Chapitre 3 : Une Vie Autoritaire

CHAPITRE 3

Une Vie Autoritaire

Début du XVIIIe siècle, à la frontière du Rwanda et de la République démocratique du Congo, dans une forêt qui est composée d'une mosaïque de savanes arborées, de plantes hautes, sèche et de prairies à l'extrême. Sous le bruit du vent calme, qui ondule contre les feuilles des arbres, un homme noir, de taille moyenne et assez costaud, avec un visage bouffi, se cache dans de gros buissons. En train de surveiller un phacochère, il se dit à lui-même :

- Rapproche-toi ! Allez, encore quelques pas.

- Si tu continues de parler aussi fort Bakhao, la bête t'entendra. Entend-il derrière son dos.

Derrière lui, surgit Quelot, le deuxième esprit vivant à l'intérieur de Tyrone. Mais cette fois-ci, il est plus jeune, n'ayant pas de cicatrice sur son corps et son visage.

- Tu es enfin là. Tu étais où depuis tout ce temps ? Demande Bakhao, l'homme noir, au visage bouffi.

- Je cherchais du gibier comparé à toi qui attendait qu'un qui passe. Exprime Quelot, d'un ton moqueur.

- Comparé à toi, j'ai un gibier devant moi.

Caché avec son ami, Quelot sourit et, ensemble, ils observent le phacochère foncé dans le piège. Le phacochère avance de cinq pas et tombe dans le trou. Quelot et Bakhao courent vers le piège puis, devant, ils vérifient que le phacochère soit bien saisi dans le trou. Sortant son couteau, avec l'aide de Quelot, ils attrapent le phacochère et Bakhao le tue, en lui tranchant la gorge.

Quelques minutes après, au loin, à quelques mètres de l'entrée d'un petit village, Quelot et Bakhao transportent le phacochère, de 80 kilos, de toutes leurs forces. En le trainant par ses pattes, Bakhao parle avec Quelot :

- Tu as entendu qu'on continue à prendre des noirs pour en faire leurs esclaves.

- Ouais, j'ai entendu. Déclare Quelot à Bakhao.

Pour moi, c'est des histoires pour faire peur aux enfants et qu'ils ne quittent pas le village.

- Tu es sérieux ?

- Bien sûr, je ne crois que ce que je vois. Je te l'ai déjà dit Bakhao.

- Oui, mais quand même, imagine ça nous arrive.

- Si ça arrive, je ne sais pas ce qu'il se passera, je ne suis pas un sorcier moi. Souligne Quelot, en passant l'entrée du village avec Bakhao, qu'ils trainent continuellement le phacochère.

- Ouais, mais bon, si ça arrive, je ne pourrai pas accepter cette vie d'esclave pour ma part.

- Personne ne voudrait cette vie, mon ami.

- En tout cas, je me battrai pour ma liberté. Dit fermement Bakhao, épuisé, en lâchant la patte.

- Bon, on arrête de parler de ça. Réplique Quelot, en lâchant, lui aussi, la patte du phacochère.

Dis-moi, tu veux venir manger avec nous ce soir ?

- Avec plaisir.

- Alors, reprenons et ramenons cette bête pour la manger. Ordonne Quelot, gentiment, en reprenant le transport du phacochère avec Bakhao, qui suit à son tour.

La nuit tombée, dans ce village éclairé par des flambeaux enflammés, plus précisément à côté d'un habitat, Quelot, Bakhao et une femme mangent face à une table. Dehors, à côté d'un feu de bois qui grille le phacochère, cette femme noire à l'allure sympathique, tend le bras pour attraper un bol en bois, mais elle n'y arrive pas donc elle demande à Quelot :

- Mon amour, passe-moi les pommes de terre.

Quelot passe les pommes de terre à cette femme, avec qui il est en couple. Après avoir bien rigolé tous ensemble et avoir mangé un bon repas, dans une ambiance conviviale, Bakhao remercie la femme de Quelot :

- Merci, Yama, ton repas était vraiment excellent.

- Je t'en prie. Répond-elle, en finissant son plat.

Mais votre phacochère là, c'était le meilleur que j'ai gouté.

- Merci à qui ? Demande ironiquement Bakhao, en embêtant du regard Quelot.

- Ici, chez nous, on n'aime pas les gens qui se vantent. Précise Quelot à son ami.

