Chapitre 4 : Une Vie de Folie

CHAPITRE 4

Une Vie de Folie

En Allemagne, à la frontière franco-allemande, dans un hôpital presque délabré, de nombreux personnels soignants sont tous habillés en tenue blanche avec des symboles rouges, en forme de croix gammée, posé sur le thorax. Les médecins, eux, ont des blouses par-dessus leurs vêtements avec ces mêmes symboles rouges, cousu sur leur manche, comme les infirmières. Dedans, se démarque une femme caucasienne, avec des cheveux blonds et attachés, avec les yeux bleus en uniformes d'infirmières. Ayant une coiffe, avec une attitude bienveillante, après être sorti de la chambre d'un patient, qui donne sur un couloir, empli de monde, cette femme se dirige vers une autre infirmière et lui déclare d'un air surpris :

- Tu es déjà arrivée ?

- Oui, je commence mon service tôt. Lui répond l'autre infirmière.

Toi ça va Anne ? Tu ne les trouves pas dure les journées ?

- Oui, c'était un peu dur hier, mais ça va. Tu sais, ça fait cinq ans que je suis enfermée ici. Dit Anne, cette femme caucasienne aux yeux bleus, en souriant.

Alors on s'y adapte.

Tandis qu'au même instant, surgit un médecin avec un patient, habillé avec un uniforme militaire nazi, en brancard. Perdant énormément de sang au niveau thoracique, ce docteur qui passe, en furie, en compagnie d'un brancardier, devant eux deux, les interrompt en hurlant :

- Hé ! Vous deux ! Pas le temps de rêvasser, suivez-moi immédiatement.

Oubliant, d'un trait, leur conversation, les deux infirmières rejoignent le médecin sans renfrogner. Ce docteur leur résume la situation pendant qu'ils souhaitent amener le patient dans une salle à adéquate :

- Le patient : Monsieur Meyer a pris une balle en pleine bataille dans l'acromion. Il n'y a pas de place en bloc. On va devoir l'extraire dans une chambre. Alors donnez-moi une chambre vide pour que je puisse le sauver.

Anne lui présente alors une chambre vide. Devant cette chambre, sa collègue et elle rentrent en premier pour entasser l'environnement qui peut gêner le docteur, sur un côté, en le faisant dans une vitesse extraordinaire, avec une impression de peur de ne pas bien faire. Le médecin et son brancardier entrent, ensuite, avec son patient et tous soulèvent le patient pour le mettre sur le lit. Installés dessus, ils constatent que le patient s'est évanoui. Les infirmières, en face du médecin, lui préparent son matériel pour opérer et celui-ci commence à déchirer le tee-shirt du patient en prononçant aux infirmières :

- Scalpel !

En possession, Anne lui passe. Commençant par examiner la plaie par balle, il décide d'insérer le scalpel à l'intérieur. Apres avoir fait une incision, avec une pince à clampé, pendant une trentaine de secondes, il cherche la balle et il la retire, en donnant la balle à l'autre infirmière. Mais après l'avoir enlevé, le patient, qui se réveille soudainement, s'évanouit tout aussi rapidement, en faisant une hémorragie grave par la plaie.

- Euh... Euh... Donnez-moi une aiguille et une bobine de fil. Ordonne le médecin, en paniquant.

- Quoi ? Mais... S'interroge Anne.

- Vous ne comprenez pas ce que je vous dis ? Demande le médecin, d'un ton autoritaire.

- Docteur, avant c'est préférable de savoir l'origine de l'hémorragie et de faire une compression pour arrêter le saignement. Ensuite, on peut faire cela. Répond très calmement Anne pour se justifier.

- Oui, vous avez raison ! Faites et arrêtez de me regarder comme des idiotes. Il va mourir.

Sur un simple jeu de regard par rapport aux propos, du moins agressif, du médecin, Anne et sa collègue aident le médecin pour stopper l'hémorragie et y arrivent après avoir bien compressé. Le médecin recoud, par la suite, le patient en compagnie d'Anne et sa collègue. Après avoir fini, le docteur, satisfait, expire de joie et se dit à lui-même, avant de s'adresser aux deux infirmières :

- J'ai bien travaillé ! Pose-t-il son matériel sur une table.

Je vous laisse débarrasser mesdames.

- Hum... Lui déclare Anne, avec les sourcils froncés, face à lui, de manière sarcastique.

Ouais, vous avez bien travaillé.

Anne et sa collègue, qui regardent l'environnement de la chambre, avec des giclés de sang tapissant les murs, constatent que le médecin et le brancardier s'en vont avec le patient sur son brancard. Mais avant de sortir, le médecin les rappelle, en se tournant vers eux :

- Et j'ai oublié '' Hail Hitler ''. Prononce-t-il, en faisant le signe nazi.

Et les deux femmes font de même. Sortie de la chambre, Anne se met à radoter avec sa collègue sur ce médecin, en commençant à nettoyer et remettre en ordre l'environnement :

- Encore un nouveau médecin qui connait pas son boulot.

- Que veux-tu ? C'est un homme et un médecin, donc ils sont obligatoirement des imbéciles arrogants. Attribue-t-elle cela à Anne, pendant qu'elles nettoient aux chiffons le sang.

- Pas tous ! Mon médecin référent est différent.

- C'est normal, c'est ton mari. Précise l'autre infirmière à Anne, en disant ça avec humour.

- Oui aussi, et en parlant de ça. Je dois aller le rejoindre parce que j'ai fini mon service.

- D'accord, pas de soucis. Énonce la collègue à Anne de nettoyer la chambre.

Va, on se revoit demain à la même heure. Bisous !

Anne la remercie et lui dit au revoir. En dehors de la chambre, elle se dirige dans une pièce pour prendre ses affaires et se changer. Sortie de son secteur de travail, dans un hall, Anne, habillée en civil, aperçoit son mari, un grand homme, au crâne dégarni. L'enlaçant de toutes ses forces, elle lui déclare, avec une voix exténuée :

- Chéri ! Si tu savais, j'ai eu une mauvaise journée.

- Tu me raconteras en chemin. Allons-y !

Anne et son mari, ainsi, partent vers l'extérieur de l'hôpital. Pendant qu'ils quittent le lieu, ils passent devant un calendrier papier avec le signe des Nazis et la date de ce jour '' 23 octobre 1944 ''.

I

De beaux matins, après son arrestation des plus inattendues par les policiers qui l'ont emmené dans un hôpital psychiatrique, Tyrone se retrouve dans une pièce face à un bureau avec des cadres, contenant des portraits dessinés ou des tableaux photographiques sur le mur. Les regardant attentivement d'un œil furieux, il entend la porte s'ouvrir, et Tyrone voit une femme, aux sourires apaisant, avec une blouse blanche, entrée en le saluant :

- Bonjour !

Tyrone, qui l'a entendu, décide de garder le silence. Visiblement énervé, il fuit le regard de la femme. Alors, celle-ci s'avance, se place face à lui, main sur le dossier de sa chaise, et poursuit :

Ce n'est pas très poli de ne pas me répondre Monsieur Hirst.

Tyrone, alors, lève les yeux vers elle. Surpris qu'elle connaisse son nom de famille, vu qu'il n'avait pas ses papiers sur lui et se met donc à froncer les sourcils.

Oui Monsieur Hirst, on sait qui vous êtes. Aujourd'hui, même si, vous n'avez pas de papier, on peut vous identifier juste avec vos empreintes ou votre visage. Mais ne le dites pas à tout le monde. Dit-elle, en souriant, mais Tyrone ne réagit toujours pas à ses propos et préfère ignorer le regard de la femme, en baissant ses yeux contre le sol.

Vous n'êtes pas très bavard. Je sais votre nom, mais vous, vous ne savez pas le mien. Je pense que si je me présente, vous serez peut-être plus bavard. Je suis le docteur Leriche, je suis Psychiatre dans cet établissement.

- Enchanté ! Maintenant, je veux rentrer chez moi. Parle, enfin Tyrone, très rapidement.

- Vous savez parler. Il aura fallu peu de temps. Prend-elle ainsi une bonne inspiration, en s'asseyant.

D'abord, vous ne pouvez pas rentrer. J'en suis désolée. Mais me permets-tu de te tutoyer ?

- Ok, vous faites ce que vous voulez, je vais continuer à me taire de toute façon !

- Ce n'est pas l'objectif d'être silencieux Monsieur Hirst.

- Je vous rassure ce n'était clairement pas mon objectif d'être devant vous aussi.

- Pour ça, il faut que tu saches pourquoi tu es ici ? L'interroge la psychiatre.

- Parce que ces enfoirés de flics ont cru que j'allais me suicider alors que c'est faux. En plus, ce n'est pas légal de m'enfermer en HP comme ça.

- Ah ! Alors qu'est-ce que tu allais faire dans cette ruelle ? Parce que ton bras gauche montre le contraire avec cette entaille bandée.

Tyrone observe finement son avant gauche, là où est cette entaille, qui est entourée d'une bande compressive tandis que la psychiatre, qui s'est levée, attrape son bras, sans sa permission. Celui-ci alors crie d'une voix faible :

- EH ! Lâchez mon bras !

- Désolé ! S'excuse le psychiatre, en relâchant son bras aussi vite.

Calme-toi, je veux regarder juste ton pansement.

Tyrone acquiesce et lui tend son bras d'un air mécontent. Enlevant le bandage, ils remarquent que l'entaille est complètement cicatrisée. Montrant une expression interrogative, elle se met à remémorer les informations :

Euh, je crois que l'équipe du soir, et même les policiers se sont trompés sur ton entaille. Je suis peut-être que psychiatre, mais cette entaille a été faite il y a plus d'une semaine. Non ?

- Euh... Sans doute. Ment Tyrone, prenant conscience qu'il a peut-être cette capacité de se soigner plus vite que la normale.

- Bon, ce n'est pas grave. En tout cas, j'imagine que tu veux avertir ta famille ou un proche à toi que tu es ici ?

- Oui bien sûr. Mes parents.

- D'accord, tiens. Lui transmet-elle sa tablette numérique.

Ecris le numéro d'un de tes parents. Et on les contactera pour les avertir de ta présence, ici.

Le docteur Leriche, après que Tyrone ait écrit le numéro sur la tablette, la récupère. Alors qu'elle sort de la pièce, en le laissant seul dedans, elle fait face à un garde en tenue blanche qui est posté devant la porte et qui s'écarte à la vue du médecin. Se dirigeant vers un comptoir isolé, elle transmet la tablette à une secrétaire qui est dans une autre pièce, en lui ordonnant :

- Appelez ses parents et avertissez-moi pour que je puisse les informer que leur fils est ici.

Après avoir donné ses instructions à la secrétaire, le docteur Leriche retourne face à Tyrone. Dans son bureau, la psychiatre sort un dossier manuscrit dans une pochette avec un document papier où il y a écrit le prénom et le nom de Tyrone, en lui énonçant devant lui :

- Je sais que le papier n'est pas à la mode, mais je peux te dire que maintenant, on va commencer les choses sérieuses, Monsieur Hirst. Se met-il à regarder sérieusement ce dossier que lui met le docteur, sous le nez, titillé par son contenu.

II

Au loft de la famille Hirst, en ce même matin, buvant son café tranquillement sur le comptoir de sa cuisine américaine, le père de Tyrone est en train de regarder la télévision, comme chaque jour. Entendant, sa femme qui apparait en furie, vêtue de son pyjama, il se prépare aux questions qu'elle compte lui poser sur un ton furieux :

- MAIS OÙ EST TYRONE ? Hier en rentrant du boulot, j'ai été tellement fatiguée que je suis allée dormir sans voir si Tyrone était dans sa chambre.

- Ne t'inquiète pas ! Il m'a dit qu'il restait chez James et le connaissant, il a dû dormir là-bas. Mais il devrait revenir bientôt, il sait qu'il y a l'infirmier qui va passer. Répond très calmement Christopher.

- Comment ? S'étonne Miranda, devenant rouge de rage au sens propre et au sens figuré.

Non, mais ce n'est pas vrai ! Ton fils vient à peine de sortir de l'hôpital. Et toi, tu le laisses rester chez James.

- Mais c'est James, calme toi.

- Ça pouvait même être ta sœur, je serai dans le même état Christopher ! Tu oublies que ton fils, sans mon intervention, serait en tête affiche des journaux télévisés. Et tu sais très bien ce qui pourrait se passer ensuite.

