Tomber
Harry se réveilla avec la forte envie de vomir. Il se redressa dans le lit blanc de l'infirmerie, haletant. Il se sentait nauséeux, de part le souvenir de la veille. Parce qu'il était dépendant de quelqu'un·e, bordel ! De quelqu'un·e qui n'en avait rien à foutre de lui ! Il fut pris de l'envie soudaine de pleurer de tristesse et de rage mêlées. De la musique, il avait besoin de musique pour se calmer.
Il sortit de son lit et farfouilla dans le sac qui était à ses pieds. Mais l'objet recherché n'y était pas, et ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Il saisit le verre vide posé sur la table de nuit et le balança de toutes ses forces contre le mur.
- JE TE DÉTESTE !, hurla-t-il à l'intention du vide, ne se rendant pas compte de la présence de ses ami·e·s non loin de lui.
Le verre explosa en mille morceaux, à l'image de son cœur.
- Je te déteste, je te déteste, je te déteste..., murmura-t-il en se laissant glisser contre le pied du lit.
Une goutte salée vint se perdre sur ses lèvres, mais il ne fit rien pour l'arrêter, ni elle, ni les suivantes. Il ne sursauta presque pas quand quelqu'un·e s'assit à côté de lui et l'entoura de ses bras, ni quand une autre main se posa sur son épaule, ni quand un mouchoir apparut dans son champ de vision. Parce qu'il continuait à pleurer toute sa peine et sa rage, toute sa souffrance. Ce fut seulement lorsque sa réserve de larmes se fut tarie et qu'il put reprendre sa respiration qu'il se rassit en tailleur sur son lit, ses ami·e·s assis·es en face de lui.
- Et si tu nous racontais ce qu'il t'arrive, Harry ?, lui demanda Luna d'une voix douce.
Leur raconter ? Il ne savait même pas par quoi commencer ! Sa peur, sa douleur, sa tristesse ? Sa joie, son bonheur, son amour ?
- Je suis tombé amoureux.
En temps normal, cette déclaration aurait suscité des exclamations satisfaites, mais on pouvait entendre les Billywig voler dans l'infirmerie.
- Au début, on se parlait juste. On a appris à se connaître, parce qu'on n'avait jamais vraiment parlé. On s'est raconté nos vies, nos joies, nos peurs, nos peines... Des fois, on ne parlait pas, on restait juste ensemble, assis à côté, et c'était très bien comme ça. Et puis un jour, je ne sais comment, ça a dérapé et...
Sa voix se brisa, mais il se reprit.
- Et on a couché ensemble. On a continué à se voir comme avant, on a continué, des fois, à coucher ensemble. Et c'était cool. C'était...juste comme ça. Le reste du temps, on discutait, on était amis, quoi. Ces moments-là...c'était juste...juste pour le sexe.
Il releva alors la tête et fut surpris de voir ses ami·e·s l'écouter attentivement, sans aucune trace de gêne sur leur visage - alors qu'il savait à quel point Ron et Neville pouvaient être gêné par ce sujet.
- Et tu l'aimes., dit Ginny.
Ce n'était pas une question mais une affirmation, et Harry hocha la tête.
- Tu lui as dit ?
- Non... Je... J'ai...
Un sanglot remonta le long de sa gorge et il fit tout son possible pour l'arrêter. Quand il fut sûr que ça voix était normale, il reprit.
- Je suis parti. Je lui ai dit que je ne pouvais plus et je suis parti.
~~~
- Je ne peux plus continuer comme ça.
- Comme ça quoi ?
- Comme ça... Venir, baiser, puis repartir. J'arrête.
- Et puis-je savoir pourquoi ?
Harry ne répondit pas.
- Tu t'es rendu compte que j'étais un mec ? Que je n'ai pas les cheveux roux et long ? Que tu kiffes ?
- Tais-toi ! Arrête tes conneries !
- Alors c'est quoi ? T'as rencontré quelqu'un·e ? Tu t'es rendu compte de qui j'étais, et de qui tu étais, et que c'était incompatible ? Que tu ne pouvais pas baiser un-
- Ta gueule !, hurla-t-il, le cœur en lambeaux. Je ne peux plus, c'est tout ! Je n'ai pas de comptes à te rendre !
Et il était parti. Il était parti alors qu'il aurait pu continuer, fermer sa gueule, garder ce qu'il avait déjà et ne pas en demander trop, au lieu de tout jeter.
~~~
- Tu es allé lui parler ?
- Non.
- Tu n'es plus allé le voir, même pour vos escapades où vous ne faisiez que parler ?
Il secoua la tête.
- Tu as bien fait, dans un sens, d'arrêter, si ça te faisait mal. Mais tu aurais dû lui expliquer... Mettre les choses à plat et lui dire.
- Non ! Il...il...impossible.
Impossible, parce que c'était le genre de personne à pouvoir jouer avec lui s'il savait qu'Harry avait des sentiments pour lui.
- Harry ?, demanda Hermione. On peut savoir qui c'est ?