Tous sourient à la remarque de Quelot quand soudainement, ils ressentent une sensation étrange, en découvrant des maisons brulées au loin, et entendent des explosions. Ne comprenant pas ce qui se passe, ils se lèvent tous les trois et contemplent les environs de manière interrogative. Face à eux, surgit un homme, qui court comme-ci sa vie en dépend.

- COUREZ ! COUREZ ! COUREZ ! ILS SONT LÀ ! Crie-t-il de toutes ses forces

- Mais qui est là ? Lui demande Quelot, inquiet, en haussant la voix.

- LES HOMMES BLANCS ! Hurle-t-il, en continuant à courir et disparaissant de leurs vues.

En entendant cela et voyant tous les autres habitants courir, ils se mettent, tous les trois, à courir aussi et suivent le mouvement. Pendant leur course, des boulets de canon jaillissent du ciel et détruisent des maisons. Tandis que des hommes surgissent avec des Mousquets et des Arquebuses, tirant en l'air pour faire fuir les gens de leur maison. Bakhao, Quelot et Yama, continuant à se déplacer à toute vitesse, se retrouvent alors encerclés par six hommes armés. Se mettant à lever les mains contre eux, un des hommes armés crie :

- À TERRE ! Si vous bougez, on vous tue.

À ce moment-là, tous écoutent et s'exécutent sauf Bakhao qui se résigne et tente de s'enfuir, en fonçant sur un des hommes armés puis en jurant :

- JAMAIS, JE NE SERAIS UN ESCLAVE !

Dans le feu de l'action, voyant Bakhao crier cela et se rapprocher d'eux, un des hommes armés lui tire dessus au niveau de l'abdomen. Quelot, ouvrant grandement les yeux, assiste à cela, sans pouvoir rien faire. Choqué, un instant, il se jette vers le corps de son ami et la seconde d'après, il crie :

- NON ! BAKHAO !

À genoux, Quelot lui tient la tête par-derrière. Regardant, avec tristesse, son ami qui saigne abondamment au niveau de l'abdomen, il écoute ces derniers mots :

- Mon ami... N'accepte pas... Cette vie... N'accepte pas c...

Mourant lentement sur ses dernières paroles, Quelot se remet à hurler de toutes ses forces contre ces hommes armés. Tandis que sa femme reste figée et submergée de tristesse, en voyant son homme, accablé devant la mort de son ami, autour de ces hommes qui pointent leurs armes sur eux. D'un coup, avec une expression du visage présentant sa haine, Quelot se lève, voulant attaquer à main nue l'homme qui a tué son ami. Mais celui-ci vise la femme de Quelot et le prévient :

- Ne fait pas ça. Tu ne veux pas risquer la vie de cette femme négro.

Perplexe, il se tourne et observe sa femme se faire menacer, avec un air soucieux, mais aussi de la colère. De suite, il se met à genoux pour qu'on ne menace pas la vie de Yama. Un des hommes souligne, en se rapprochant de lui :

- C'est bien négro !

À genou, Quelot reçoit, par-derrière, un coup d'Arquebuse sur la tête par cet homme. Se retrouvant à terre violemment, en cognant le sol, il regarde tristement sa femme, en s'évanouissant petit à petit.

I

Retour en 2021, le lendemain de sa sortie d'hospitalisation, Tyrone, dans sa chambre, couché sous sa couette, se réveille, en sursautant :

- Waouh ! Quel cauchemar !

En position assise sur son lit, il se frotte les yeux pour bien se réveiller. Subtilement, il voit Quelot, avec ses cicatrices, juste un pantalon marron à moitié déchiré, face à lui. Paniquant, il fait un bond en arrière dans son lit. Debout, il le fixe, en secouant sa tête, négativement, sans dire un mot, car Tyrone s'est cogné la tête à cause du bond.

- AIE ! S'exclame Tyrone, en mettant sa main derrière la tête, avant de demander :

Mais tu es qui toi ? Tu fais quoi dans ma chambre ?

Quelot se retourne, examine l'intérieur de la chambre de Tyrone, qui est sombre, vu que les stores sont fermés. Ne répondant pas à la question qu'a posée Tyrone, il lui repose sa question :

Et je t'ai posé une question ? Qu'est-ce...

- Tais-toi ! Tu me tapes sur les nerfs et ça ne fait même pas une minute que je suis là. Déclare Quelot, sans se retourner, continuant à analyser sa chambre.

- Euh... Est-il surpris, en entendant les propos de Quelot.