- Oui, je le sais, Miranda ! Mais Tyrone, tu le connais, quand il veut faire quelque chose, il le fait. Et depuis qu'il est majeur, ce n'est pas mieux, mais c'est un bon gars. Se justifie Christopher, en se mettant presque à la même tonalité de sa femme, qui s'est rapproché de lui.

- Oui, mais ce n'est pas le problème. Il vit chez moi, donc il obéit à mes règles... Avec moi, il n'aurait jamais fait ça. Tu es trop coulant avec ton fils. Pointe-t-elle du doigt son mari, avec un regard furieux.

- Appelles James et tu sauras qu'il est chez lui.

- J'espère sincèrement pour toi ! J'espère Christopher pour toi !

Prenant son téléphone, elle appelle très rapidement James. Celui-ci, qui est en train de dormir, entend son téléphone sonné. A moitié éveillé, il répond, sans regarder qui l'a contacté :

- Allo, bonjour.

- Bonjour James, comment tu vas ?

- Je vais bien merci. Exprime James, en s'interrogeant.

Euh, c'est Miranda ?

- Oui, c'est moi. Répond brièvement Miranda, en enchainant d'une manière rapide.

Rassure-moi, mon fils est avec toi ?

- Tyrone ? Ben non... Il est parti hier après-midi, en me disant que Christopher l'attendait.

- Quoi ? Et donc tu ne l'as pas vu après ? Demande Miranda, d'un air surpris, en serrant le poing sans qu'elle s'en rende compte.

- Non, je ne l'ai pas vu. J'ai vraiment cru... J'aurai dû suspecter quelque chose quand il s'est mis à me crier dessus... Mais je ne sais pas où il est, je suis désolé Miranda si...

- Ne t'inquiète pas, je vais le retrouver. Cherche-t-elle à le rassurer, d'un ton sec.

Mais je vais venir te voir dans un instant, ne bouge pas de chez toi.

- Mais... Mais j'ai cours dans...

Miranda raccroche, avant que James ne finisse sa phrase. Voyant qu'elle a coupé la conversation, il lâche son téléphone, en soupirant avant de se frotter les yeux et le visage. Tandis que Miranda s'empresse vers son mari, en lui touchant le visage délicatement, elle lui exprime d'une voix douce, avec des propos menaçant :

- Mon fils a disparu à cause de toi ! Je te jure que si c'est ta faute...

- Quoi tu veux me tuer Miranda ? Il se met à avoir un mouvement de recul face à sa femme.

C'est aussi mon fils, je te rappelle. Tu crois vraiment que je veux sa mort. Puis ne me parle plus avec cette voix-là, s'il te plait.

- Non, je le sais bien, mais tu ne prends pas conscience de la menace et des conséquences. Rappelle-t-elle à Christopher, en lâchant son visage.

- Toi et moi, on sait très bien que je suis celui qui en a le plus conscience. Je l'ai accepté tout de même quand je me suis marié avec toi.

Regardant son mari, avec un regard sombre, elle secoue la tête péjorativement, en se tournant. Christopher, en ayant le même regard, se met à entendre la sonnerie du téléphone de Miranda. Là, elle reprend son téléphone, et, avant de répondre à l'appel, elle prévient son mari :

- Je réponds au téléphone et on reprend cette discussion.

Elle appuie sur la touche appel et place son téléphone contre sur son oreille :

Allo, bonjour !

Écoutant attentivement ce qu'on lui dit, elle commence à rougir une seconde fois, mais en proie à une folle colère. Sans montrer de signe d'énervement au cours de l'appel, elle répond à son interlocuteur brièvement puis raccroche.

Restant, un bon moment, silencieuse, avec les yeux qui présentent toute sa haine, et avant que Christopher se mette à lui parler, elle déclare d'une voix basse :

- Christopher ! Ils ont envoyé Tyrone en hôpital psychiatrique.

- Quoi ? Ouvre-t-il grandement les yeux, puis il décide de se lever, en continuant.

J'appelle mon boulot, on va le chercher là-bas.

- Non, tu vas à ton boulot, je m'en occupe. Ordonne-t-elle, de dos, à Christopher, avec une expression pensive, mais toujours avec un faciès aigri.

Tu ne serviras à rien. S'il est en hôpital psychiatrique, ils ont le droit de le garder 72 heures quoi qu'il arrive, mais je vais y remédier.

- Comment ? Attends, mais...

- Tu me connais, j'ai plein de ressources Christopher. Se retourne-t-elle, face à lui, et se rapproche de lui, en lui caressant sa joue, pour lui donner les consignes.

Je vais me laver et je vais chercher James. Toi, vas au boulot, je te tiens au courant.

- Hum... Râle Christopher.

Je ne suis pas d'accord, je viens avec toi.

- NON ! Répète-t-elle, en haussant la voix et en lâchant sa joue.

Je t'ai dit d'aller au boulot, alors tu y vas.

- Tu prends beaucoup trop la confiance ! Souligne-t-il, en la regardant d'un mauvais œil.

À cet instant, tous deux, entendent la sonnerie de la porte d'entrée. Christopher, vexé, se dirige vers la porte. Ouvrant la porte, il constate que c'est le prêtre Kanté sur le palier :

- Oh bonjour mon père, que faites-vous ici ?

- Bonjour Christopher et Miranda, répond le prêtre, en voyant Miranda qui se rapproche de la porte d'entrée et qui lui fait un signe de la tête quand il l'a salué.

Je suis venu vous avertir qu'hier, j'ai vu Tyrone dans la rue, il avait l'air de ne pas se sentir bien, il était vraiment bizarre même. Il marchait avec beaucoup de mal et semblait désorienté. Je suis venu voir comment il va ?

- Ben, mon père, Tyrone a été hospitalisé en hôpital psychiatrique. On vient de l'apprendre à l'instant. Lui expose d'un ton attristé Christopher, en laissant le prêtre sur le palier.

- Mince ! Vous savez pourquoi ?

- Non du tout. C'est vrai ça, tu sais pourquoi il est hospitalisé en asile ? Elle te l'a dit la personne qui t'a appelé. S'adresse Christopher à sa femme.

- Non, je ne sais pas, ils n'ont pas le droit de me le dire au téléphone de toute façon.

- Arh ! Vous pensez que c'est parce qu'il a retrouvé la mémoire ? Demande le prêtre, soucieux du sort de Tyrone.

- On en sait vraiment rien, mon père. Lui répond brièvement Christopher, en se montrant préoccupé par cette situation.

- D'accord. Je ne vais pas plus vous embêter, prenez soin de vous Christopher et Miranda. Tenez-moi juste au courant du rétablissement de Tyrone parce que je me sens vraiment coupable d'être la dernière personne que Tyrone a vu, avant son accident de bus. Maintenant, je suis peut-être la dernière personne qu'il a vue avant son hospitalisation en asile. J'aurais, sans doute, pu l'aider, par la grâce de Dieu. Se morfond le prêtre sur le palier du loft des Hirst.

- Vous n'avez pas à l'être mon père Kanté. Vous n'avez rien à vous reproché. Précise Christopher qui est enlacé par Miranda subitement face au prêtre.

- Merci Christopher ! Allez, à la prochaine.

- Au revoir mon père ! Déclare Miranda pendant que Christopher lui fait un signe de la main.

Fermant ensuite la porte, Miranda enlève son bras autour de la taille de son mari. Observant sa femme s'en aller vers la table du salon, celle-ci lui indique, en hochant négativement la tête :

Super ! Tyrone ne me rend pas la vie simple... Mais pas du tout.

- Je pense que ce sont les séquelles du traumatisme.

- Je savais qu'il n'avait pas à sortir de cet hôpital. Songe-t-elle en se dirigeant vers sa chambre.

Je vais régler ça de suite !

- Et moi, je vais au boulot. C'est ça ? Demande-t-il d'un ton astucieux, mais aussi piquant, pendant que Miranda marche dans le couloir, en direction de sa chambre.

- OUI, C'EST ÇA ! Répète-t-elle, en criant pour qu'il comprenne bien.

- Tu regretteras de ne pas vouloir ma compagnie pour notre fils. Réplique Christopher dans le salon à sa femme.

- Tu feras quoi Rambo ? Je te rappelle que tu n'es qu'un prof. Et même si tu étais Rambo, je n'ai pas besoin de lui aujourd'hui. Signale-t-elle à Christopher, en revenant dans le salon.

- Ouais Chef ! Ironise-t-il, en l'accompagnant dans leur chambre, pour prendre ses affaires.

Donc tu as besoin de qui ?

- D'un intello ! Déclare-t-elle, en se rendant dans sa salle de bain, avec sa tenue du jour.

Christopher regarde amèrement sa femme, partir devant lui, en remuant la tête péjorativement. Puis, après une réflexion légère, il décide de respecter les consignes de sa femme et s'en va à son travail.

III

A l'hôpital psychiatrique, l'entretien de Tyrone, avec la psychiatre Leriche, dans son bureau, se poursuit, en profondeur :

- Tyrone, je t'explique comment ton hospitalisation va se passer.

Tyrone l'écoute, en restant silencieux, les mains sur ses genoux.

D'abord, quoi qu'il arrive, tu resteras ici 72 heures. C'est la loi, surtout quand les patients tentent de mettre en péril leur vie.

- 72 heures ? 72 heures ? Lui demande-t-il, plusieurs fois étonné.

Je ne resterais pas trois jours ici. Je peux vous l'assurer.

- Laisse-moi finir ! Au cours de ses 72 heures, tu auras 2 examens somatiques avec un médecin et un psychiatre interne dans un premier temps. Dans un second temps ça sera avec un autre médecin et un psychiatre externe à l'hôpital. Ce premier examen, tu l'auras cette après-midi avec le médecin de cet hôpital et moi-même. Mais avant, toi et moi, on va faire un mini-entretien pour vérifier ton identité, que je comprenne un peu ta vie et ta personnalité.

De plus en plus à cran, Tyrone se contient, en sachant qu'il doit rester 72 heures dans cet asile et se tait face aux briefings. Mais soudainement, il songe au fait qu'il n'a pas encore vu une de ses réincarnations, pendant que la psychiatre lui parle :

Je sais que ça peut énerver. Je ne dis pas le contraire, mais c'est pour ton bien. On cherche à savoir quel est ton problème et la solution qu'on peut t'apporter.

- Ben... Dit-il toujours pensif, au fait qu'il n'ait vu aucun esprit et se reprend, en haussant la voix de plus en plus.

Moi, j'ai la solution... Laissez-moi sortir. Je ne suis pas fou. Faites-moi sortir !

- Je n'ai jamais prononcé le mot fou Tyrone pour te définir.

- Ouais ! Enonce-t-il, en fuyant le regard de la psychiatre et en se calmant.

Le docteur Leriche prend sa pochette avec le dossier de Tyrone, l'ouvre avec en première page, l'état civil de Tyrone et débute :

- Commençons Tyrone. D'après ton dossier médical et personnel...

- Attendez ! Coupe-t-il la parole du psychiatre, en posant fortement ses mains sur la table. Comment vous pouvez avoir mon dossier médical et personnel aussi vite sans mon accord ?

- Toi qui es en droit, tu devrais le savoir ! Le président Macron a fait voter une loi en mi-2021 disant que toutes personnes rentrant dans un service public, tel que les hôpitaux, les polices, les tribunaux ou les ministères, qui soit contraint ou non, subissent un contrôle rapide d'identité approfondi pour ne pas le suspecter dans un quelconque acte terroriste.

- Oui, je m'en souviens maintenant, c'était à cause du dernier attentat viral. Tous les pays de l'ONU ont décidé de signer cette loi pour lutter face au terrorisme. Mais normalement, c'est juste un papier avec notre nom, prénom, date de naissance, parcours professionnel et savoir si on a un casier judiciaire, ce que je n'ai pas.

- Je n'ai jamais dit le contraire Monsieur Hirst. Mais au moins, ça prouve que tu écoutes en cours. Maintenant, je peux reprendre ?

Tyrone hoche la tête, en enlevant ses mains sur le bureau, tandis que le docteur Leriche continue :

- Bon allons-y. Tu es Tyrone Cyril Hirst, tu as 20 ans, tu es né en septembre 2001, à Paris. Tu as commencé l'école à l'âge de 2 ans, et tu as sauté ton CE1.

- Vous avez tout ça sur moi ? Demande Tyrone, suspicieux.

- Ils sont complets ces dossiers. Continuons, tu es en Master Droit. Ton père est professeur d'économie et ta mère travaille pour le conseil régional de l'Ile de France. Ta grand-mère est morte. Ton grand-père, lui, est vivant, il vit en Guadeloupe, mais vous vous fréquentez peu à cause de votre père.