Si ça n'avait tenu qu'à lui, non. Comme ça, toute cette histoire serait oubliée. Sauf qu'il ressentait le besoin de leur dire, peut-être dans un égoïste espoir qu'iels l'aident.
- Ce n'est pas grave si tu ne veux pas. Mais juste...sache qu'on ne te jugera pas. Ou du moins on essaiera.
Il eut un semblant de sourire et les regarda tour à tour.
- Malefoy. Je suis amoureux de Malefoy.
Ses ami·e·s le regardèrent, un peu hébété·e·s, puis iels se reprirent un·e par un·e.
- C'est...inattendu., finit par dire Hermione.
- Complètement délirant, tu veux dire., rectifia Ron.
- Je ne trouve pas ça si déconnant., intervint Ginny.
- Pareil., appuya Luna.
- Je trouve ça fou, mais OK., dit Neville.
- Je pense que sur l'échelle de 1 à 10 de la sexy-attitude, t'as choisi un 11., dit Seamus.
- Et moi, je compte pour du jus de citrouille ?, s'indigna Dean.
- Nan, t'inquiète, bébé, t'es à 12.
- Ah, ouf, me voilà rassuré.
- Bref, revenons à nos Licornes. Drago Malefoy, donc ?
- Effectivement.
- Vous êtes devenus...amis ?, se risqua Ron.
- Si tu enlèves la partie "lit", alors oui, nous sommes amis. Ou du moins nous l'étions, avant que je vienne foutre la merde.
- Ah, OK.
- Et pourquoi ne pas aller lui parler ?, demanda Luna.
- Parce que c'est Malefoy.
- Oui, et c'est aussi de lui dont tu es amoureux, je te rappelles. Alors que c'était statistiquement impossible., lui fit remarquer Neville.
- Bon. Tu n'as qu'à retourner là où vous vous retrouviez.
- Je pense qu'il a arrêté d'y aller.
- Et pourquoi donc ? Il a le droit d'y aller, même si tu n'es plus là.
- Oui, bien sûr, mais... C'était... Enfin... C'est compliqué.
- C'était votre coin à tous les deux et s'il en manque un, ça n'a plus de sens.
- C'est ça, Gin'. Et il aura juste...arrêté de m'attendre. Je ne sais même pas s'il m'a attendu à un moment.
- Et pourquoi ne t'attendrait-il plus ?, s'enquit Luna.
- Parce que ça fait deux semaines. Je ne suis jamais parti aussi longtemps.
- Je vois...
- Bon, et qu'est-ce que tu vas faire, alors ?, demanda Ron.
- Qu'est-ce que je vais faire ? Mais rien du tout ! Je vais laisser passer, attendre et oublier, et c'est tout !
- Quoi ?! Mais Harry, tu ne vas pas faire comme si de rien n'était !
- Et pourquoi pas ? C'est impossible, Ginny !
- Et qui te l'a dit ?
- Personne ! Je le sais, c'est tout !
- Tu sais, des fois, on se fait des idées sur les gens, et on se rend compte qu'iels ne sont pas comme on les imaginait., intervint Luna.
- Je sais bien mais-
- Mais ça ne te coûte rien de voir si Malefoy s'applique bien à cette règle.
Harry soupira. Il avait tendance à écouter Luna quand elle parlait, même si elle disait des trucs bizarres. Et, au fond de lui, il savait qu'elle pouvait avoir raison, probablement.
- Je verrais. Mais franchement, je ne compte rien faire, vraiment. Je suis vraiment fatigué, on se revoit demain ?
- Bien sûr, Harry., acquiesça Hermione.
- Ouais, on revient demain.
- Bonne chance.
- Tiens le coup, mec.
- Honneur et courage, comme on dit !
Harry leur sourit et s'écroula sur son lit, mais il senti encore une présence. Il rouvrit les yeux pour se retrouver face à Hermione.
- Tiens, Harry., lui dit-elle et lui tendant son lecteur de musiques.
- Merci, Hermione., la remercia-t-il, reconnaissant.
- Harry... Je suis désolée.
Elle l'attira contre elle dans une étreinte étouffante mais réconfortante. Harry se cramponna à sa meilleure amie.
- Merci, 'Mione., murmura-t-il.
- Ne t'inquiète pas, Harry. C'est normal. T'es mon meilleur ami. Je me dois d'être là pour toi.
- Tu l'as déjà beaucoup été, Hermione, tu devrais prendre des vacances.
Il la sentit rigoler contre lui.
- Ne dis pas n'importe quoi, Harry. Depuis quand est-ce que je prends des vacances ? On est là, quoi qu'il arrive. Même si tu décides d'élever des mini Potter-Malefoy.
Ce fut au tour d'Harry de rire. La Gryffondor se dégagea doucement et le regarda dans les yeux.
- Ça va aller, Harry. Tu es fort. Ça va le faire. Promis.
Il sourit et se coucha, la musique dans les oreilles. Il ne vit pas son amie réparer le verre et le reposer sur sa table de nuit.
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1566 mots
Publié le Samedi 29 Octobre 2022
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