Je te rappelle que tu es dans ma chambre. Donc si tu ne veux pas m'entendre, la sortie, c'est par là. Montre-t-il du doigt la porte sur un ton énervé.

- Si je pouvais sortir de ta tête, ce serait déjà une grande étape dans ma vie.

- Ma tête ? Se demande Tyrone, avec une expression interrogative.

Oh merde ! Ce n'est pas fini ces conneries. C'est vrai, en même temps, elle m'avait dit que chaque jour... Enfin bref, tu dois être mon hallucination de la journée, j'imagine.

Quelot arrête d'examiner la chambre de Tyrone, en se tournant face à lui. Restant silencieux face à ses propos, Tyrone s'assoit sur la bordure de son lit, après être sorti de sa couette. Enfilant un tee-shirt, il ouvre le store, ensuite en lui demandant, en même temps :

Toi, tu n'es pas bavard, on dirait ?

Quelot reste toujours silencieux face aux questions de Tyrone et admire le store qui se lève, comme par magie. Alors Tyrone décide de se parler à lui-même :

Super ! Avant-hier, j'ai eu une sage indienne qui faisait que parler et aujourd'hui, un renoi cicatrisé, que je viens de voir dans un cauchemar et qui reste très, très silencieux. Je ne vais pas guérir pas tout de suite moi.

- Je préfère que tu m'appelles Quelot. Réplique-t-il, en restant debout, les bras croisés.

- Bien ! Deux fois que tu me parles, on avance. Enchanté Quelot !

- Je ne suis pas enchanté et pourquoi tu me parles ? Lui demande Quelot, d'un ton agressif.

Si je me souviens bien, tu n'aimes pas parler à tes hallucinations. Ça te fait, soi-disant, passer pour un fou.

- Totalement ! Enfin quelqu'un qui comprend. Et oui, je me considère comme un fou parce que maintenant, je vois une hallucination qui me demande pourquoi je lui parle ? Non, mais on est où là ?

- Très bonne réflexion ! C'est pour ça que je préfère rester silencieux comme ça, tu seras seul responsable de ta folie.

- Magnifique ! Se lève Tyrone en mettant ses sandales.

C'est tout ce que je demande, pourquoi Imala n'était pas comme toi ?

Pendant qu'ils discutent tous les deux, ils entendent la voix grave de son père, au loin, qui est dans le séjour :

- Et Fiston à qui tu parles depuis tout à l'heure ?

- Dis-lui que tu parles à une hallucination. Lui conseille ironiquement Quelot, d'un ton toujours agressif.

Toute manière, c'est tout que tu sais dire depuis que tu es sorti de ton coma.

Tyrone, qui zieute Quelot avec un air d'incertain, répond à son père, en haussant la voix :

- Non t'inquiètes papa, j'ai juste fait un cauchemar.

Christopher, son père, lui répond ''D'accord '' pendant que Tyrone reprend sa discussion avec Quelot, en faisant son lit :

Tu as vécu quand toi sinon ?

- Je n'en sais trop rien, je crois, pour vous, c'était le 17e ou 18e siècle.

- Comment ça tu en sais rien ? Imala sait sa date de naissance, pourquoi pas toi ? Demande Tyrone, en se dirigeant vers son ordinateur bureautique, après avoir fait son lit.

- Imala peut te dire ce qu'elle sait. Et moi, je te dis ce que je sais. C'est tout ! Tyrone acquiesce, sans chercher l'affrontement avec lui, et allume son ordinateur pendant que Quelot lui parle.

Et pourquoi cette question à la con ?

- Parce que tu n'es pas très communicatif et je veux voir si parler à mes hallucinations les fait disparaitre. Car quand je les ignore, ils reviennent. Donc je tente toutes les possibilités pour ne plus vous voir.

- Intéressant ! Mais je te rappelle que tu n'étais pas très communicatif avant-hier, donc pourquoi je le serais avec toi.

- Pas faux ! Tyrone met en route sa musique hip-hop. Se dirigeant vers la fenêtre pour regarder dehors, il demande à Quelot, avec un regard pensif :

Euh, dis-moi, d'après Imala, je ne peux pas me débarrasser de vous. Donc pourquoi vous êtes là ? Vous voulez me pousser à la folie et au suicide ? Parce que sincèrement, voir des hallucinations, c'était peut-être drôle pour vous, mais pas pour moi.

- D'abord... énumère Quelot, avec les bras croisés.

