Chapitre 1

     Une nouvelle dispute éclate à la maison. Je m'arrache en claquant la porte derrière moi. Je fouille nerveusement dans la poche arrière de mon jean tandis que je déambule dans les rues sinistres de mon quartier. Je ne trouve rien. Ça me fout de plus belle en rogne. Je percute un caillou, le projetant ainsi plus loin. Il m'en faut tout de suite, sinon je vais péter un câble.

     Je déambule nonchalamment, les mais enfoncées dans les poches de mon jean. Un pub se dessine soudain devant moi. Les néons de celui-ci déchirent l'épaisseur de la nuit. J'y pénètre. Je ne m'attarde pas sur l'ambiance y régnant ni sur le nombre d'yeux posés sur moi. Les nouveaux arrivants ont tendance à susciter de l'intérêt auprès de ceux se trouvant déjà sur les lieux.

     Les corps se cherchent, se heurtent puis s'emboitent. Une grisante excitation plane dans l'atmosphère. Mon esprit n'est toutefois obsédé que par une seule idée. Je me dirige immédiatement vers le comptoir. Mario, le barman me fait un signe de tête. J'avais justement besoin de lui. Je sors un billet froissé de ma poche et le pose sur le comptoir. Il sait tout de suite de quoi j'ai besoin, cède sa place à son collège et m'invite à le suivre. Je planque mes mains de dopé, mon sang n'arrête pas de pulser.

     Mario me ramène vers la sortie réservée au staff. Arrivés à l'arrière du bar, il me file ma came. On s'adresse un regard éloquent, puis il m'abandonne et retourne dans le bâtiment. Je déroule alors le papier et des étincelles naissent dans mes yeux. Mon palpitant s'apaise un peu. J'en prends une quantité que je dispose en un filet sur le revers de ma main, puis la porte à mon nez. Mes paupières se closent instinctivement. Mes muscles se détendent instantanément. L'euphorie me gagne peu à peu. J'ai la sensation de planer dans les airs, de frôler les nuages. Dans un moment comme celui-ci, j'ai la naïve illusion de penser que tous mes problèmes vont s'effacer. Que je vais me réveiller le lendemain et que toute cette merde que je côtoie va disparaître. Pourtant cet effet ne dure qu'un laps de temps et malheureusement, les rêves ne se font que la nuit.

     Après m'être bien défoncé, je rentre comme un somnambule. Il doit être couché à cette heure. Je claque la porte derrière moi et marche nonchalamment. Le salon est plongé dans la pénombre jusqu'à ce qu'un faisceu lumineux agresse mes yeux. Mes paupières se ferment instinctivement.

     — T'étais où bâtard ? râle-t-il.

     Voici la sensationnelle entrée fracassante de mon cher paternel. Un homme d'une quarantaine d'années de haute stature et à l'allure indolente dont j'ai hérité. Les traits de son visage se sont creusés en raison du taux d'alcoolémie dans ses veines. Sa longue chevelure sombre dispose à présent de quelques mèches grises. Ça fait une éternité qu'il n'est pas allé chez un coiffeur. Ses sourcils fournis conservent la trace de ses accès de colère et sa large bouche ne s'ouvre que pour proférer des ordures.

     — Voir un pote, réponds-je mollement.

     — Ah oui ? T'es allé te défoncer plutôt, parce que c'est tout ce que tu sais faire, espèce de con.

     — Et alors ? Mêle-toi de tes affaires, rétorqué-je d'un ton amer.

     Je devrais pas lui parler sur ce ton, mais je suis foncedé et j'ai juste envie de dormir. Le coup qui s'écrase sur ma joue me projete contre les carreaux. Je suis trop faible pour esquiver la pluie d'autres coups qui s'abat sur moi. Je ne resens rien. L'anesthésie court dans mes veines. Tout ce que j'éprouve alors que je me fais rétamer par cet homme, c'est un vide abyssal. Encore une fois, je vais finir comme une merde. Je le déteste.



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