Émilie
Cher journal,
J'ai abandonné.
Je sais, je t'avais promis que je tiendrais bon jusqu'au bout. Mais c'était trop difficile. J'ai lâché prise.
J'ai, j'ai gardé en secret
Dans une boîte en argent
Je les avais pourtant enfermés au fond de moi, tous ces doutes, ces peurs, ces moqueries. Ils étaient rangés au fond de mon cœur, dans une boîte bien fermée pour ne pas m'atteindre. Je te le jure, je ne les ai pas laissé s'échapper. Mais que veux-tu, la boîte à finit par être trop pleine et... elle a débordé.
Un petit monde à moi,
Des étoiles, un océan
Personne n'avais accès à ma bulle. Ma bulle c'était ma vie, à moi et juste à moi. C'était là qu'il y avait mes rêves. Tout ce que je lisais, tout ce que j'imaginait était enfermé dans cette bulle. Elle était invisible pour les autres, c'est dommage pour eux. Parce qu'elle était vraiment super, ma bulle.
Un peu d'éternité, une flûte de pan
Les autres ont dit que j'étais stupide. Que j'étais dans la lune. C'est vrai que parfois j'allais me promener sur la lune. Mais ce n'étais pas la vraie lune, c'était la mienne. Je ne sais pas pourquoi les autres sont méchants. Ça les amuse peut-être mais en vrai ce n'est pas drôle.
Mais je n'ai rien de toi
Maintenant que j'y pense, il manquait quelque chose à ma bulle : l'espoir.
Autrefois il y en avait plein, mais maintenant il n'y en a plus. Les autres l'ont pris.
Toi qui manque tellement.
L'espoir est parti et à partir de ce moment ma bulle était beaucoup moins bien. Il y avait comme un trou... un grand vide tout noir qui avalait le reste.
J'ai aussi perdu la joie.
Le bonheur.
L'amour.
Je suis là où tu m'as laissée
Maintenant, ma bulle est beaucoup moins bien. Comme ils sont tous partis dans le ciel, elle a petit à petit disparu.
Sur la route du néant
Et quand la bulle disparaît... Il n'y a plus rien pour protéger la boîte. Tu comprends, c'était la bulle qui empêchait les trucs moches de sortir de la boîte. Mais la bulle n'est plus là, alors la boîte s'est ouverte.
Ici la lune n'éclaire jamais,
Elle jaunit avec le temps.
Je suis toute seule. En fait j'ai toujours été toute seule, c'est juste que je ne m'en rendait pas compte. Mais maintenant je le sais.
Il n'y a plus d'étoiles dans mon ciel. Toutes les fleurs sont mortes dans mon jardin. Je suis vraiment triste, j'ai beaucoup pleuré. Maman a dit "Qu'est-ce qu'il se passe ?" mais je ne lui ai pas répondu. Parce qu'elle n'aurait pas compris, elle m'aurait dit de ne pas raconter de bêtises. Alors j'ai pleuré la nuit, sous mes draps pour ne pas qu'elle entende.
Et de nuage en nuage
Sur les ailes d'un oiseau blanc
Je fais de plus en plus de rêves ou je vole dans le ciel. C'est très apaisant parce que c'est là qu'ils sont, l'espoir et tous les autres que j'ai perdu. J'aimerais bien voler dans la vraie vie, comme ça j'irais les rejoindre.
Je me suis laissée prendre en otage
Mais il y a un problème, c'est que les trucs moches qui sont sortis de la boîte se sont collés tout autour de moi, ils m'emprisonnent et m'empêchent de m'envoler.
Je suis allée au bout du monde
J'ai demandé pardon
J'ai peur d'aller à l'école maintenant. Je vois leurs yeux méchants qui me regardent et rigolant. Je leur ai demandé pourquoi ils me faisaient ça. Ils m'ont dit "parce que tu es trop bizarre". Je crois qu'ils ne comprennent pas que ça me fait mal quand ils disent ça. Je leur ai dit "pardon" en pensant qu'ils arrêteraient mais ça les a juste fait rire encore plus.
Je suis là et je t'attends
Sous les étoiles... d'Orient.
Je pleure toutes les nuits, maintenant. Il n'y a qu'à toi que je raconte ça parce que les autres rigoleraient. Et papa et maman aussi, parce qu'ils ne comprennent pas. Il n'y a que toi à qui je peux parler sans avoir peur d'être jugée.
J'attends l'oiseau. Le grand oiseau blanc qui va m'emporter dans le ciel, celui dont j'ai rêvé l'autre nuit. J'espère qu'il se dépêche de venir, parce qu'il y a de plus en plus de monstres qui me tirent vers le bas, s'il tarde trop il ne va plus pouvoir me sauver parce que je serais ensevelie par les monstres.
Il y avait comme un son
Perdu dans l'univers
Parfois je crois que c'est lui qui arrive quand j'entends un bruissement d'ailes. Mais ce n'est jamais lui... Ce sont d'autres oiseaux, des pigeons et des moineaux parfois. Ils sont très gentils mais ce n'est pas eux que j'attends. Alors je leur demande s'ils ont vu un grand oiseau blanc qui venait par ici mais ils répondent toujours non...
Est-ce que ce serait toi ?
Oh comme je l'espère.
Je n'ai plus d'espoir, mais je peux toujours attendre l'oiseau... Même si chaque jour je doute un peu plus de sa venue.
Plus rien ne rime, rime
Et je m'abîme, bîme
Et je m'abîme, bîme...
Je sens que je perds pied... Les monstres sont partout autour de moi, j'ai mal, j'ai mal ! Et j'ai peur, j'ai si peur, aussi. Et mes larmes ont fait baver l'encre, tout le papier est mou maintenant. C'est pas grave, je dois continuer à me confier à toi, sinon j'aurai encore plus mal.
Je fais comme si tu m'attendais
Mais le temps paraît lent
J'attends toujours l'oiseau, mais il ne vient pas. C'est si long, et si douloureux d'attendre !
Je ne peux m'empêcher
de penser comme une enfant.
J'attends toujours l'oiseau, mais il ne vient pas. Il ne viendra jamais.
Mais j'ai compris quelque chose : l'oiseau, c'est moi. Depuis le début. L'oiseau n'existe pas, l'oiseau, c'est moi. Je dois m'envoler toute seule.
J'ai trouvé un petit couteau dans la cuisine. Si je me coupe, l'oiseau qui est en moi sortira et je pourrais m'envoler. Enfin.
Adieu, journal. Merci d'avoir été là, depuis le début. Mais maintenant je n'ai plus besoin de toi, je vais retrouver le bonheur, la joie, l'espoir et l'amour dans le ciel.
Je vais voler de mes propres ailes.
Bisous (pour la dernière fois),
Émilie.
~ 1048 mots ~
Chanson : Boîte en Argent, de Indila
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