Je n'ai jamais trouvé ça drôle depuis que je suis en toi et je ne compte pas rigoler également avec toi. Ensuite, je suis là parce qu'il faut que je sois là, ce n'est même pas moi qui ai choisi d'être ici. Pour finir si tu veux te suicider, tu te suicides, je n'en ai clairement rien à faire.

- Waw ! Se gratte-t-il la tête, en se retournant face à lui.

Maintenant mes questions ont des questions. Sans jouer sur les mots, mais bon... Je voudrais juste savoir d'où viennent toutes tes cicatrices ?

- Pourquoi tu poses des questions alors que tu sais la réponse ?

- C'est bien ce que je pensais. Déclare Tyrone, avec un regard abaissé.

Tu étais un esclave et c'est bien toi que j'ai vu dans mon cauchemar, en train de se faire attraper par des hommes armés.

- Des hommes '' blancs '' armés ! Répète-t-il, en ajustant la phrase de Tyrone.

Oui, c'est moi.

- Je vois le délire.

- Tu es sûr de le voir ? Sollicite Quelot.

- Hein ? Comment ça ?

- Regarde ta vie Tyrone ! Tu dis '' voir le délire '' mais tu vis ta vie façonnée par un monde dirigé par des blancs et ça ne te dérange pas une minute. Tu idolâtres même certains blancs alors je me demande si tu vois vraiment '' le délire ''.

Tyrone, heurté par les propos de Quelot, se déplace de la fenêtre pour aller en direction de sa salle de bain, qui est proche de sa chambre. Dedans, il place ses mains dans ses cheveux et lui répond calmement :

- Je vais m'arrêter là avec toi, je pense.

- Bizarrement ça ne m'étonne pas, c'est toujours la vérité qui fait taire les gens.

- Bizarrement, tu es plus aussi silencieux. Réplique Tyrone, face à son lavabo, en passant de l'eau sur son visage.

Quelot se tait alors, s'installe sur un tabouret de la salle de bain et contemple Tyrone, avec son air renfrogné. Souriant, en le voyant comme ça, il lui demande, après être sorti de cette pièce :

Ouais, tu parles plus là, c'est bien ! Sinon toi, tu es là pour quoi ? M'ouvrir l'esprit ou me montrer une autre de mes nouvelles capacités ?

Quelot recommence et ne dit pas un mot. Observant Tyrone, toujours avec son même air, celui-ci, sentant son regard, réplique :

Eh bien, tu as repris tes habitudes, tu ne parles plus.

Là, le père de Tyrone entre dans sa chambre, avec un regard curieux :

- Tu fais quoi ? Depuis tout à l'heure, je t'entends parler. Ne remarquant rien d'interloquant, Christopher ordonne à son fils :

Hum... Bon, viens prendre ton petit-déjeuner parce que ton infirmière doit passer dans quelques minutes.

- Tu devrais aller manger, profites de ce moment. Lui propose Quelot.

Et ce que je fais ici, tu le sauras bien assez tôt. Pour le moment, je vais rester silencieux.

Tyrone le regarde étrangement, en restant calme, puis sort de sa chambre, après son père. Dans la cuisine, Christopher, le père de Tyrone, va s'asseoir sur une chaise, face à une table dans la cuisine, pour continuer à manger son petit-déjeuner et soumet à Tyrone :

- Viens, je t'attendais pour manger. Il y a des croissants et des pains aux raisins dans le four.

Tyrone se dirige vers le four et, avant de choisir, il remercie son père :

- Super, j'avais grave faim en plus. Tu es un chef, merci, papa.

Prenant un croissant, il commence à le manger pendant que son père lui parle :

- J'imagine que tu as bien dormi dès que tu es sorti de l'hôpital. Heureusement, on était là, ta mère et moi, pour s'occuper de l'infirmière et d'autres papelards.

- Désolé, mais j'étais vraiment fatigué hier quand je suis arrivé, j'ai fait que dormir.

- T'inquiètes, c'est normal fiston. Ça doit être fatiguant tout ce qui se passe en ce moment pour toi. Le console son père pendant qu'il boit son café alors que Tyrone s'installe à sa droite.

- Oui, mais les médecins pensent...

- Je sais ce que les médecins pensent. L'interrompt son père, d'un ton calme.

Ta mère me l'a dit. Mais bon, tu as l'air bien physiquement, c'est l'important après, c'est le mental qui n'a pas l'air top, d'après eux.

Acquiesçant, Tyrone se lève pour prendre du jus d'orange. Son père, intrigué, lui demande, en l'observant marcher :

Tu as toujours des hallucinations ?

