in another life.

Les mots que Floch avait prononcé ce jour là résonnaient sans cesse dans son esprit meurtri.

Marlowe, était-il vraiment parti en se noyant entre regrets et remords ? Était ce vraiment des choses si négatives qu'il avait ressenti avant de mourir ? Elle détestait penser que la dernière chose qu'il ait ressenti de sa vie n'était qu'un amère tissu d'émotions négatives.
Pourtant c'était bien ce que Floch avait dit, et n'étant pas présente sur le champ de bataille, elle ne pouvait que s'en remettre à ses mots.

Elle le savait au fond, après tout le monde dans lequel elle avait le malheur de vivre était bien trop cruel. Face à la mort, elle aurait même très certainement éprouvé la même chose que lui, mais quelque chose l'embêtait.
Peut être que c'était égoïste, mais elle aurait aimé que ces dernières pensées soient plutôt tournées vers elle, au même titre qu'elle avait pensé à lui toute l'expédition durant. Ironiquement bien sûr, elle ne savait pas que c'était bel et bien le cas.

Désormais, c'était elle qui étouffait oppressée par tant de regrets mais également de culpabilité.
Elle aurait dû insister ce jour là, pour qu'il reste auprès d'elle. Il n'aurait ainsi pas eu à se sacrifier sur le champ de bataille.
Mais là n'était pas son plus grand regret, non.

Ce qu'elle regrettait le plus au monde, ce qu'elle regrettait jour et nuit depuis maintement quatre ans, c'était d'être rester muette.
De ne pas lui avoir dit l'affection qu'elle éprouvait pour lui, d'avoir garder pour elle cet amour maladroit.

Un amour qui, maintenant, la rongeait silencieusement de plus en plus à chaque secondes passées sans l'homme qui avait su dérober son cœur

Et doucement, alors que ses yeux vaguaient dans le vide au travers la fenêtre, la jeune femme s'imaginait mille et une chose.

Elle s'imaginait d'autres vies.

Une vie avec lui.
Une vie simple.
Une vie heureuse.

Là, elle s'imaginait vivre dans un monde sans titan, sans morts, sans crimes, un monde parfait. Un monde parfait dont il faisait parti.

Ils vivraient dans une petite maison, pourquoi pas, et passeraient leurs journées à s'évader ensemble, à se promener dans des immenses champs de fleurs, dans la forêt parfois. Elle s'imaginait un large ruisseau dans cette forêt, qu'il fallait traverser en sautant de pierre en pierre, puis elle l'imaginait tomber dans l'eau sous ses rires moqueurs, tandis qu'elle l'aiderait à se relever.
Elle s'imaginait rentrer chez eux, main liée à la sienne, puis elle s'imaginait lui sécher doucement les cheveux tandis qu'il lui racontait des anecdotes hilarantes.

Elle s'imaginait tellement de moments simples de la vie, clichés parfois, mais où seuls régnaient le bonheur et l'amour.

Son imagination lui servait de pansement à ce regret puissant qui l'a hantait tant, puisqu'elle pouvait rêver d'une vie à deux.

Oui, dans une autre vie encore, dans leur monde réel cette fois ci, elle n'était pas restée muette.
Elle avait osé parler, et son amour pour lui l'avait retenu.
Il n'était pas aller à cette mission suicide, il lui avait qu'il l'aimait lui aussi, qu'il ferait tout pour rester à ses côtés.

Et c'est que qu'il avait fait.
Dans cette vie là, elle s'imaginait se réveiller tendrement dans ses bras, puis elle l'aurait observé dormir paisiblement, avec tout l'amour dont elle disposait, avant qu'il ne se réveille à son tour.
Un doux sourire aurait orné son visage.
Leurs lèvres se seraient liées tendrement, et ils auraient commencé la journée ensemble.

Dans cette autre vie, il serait toujours à ses côtés à cet instant même, quatre longues années plus tard, et elle n'aurait pas à s'imaginer des choses seule dans cette bulle de mélancolie qu'elle s'était créée petit à petit et qui l'isolait un peu plus chaque jour.
Peut être même qu'ils auraient pu avoir des projets, à deux.

Elle était encore jeune, mais elle aimait se projeter, du moment que son imagination la lui laissait permettre.
Un fin sourire triste orna son visage lorsqu'elle imagina l'homme qu'elle aimait toujours en tenue de marié.

Hitch replaça une de ses mèches désormais lisses derrière son oreille alors qu'un léger soupir franchissait la barrière de ses lèvres rosées.

Ils auraient été tellement heureux ensemble.
Ils méritaient leur histoire.
Mais ce monde cruel leur avait arraché.

Et désormais il ne restait plus qu'elle, seule.
Seule avec une imagination trop présente, et une mélancolie trop puissante.
Son cœur débordait de ce sentiment bien trop néfaste, tandis qu'elle se maudissait intérieurement pour se faire autant de mal, en imaginant ce qui ne pourrait plus jamais arriver.

Plus jamais.
Même quatres années après, cette réalité la frappait toujours autant, la prenait aux tripes sans qu'elle ne puisse rien y faire, et faisait saigner son âme bien trop amourachée.

Un sourire espiègle prit place cette fois ci sur son doux visage, pendant qu'elle se faisait la réflexion d'être ridicule.

─ Je ressemble à une ado en pleine puberté..

Mais le ricanement qui suivi était faux, ou du moins, il était empli de mépris et de dédain envers elle même.

Elle était revenue à elle, dans son monde sans Marlowe, dans cette pièce où seules les fleurs d'un vase non loin de là lui tenaient compagnie.

Le silence régna, poignant, alors que ses émotions se mirent soudainement à déferler dans son cœur en un torrent incontrôlable, inattendu.
Peut être qu'elle s'était retenu bien trop longtemps, mais la mélancolie s'était transformée en désespoir pur tandis que les larmes dévalaient maintenant ses joues, incessantes.

Son cœur se vidait peu à peu de toute cette peine accumulée, et même si une douleur insupportable prenait sa poitrine, elle savait au fond d'elle que tout évacuer lui ferait un bien fou.
Son deuil, elle ne l'avait jamais vraiment fait, et elle ne pouvait que le constater faiblement au vu de l'état dans lequel elle était désormais.

Il lui fallut bien une trentaine de minutes pour que le flot de larmes qui l'assayait se réduise peu à peu. Au milieu de toute cette noirceur, elle en était venue à se poser deux questions, dont les réponses évidentes, elle le savait, la menaient lentement mais sûrement vers un chemin plus lumineux.
Marlowe, qu'est ce qu'il aurait pensé d'elle à ce moment là ?
Comment aurait-il réagis en voyant Hitch, cette fille pleine de ressources et d'espièglerie, dans un si piteux état ?

─ Je... Je suis certaine que tu préfèrerai me voir sourire, n'est ce pas ?

Bien sûr, c'était ça.
Levant ses beaux yeux vers le ciel, elle sécha ses dernières larmes.
Même s'il n'était plus là avec elle, Hitch était sûre d'une chose : il n'aurait jamais voulu voir son sourire disparaître, et ce peu importe dans qu'elle vie ils se trouvaient.

Elle allait se prendre en main, pour lui.
Elle était déterminée à entretenir son souvenir, plutôt que de se morfondre avec lui.
Un doux sourire étira ses lèvres cette fois ci, sincère, pendant qu'elle observait toujours le ciel d'un bleu parfait. Elle s'autorisa, pour la première et dernière fois, à dire d'une voix assurée ce qu'elle s'était imaginé lui dire tant de fois.
Elle pouvait le laisser partir désormais.

─ Je t'aime Marlowe.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top