~ SIXIΣMΣ PΛЯTIΣ

Bonjour à tous !

Rien de spécial, aujourd'hui : un comm', un vote, et un abonnement fait toujours plaisir !

Bisous et bonne lecture (^∇^) !

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Je m'habillai donc chaudement, malgré le temps doux pour un mois de novembre. Le collège des Lilas était assez loin de l'hôpital. Je ne voulus pas prendre le métro, marcher me dégourdirait les jambes. Je réfléchis à ce que j'allais dire à ma soeur. J'élaborai plusieurs discours, mais lorsque vint le moment d'attendre que la cloche sonne, je commençai à trembler de peur. Je vis enfin la jolie tête blonde de ma soeur apparaître. Elle était magnifique, en ayant hérité de la blondeur de ma mère et des yeux bleu ciel de mon père. Tous les garçons se retournaient à son passage, mais elle n'en regardait pas un. Ma chère petite soeur. Elle me vit, et son regard se couvrit de nuages annonçant une tempête. Elle passa devant moi sans me regarder.

- Je ne veux pas te parler. Laisse-moi.

Je blêmis. J'avais beau savoir qu'elle était en colère, cela me faisait toujours aussi mal.

- Capu, attends !

Je courus pour la rattraper et plaidai :

- Ecoute-moi, au moins.

Elle leva les yeux au ciel mais s'arrêta, refusant obstinément de me regarder. Je décidai de ne pas relever :

- Capucine, je suis désolée. Je sais que je ne peux rien faire, mais je suis dehors sans permission et je risque de choper un truc. Je ne pensais pas attraper un cancer.

- Evidemment que tu ne le pensais pas. Personne ne pense à ce qui pourrait arriver.

Malgré ses paroles dures, je voyais sa lèvre inférieure trembler :

- Emma, lorsque Grand-père est mort, j'ai mis longtemps à faire mon deuil. Et ensuite, toi. Sauf que je ne veux pas faire de deuil. Je préfère ne plus avoir de soeur qu'avoir une soeur morte.

- Je te promets de ne pas mourir. Je veux dire, j'aurai une prise de sang ce soir, mais les infirmiers sont positifs. Et le docteur aussi.

- Tu ne peux pas promettre des choses pareilles. Tu m'avais déjà promis quelque chose dans ce genre, il y a deux ans. Et tu ne l'as pas tenu ! sanglota-t-elle, pleurant à chaudes larmes.

J'avais envie de la prendre dans mes bras, comme avant. J'essayai, mais elle s'écarta de moi et me jeta au visage :

- Je ne veux plus te voir. Je te hais, Emma !

Et elle me laissa là, courant vers notre appartement. Vacillant de douleur, je me dirigeai comme dans un rêve vers l'hôpital. Je revivais en boucle la scène, comme au ralenti.

Tout le monde me sauta dessus lorsque j'arrivais à la Maison Blanche, mais mes oreilles étaient comme bouchées. J'allai dans ma chambre, me couchai avec un bourdonnement de médecins et d'aides-soignants autour de moi. Je me recroquevillai et m'endormis.

Lorsque je me réveillai, ma mère me tenait la main. Elle me hurla :

- Pourquoi tu es sortie ? Et tu connais la nouvelle ? Tu as une grippe ! Tu es revenue avec 40° de fièvre, hier ! Et dans ton état, ça pourrait être fatal !

Encore sous le choc, je ne réagis pas et refusai de manger. Ma mère éclata en sanglots devant mon apathie. Ethan était également à côté de moi, les traits tirés et la mine soucieuse.

Ma soeur me détestait. Je risquais de mourir très prochainement. La réalité était trop dure à supporter. Je me rendormis. Les jours passaient, je ne parlais pas et ne mangeais pas. Je me sentais si coupable : tout ça à cause de moi. Si je n'avais pas été aussi aveugle, j'aurais pu me rendre compte que je devenais accro, que ma soeur s'éloignait, et que ma mère s'inquiétait. Mais non.

Chaque nuit, je faisais le même cauchemar : je mourrais sans m'être réconciliée avec ma soeur, puis restai coincée dans le monde des vivants jusqu'à que je me réveille. Si seulement je n'avais pas autant fumé.

Ma mère était en congé, et on me nourrissait par perfusion. J'avais maigri, je faisais peur à voir. L'opération étant dans deux semaines, je devais absolument me remplumer. Des antibiotiques. Une perf. Des prises de sang. Dormir. C'était une boucle, infinie et vicieuse comme un noeud coulant, qui m'étranglait petit à petit.

Ma soeur me détestait. Et je ne faisais rien. Opération moins une semaine. Encore plus maigre. Des médecins qui bourdonnent autour de moi. Ma mère qui sanglote. Ethan au bord des larmes. Ma soeur toujours absente. Elle est comme ça depuis toujours : têtue comme une mule.

Un jour, je devais avoir sept ou huit ans, et elle ne voulait pas me rendre mon jouet. Un faux téléphone portable rose avec Charlotte aux Fraises. Elle s'était enfermée dans sa chambre, mes parents étaient intervenus, mais elle n'avait rendu le jouet qu'après avoir négocié une partie sur la tablette. Elle avait grandi depuis, et elle ne faisait plus de chantage, mais elle détestait céder. Et moi aussi. Sauf qu'avant, elle n'était pas rancunière.

Ce fut un matin, deux jours avant l'opération, alors que ma mère était avec le médecin et Ethan allé prendre l'air, que Capucine arriva dans ma chambre d'hôpital. Elle me vit, assise sur mon lit comme une naufragée sur une île, et me dit :

- Ne meurs pas.

Et elle repartit, aussi vite qu'elle était venue. Je sonnais Marie, et parlai pour la première fois depuis des semaines. Ma voix, rouillée et hésitante, se remit doucement en route :

- Je peux avoir à manger ?

Stupéfaite, Marie alla cherche un petit-déjeuner et appela ensuite ma mère :

- Mme Perrault, venez voir !

Ma mère accourut et me vit en train de manger goulûment. Elle me prit dans ses bras et dit :

- Qu'est-ce qui t'a sortie de ta torpeur ?

- La vie, Maman. La vie peut être merveilleuse, répondis-je les yeux pleins de larmes de soulagement.

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Voilà, pour ce chapitre ;) !

A vous de me dire ce que vous en pensez ! 

Gros bisous à tous !💋

PS : le mercredi 07/09/2016, mon histoire était (et est toujours) #500 dans la catégorie fiction générale d'après mon téléphone ! Merci à tous vous êtes vraiment super !

• Chanson : Cendrillon, Matthieu Mendès

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