- Oui, malheureusement Papa.

Quelot apparait derrière Tyrone et se déplace jusqu'à côté de son père. Ayant un air sérieux, il écoute ce que Tyrone et son père se disent.

- Toujours cette même femme ? Imaly ? C'est ça. Reprend-il sa conversation avec son fils.

- C'était Imala et non ce n'est plus elle, maintenant, je vois un autre type. Rectifie-t-il son père en voyant Quelot qui secoue, une nouvelle fois, la tête, effarée, en écoutant Tyrone.

- Excuse-moi, mais tu me corriges sur le nom de tes hallucinations ? Demande Christopher, d'un air sceptique, à son fils qui se rassoit sur sa chaise.

- Laisse, c'est juste que... C'est pesant. Surtout que... voilà quoi.

- Hum... Contemple-t-il Tyrone, bizarrement, en train de boire son jus avec les yeux, dans le vague.

Bon au moins tu es conscient que tu as des hallucinations.

- Et dis-moi... Demande Tyrone, pendant que son père se lève pour débarrasser son assiette. Tatie Océane m'a dit que Grand-mère avait des hallucinations aussi avant sa mort ? C'est vrai ? Un peu comme moi ?

- Oui elle voyait des gens, mais toi tu n'es pas comme ça, tu en as conscience. Ta grand-mère, elle était conscience elle aussi, mais elle y croyait. Et tu n'as pas intérêt à devenir comme ça, ça va pas me faire rire.

Tyrone arrête de parler et acquiesce. Quelot regarde le père de Tyrone, en hochant la tête, pour exprimer le fait qu'il a un fort caractère. Pendant que Christopher lave son assiette et la met dans le lave-vaisselle, il émet en même temps :

Je vais à la sécu, régler un problème dû à un remboursement et après, je t'accompagne à ton rendez-vous médical avec le Docteur Connors. Ça te va ?

- Euh ouais... Mais attends, tu ne travailles pas ?

- Non, je ne travaille pas aujourd'hui. J'ai demandé à être remplacé pour t'aider au moins les deux premiers jours.

- D'accord, mais normalement, j'avais rendez-vous dans 4 jours ? Non.

- Tu as mal compris, sur le planning il y a écrit, c'est aujourd'hui. Se déplace Christopher, en montrant un planning, mis sous un écran intégré, sur le devant du réfrigérateur familial.

Tu as rendez-vous tous les 4 jours à partir d'aujourd'hui.

Tyrone accepte, sans rien dire, et son père continue à le conseiller.

Bon, je vais me laver. Finis de manger et l'infirmière devrait arriver dans quelques minutes.

Hochant la tête, pour lui dire '' oui '', il continue à manger, en observant son père partir. Quelot, après que le père de Tyrone ne soit plus dans la pièce, s'assoit en face à lui pour lui déclarer :

- Ton père est quelqu'un intéressant. Droit et ferme.

- Hum ! Exprime doucement Tyrone, déroutant par ces paroles.

Finissant de manger, il va laver son assiette, mais, d'un coup, il entend la sonnette de la porte et va l'ouvrir. Tyrone se fixe sur la personne, en face de lui, un homme, en chemise, avec une mallette, et celui-ci le salue :

- Bonjour, je me présente, je suis l'infirmier.

- Euh... bonjour ! Répond Tyrone sur un ton hésitant, en lui serrant la main.

Ben... Entrez.

- Tiens, un blanc ! Intervient Quelot derrière Tyrone.

Tyrone laisse rentrer l'infirmier, mais il sent, à travers lui, une légère gêne, en entendant les paroles de Quelot. L'infirmier pose ses affaires sur la table du salon et demande :

- Vous savez où sont votre ordonnance et vos médicaments que vous devez prendre ?

- Euh... Attendez, je vais demander à mon père.

Tyrone, perturbé par l'infirmier, se gratte le front et crie, ensuite, pour que son père entende :

Papa, tu sais où sont les médicaments et l'ordonnance du médecin, s'il te plait ?

- Ils sont sur le panier, près de la télévision en haut de la commode. Répond son père, avec une certaine résonnance, vu qu'il est dans sa douche.

Le trouvant, après l'avoir remercié, Tyrone rapporte le panier avec tous les éléments que veut l'infirmier. Celui-ci lit l'ordonnance, tandis que Tyrone, face à lui, cogite et se renseigne :

- On m'avait dit que c'est une infirmière qui viendrait ?