- Attendez, comment vos dossiers connaissent aussi bien ma vie ? Dans la loi, il n'y a pas écrit qu'il doit y avoir autant d'information sur les citoyens français.

- Et pourtant, si ! Tu me laisses finir ou tout ce que je dis est faux ?

- Continuez et finissons-en ! Croise-t-il les bras, avec un regard assombri, en sa direction.

- Ta mère est orpheline par contre. Ton père, lui, a une sœur avec deux enfants de 10 et 15 ans. Voilà ! A-t-elle fini de lire le papier puis elle la pose, en lui annonçant.

C'est tout pour ton dossier personnel. Passons au dossier médical.

De cette façon, elle se met à prendre le papier suivant, apercevant une notation dans son dossier, et elle se met à ouvrir ses yeux grandement :

Vous étiez dans l'accident du bus ? Celui qui a eu, il y a deux semaines ? C'est vous le seul survivant ?

- Oui, oui et oui, c'est moi ! Est lassé Tyrone de devoir écouter qu'il a survécu à cet accident.

Si vous l'avez lu, j'ai des hallucinations à cause de ça. Ces imbéciles de policier m'ont arrêté parce que mes hallucinations m'agacent et pour éviter qu'ils me rendent fou, je leur parle sinon ça empire. Donc je n'ai pas à rester ici parce que sinon je vais vraiment devenir fou.

- Hum... Met-elle sa main, sous son menton, avec un air songeur, en ne cessant pas de lire son dossier.

Vous êtes miraculeux toute même.

- Merci, mais c'est bon, je veux plus de votre « miraculeux ».

- Dis-moi ces effets secondaires, les hallucinations, depuis que tu es ici elles sont présentes ?

- Bizarrement, non ! Admet Tyrone, en se grattant le crâne.

Depuis que je suis réveillé, je n'en ai vu et entendu aucun.

- D'accord donc vos hallucinations, c'est que des personnes ? Pas autres choses ? Questionne-t-elle Tyrone, de manière attentive.

- Non, je vois que des personnes.

- Et elles vous parlent de quoi ?

- Je n'ai pas envie d'en parler ! Dans vos supers dossiers d'agent 007, vous devriez trouver ça non ? Affirme-t-il, face au psychiatre, son agacement.

- Je ne vais pas vous embêter plus, j'ai l'impression que vous en avez marre de moi et on n'a pas fini de se voir aujourd'hui.

- Ce n'est pas qu'une impression ! Précise Tyrone, de manière sarcastique.

- D'accord. Cesse-t-elle de l'épuiser, dès le matin.

Ecoutez, l'aide-soignant, dehors, va vous emmener aux réfectoires pour que vous preniez votre petit-déjeuner. On se voit après avec le médecin pour notre examen et parler de vos examens sanguins que vous avez faits lors de votre entrée hier. Tyrone, qui acquiesce à contrecœur, fait semblant d'être en accord avec elle.

Et si vos hallucinations apparaissent, s'il vous plait, prévenez les infirmiers ou les aides-soignants.

- Ouais, ouais ! Répond-il d'une voix exacerbée.

Le docteur appuie ensuite sur un bouton, qui, immédiatement, fait rentrer l'aide-soignant dans la pièce. Tyrone se dresse et part avec lui. Le docteur observe Tyrone, de haut en bas, en train de partir, puis quand il sort de la pièce, elle se dit à elle-même, les mains contre son visage :

- Ça ne va pas être simple !

Puis elle notifie son entretien sur sa tablette et change de patient pour son prochain entretien.

IV

A l'appartement de James et Jimmy, ce dernier, qui mange paisiblement son petit déjeuner devant la télévision, aperçoit son petit frère, débarqué, en finissant de s'habiller.

- Pourquoi tu te presses, comme ça ? Tu as cours qu'à 14 heures ? Non ? Est intrigué son frère, en le voyant se diriger dans la cuisine.

- Tu ne sais pas... Tyrone, après être parti de la maison hier, a disparu.

- Sérieux ? Lâche-t-il son pain au lait dans son bol.

Tu vas faire quoi du coup ? Tu veux de l'aide ?

- Miranda m'a dit qu'elle passe me voir donc... Dit-il, en étant tendu et en se grattant le bras.

- Calme-toi frérot ! Emet-il, d'un ton rassurant, en posant son bol sur la table basse.

T'inquiètes, Tyrone a survécu à pire. Je parie qu'il va bien et qu'il vous mène juste la vie dure.

- Ouais, mais là, on en sait rien. On ne peut que s'inquiéter surtout après son traumatisme.

Directement, ils entendent la sonnerie de l'interphone. James, étant celui qui n'est pas occupé, va appuyer sur le bouton '' ouverture '' sur l'interphone, en voyant que c'est Miranda. Ouvrant la porte, en attendant son arrivée, James finit complètement de se préparer. La mère de Tyrone qui rentre calmement dans leur appartement, sac à main entre son avant-bras et son bras, portant ses talons aiguilles, avançant un pas après l'autre très soigneusement, dit « Bonjour » à James et son grand frère. Jimmy, directement, lui alors demande :

- Comment vous allez ? James m'a averti que Tyrone avait disparu. Vous avez appelé la police ? J'espère.

- Pas besoin, il est en hôpital psychiatrique. Répond vivement Miranda, en posant son sac à main sur la table.

Et je t'en prie, arrête de me vouvoyer Jimmy.

- Quoi ? Est surpris James de ce que vient de lui annoncer Miranda.

- Oui, j'ai été aussi surprise que toi. J'ai toujours pensé que si mon fils finirait en prison ou en asile, c'est à cause de vous deux et de vos hacks sur le net. Enonce-t-elle, avec un regard accusateur, visant les deux jeunes hommes.

Jimmy tourne la tête, pour faire croire qu'il ne l'a pas écouté, tout en se grattant l'un de ses sourcils avec le pouce tandis que James, lui, baisse les yeux face à elle.

Bon, ce n'est pas l'important. James, lui porte-t-elle un regard des plus sérieux.

Tu vas venir avec moi, on va au tribunal. J'ai besoin de voir quelqu'un pour faire sortir Tyrone de cet hospice.

- Mais... J'ai cours, moi.

- A quelle heure ? S'intéresse Miranda.

- A 14 heures, mais je n'aurai pas le...

- C'est parfait ! Interrompt Miranda, en s'asseyant d'une manière très élégante sur le canapé, face aux deux jeunes hommes qui sont toujours debout.

Va mettre une chemise et une veste adéquate sur toi. On y va, je te laisse 5 minutes.

- Mais, mais... Bégaye James en regardant son frère avec des yeux signifiant « Aides moi ».

- Ah, mon gars, se détache Jimmy, en haussant les mains et prenant son bol pour l'amener dans la cuisine.

C'est ton pote et c'est sa mère devant toi. Je te conseille d'arrêter de me regarder avec tes yeux de chien battu et de t'habiller parce que connaissant Miranda si tu ne le fais pas, elle va t'habiller elle-même et t'emmener de force. De plus, on doit bien ça à Tyrone.

- Merci Jimmy de le rappeler ! Remercie Miranda, mettant ses mains sur ses cuisses.

- Laissez-moi deux minutes. Réclame James, en s'admettant vaincu.

Miranda accepte et James, qui se dirige donc dans sa chambre pour s'habiller, laisse Miranda et Jimmy dans le salon. Durant ce temps-là, Miranda farfouille dans son téléphone, pendant que Jimmy nettoie sa vaisselle sale dans la cuisine, où la porte est entrouverte.

- Sinon Jimmy, tu continues toujours à former James dans le piratage ? S'interroge Miranda.

- Arh, souffle Jimmy, de manière crispée, en revenant dans le séjour.

Tyrone ouvre beaucoup trop sa bouche.

- Il parle à sa mère. C'est normal entre une mère et un fils.

- Oui, je connaissais ça. Présente-t-il un visage songeur face à Miranda quand elle lui dit cela. Ne vous inquiétez pas, je lui apprends que les bases pour pas qu'on se fasse pirater.

- Excuse-moi, j'avais oublié. Je n'aurai pas dû dire ça comme ça. Attenue-t-elle la conversation pendant qu'il s'assoit sur une chaise face à elle.

Comment vous le vivez ? Même si j'imagine que c'est dur. Ça doit faire quoi ? 6 ans maintenant qu'ils sont morts vos parents, c'est ça ?

- Non, 7 ans, mais on fait aller. Après le plus dur, je pense que c'est pour James. Il était tellement plus proche des parents que moi. Explique-t-il d'une voix très tempérée. Miranda, qui hoche la tête sympathiquement, en lui portant une attention des plus familiales, le laisse poursuivre :

Mais je pense, pour ma part, en tout cas, que vous avoir vous et surtout Tyrone, dans sa vie, lui a fait beaucoup de bien.

- Sache que c'est réciproque pour ma part, j'adore James comme un fils. Précise Miranda, avec beaucoup de sincérité.

Mais deux choses si Tyrone finit en prison à cause de vos hacks, je viendrais vous tuer ton frère et toi, même si, tu travailles pour le gouvernement. Deuxièmement, arrêtes de me vouvoyer, je ne le répèterais pas.

Jimmy, alors, qui montre un semblant de peur dans son regard face au propos de Miranda, arrive à sourire légèrement, en voyant qu'elle sourit à sa menace. James, qui se tient dans le couloir, en ayant entendu l'ensemble de leur discussion, fait de même pour les mots que son frère et Miranda ont émis sur lui. Surgissant, l'air de rien, il annonce :

- Je suis prêt, on peut y aller.

- Parfait. Se lève-t-elle, en prenant son sac.

Jimmy, à une prochaine.

Jimmy se met debout et lui fait la bise. Dans la seconde qui suit, James et Miranda sortent de l'appartement et, devant l'ascenseur, il lui demande d'une voix sympathique, presqu'innocente :

- Sinon, est ce que je serai à l'heure pour mon cours ?

- T'inquiètes, je suis une femme de parole. Dit-elle, en restant au garde à vous.

- C'est bien ça le problème ! Répond-il à Miranda, qui lui fait son sourire narquoisement, face à l'ascenseur.

V

A l'hôpital psychiatrique, Tyrone, qui est dans la cafétéria, debout face à un buffet, se sert dans le self-service puis prend du lait, du pain et du beurre. Après avoir choisi son plat, il se tourne sur le réfectoire contemplant des hommes et des femmes calmes, tous assis et discutant ensemble, de manière très civilisée. Tyrone s'avance, avec le regard attentif sur l'environnement qu'il croit être hostile, et décide d'aller s'asseoir à côté d'une femme, avec un teint bronzé, brune, aux yeux marron claire et habillée en blanc, comme tous les patients dans le réfectoire.

Posant son plateau, il la salue d'un signe de tête et la demoiselle lui répond, de manière craintive, en faisant pareil. Tyrone, mangeant son petit-déjeuner calmement, scrute cette femme, en train de manger, mais aussi, les autres patients qui font paraître, à vue d'œil, être en bonne santé. Alors il demande à la femme :

- C'est dingue, vous paraissez tous normaux ?

- Et toi, tu parais perdu pourtant, je t'en pose pas de question ! S'adresse-t-elle à Tyrone, sur un ton assez agressif.

- Tu n'es pas obligé de m'agresser. C'était une simple question. Réplique Tyrone, en ayant mal pris sa réponse.

- Faut dire ici, on n'a pas le choix. Lui répond-elle, en ayant observé, pendant un moment, l'expression faciès de Tyrone.

Les hommes ne sont pas très commodes, surtout ici.

- Normal, on est dans un asile de fous. Exprime-t-il, en continuant d'observer les patients dans le réfectoire.

Ça m'étonne qu'il n'y est pas plus de fous, enfin, je ne voyais pas les asiles comme ça.

- On n'est pas dans un film jeune homme. En vrai, les patients en psychiatrie, aujourd'hui, sont là pour des dépressions, de stress extrême, ou des délires voire des confusions dû à des troubles vécues dans leur passé. Ce sont de simples patients, comme toi et moi, avec des problèmes de la vie courante qui essaye de survivre. On n'est pas dans Shutter Island.

- Une connaisseuse, on dirait. Sourit Tyrone naturellement.

Ce n'est pas faux, mais tu ne vas pas me dire que genre la femme qui est assise sur la table là-bas, elle est normale.

- Elle fait du yoga. Lui explique la femme, en lui montrant du regard.

C'est comme l'autre à deux tables d'elle qui est sur la table. Elle aime regarder la fenêtre assise sur la table, mais elle est plus calme que nous deux, je te rassure.

