des choses que... qu'elle n'aurait pas dû savoir. Il s'arrêta comme s'il venait de dire trop de choses. Il se pinça les lèvres.

Mon regard se fit plus perçant, plus déterminé.

— Quelles informations ? demandai-je, ma patience arrivant à son terme. Pourquoi tu m'en parles maintenant ? Pourquoi pas avant ?

Il avala difficilement sa salive, jetant un regard furtif autour de la pièce, comme s'il cherchait une issue. Puis, dans un soupir fatigué, il se laissa tomber sur le canapé, épuisé par la tension.

— Madeleine était impliquée dans des affaires qu'on aurait dû laisser enterrées. Il passa une main sur son visage, se laissant aller. Elle connaissait les liens entre les différents groupes, Astrid. Les vrais responsables. Ce n'était pas juste une simple enquête de routine. C'était plus... un terrain miné. Et plus on creusait, plus il y avait de monde prêt à faire taire ceux qui en savaient trop.

Je me figeai, chaque mot me frappant comme une vague de froid. Madeleine n'était pas qu'une victime innocente. Elle était impliquée. Elle savait des choses qu'elle n'aurait jamais dû savoir.

— Tu veux dire qu'elle a été tuée parce qu'elle savait trop de choses ? demandai-je, essayant de rassembler mes pensées dans cette mer d'incertitudes. Mais pourquoi l'avoir éliminée de cette manière ? Pourquoi un meurtre aussi brutal ?

Il émit un rire nerveux, et je vis une ombre de regret dans ses yeux.

— C'était... un message, Astrid. Il se redressa lentement. Un avertissement. Madeleine était un obstacle. Et tu es maintenant sur leur radar.

Je sentis un frisson glacial parcourir ma colonne vertébrale. L'idée que mon propre travail me mette en danger n'était pas nouvelle, mais la réalité de cette menace me frappait de plein fouet.

— Qui sont-ils, Olivier ? ma voix était plus sèche maintenant, plus dure. Qui voulait la faire taire ?

Il déglutit et tourna la tête, incapable de me regarder en face.

— Tu ne veux pas savoir. Crois-moi, Astrid. Il vaut mieux que tu t'éloignes de tout ça. Il se leva brusquement, les mains tendues vers moi comme s'il voulait m'éloigner de l'enfer qu'il venait de décrire. L'enquête... ce n'est plus ton problème. Il est trop tard pour ça.

Je reculai d'un pas, mais je n'étais pas prête à le laisser m'intimider.

— Non. C'est mon problème. Mon regard se fit acéré. Madeleine a été tuée. Et tant que je n'aurai pas la vérité, je ne m'arrêterai pas.

Je savais que tout ce que j'avais appris n'était que la surface d'un océan de mensonges et de manipulations. Mais ce que je savais aussi, c'était que je n'allais pas me laisser faire. Pas tant que je n'aurais pas la justice que Madeleine méritait.

Je n'avais pas l'intention de quitter cet appartement sans avoir toutes les réponses. Chaque mot qu'Olivier prononçait semblait vouloir m'éloigner de la vérité, comme s'il tentait de me dissuader de poursuivre l'enquête. Mais rien ne pouvait me faire reculer. La mort de Madeleine n'était pas un simple incident. C'était un message. Un avertissement. Et je devais comprendre de qui, et pourquoi.

Je fis un dernier pas vers lui, le coin de mes lèvres tremblant légèrement alors que je réprimais la colère qui bouillonnait en moi.

— Tu me parles de dangers, Olivier, dis-je d'une voix plus calme, mais pleine de menace. Mais ce sont tes secrets qui nous ont menés ici. Tu m'as donné juste assez d'informations pour me rendre plus déterminée. Et ça, c'est une erreur.

Olivier, qui semblait sur le point de craquer, fit un geste vers la fenêtre, comme pour chercher un souffle d'air, avant de revenir lentement vers moi. Il avait l'air épuisé, presque brisé.

— Je t'en prie, Astrid, fais ce que tu veux, mais n'oublie pas... Il hésita, cherchant ses mots. Il y a des choses que tu ne peux pas contrôler. Ces gens-là, ils sont au-delà de tout ça. Tu crois que le meurtre de Madeleine est une fin ? Non. C'est juste un commencement. Un avertissement à ceux qui creusent trop profondément. Et tu n'es pas protégée, Astrid.

Il laissa échapper un long soupir, comme s'il venait de se rendre compte qu'il venait de tout risquer en me confiant ces détails.

Je le fixai intensément, refusant de lui donner cette victoire.

— Si ces gens veulent vraiment me faire taire, ils auront à m'affronter d'abord, Olivier. Mon regard se fit plus dur. Tu m'as dit qu'il y avait des liens, que Madeleine savait trop de choses. C'est quoi cette histoire de groupe ? Quel est leur but ?

Un éclair d'hésitation passa dans les yeux d'Olivier, et il se détourna à nouveau, s'éloignant pour de bon. Je le suivis, l'angoisse se lisant dans ses gestes frénétiques. Il était clairement en train de peser le pour et le contre. Il savait que si je ne partais pas, je reviendrais avec des renforts, une équipe de plus pour creuser. Et cette fois, je ne comptais pas me contenter de fragments d'informations. Je voulais la vérité, toute la vérité.

— Je ne peux pas t'en dire plus, répondit-il enfin, sa voix tremblante. Mais je vais te donner quelque chose. Il s'avança et prit un vieux dossier dans une étagère poussiéreuse. Il l'ouvrit, feuilletant quelques pages avant de m'en tendre une, la main hésitante.

Je saisis la feuille sans un mot, scrutant les lignes griffonnées sur le papier. Il y avait des noms, des dates, des endroits. Mais ce qui attira mon attention immédiatement, ce fut le mot « Madeleine » inscrit en lettres rouges, entouré par des cercles frénétiques. La page semblait avoir été manipulée plusieurs fois. Et dans un coin, à peine visible, un mot : Liaison.

Je levai les yeux, le regard fixé sur Olivier.

— C'est quoi cette liaison ? demandai-je, la voix glacée.

Il baissa la tête, l'angoisse se lisant dans ses traits. Il n'osa même pas me répondre. Il savait que le temps était compté.

Je n'avais pas d'autre choix que de continuer à creuser. Je le laissai avec un dernier regard froid avant de tourner les talons. Olivier m'avait donné un indice précieux, mais il restait bien plus à découvrir. Les noms inscrits dans ce dossier n'étaient probablement que la surface d'un réseau plus vaste, plus dangereux. Et je n'allais pas me laisser stopper par les menaces d'un homme terrifié.

Dès que je franchis la porte, je sentis l'air extérieur me frapper avec une nouvelle intensité. La ruelle était déserte, plongée dans la pénombre. J'appuyai sur mon téléphone et appelai immédiatement le reste de l'équipe. Ils devaient fouiller ces noms, ces lieux. Chaque connexion, chaque détail pouvait m'amener un peu plus près du coupable.

Je n'avais plus de temps à perdre. La chasse était ouverte.

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