L'infirmier, en lisant l'ordonnance et son carnet de santé, répond, en souriant doucement :

- On est en 2021, et on pense toujours que l'infirmier doit être une femme.

- Ah non du tout, au contraire. Juste que mon père m'a dit qu'une infirmière va passer. S'explique-t-il pour ne pas frustrer l'infirmier.

- Je rigole avec vous, ne vous justifiez pas. Sourit sincèrement l'infirmier puis il présente une expression sérieuse et lui dicte :

Bon sinon montrez-moi votre crâne et votre cou.

L'infirmier considère, avec attention, les plaies cicatrisées de Tyrone derrière sa tête. Après une petite surveillance visuelle, il lui déclare :

Impressionnant, dire que vous vous êtes fait opérer il n'y a pas deux semaines et vos plaies sont complètement cicatrisées, comme-ci vous n'aviez jamais été blessé.

- Oui, on me le dit beaucoup ces temps-ci.

- En tout cas, ce n'est pas infecté et je ne vois pas de problème sur tes cicatrisations. Vous n'avez même pas besoin de mettre de pansement dessus, je trouve ça dingue. Se montre vraiment surpris l'infirmier.

Et vous avez des douleurs ou autres ?

- Non, je n'ai pas de douleur. Je n'ai même aucun problème. Je marche beaucoup mieux qu'avant et je me déplace plus facilement depuis mon réveil.

- Vraiment impressionnant. Et vous savez comment ça se fait que vous vous rétablissiez aussi vite ?

- Ben, j'ai fait des radios, des bilans sanguins et aucun n'explique ma situation. Tout ce qu'on peut me dire, c'est que je n'ai jamais été en aussi bonne santé. Lui explique Tyrone.

- C'est vraiment miracu ... Puis il tourne son regard vers son ordonnance dépliée et poursuit, avec beaucoup d'étonnement.

Attendez, c'est vous le miraculé ? Celui qui a survécu à l'accident de bus.

- Ah... Répond Tyrone, avec un certain embarras, à l'infirmier.

Ouais, c'est moi à ce qu'il parait.

- On entend parler de vous, que ça soit dans les hôpitaux parisiens ou avec les infirmiers libéraux, voir partout.

- Eh ben, ça fait plaisir de savoir qu'on est une star.

- C'est rare que les médias n'aient pas placardé votre visage en tête d'affiche.

- Je pense que c'est ma mère qui est derrière tout ça. Elle connait les rouages du système et elle n'aime pas les médias donc elle a trouvé le moyen de ne pas m'afficher en tête d'affiche comme vous dites. Indique Tyrone, en mettant ses mains dans les poches, pendant que l'infirmier remplit des papiers sur la surveillance neurologique de Tyrone.

- Pas mal. Elle a bien raison, c'est des vampires, ces médias. Nous, le personnel médical, on doit respecter le secret professionnel donc pas de soucis.

- On est d'accord, je ne m'en fais pas.

- Bon, reprenons. Relit-il l'ordonnance face à Tyrone.

Je vois que vous avez un antipsychotique ? C'est dû à des hallucinations à ce que j'ai lu ?

Quelot, qui apparait face à Tyrone, derrière l'infirmier, l'observe sérieusement pour découvrir la réponse qu'il va donner :

- Oui et je continue à les voir, en ce moment même. Répond Tyrone, avec certitude, face au regard sérieux de Quelot.

Mais faut dire que cette hallucination-là ne parle pas plus que celle d'avant-hier.

- D'accord, vous voyez quel genre d'hallucination ?

- Des personnes.

- Bien, je vous laisserai prendre vos antipsychotiques dans le panier. Il faut les prendre bien aux heures précises. D'accord ?

Tyrone fait un signe de tête pour montrer son accord. Ensuite, l'infirmier, en face de Tyrone, prend sa tension et sa température, en lui posant une question :

Vous vous sentez comment sinon ? Après la sortie de votre hospitalisation.

- Franchement, assez bien. J'ai aucun problème comparé à hier, comme je l'ai dit, à part que j'ai dormi à peu près 12 heures sinon...

- C'est normal, le traumatisme avec, en plus, l'hospitalisation provoque de grosses fatigues. Lui coupe-t-il la parole, avant de reprendre son questionnement :

Et vous ressentez des symptômes liés aux crises de panique ? Surtout avec vos hallucinations.