- Et celle sur la table, à côté de nous... Montre-t-il du doigt à la femme discrètement.

Tu l'oublies, en plus, elle ne fait que nous regarder comme le Shining.

- Euh... Je vois la référence... Mais je ne vois pas de qui tu parles ? S'interroge la femme, en regardant dans la direction du doigt de Tyrone.

- Ben, la femme à côté de nous sur la table ?

Regardant approfondissement cette femme qu'il voit, à côté d'eux, se révèle être Anne, l'infirmière du temps des nazis. D'un air surpris, en comprenant que c'est son hallucination de la journée, il jure :

Et merde !

- Quoi ? Demande la femme, en observant autour d'elle, cherchant à comprendre Tyrone.

Tu me fais peur... Mais vraiment peur.

- Désolé si je suis ici, c'est parce que j'ai des hallucinations et je viens d'en voir une. Se justifie Tyrone, en détournant le regard d'Anne.

Malgré son changement de point de vue, Tyrone continue d'apercevoir Anne, qui a changé de position, en se manifestant brutalement face à lui. Anne et Tyrone se mettent à jouer au jeu du regard, mais il est plus gêné par sa fixation effrayante. Derrière la femme avec qui Tyrone parle, mais sur une autre table avec un grand sourire forcé, Anne insiste son regard sur lui, qui le déstabilise, mais la femme le remarque et émet :

- Je confirme que tu es plus fou que nous, enfaite.

- Je ne suis pas fou. Répond-il à la femme, d'une voix non convaincante.

Si je l'étais, je te dirais que mes hallucinations sont vraies.

- Il est fou, il est fou, il est fou, il est fou. Répète Anne sur sa table, en sautant partout.

Tyrone, qui entend Anne pour la 1ère fois, avec beaucoup d'incompréhension, reste captiver par son attitude pas ordinaire. La femme, en face de Tyrone, voyant qu'il est ailleurs, poursuit :

- Ce n'est pas faux ce que tu dis, après, c'est qu'une question de point de vue sur la définition de la folie.

- Euh... Ouais... C'est vrai. Bégaye Tyrone, pas sûr de lui.

Anne, qui se lève, sautille comme une danseuse classique pour venir vers Tyrone. Ne comprenant pas ses agissements, Tyrone continue à avoir un regard maintenu sur Anne, qui tourne autour de lui. La femme, qui constate que Tyrone surveille les environs sans raison, lui demande sur un ton divertissant :

- Tu cherches ton hallucination ?

- Euh... Garantit Tyrone, en faisant un petit sourire.

C'est plutôt elle qui me cherche en me tournant autour. Une blonde qui danse quoi...

- Je vois. C'est pas du tout flippant comment tu en parles.

- Excuse-moi, ce n'est pas évident comme situation. Remet-il ses yeux face à cette femme.

- Je peux le comprendre. On est dans un hôpital psychiatrique après tout.

- Et toi, tu es là pour pourquoi ? Décide-t-il de changer de sujet, en laissant Anne, gesticulée bizarrement derrière lui.

- J'ai fait une dépression.

- Dû à quoi ? Sans être indiscret. Persiste-t-il gentiment.

- Je suis une militaire et j'ai perdu un frère d'arme devant mes yeux. Quelques temps après, j'étais très vulnérable, en voyant le collègue de mon mari mourir puis... Là, je suis tombée en dépression, en faisant une tentative de suicide.

- Toutes mes condoléances, mais tu parais bien ? Comparé aux autres ou moi. Questionne Tyrone, en se méprisant un minimum.

- Normal ça fait déjà cinq mois que je suis ici. Faut bien que je guérisse un moment. Exprime la femme, avec un léger sourire.

- 5 mois ?! C'est beaucoup... Lui répond-il, en prenant un sourire jaune, ne souhaitant pas cela pour lui.

Anne, qui décide de s'asseoir, à côté de Tyrone, tourne son index près de sa tête, en louchant pour signifier à Tyrone qu'il est fou. Tyrone, ne pouvant plus faire semblant, se met à respirer de plus en plus fort tout, en fuyant Anne de son champ de vision.

- Sinon comment tu t'appelles ? Entend-il la question que la femme lui a posée.

C'est bien beau de savoir ta folie, mais c'est mieux de savoir ton prénom. Enfin, je pense.

- Ah ben... Marmotte Tyrone à la femme, en essayant de reprendre une respiration normale.

Excuse-moi, c'est Tyrone et toi ?

- Enchanté alors, moi, c'est Savannah. Déclare-t-elle, en lui tendant la main.

- De même.

Lui serrant la main, Anne observe cela, de façon perturbée, en penchant faiblement la tête. Tyrone remarque qu'Anne les admire toujours. Mais quand Anne constate que Tyrone a son regard sur elle, elle change d'expression et fait un sourire forcé, en témoignant follement :

- Les fous font alliance. YOUPI !

Ne comprenant pas ce que cette hallucination est, il se dresse avec son plateau et décide de retourner dans sa chambre :

- Bon, je vais me reposer un peu, on se voit après Savannah.

- Bien sûr, Tyrone. A ce midi. Moi, j'ai rendez-vous bientôt de toute façon.

Tyrone acquiesce au propos de Savannah puis s'en va. Déposant son plateau dans un récipient, au même moment, Anne lui déclare, en souriant et sautant partout :

- On va discuter Tyrone ! Hein ? C'est pour ça que tu veux aller dans ta chambre. Tyrone n'y prête pas attention, malgré son insistance.

On va bien s'amuser, je le sens. Tire-t-elle la langue.

Sortant du réfectoire pour aller dans sa chambre, en ne rigolant pas aux propos d'Anne, il aborde un regard très déterminé, pour entamer une discussion avec Anne, son esprit.

VI

Retour en 1944, dans un petit appartement, Anne et son mari sont dans leur chambre. Sur son lit, Anne est en train de lire un livre pendant que son mari est dans la salle de bain.

- Klaas, si tu savais, la journée était vraiment horrible.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demande le mari d'Anne, finissant de se laver.

- On a eu un nouveau médecin, un débile profond, il ne savait même pas quoi faire après une hémorragie. Surtout, il n'était même pas reconnaissant.

- Tu sais comment ils sont quand ils viennent d'avoir le rôle de médecin. Ils sont prétentieux.

- Ouais malheureusement. Dépose-t-elle son livre pour se concentrer sur la discussion.

Mais toi, tu n'as jamais été comme ça.

- J'aime être l'exception qui confirme la règle. Exprime Klaas, son mari, en sortant de la salle de bain.

Anne sourit, en le voyant sortir de la salle de bain. Klaas, quant à lui, vient vers elle, qui lui émet sa vision du monde :

- En tout cas, mieux vaut que cette guerre se finisse. Tu sais, moi j'en ai marre sérieusement des Nazis. Devoir obéir à tout ça, c'est inhumain.

- Quelle guerre ? Demande-t-il, en fixant sa femme sur place.

- Ben... Tu perds la mémoire chérie avec le travail. On est en 44, en pleine guerre. Hey, Ho ! Secoue-t-elle ses mains pour lui faire prendre conscience de la réalité.

- Ah non, juste que j'étais dans mes pensées. Désolé Anne !

- Il n'y a pas de soucis mon chéri.

Klaas, debout, face à sa femme, allongée, la borde de façon maternelle, puis va se coucher à sa gauche, en se souhaitant bonne nuit mutuellement.

VII

A l'asile, Tyrone, qui vient de rentrer dans sa chambre, contrôle les murs de fond en comble. Remarquant une mini-caméra et un haut-parleur, il commence à transpirer à petite goutte et se dirige dans les toilettes. Dedans, il abaisse les abattants des toilettes et s'y assoit. Essayant de contrôler son souffle, Anne apparait devant lui et il lève ses yeux en sa direction :

- Salut Anne !

- Tu connais mon nom ! Wah ! Cool ! Dit-elle, en s'agitant.

- Comme toi, tu connais le mien. Réplique Tyrone, qui tente de se calmer.

- Ben oui, c'est logique, je suis dans ta tête, imbécile. Réfléchis un peu. Déclare-t-elle, de manière logique, à Tyrone.

- Ouais, j'ai eu des souvenirs de toi, dès que je t'ai vu. C'est top ce mécanisme de partage de souvenir. Mais bon, je suis dans un asile de fous avec, en plus, comme hallucination, une folle. Souligne Tyrone, l'air désespéré, à Anne et se demande à lui-même.

Qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu ?

- Moi, je sais ce que tu as fait, moi, je sais ! Enonce-t-elle toujours autant exciter.

Ce que tu as fait au bon dieu, c'est que tu as eu un accident mortel.

- Merci, je ne le savais pas, mais vraiment pas. Ironise Tyrone, après s'être passé la main sur le visage, en hochant la tête de gauche à droite.

- Sinon la Savannah, elle est trop belle. Avant les fous n'étaient pas aussi beaux. Détourne-t-elle le sujet de la conversation.

- Vous n'aviez pas le temps de contempler leur beauté avant. Les Nazis, comme toi, tuaient tous les malades et les déficients mentaux... Tu crois que je n'ai pas compris tes souvenirs ? Emet Tyrone, d'un ton renfrogné.

- Oui, c'est vrai, ils étaient horribles ces gens.

- Mais tu racontes quoi ? Tu en faisais partie.

- Moi jamais, je n'aime pas ces gens-là... Ils sont mauvais... Moi, je suis qu'une infirmière... Parle-t-elle, d'une voix lente, en marquant de nombreuses pauses.

- Hum ! Toise-t-il Anne.

Je ne vais pas chercher à débattre avec une folle.

- Normalement, entre fous, on se comprend. Met-elle son poing en avant face à Tyrone.

- Je ne suis pas fou, donc ne compte pas sur moi pour que je te check.

- Pourtant, tu es ici, avec moi, dans cet asile. Et c'est toi qui répétais que tu étais fou. Devient-elle triste au fait que Tyrone lui ai mis un vent.

- C'est une erreur. Tout ce que j'avais dit, c'était des erreurs. Se rassure Tyrone, d'une voix convaincante.

Maintenant, je vais reprendre tout ça en main et en finir.

- Comment ? Demande-t-elle avec le sourire, par terre, en position yoga, toujours face à lui.

Parce que tes crises de paniques sont toujours là, juste en me voyant, tu allais en faire une.

- Tu n'as pas à me poser la question, tu devrais le savoir vu que tu es infirmière.

- Oui, mais je suis aussi folle. N'oublie pas ! Lui fait-elle un grand sourire forcé, en agitant son doigt.

- Ouais, ça, on ne peut pas l'oublier.

- Et j'ai trouvé un surnom pour toi, je vais t'appeler Bounty.

- Euh non ! Se montre-t-il soudainement irritable, en entendant ce surnom.

Tu ne m'appelles pas comme ça. Oublie !

- Mais si tu es noir et blanc en même temps. Noir à l'extérieur avec des origines blanches.

- Tu ne m'appelles pas comme ça putain ! C'est raciste comme surnom. OUBLIE ! Commence à crier Tyrone.

- D'accord ! Baisse-t-elle les yeux, un instant, puis elle reprend la parole.

Donc, ça sera Bounty !

- Oh putain ! Proteste Tyrone, désespéré, en remettant ses mains sur son visage.

- Mais tu m'as mis un vent, tout à l'heure, pour mon check. Radote Anne, d'un seul coup.

- C'est bon, c'est trop pour moi, je me tire ! Prononce Tyrone exaspéré en se levant et en sortant des toilettes.

VIII

Au palais de justice de Paris, James et Miranda, qui y sont, marchent presque côte à côte. Ensemble, ils rentrent dans une salle, en attente d'un procès, et s'assoient. Regardant les murs enjolivés par des décors du style romanesque, James est subjugué par cela. Portant son attention, sur le peu de monde présent dans la salle, il demande à Miranda :

- Qu'est-ce qu'on fait ici, Miranda ?

- Tout ce que je te demande, c'est d'attendre et de taire James, s'il te plait. Tu sauras quand il faudra que tu parles, ne t'inquiète pas. Répond sèchement Miranda, en gardant un regard fixe sur la structure en forme de U où au milieu, se placera le juge.

- Ouais, pas sûr. Avoue James, en se tenant la tête avec sa main gauche.

Alors que le tribunal se remplit petit à petit, les gardes se mettent à fermer la grande porte de la salle du tribunal. Le juge rentre dans cette salle par la porte arrière et tout le monde, en le voyant, se redresse pour l'accueillir. Posé sur sa chaise, il énonce au public, aux avocats et à leurs clients :

- Bonjour à tous ! Vous pouvez vous asseoir.

