Chapitre 10
Il était plus de minuit, mais Minhyung ignorait l'heure exacte. Il ne prit même pas la peine de consulter sa montre. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il n'arrivait pas à dormir. Les voix résonnaient toujours dans sa tête, mais aussi les révélations de sa mère quelques heures plus tôt. A présent, le jeune homme savait pourquoi il entendait ces voix et, à sa connaissance, il les entendrait toute sa vie. Il se retourna, espérant s'endormir, mais ce fut inutile. Les paroles de sa mère et les autres conversations qui retentissaient dans sa tête se mélangeaient, formant une masse confuse. Soudain, une conversation lui parvint avec une telle clarté qu'il eut l'impression qu'on lui parlait directement à l'oreille.
« T'as intérêt à avoir raison, sur ce coup-là. Je refuse de me faire prendre une fois de plus. Dix mois en prison, ça m'a suffit. Si quelqu'un se met en travers de mon chemin, cette fois-ci, il va le regretter. »
C'était une voix grave et menaçante, à peine plus élaborée qu'un grognement. Minhyung frissonna. Une petite voix nerveuse lui répondit.
« Tout ira bien. Fais-moi confiance. Le propriétaire est absent pour le week-end car il se rend chez sa famille. Et on va pouvoir entrer très facilement car je connais toutes les protections de la maison. L'endroit est rempli de petites merveilles étant donné qu'il fait partie du célèbre groupe EXO. Ce sera du gâteau. »
Le canadien se redressa. Minseok vit seul dans une petite maison dans laquelle il possède plusieurs objets de valeur et part le week-end entier pour voir sa famille. La grosse voix agressive reprit.
« N'oublie pas que ce coup est trop juteux pour foirer, c'est tout. S'il y a quelqu'un dans la maison quand on entre, on le liquide, gentiment et proprement. Redonne-moi l'adresse. »
Minhyung grimaça en entendant l'adresse de son meilleur ami. Un sifflement assourdissant retentit dans son oreille et son cœur battait la chamade. Minseok allait être cambriolé ! Le canadien attendit, espérant capter d'autres bribes de la conversation, mais rien ne vint. Il entendit seulement deux personnes parler d'un film qu'elles venaient de regarder. Il soupira, frustré. Minhyung se demanda ce qu'il pouvait bien faire. Tout seul dans le noir, le jeune homme comprit qu'il pourrait peut-être empêcher ce cambriolage. Sa mère lui avait bien dit que ce don pouvait servir à faire le bien.
Il devait appeler la police et les avertir. Ils attendraient les criminels et les prendraient sur le fait. Content de son idée, Minhyung hocha la tête. Il parvint même à sourire. Il alluma la lampe de chevet et tâtonna à la recherche d'une feuille et d'un crayon, pour noter tout ce qu'il avait mémorisé de la conversation. Il allait appeler la police, leur dire ce qu'il savait, qu'il avait entendu parler d'un cambriolage en préparation. C'était la première fois depuis très longtemps, lui sembla-t-il, qu'il se sentait maître de la situation.
Il prit son téléphone et composa le numéro du commissariat le plus proche.
« - Commissariat de police, bonsoir, dit une voix. Je peux vous aider ?
- Je voudrais signaler un cambriolage, déclara Minhyung.
- Où ça ? »
Après lui avoir donné l'adresse, le canadien commença à sentir une boule se former dans son ventre. « Et quand s'est-il produit ? » Minhyung déglutit avec peine.
« - Eh bien, il ne s'est pas encore produit. Mais ça va être cambriolé.
- Vraiment ? Quand ? Demanda le policier.
- Eh bien... ça, je ne sais pas exactement mais très bientôt. Je viens d'entendre deux hommes en parler.
- Et où les avez-vous entendus en parler ?
- J'étais dans ma chambre... commença le jeune homme. »
Il y eut un silence.
« - Dans votre chambre ? Les individus étaient dans votre chambre ?
- Non ! Répondit Minhyung, paniqué. J'ai entendu leur conversation téléphonique... dans ma tête. »
Le canadien eut envie de se taper après avoir dit ça. Il y eut un bruit étrange à l'autre bout du fil, entre une quinte de toux et un grognement.
« - Dans votre tête ? Répéta lentement le policier. Et d'où viennent ces individus qui vont cambrioler cette maison ? De Mars ?
- Ce n'est pas vraiment ce que je voulais dire, mais je les ai entendu, je vous le jure ! Insista Minhyung. »
Le policier soupira.
« - Ils vont cambrioler cette maison, c'est bien cela ? Vous les avez entendus le dire dans votre tête. Simplement, vous ne savez pas quand ils vont le faire...
- Non, je suis désolée, je ne sais pas. Je pense que ce sera dans les prochaines heures, admit Minhyung. Et ils ont dit que si quelqu'un se mettait en travers de leur chemin, ils le tueraient !
- Comment vous appelez-vous, monsieur ? Demanda le policier, d'une voix plus sérieuse à présent.
- Minhyung, pourquoi ?
- Vous savez que vous risquez de gros ennuis pour cette farce téléphonique, Minhyung, répliqua le policier.
- Ça va se produire, je vous le jure, répéta le canadien. Il faut me croire !
- Et bien, quand ça aura lieu, venez m'en informer. D'ici là... arrêtez de faire perdre votre temps à la police. »
Le jeune homme, frustré, raccrocha brutalement le téléphone. Il envisagea d'appeler Minseok pour lui raconter la conversation qu'il avait capté, mais se ravisa. Le coréen ne le croirait pas plus que ce policier, et Minhyung ne pourrait pas lui en vouloir étant donné que cette histoire était complètement folle. De plus, il devait être avec sa famille en ce moment même, à une heure de la capitale.
Il remonta précipitamment dans sa chambre et s'habilla, puis chercha son appareil photo. Après avoir vérifié qu'il y avait une pellicule à l'intérieur, il le fourra dans la poche de son blouson. Si il arrivait à photographier les cambrioleurs, il aurait au moins des clichés à montrer à la police. Cette fois, ils seraient obligés de le croire. Il descendit au rez-de-chaussée, puis sortit dans la nuit glacée et partit en direction de la maison de Minseok. Même s'il devait rester le week-end entier posté devant chez lui, il le ferait...
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