- Non, je pense qu'avant-hier, c'était exceptionnel. Je ne comprenais pas la situation, j'étais perdu, on va dire ça. N'arrive-t-il pas à expliquer les raisons, en partie, à l'infirmier.

- Pourquoi ? Parce que maintenant, vous comprenez quoi ? Vous vous souvenez de ce qu'il s'est passé ? Parce que j'ai vu que vous aviez eu aussi une perte de mémoire. Insiste l'infirmier plus durement.

- Non, même pas. Fin, je l'ai toujours... Mais c'est plus une expression pour dire que cette situation, je commence à m'y faire. A-t-il du mal à se justifier face à l'infirmier.

- Je vois, mais ce n'est pas l'objectif jeune homme.

- Oui, je sais. Admets Tyrone, en contemplant Quelot, qui reste là silencieux.

Je crois que je guéris petit à petit. C'est tout ce que je peux vous dire.

- Parfait, bon, on se revoit ce soir. J'ai vu que vous voyez votre médecin ce midi, donc on ne passe pas ce midi, j'imagine.

- Je pense. Je ne vous cache pas que je n'ai pas lu une seule ordonnance et les autres papiers. J'ai dormi dès que je suis arrivé ici.

- Ne vous inquiétez pas, sourit l'infirmier, en montrant une fiche de papier.

C'est bien ça, il y a tout écrit là-dessus... Dire qu'on préfère le numérique. Le papier, c'est une valeur sure. Bon, je vais vous laisser alors. Je vous souhaite bonne journée.

- Merci à vous aussi. Remercie Tyrone, en allant ouvrir la porte pour que l'infirmier puisse sortir.

Quand l'infirmier lui souhaite '' bonne journée '', en lui serrant la main, après que Tyrone ait fermé, Quelot se met à lui parler :

- Donc toi, tu acceptes qu'un blanc s'occupe de ta vie et de ta santé ? Et ben... Ils sont vraiment forts ces blancs. Tyrone, qui ignore Quelot, s'avance vers la table pour prendre son antipsychotique, pendant que Quelot continue à lui parler, en l'agressant :

Attends, tu crois que je suis Imala moi ! Quand je te parle, tu me réponds gamin.

Tyrone poursuit, en ignorant Quelot, avale son médicament, mais Quelot s'énerve, en surgissant devant Tyrone :

Tu veux jouer avec moi, c'est ça ?

Tyrone ne sursaute même pas et reste face à lui, en souriant narquoisement. Pendant ce petit jeu de regard intense entre les deux, il s'incline facilement face à Quelot et décide d'aller s'asseoir sur son canapé pour allumer sa télé, en avouant à Quelot :

- Tu vois ce que ça fait d'ignorer les gens quand on leur parle. Donc, laisse-moi tranquille avec tes vieilles réflexions.

- Dixit l'homme qui ignorait Imala hier. Souligne Quelot, en s'installant aussi à ses côtés.

- Comparé à toi, Imala me parlait devant du monde où quand je lui répondais, je passais pour un fou.

- Ce n'est pas faux. Précise Quelot, en se positionnant dans le champ de vision de Tyrone.

Mais sache un truc gamin, tu ignores peut-être mes vieilles réflexions contre les blancs, mais avec ça, ton peuple a permis que tu puisses t'asseoir face à cette télé aujourd'hui.

- Je le sais bien, j'en suis conscient. Je connais l'histoire de mon peuple et de l'abolition de l'esclavage Quelot ! Pas besoin d'un cours de soutien. Affirme Tyrone, d'un ton nerveux.

- Tant mieux, mais vu ton comportement, et même ceux de ta génération, on ne dirait pas. Décline-t-il sa tête face à Tyrone.

- Je n'ai rien à te prouver ! Lui réplique-t-il, en le regardant une nouvelle fois dans les yeux, mais celui-ci a le regard droit devant lui.

Mais dis-moi... Demande Tyrone, en le fixant de haut en bas.

Comment ça se fait que je te voie t'asseoir ou même que je vous voie marcher autour de moi, Imala et toi ?

- C'est...

- Et, mais elle est déjà parti l'infirmière ? Apparait Christopher, sorti de la douche et habillé, en interrompant la discussion avec Quelot.

Mince, je voulais l'avertir que tu ne seras pas là le midi.

- Je t'expliquerai après. Intervient Quelot à Tyrone par rapport à leur discussion.