Tout le monde s'assoit et il reprend, en s'asseyant à son tour.

Accusé, levez-vous ! L'accusé, qui est un homme, se lève avec son avocat, qui est un homme assez grand, portant une toge, avec une coupe de cheveux bien peignée et une barbe bien fournie.

Monsieur Mandez, vous êtes accusé de harcèlement moral et sexuel envers votre employé. Que plaidez-vous ?

- Non coupable !

L'accusé se rassoit au côté de son avocat. Quelques secondes après, une femme, à côté de l'avocat de la partie adverse, se retrouve sur le banc du juge et raconte son témoignage :

- Depuis que je travaille dans cette entreprise, Monsieur Mandez ne se gêne pas pour me toucher physiquement. Je lui ai souvent dit d'arrêter, mais il persistait. Il me harcèle au téléphone, avec des sms et des mails qui ont des contenus très malsains.

- Tenez, monsieur le juge. Affiche l'avocat de la femme, des captures de leur conversation sur l'écran du tribunal.

Ce sont les messages et les e-mails qu'a envoyés monsieur Mandez. Dans un de ses messages, Monsieur Mandez dit, je cite « Demain viens dans mon bureau, je te prendrais sous et sur le bureau que tu le veuilles ou non ». Je ne citerai pas la suite, c'est très gênant pour ma cliente, mais Madame Dupont, qu'en avez-vous pensé quand vous avez reçu ce message ?

- J'ai eu très peur, je n'ai pas compris les messages. Je travaillais avec lui simplement et, quand j'ai refusé plusieurs de ses avances, il m'a viré.

- Merci Madame Dupont !

L'avocat de l'accusé, se dresse, remet en place sa toge, en tirant dessus, et débute le contre-interrogatoire avec la victime :

- Donc vous, vous n'avez jamais accepté ses avances ou ni draguer mon client ?

- Jamais, on n'a toujours eu une relation professionnelle. Répond la victime, d'une voix consternée.

- Pourtant, vous vous suivez sur certains réseaux sociaux ? Non ?

- Aujourd'hui, c'est plutôt normal d'avoir ses collègues sur des réseaux sociaux. Donc oui, je l'avais avant de le supprimer et de le bloquer.

- Pas faux. Mais rares sont ceux qui prennent leur patron sur snapchat. En tout cas, moi mon patron, je l'ai pas sur snapchat.

- Oui, je l'avais sur snapchat, mais c'était dans un but professionnel également.

L'avocat de l'accusé, alors, va chercher son smartphone, sélectionne des photos et les affiche sur une tablette que possèdent le juge et l'avocat de la victime. Ces photos sont des photos dénudées de Madame Dupont. Celle-ci aperçoit ces photos sur la tablette face à elle. Se mettant ainsi à transpirer et à paniquer, elle tapote du pied au sol, sans s'en rendre compte.

- Alors madame Dupont, pourquoi vous avez envoyé ces photos à Monsieur Mandez si vous n'acceptez pas ses avances ? Surtout que vous écrivez dessus « Parle-moi comme une chienne ». Vous ne pouvez pas dire que ce n'est pas vous, néanmoins si vous le dites, je vous rappelle qu'il y a vos identifiants et votre visage sur les photos. En plus, vous adressez cette photo à mon client.

- Euh... Ne trouve-t-elle pas les mots, en restant silencieuse et troublée, de plus en plus.

- Vous voulez que je vous répète ? Demande l'avocat de Monsieur Mandez, voyant qu'elle ne répond toujours pas. Alors il dit au juge d'un ton triomphant.

Je pense que j'en ai fini avec la victime. Si mon client a viré Madame Dupont, c'est parce qu'elle a fait de nombreuses fautes professionnelles. C'est tout !

L'avocat retourne à sa place, avec une démarche qui a de l'allure, et formule, en souriant et faisant un clin d'œil, à l'avocat de la victime :

Vous voyez, c'est comme ça qu'on arrive à gêner une personne.

Toute la cour rigole à sa formulation, qu'il a repris à l'avocat de la victime, précédemment. Alors le juge ordonne, d'un ton rigide :

- Je vous demande le silence immédiatement ! Et Maitre Berlandes, on n'est pas dans un théâtre, je vous prie d'arrêter les blagues.

Le Maitre Berlandes, l'avocat de l'accusé, s'est remis à sa place, en se calmant, tandis que le procès reprend et que, la victime, elle, est repartit s'installer à sa place.

Quelques minutes après, le juge, qui était parti pour délibérer, revient et poursuit son verdict :

- Accusé, levez-vous ! Celui-ci se lève, avec son avocat.

Après délibération pour harcèlement sexuel et moral sur la personne de Madame Dupont. La Cour vous déclare... Il prend alors un temps de silence et émet d'un ton révélateur.

Non Coupable !

Monsieur Mandez est, alors, content de la sentence. Sautant de joie, il remercie son avocat en l'enlaçant. Tandis que James, qui n'a pas cessé d'être spectateur, avec Miranda, lui demande pendant qu'il y a énormément de bruit à cause de la sentence :

- Miranda, tu ne m'as pas emmené ici pour que je voie un procès ? Parce que si tu ne t'en souviens pas, j'en ai déjà vu plusieurs et j'en ai même vécu un faux. Et je pense qu'il y a beaucoup plus urgent que voir un procès aujourd'hui.

- C'est quoi que tu ne comprends pas dans « Tu parleras quand je te l'ordonnerais ». Reformule Miranda d'un ton autoritaire. Elle se met debout, immédiatement, puis lui ordonne.

Maintenant, suis-moi !

En silence, il suit Miranda, qui va en direction de l'avocat de l'accusé, Monsieur Berlandes. Celui-ci fête sa victoire en serrant des mains, puis quand il se retourne, il découvre Miranda. Médusé, il présente spontanément un grand sourire et se dirige vers elle pour lui parler :

- Miranda ! Ça doit faire un siècle que je ne t'ai pas vu.

- Ça ne fait que 24 ans Franck. Réplique sèchement Miranda, les bras croisés, avec son sac à main, tenu par l'avant de son coude.

- C'est beaucoup, presqu'un quart de siècle. Explicite-t-il, avec un sourire ébahi.

- Ouais, mais j'ai cru qu'un quart de siècle ferait de toi un meilleur homme. Pourtant, tu es toujours un égoïste et un salopard, surtout contre les femmes.

- On ne change pas une équipe qui gagne et je gagne mes procès, donc je suis assez content de moi.

- Oui, j'imagine bien Franck. Ça se voit que ça ne te dérange pas que cette femme vive terrorisée par son patron.

- Ce n'est littéralement pas mon problème tant qu'il me paye et si tu as suivi le procès, c'est elle qui mentait.

- Ouais, c'est pour ça que j'ai refusé à mon fils d'être un avocat... Mais bon, je n'aurais jamais cru que tu serais avocat. Précise Miranda, en tournant son regard vers James, qui ne comprend toujours pas pourquoi il est ici, mais ne dit rien par peur de contrarier Miranda.

- Attends, tu as un fils. Il a quel âge ? Puis il porte son regard sur James vu que Miranda lui a porté une petite attention précédemment.

Non... Ne me dis pas que c'est lui, ton fils.

- Tu n'as pas besoin de le savoir ! Souligne-t-elle toujours d'un ton rude.

Bon, je n'ai pas le temps de blablater sur le passé, j'ai besoin de toi Franck.

- Toi, tu as besoin de moi ? Comment ? Demande-t-il, avec un sourire narquois, en montrant une certaine curiosité dans ses gestes.

- J'ai besoin de toi en tant qu'avocat, imbécile.

- Hé ben, je facture à l'heure et je demande 1000 € en avance.

- Ahah ! Rit-elle, de façon moqueuse.

Tu peux oublier, je ne payerai pas un centime.

- Alors tu peux oublier mes services alors. Réplique-t-il, en prenant sa mallette, autour de toutes ces personnes présentes, dans la salle du tribunal.

- Et moi, je n'ai pas oublié tes dettes.

- Quelles dettes ? Se tourne-t-il, en se rapprochant, une nouvelle fois d'elle, à voix basse.

- Cette dette qui a payé tes fin d'étude et qui t'a permis d'être ici devant les juges. Enonce-t-elle, à haute voix, pour que tout le monde l'entende.

- Tu n'as pas de preuves ! Affirme-t-il d'une voix basse, avec un air renfrogné, en guettant autour de lui.

- Oh que si ! Regarde Franck. Se met-elle à chuchoter dans son oreille, en sortant son téléphone de son sac à main.

Tu croyais que je n'avais pas notifié que je t'ai passé 15000 € en liquide pour finir ta formation et que je n'avais pas gardé une preuve... Non chérie, je suis beaucoup plus maline que ça !

Lui montrant ce fichier par l'intermédiaire de son téléphone, celui-ci le lit. Son visage, d'un coup, se décompose, en montrant son bouleversement, alors il déclare sur un ton négatif :

- Tu n'as pas changé toi aussi, on dirait ! Toujours aussi vicelarde.

- On ne change pas une équipe qui gagne ! Reprend-elle sa phrase précédemment.

- Ok, sortons de la salle et parlons dans le couloir.

Arrivée dans le fond du couloir, Miranda, toujours en compagnie de James et Franck, sont placés dans un angle assez isolé. L'avocat reprend la discussion avec Miranda, en voyant que James est toujours derrière elle, restant très assidu :

Bon, tu veux mon aide à propos de quoi ?

- Mon fils a été hospitalisé, de force, par la police, en hôpital psychiatrique. Et je veux que tu me le fasses sortir pour hier.

- Ah ouais ? Déclare-t-il malicieusement, en appuyant son dos sur le mur.

Tu connais la loi un peu, Miranda. C'est presque impossible de faire sortir une personne d'asile. Ils sont obligatoirement enfermés 72 heures pour des examens et des vérifications.

- Tu aimes les défis, à mon souvenir. Non ?

- Ce n'est pas un défi ça, je connais les défis et ça, c'est une mission impossible voire suicidaire pour ma carrière. Personne ne gagne ces attaques judiciaires.

- Et ben tu seras le premier à le faire parce que tu as une dette à régler. Et c'est aujourd'hui que je veux que tu règles ta dette. Appuie Miranda, en le regardant froidement.

- Ecoutes Miranda, tu peux être toute aussi sexy et menaçante 23 ans plus tard, je t'assure que ce n'est pas possible. Assure-t-il, en la dévisageant de haut en bas.

- Si c'est possible ! Intervient James, en sortant de l'ombre de Miranda, somptueusement.

- Il ose enfin se montrer. Apprécie Franck, en contemplant plus attentivement James.

Mais tu es qui, toi ?

- C'est l'ami de mon fils et tu vas l'écouter. Dit Miranda à Franck, avant d'ordonner à James.

Vas-y, dis ce que tu as à dire, c'est ton moment. Lui fait-elle un clin d'œil.

- Euh... Alors... Développe James, en bégayant au départ.

Quand on hospitalise une personne, cette personne a le droit de contacter sa famille pour lui informer de sa situation dans les 12 heures après son hospitalisation. Juste pour cette condition non respectée, on pourrait le faire sortir.

- Hum, Hoche-t-il la tête puis se tourne vers Miranda.

Dis-moi, ton fils est mineur ou majeur ?

- Majeur, pourquoi ? Demande la mère de Tyrone.

- Parce que chérie, si ton fils est majeur, ils peuvent le retenir sans avertir personne. A cause de la réforme des lois, avec le terrorisme, on a perdu ce droit de contacter ses proches. Puis il s'adresse à James subtilement, de manière brute.

J'espère pour toi que tu ne fais pas du droit parce que, petit, je te prendrais pas dans mon équipe.

Restant silencieux face à cette attaque, James tourne son regard de Franck et celui-ci reprends :

Ecoute Miranda, c'est que 72 heures. Il pourra sortir via un avocat et je t'aiderai, mais là, je dois tracer ma route.

- Tracer, Tracer... Mais oui. Se parle à voix haute James.

- Quoi James ? Demande Miranda.

- Le Traçage ? On est bien d'accord Monsieur Berlandes, que pour tout patient en hospice, il faut tracer l'ensemble des démarches entreprises pour prouver l'hospitalisation de cette personne, avec les éventuelles difficultés.

- Oui exactement !

- Si le traçage est alors erroné. On pourrait le faire sortir. Il y a des gens qui sortent de prison juste pour une mauvaise traçabilité des propos enregistrés pendant un procès ou un interrogatoire. Argumente James, d'une voix pertinente.

- Ce n'est pas faux, c'est même une excellente idée. Mais si je fais ça, je dois lancer un recours. Et si je ne trouve rien pour ce recours, moi je perds tout.

- S'il le faut, jouez sur les mots. Propose James, en ayant le même ton qu'il a exprimé.

Les asiles se doivent de rechercher une personne susceptible d'agir dans l'intérêt du malade dans les 12 heures voir 24 heures qui viennent. Ils n'ont pas respecté cette loi. Jouez là-dessus, en votre faveur.

- Intéressant. Acquiesce-t-il, en tournant son regard vers Miranda.

Avant de commencer, tu es sûre de toi, Miranda ? Tu veux vraiment faire ça ?

- Totalement Franck !

- D'accord, je m'y colle tout de suite. Il se décolle du mur, remet en place sa toge, puis dit à James, d'une voix qui cherche à l'apprivoiser.

Toi petit, si tu veux faire un stage dans ma boite, tu es le bienvenu finalement.

- Non merci monsieur Berlandes, les avocats ce n'est pas pour moi.

- Tu rates. Précise-t-il puis il met sa main sur l'épaule de Miranda.

Sinon toi et moi, faut qu'on se fasse une bouffe en tête-à-tête.

- Jamais, repousse-t-elle sa main, sans hésitation.

Ramène-moi mon fils. C'est tout.

- Oui, mais après, je veux plus entendre parler de cette dette. D'accord ?

- Non ! Cette dette n'est pas remboursable. Se place-t-elle pour prendre la direction de la sortie du tribunal.

Je reviendrais, je sais où tu travailles. Je ramène le jeune homme en cours, a toute à l'heure.

Franck hoche la tête pour lui signifier un accord entre eux, tandis que James et Miranda, eux, se dirigent vers la sortie. Dehors, marchant avec Miranda vers la voiture, James la questionne :

- C'est pour ça que tu m'as ramené ?

- Oui, pour que tu trouves une solution, mais surtout pour qu'il se sente bête d'avoir perdu face à un étudiant.

James sourit, en mettant ses mains dans ses poches, et reprend son questionnement :

- Mais tu le connais d'où ? Parce qu'il te parlait bien avec des familiarités ce type. Je ne pense pas que Christopher aurait aimé ça.

- C'est sûr qu'il n'aurait pas aimé parce que c'est mon ancien colocataire et mon ex aussi. Mais de toute manière, de quoi je me mêle James ? Lui donne-t-elle une petite tape, derrière la tête, qui le fait sourire doucement.

Allez, on y va, je n'ai pas envie que tu m'accuses de te faire rater ta scolarité aussi. S'en vont-ils sur une bonne humeur, en direction du parking.

IX

A l'heure du repas de midi, de retour dans la cafétéria de l'asile, après s'être reposé le reste de la matinée dans sa chambre, son plateau dans les mains, Tyrone cherche une place pour manger. Après une petite recherche dans cette cafétéria bondée, il revoit Savannah, qui est, une nouvelle fois, seule au fond du réfectoire. Décidant de la rejoindre, il traverse la moitié du réfectoire, en se faisant guetter par un groupe d'homme qui le toise. Ne s'en occupant pas, il s'installe devant elle et lui demande sympathiquement :

- Comment ça va ?

- Je vais bien, j'ai passé mon examen. Répond Savannah à Tyrone, en prenant une bouchée de son repas.

Et toi ? Tu semblais bizarre avec tes hallucinations.

- Ouais ça va, c'est juste surprenant.

- Je comprends.

L'infirmière, qui fait le tour des tables, avec d'autres collègues qui font de même, passe à côté de la table de Tyrone et de Savannah, en leur disant :

- Voila vos médicaments Madame Tush et vos médicaments Monsieur Hirst.

Tyrone et Savannah prennent leur médicament devant l'infirmière, en la remerciant, avant de se remettre à manger tranquillement. Quelques minutes après qu'elle soit partie, ceux qui ont dévisagé Tyrone précédemment, se rapprochent de la table de Tyrone et Savannah. Le plus grand du groupe, gros, assez empâté, au visage boursouflé, qui s'impose comme le leader, se met à parler, en se plaçant à la gauche de Savannah :

- Savannah, tu viens plus me voir.

- Je ne viens jamais te voir Luc. Répond Savannah sèchement, tandis que Tyrone ne tourne pas la tête en leur direction, mais reste sur ses gardes face à ce groupe de 3 hommes.

- Pourtant, tu devrais.

- Je n'en ai aucune envie et je n'en aurai jamais envie. Précise-t-elle à Luc.

- Et moi, je te dis que tu vas en avoir envie. Hausse-t-il la voix en attrapant le bras de Savannah.

- Lâche-la ! Ordonne Tyrone, en se levant, les poings sur la table.

- Oui, oui ! Défonce-lui la gueule. Apparait Anne, en l'encourageant, l'air énervée.

- Tu es qui toi déjà pour me parler comme ça ? Demande Luc, en lâchant le bras de Savannah tandis que ces deux amis entourent Tyrone.

- Tu crois que tu me fais peur parce que vous êtes trois. Elle t'a dit qu'elle n'a pas envie de te voir, donc dégages ! Réitère Tyrone, d'un ton rude, en veillant sur les trois hommes dont Luc.

- Ok ! S'avance Luc devant Tyrone alors que ses deux amis se collent presqu'à lui. Savannah regarde attentivement ce qu'il va faire et Anne, qui s'est couchée sur la table, observe avec des yeux ébahis ce qu'il va se passer.

Tu vas souffrir.

- Que se passe-t-il ici ? Débarque par inadvertance un aide-soignant, en criant, faisant que tous s'écartent les uns des autres.

- Rien, on se parle juste. Répond Luc calmement. L'aide-soignant les fixe pendant un bon moment et quand il sent qu'il n'aura rien, il part à l'autre bout du réfectoire. Ainsi, Luc chuchote dans les oreilles de Tyrone, avant de s'en aller.

Toi et moi, on se reverra t'inquiètes.

L'aide-soignant, voyant, au loin, le groupe partir, poursuit son tour, en les surveillant toute même. Quant à Tyrone, il se remet à place en demande à Savannah :

- C'était qui ces bouffons ?

- Comme partout sur terre, il y a des forceurs. Je te présente ceux d'ici. Garantit Savannah.

- Ouais, et ça fait longtemps qu'il te cherche comme ça ?

- Oui, mais en général vu que je suis seule, il ne me taquine pas trop.

- C'est de ma faute, tu veux dire ? Se soucie Tyrone, en arrêtant de manger.

- Ben oui ! Intervient Anne, en se rassoyant sur la table.

Ils sont jaloux de toi. Je les comprends Bounty, tu es un mignon garçon aussi.

- Un peu, mais bon, t'inquiète. Répond Savannah à la question de Tyrone, tandis que celui-ci se force mentalement à ne pas prendre en compte les propos d'Anne.

- La prochaine fois, j'éviterai de parler à quelqu'un ici.

- C'est le meilleur des conseils que je peux te donner ici, mais le mal est fait. Dit-elle, en souriant à Tyrone.

- Regarde Bounty regarde ! Suggère Anne, placé à côté de Savannah.

Elle sourit. Tu es un vrai tombeur.

Tyrone fixe ses yeux sur Anne, qui l'irrite de plus en plus à force de l'appeler Bounty, pendant un bon moment.

- Tu regardes quoi ? Demande Savannah, en le voyant dans cet état.

- Laisse Savannah. Sinon tu travailles encore en tant que militaire ? C'est ça ?

- Bon moyen pour esquiver la question. Précise-t-elle, en refaisant son léger sourire.

Oui, je l'étais et je suis devenue femme au foyer. Et toi ? Tu fais des études ?

- Oui, je suis en master de Droit !

- Master, mais attends, tu es vachement jeune ?

- Oui, on me le dit souvent, mais j'ai sauté des classes. Répond-il, en perdant pas de vue Anne qui ne fait que marcher autour de lui, les yeux en direction du plafond.

- Bravo alors, si j'ai des problèmes avec la loi, je saurais qui appeler.

- Avec plaisir, je pourrais même te donner mon numéro, mais je ne veux pas devenir avocat, hein. Ma mère me tuerait.

- Un vrai dragueur, toi. Exprime Anne, d'une voix douce, en chuchotant à son oreille.

- Je disais ça pour rire, mais pourquoi pas, j'y penserai. Lui déclare Savannah.

Tandis qu'il recommence à respirer de plus en plus fort et qu'il se canalise pour ne pas crier sur Anne, Tyrone fait que se contenir, avec des yeux montrant sa rage contre elle. Alors qu'Anne s'est déplacée derrière Savannah, admire Tyrone, avec un grand sourire, ce qu'il l'insupporte encore plus et fait qu'il ignore Savannah.

Tu m'as entendu Tyrone ?

- Euh... Oui ! Revient-il à la réalité, d'un ton évasif, en fixant Anne derrière elle.

- Tu es sûr ? S'inquiète Savannah, en le voyant comme ça.

Là, tu fais vraiment fou.

- Tu sais, la folie a différentes définitions pour chaque personne. Et moi je ne me sens pas fou juste oppressé par mon imagination. Précise Tyrone à Savannah, de manière convaincante, en continuant à jouer, malgré lui, à ce jeu de regard avec Anne.

- Ce sont des excuses typiques de fou, ça. Tu sais ?

- Je ne répondrais pas à cette attaque. Lui réplique-t-il, en arrêtant de fixer rageusement Anne et lui faisant un petit sourire.

Un autre aide-soignant surgit à leurs côtés et demande gentiment :

- Monsieur Hirst, vous devez venir avec moi pour votre examen somatique. Je vous en prie, suivez-moi.

- D'accord. Se lève Tyrone, avec son plateau.

On se voit après Savannah.

Savannah accepte, en lui faisant le signe du pouce, pendant que Tyrone s'en va. Toujours suivi d'Anne, Tyrone, qui dépose son plateau en compagnie de l'Aide-Soignant, sort de la cafeteria, avec un regard perçant, pour se préparer à cet entretien qui déterminera son avenir, au sein de cet hôpital psychiatrique.

X

Devant l'université, avant 14 heures, Miranda arrive en voiture avec James. Se garant sur une place '' Dépose-Minute '', elle lui émet en regardant sa montre :

- Voilà, je t'ai déposé à l'heure comme je te l'avais dit. La prochaine fois, tu ne pourras plus douter de moi.

- Merci Miranda. La remercie-t-il, d'un air inquiet.

Maintenant on fait quoi à propos de Tyrone ? Je peux t'aider d'une autre façon, tu sais en piratant des instituts ou...

- Non, stoppe ! L'interrompt Miranda. $$p

Tyrone et moi-même ne t'impliquerons jamais dans ces histoires. Surtout si ce sont des choses illégales.

- Mais...

- T'en fais pas ! Pose-t-elle sa main, avec une certaine tendresse sur l'épaule de James.

Ton frère a déjà eu des problèmes avec la justice, il y a 6 ans, et tu as été impliqué, mais Tyrone vous a sauvé. Par respect pour l'instinct de mon fils, je ne ferais rien pour te ramener dans cette situation, alors ne fais absolument rien toi aussi. Compris ?

- Oui Miranda ! Renonce facilement James.

- Bien ! Bon, fonce en cours et prend des notes pour mon fils. N'oublie pas même s'il s'en fout.

Acquiesçant pour signifier son accord, il sort de la voiture, en prenant son sac sur la banquette arrière pendant que Miranda repart de suite quand il est descendu. Après avoir fait quelques pas, et avoir observé Miranda partir, James enfile correctement son sac à dos. Soudainement, il ressent une main qui touche son dos. Se retournant, il exprime d'un air grave surpris :

- Wah ! Toi ! Mais... Qu'est-ce que tu fais ici ?

XI

Arrivé devant le bureau du Docteur Leriche, qui est en compagnie d'un homme, ayant une attitude bienveillante, avec une blouse de médecin. Se faisant accueillir par eux-mêmes, Tyrone s'avance dedans, s'assoit sur la chaise devant la table du docteur Leriche puis celle-ci et son collègue commencent l'examen, en s'installant à son tour :

- D'abord, j'espère que tu as bien mangé Tyrone. Sache qu'on va reprendre l'entretien comme je t'avais dit ce matin, mais cette fois-ci avec le Docteur Fill qui te fera un examen somatique.

- Oui, j'ai bien mangé, merci ! En quoi ça consiste ? Demande Tyrone.

- Bonjour d'abord. Je me présente comme l'a dit ma collègue, je suis le docteur Fill. Enchanté de vous rencontrer Tyrone. Reprend-il, avant de répondre à sa question.

Sinon, c'est très simple, cet examen consiste à prendre votre pression artérielle, votre pouls, votre température, votre fréquence respiratoire et votre glycémie capillaire mais surtout voir s'il n'y a pas de problème de type somatique.

Tyrone hoche la tête, en signe de compréhension, puis Anne intervient, d'un ton déçu, à sa gauche, en étant assise par terre, les jambes allongées :

- A mon époque, les fous étaient traités par électrochoc. Maintenant, c'est moins drôle.

Tyrone évite les propos d'Anne, mais se sent de plus en plus oppressé intérieurement. Son visage se resserre lentement et il se remet à respirer fort.

- Tu vas bien, Tyrone ? Tu as l'air tendu ?

- On dirait une crise de panique. En plus, ce n'est pas votre première crise. Suppose le Docteur Fill après que la question qu'a posée le docteur Leriche.

- Euh, comment vous pouvez savoir ça ? Demande Tyrone, surpris qu'ils sachent qu'il a déjà eu une crise de panique.

- Le docteur Mando a appelé dès qu'elle a appris que vous étiez hospitalisé et l'a dit à ma collègue.

- Oui et on s'est transmis des informations. À partir de cela, je vais te poser des questions. Poursuit-elle la phrase de son collègue, le docteur Fill.

Durant ce moment où elle parle, Anne, qui est intenable, s'est mis debout et elle s'amuse à sautiller autour de la pièce, rendant Tyrone désaxé par ses agissements.

- Comment elle a su que j'étais hospitalisé ? Questionne-t-il le médecin Leriche.

- Grace à des alertes patientes.

- Hum... Et ces questions docteur, c'est sur quoi ? Cherche à savoir Tyrone, malgré ses réponses douteuses.

- Chercher la cause de tes symptômes, de tes crises de panique et de tes hallucinations qui permettront peut-être d'en conclure à des solutions. Emet le docteur Fill.

- Allons-y alors. Enonce sans conviction Tyrone.

Voyons voir si vous êtes aussi compétent que votre collègue, le Docteur Mando.

- On va bien s'amuser ! Crie de joie Anne, en applaudissant.

- D'accord, tu veux lui poser les questions ? Propose le docteur Leriche à Fill.

- Non, c'est toi le psychiatre. Tu t'y connais mieux.

- Bien. Tyrone, d'où est venue cette crise de panique au cours de ton hospitalisation ?

- Le docteur Mando a du vous le dire ? Non ? Répond-il à la question du Docteur Leriche, en posant une autre question.

- Si, mais je veux ta version des faits et l'entendre de vive voix.

- Comme je l'avais dit, c'est sans doute à cause des hallucinations que je voyais et le haussement de voix de l'agent de police, combinés ensemble.

- D'accord maintenant je veux ta réponse.

- Comment ça ? Je viens de vous la donner. Vous êtes sourd. Se met Tyrone, à hausser la voix, en apercevant Anne faire des grimaces derrière le docteur Leriche.

- Elle doit être folle comme nous. A force de côtoyer des fous, on le devient aussi. Précise Anne, mais Tyrone ne cherche pas à l'écouter, par peur de lui répondre face aux médecins.

- Non. Reformule le docteur Leriche pendant que le Docteur Fill enregistre l'entretien, avec son smartphone, conduit par sa collègue.

Je ne veux pas cette réponse stéréotypée. Je veux la réponse insolite que tu penses.

- Je n'en ai pas alors ! Répond Tyrone très vite.

- Tu en es sûr ? Intervient le docteur Fill, avec un regard insistant.

- Oui, je parle français pourtant. Je vous assure que je n'ai aucune des réponses que vous voulez.

- Moi, je suis sûr que tu caches quelque chose. Lui énonce la psychiatre.

- Moi, je suis sûr que vous commencez à m'énerver avec vos questions de merde.

- Pourquoi tu veux t'énerver ? Réplique le Docteur Leriche, d'un ton calme, face à la voix enragée de Tyrone.

- Je ne veux pas m'énerver, mais vous cherchez à ce que je le sois.

- Pourquoi je chercherai cela ? Insiste-t-elle, avec cette voix toujours aussi apaisante.

- Mais je n'en sais rien ! Arrêtez ! Moi ça me fait plus rire vos questions ! Se sent oppresser Tyrone, avec continuellement la présence d'Anne, maintenant derrière lui.

- Ok, j'arrête. Dit-elle, en s'acquittant du sujet et, après un court temps de silence, elle reprend.

Et sinon, d'après vous, pourquoi vous avez des hallucinations ?

- Aucune raison, selon les médecins, c'est...

- Non. Interrompt le Docteur Leriche, de manière brute.

Je veux ton ressenti, tes réponses. Pas les soi-disant hypothèses des docteurs sur ton état de santé.

- Dis-lui surtout que tu vois des réincarnations. Ça devrait rendre la fête plus intéressante. Intervient Anne à son oreille gauche, très doucement, en haussant les sourcils.

- Euh... Réfléchit Tyrone pour répondre, mais aussi pour ignorer les propos d'Anne et ne pas se mélanger dans ses réponses.

Je n'en sais toujours rien.

- Tu veux qu'on rejoue au même jeu qu'on faisait tout à l'heure ?

- Ecoutez Docteur Leriche ! Si vous voulez que je vous dise ce que vous voulez entendre, dites-le-moi et je vous le dirai parce que moi, ce jeu, il ne m'amuse pas. Explicite Tyrone, sincèrement aux médecins, en les regardants droits dans les yeux.

- D'accord, moi, je pense que ce sont tes hallucinations qui te créent tes crises de paniques. Admet le Docteur Leriche.

Tu ne paniques pas parce que tu en vois, mais plus parce que tu prends conscience qu'elles font partie de toi et qu'elles partiront jamais. Enfin, c'est ce que tu dois penser. C'est faux ?

Tyrone tourne sa tête légèrement sur la droite, en direction d'Anne qui a son regard contrarié envers les deux médecins.

- Ne me regarde pas comme ça Bounty. Je suis peut-être dans ta tête, mais je n'ai rien à voir avec ces propos. Personnellement moi, j'aurai bien mangé du saucisson. Déclare Anne puis elle se parle à elle.

Ça me manque la nourriture en vrai.

- Monsieur Hirst que regardez-vous ? Demande le docteur Fill.

- Vous avez raison. Se retourne Tyrone, le regard dans le vide, et avoue.

C'est normal que je pense comme ça. Regardez, je prends des antipsychotiques et ça n'a aucun effet. Je vois des hallucinations de personnes toutes les heures, toutes les minutes. Normal que je panique un moment.

- Merci de l'admettre. Remercie le docteur Leriche.

Et pour vos hallucinations ? Vous voulez l'admettre ?

- Je ne vous ai pas caché la vérité, ni menti. Je n'en sais rien sincèrement.

- D'accord. Passons à l'examen somatique. Je te laisse gérer. Soumet-elle au docteur Fill qui se lève et prend son matériel pour débuter son examen.

XII

En 1944, dans un parc, peu bondé, contenant un petit étang, avec de gigantesque arbre et des terrains dégagé, Anne et une autre femme de son âge sont assis sur un banc, habillé toute en noir, avec un regard concentré. Face à cet étang, elles se parlent tranquillement :

- Tu sais Mina, hier, il y avait vraiment un de ces cons à mon boulot.

- Ah oui ? Répond son amie à Anne.

- Laisse mais bon, ce n'est pas grave. Hier, mon mari et moi on a fait quand même un super diner. On a mangé une petite salade avec du saucisson. Ce n'était pas le meilleur repas, mais c'était sympathique.

- Ah oui ! Répète son amie Mina, mais sur un autre ton plus sympathique, qui est concentré sur l'étang.

- Ouais, mais ce matin quand je me suis réveillé, il n'était pas là, il a dû aller travailler comme tous les jours... Il ne voulait pas me réveiller... Quel homme je l'aime tellement. Émet-elle, avec plein de tendresse.

- Ah oui ! Continue-t-elle de répéter.

- Tu sais si ça ne t'intéresse pas, dis-le-moi ?

Mina, qui regarde devant elle, obsessionnellement, reste silencieuse à la question d'Anne. Tandis qu'elle continue, en lui disant :

Au moins tu es la meilleure des confidentes, on peut tout te raconter parce que tu t'en fous de notre vie et tu n'iras pas le dire à n'importe qui.

- Ah oui. Redit-elle plus doucement.

- Voilà, c'est bien ce que je dis. Sourit Anne, légèrement, face aux répétitions de son ami.

- Oh ! Oh ! Un poisson, tu l'as vu Anne ? ENFIN ! Pointe-t-elle du doigt le poisson dans le lac.

- Mais ce n'était pas un poisson Mina. Il n'y a pas de poisson ici. C'est ton imagination. Corrige Anne, en ne comprenant pas.

- Ah oui !

Anne sourit, en voyant son amie, et met son bras droit autour d'elle pour la câliner. Tous deux contemplent les environs avec gratitude.

XIII

Après avoir fini son examen somatique et avoir relevé les résultats, Tyrone et les deux médecins se remettent à leur place et le médecin Fill commence le récapitulatif :

- Voilà, Tyrone ! Bon, les résultats sont...

- Parfait, sans aucun problème, peut-être même meilleur que les vôtres ! L'interrompt Tyrone, avec une attitude qui montre que cette situation le lasse.

- Exactement, mais... Reste-t-il obséder par les résultats des examens de Tyrone.

En tout cas, ça confirme que votre état psychique n'a rien à voir à votre état physique.

- On me le répète souvent ça aussi en ce moment. Affirme Tyrone.

- Mais je pense savoir ton problème. Intervient le docteur Leriche à la suite du Docteur Fill.

- Avec une solution aussi ? J'espère. Se renseigne Tyrone, avachi sur sa chaise.

- Malheureusement non.

- Je vous écoute alors Docteur Leriche. Se montre-t-il attentif directement aux futurs propos qu'elle va lui exposer.

- Je pense que tu as la culpabilité du survivant. Expose-t-elle directement.

- C'est quoi ça ? Questionne Tyrone.

- C'est une réaction où une forte culpabilité va toucher les personnes ayant subi un événement au cours duquel il y a eu des morts et qu'elles sont les seuls à avoir survécu. Comme vous êtes le seul du bus à avoir survécu à cet accident mortel, je peux que penser cela.

- Moi, je ne ressens aucune culpabilité. Réplique Tyrone.

- Ce n'est pas que le ressenti, au sens propre mais, aussi, au sens figuré. Intérieurement, tu le ressens, c'est pour ça que tu vois des hallucinations. Et quand tu paniques, en les voyant et en les entendant, c'est parce qu'intérieurement ça te fait penser aux morts de cet accident.

- Wah ! Elle est forte. Ajoute Anne, en tenant son menton.

Si je n'étais pas folle, je l'aurais cru.

Tyrone sourit au propos d'Anne bêtement, mais le docteur Leriche, qui l'a vu, demande :

- Qu'est-ce que j'ai dit qui te fait sourire Tyrone ?

- Rien Docteur !

- C'est ton hallucination hein ? Insiste le Docteur Leriche, pendant que son collègue, lui, ne cesse d'observer les réactions et les mimiques de Tyrone.

- Ouais, on va dire ça, mais bon, je ne crois pas à votre diagnostic. Désolé !

- En tout cas, c'est ce que mes notes révèlent. Par contre, je n'ai jamais vu des conséquences comme les tiennes, mais je peux que faire des hypothèses sur un traitement. Précise le psychiatre.

- Ok docteur Leriche, mais je veux bien votre solution pour tester au point où j'en suis.

- Je t'explique. C'est simple, c'est des rendez-vous avec un thérapeute, avec comme objectif un retour à la réalité et à l'espace-temps.

- Je n'ai pas l'impression que ça va m'aider. Je ne suis pas désorienté. Etablit Tyrone, en croisant les bras.

- Je suis du même avis. Emet Anne, en imitant Tyrone.

Tyrone, qui arrive à se détendre, par miracle, de plus en plus avec la présence d'Anne, continue à sourire à ces propos sans que les médecins l'aperçoivent, cette fois-ci. Puis le docteur Leriche finit sa proposition à Tyrone :

- C'est en tout cas la seule solution pour ton cas, à présent. Je pense aussi que ce sont tes hallucinations qui sont la cause de tes amnésies.

- Comment ça ? S'intéresse-t-il, tout à coup, au propos du psychiatre.

- Je m'explique, le cerveau humain est quelque chose de merveilleux. Il peut décider d'oublier de lui-même des souvenirs pour ne pas souffrir et, en soit, juste pour se protéger. Ainsi, le cerveau pour oublier a plusieurs champs d'action qui peuvent être... Enumère-t-elle avec les doigts de sa main comme-ci elle comptait.

Le déni ; Se créer un monde ; Ou encore voir des hallucinations. Mais les hallucinations ne sont pas fréquentes, c'est rare même. Pour moi, durant l'accident, tu as vu des choses tellement horribles, en un instant, que ton cerveau a décidé de bloquer tes souvenirs.

- Qu'est ce qui lui dit que c'est à cause de l'accident ? C'est peut-être un autre évènement avant ? Suggère Anne, faisant que Tyrone tourne son regard vers elle pour savoir pourquoi elle dit cela. Mais Anne lui répond, en mettant son doigt devant sa bouche, alors Tyrone ne cherche pas à aller plus loin et reste réticent à cette thérapie, malgré des explications des plus cohérentes.

- Bon si tu n'as rien à dire, on va te renvoyer dans ta chambre alors. Met-elle à disposition Tyrone.

Mais avant, on va stopper tes médicaments et voir l'effet que ça induit. Dans 2 jours, on revoit ceci et on fait un dernier examen pour savoir si tu peux sortir.

- Mouais ! Soupire Tyrone, en se désintéressant de ce qu'on vient de lui dire.

Donc je peux retourner dans ma chambre, là tout de suite ?

- Bien sûr. Merci d'avoir participé à l'entretien. Remercient les deux médecins.

- Oui, oui. Dit-il, en se levant et repartant avec l'aide-soignant qui l'a emmené.

Laissant les deux docteurs faire un récapitulatif de cet entretien, Tyrone, de retour dans sa chambre, s'allonge sur son lit.

Réfléchissant sur les propos que lui a dits le Docteur Leriche, mais aussi sur les sous-entendus d'Anne pendant son examen, celle-ci, qui s'amuse en se baladant dans la pièce, autour de Tyrone, lui dit :

- C'est petit comme chambre en fait. C'est normal qu'on devienne fou ici.

Tyrone ne répond pas, ne voulant pas se faire filmer en train de parler seul et continue à regarder le plafond, avec un regard passif.

Mais Bounty, j'ai pensé à quelque chose.

Tyrone fait directement un bon et se met assis pour pouvoir écouter Anne, mais avec un air énervé, du fait qu'Anne continue à l'appeler Bounty.

Mince, j'ai oublié.

Tyrone, exaspéré, passe sa main au visage jusqu'à ses locks. Relevant la tête, il lui montre, avec son index, les toilettes, en lui faisant signe qu'ils vont là-bas. Aboulant alors dans les toilettes, Tyrone y voit Anne sur la chaise des toilettes et lui indique :

- Bon, j'en ai marre de ce petit jeu !

- Quel jeu ? Quel jeu ? Dit-elle, en agitant la tête de tous les côtés.

Moi aussi, je veux jouer.

- Ah ouais... Tyrone se gratte la tête, en soufflant.

Anne, c'est quoi ton objectif avec moi, s'il te plait ? Imala et Quelot avaient un objectif. Imala servait à amorcer tout ce merdier, Quelot était là pour me faire comprendre ce merdier. Et toi ?

- Soigner le merdier vu que je suis infirmière.

- Tu es peut-être infirmière dans mon souvenir, mais aujourd'hui, tu es une folle.

- Toi, tu étais étudiant en droit, mais aujourd'hui tu es fou. Riposte Anne, toujours avec un regard fuyant.

- Je ne répondrais pas à cette attaque.

- Et moi, je ne répondrais pas à tes suppositions sur Imala et Quelot.

- Ouais. Se remet-il à réfléchir, un petit moment, en collant son dos sur la porte des toilettes alors qu'Anne reste assise sur les toilettes.

Depuis le début, vous jouez avec moi. C'est vrai que c'est simple mes suppositions. Imala s'est amusée à me montrer ses souvenirs en dissimulant son identité, mais dans quel but ?

- Sans doute pour pouvoir amorcer tout ce merdier.

- Tu es très drôle Anne ! Lui dit-il ironiquement.

Mais bon, Imala est intelligente, elle avait un plan. Je me retrouve en asile et comme par hasard, en face de moi, j'ai une folle. Ce n'est pas une coïncidence. Peut-être qu'en fait toi, tu joues un jeu.

- Peut-être que c'est ton cerveau qui joue un jeu.

- C'est débile ce que tu dis.

- Comme ta vie Bounty.

- Arrête de m'appeler Bounty ! Ordonne Tyrone et poursuit son interrogatoire, en la fixant.

Mais faut bien dire que ta vie à toi, Anne, est différente. Tu avais une vie simple, même en tant que Nazi, et maintenant, tu es folle. Comment on fait pour passer de ça à ça ?

- En allant en maison psychiatrique.

- Comment ça ? Fronce-t-il les sourcils sur elle

Anne qui sourit, en voyant le regard de Tyrone, tandis que celui-ci repense aux souvenirs d'Anne et à ce qu'a dit la psychiatre à propos des hallucinations. Se remémorant tout cela, il se met à réfléchir à haute voix.

Tu étais en maison psychiatrique dans ton ancienne vie, c'est ça ? Anne ne dit pas un mot, mais lui répond toujours, en souriant.

Ouais, c'est ça, je commence à comprendre. Toute la vie dont tu te souviens n'est qu'une mascarade, tu devais être en maison psychiatrique. L'hôpital où tu croyais travailler devait être le bureau de ta psychiatre, c'est pour ça qu'elle te posait de nombreuses questions. Ton homme aussi, était sans doute un aide-soignant, c'est pour ça qu'il t'a bordé. Mais pas que, on n'était pas en 1944, mais bien plus tard. C'est pour ça que l'aide-soignant n'a pas compris quand tu as dit que vous étiez en période de guerre. Egalement, ton ami dans le parc, c'était peut-être un ami à toi à l'asile. C'est pour cela qu'elle a un comportement anormal.

- GOAL ! Se met à crier de joie Anne, en sautant de la cuvette des toilettes.

Je savais, je savais ! Tu es un vrai petit malin, Bounty. Imala et Quelot doutaient de toi, mais là, ils doivent se retourner dans leurs tombes. Puis elle se met à parler à elle-même.

C'est drôle, se retourner dans leurs tombes alors qu'ils vivent encore après leur mort.

- Ouais ! Ignore-t-il les dernières paroles d'Anne.

Mais pourquoi s'inventer tout ça ? Et si les propos de la psychiatre sont vrais, tu as créé un monde imaginaire parce que tu as subi un traumatisme. Néanmoins lequel ?

- Tu le sauras quand tu le sauras Bounty.

- Hum ! Et pour les autres esprits alors ? C'est faux leurs souvenirs ?

- Non, ils sont réels, mais tu es très proche de la vérité, disons. Détermine Anne à Tyrone.

Imala est maline, elle a un plan. Elle fait tout pour que tu réussisses ton initiation.

- Faut dire que vous n'êtes pas les meilleurs instructeurs.

- Tu apprendras avec le temps Bounty.

- Arrête de m'appeler Bounty OH ! Crie-t-il sur elle puis il se calme, en reprenant.

Donc toi, tu m'as appris quoi ? Que je ne suis pas réellement fou.

- Au contraire, je devais te faire comprendre que cette vie de folie n'a... s'interrompt-elle subitement.

- N'a quoi ? Cherche-t-il à comprendre, en la voyant s'interrompre.

- Mince, j'ai encore oublié. C'est dommage, en plus, c'était intéressant.

Tyrone, par surprise, se met à rigoler doucement de la folie d'Anne.

En tout cas, je vais te dire une capacité que tu aurais pu savoir tout seul.

- Je t'écoute.

- Attention Spoiler. Si tu parles dans ta tête, on t'entendra aussi. Ça t'évite de passer pour un fou dans la rue ou devant des gens. Explicite Anne, avant de repartir dans son délire.

C'est drôle, une folle qui te conseille sur comment ne pas être fou. Ça, c'est une vie de folie.

- Ouais, ouais. Merci. Mais ne croyez pas, Quelot, Imala et toi, que j'ai foi en vous, c'est même l'inverse.

Anne sourit sincèrement, se lève, met ses mains sur son visage et les glisse, en disparaissant finement. Là, la porte de ses toilettes s'ouvre et c'est l'aide-soignant est présent.

- Ça fait quelques minutes que tu es ici Tyrone ? Qu'est-ce que tu y fais ?

- Je me demandais, telle un bon fou, si les hommes et les femmes pissent différemment et ben...

- Et ben quoi ? Demande l'aide-soignant, en ne saisissant pas l'attitude de Tyrone, face à la cuvette des toilettes.

- Mince, j'ai oublié. Ça doit être l'asile qui rend barge. Vous devriez le dire à l'infirmière.

Il sort des toilettes, en cognant l'épaule de l'aide-soignant, qui reste confus. Poursuivant son chemin jusqu'à l'extérieur de sa chambre, il sourit, dans le couloir. En direction du salon de l'hôpital, il se dirige vers la cafétéria, en apercevant Savannah, avec une valise dans ses mains.

- On te change de chambre ou quoi ? Demande Tyrone à Savannah.

- Non, au contraire, je m'en vais. Lui répond-elle, d'un ton joyeux.

- Sérieux ?

- Ouais, faut bien reprendre sa vie. Je me sens bien donc je pars.

- Bonne chance alors. Lui souhaite Tyrone, sincèrement.

- Merci Tyrone, toi aussi. Sort d'ici vite fait et reprends ta vie également.

- Attends, tu as un stylo et une feuille ? Se renseigne Tyrone.

- Ouais sans doute dans mon sac. Mais pourquoi ? Ne saisit pas Savannah.

- Passes, tu verras. Savannah lui donne cela alors, en regardant ce qu'il va faire. Tyrone écrit, en quelques secondes, et lui transmet le papier.

Tiens mon numéro.

- Tu sais que je ne veux pas de relation avec toi, tu es trop jeune pour moi. Ajoute Savannah, d'un ton plaisant.

- Oui, je sais, c'est plus pour ta gentillesse que je fais ça. Elle était courte, mais elle était sincère... Alors merci.

- Je t'en prie. Adresse-t-elle un sourire des plus éclatants à Tyrone.

Savannah s'en va, sans se retourner. La contemplant attentivement, avec un grand sourire, mais quand elle disparait de sa vision, soudainement, Tyrone se fait attraper par Luc et ses deux amis qui l'emmènent dans un coin isolé. Attrapé par le cou, contre un mur, il essaye de se débattre, en lui donnant des coups de pied, mais n'arrivant à rien, il déclare d'un ton irrité :

- Lâche-moi espèce de connard !

- Regardez-le ! Exprime Luc à ses amis, en continuant à le soulever par le cou.

Il se défend alors qu'il est pris au piège.

Et là, Luc le frappe au ventre. Se retrouvant à terre, les mains autour du ventre, Tyrone gémit de douleur. Luc s'abaisse, pendant que ses deux amis restent derrière pour assurer sa sécurité, et se met au niveau de Tyrone, pour lui demander :

- Alors tu avais dit quoi tout à l'heure ? Répète, je n'avais pas entendu.

- Je peux modifier ce que je t'avais dit ? Demande Tyrone, avec beaucoup de mal et serrant les dents.

- Fais-toi plaisir.

- Toi et tes potes, allez-vous bien vous faire foutre avec vos gueules de rats ! Voilà !

Luc, en étendant cela, s'énerve et déclare :

- Tu l'auras cherché alors.

Luc et ses deux amis se mettent à tabasser presqu'à mort Tyrone, en lui donnant des coups de pied et des coups de poing en rafale au visage et au ventre. Après cela, Tyrone, à terre, le visage gonflé, baignant dans son propre sang, n'a plus de force pour gémir de douleur. Respirant difficilement, presque par intermittence, Luc et ses amis partent en le laissant dans cet état-là.

- Il l'aura bien mérité ce petit con. Déclare Luc à ses amis.

Les yeux, en direction du plafond, suffoquant, Tyrone commence à s'évanouir, en voyant Anne qui est revenue. Celle-ci s'abaisse vers Tyrone, met sa main contre son torse pendant qu'il ferme les yeux petit à petit :

- Je suis avec toi Bounty, on ne te lâche pas !


Os situé à l'extrémité de l'omoplate s'articulant avec la clavicule.

Toiser : Regarder avec dédain, avec mépris. 

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