Tyrone observe Quelot, en lui montrant qu'il est d'accord, et répond à son père par la suite :

- Il a vu dans le carnet que je suis en rendez-vous, donc t'inquiètes, il ne viendra pas. Et de plus, ce n'était pas une infirmière, c'était un infirmier.

- Sérieux ? Pourtant, la secrétaire avait dit une infirmière. Bon, pas grave, ce n'est pas la première fois. Tyrone hausse les épaules pour lui répondre, mais son père, qui survole son salon, lui demande, en finissant de boutonner sa chemise.

Et sinon il a fait quoi ?

- Ben, il a examiné mes cicatrices, pris mes constantes... Les trucs basiques quoi.

- Parfait, je vais à la sécurité sociale, j'en ai pour une heure. On se retrouve dans deux heures. Tu as intérêt à être prêt pour ton rendez-vous quand je rentre. Exige son père, en enfilant sa veste.

- Ok ! Et je pourrais aller voir James après le rendez-vous ?

- Pas de soucis mon lapin, je te déposerai, mais tu lui diras de te ramener.

- Ça marche. Mais en fait, j'ai perdu mon téléphone, tu sais où il est ?

Christopher se met à rire doucement et Tyrone le questionne alors parce qu'il rigole à la place de lui répondre :

Mais pourquoi tu ris ?

- Réfléchis imbécile ! Déclare Quelot, toujours au côté de Tyrone.

Tu as eu un accident et comme tout le monde de ta génération, tu vis en ayant ton téléphone sur toi donc logiquement ton téléphone a dû se casser pendant l'accident.

Tyrone réfléchit sur les propos de Quelot alors que son père l'observe, en remuant la tête gentiment :

- Ah oui, tu as vraiment un problème de mémoire. Ton téléphone est mort à cause de l'accident.

- Ah oui, c'est vrai. Merci papa !

- Pour un type intelligent, tu es une réelle déception. Atteste Quelot, en hochant négativement la tête.

Tyrone reste calme face aux propos de Quelot, en reprenant son visionnage télévisé, tandis que son père de Tyrone prend ses affaires et ouvre la porte en lui disant :

- J'y vais. A...

En ouvrant, Christopher se fige. Tyrone, ne sachant pas pourquoi son père s'est interrompu, se retourne et discerne à sa porte, l'Agent de la B.A.C, Myriam Benatia. Se levant rapidement pour venir près de la porte, il la salue, pendant que Christopher reste immobile face à elle, en la dévisageant de haut en bas :

- Bonjour Agent... Benatia ! C'est ça ?

- Oui, c'est ça. Bonjour Tyrone. Elle s'adresse ensuite à son père.

Bonjour Monsieur Hirst.

- Bonjour, c'est donc vous qui avez causé une crise de panique à mon fils ?

Questionne Christopher, d'un ton acrimonieux.

- Euh... Bégaye Myriam.

Enfaite je suis venue voir votre fils pour m'excuser de ceci.

Christopher alors se retourne et demande à son fils :

- Si je la laisse te parler, tu ne feras pas de crise de panique hein ? Sinon... Continue-t-il, en tournant ses yeux vers Myriam.

L'agent Benatia ne te parlera pas. Et c'est mieux pour elle parce que Madame Hirst n'aurait pas été aussi sympathique.

Myriam, gênée en baissant faiblement le regard, reconnait alors son erreur :

- Désolée ! Je n'aurais pas dû venir, je me disais que c'était la bonne chose de venir m'excuser.

- Non, proteste Tyrone, qui coupe dans son élan l'agent Benatia.

Restez ! Je veux bien écouter ce que vous avez à me dire.

- Ok fiston, je te laisse alors. Puis il s'adresse à Myriam, en s'avançant.

Agent Benatia, au revoir !

L'agent Benatia lui fait un signe de la tête, en entrant dans le loft, pendant que Christopher, lui, sort d'ici. Debout vers l'entrée, Myriam reste sur place timidement puis Tyrone lui propose, en prenant une chaise vers sa table du salon :

- Je vous en prie, vous pouvez venir vous asseoir Agent.

- Non merci, je ne reste pas longtemps. Je tiens juste à m'excuser donc pardon de t'avoir causé cette crise. Je voulais simplement des réponses à ce tragique accident.

- Je vous en prie, ce n'est pas votre faute. S'appuie-t-il contre la chaise, en l'écoutant.

C'est vraiment à cause des hallucinations et du traumatisme que j'ai subi ça. Vous n'y êtes pour rien sincèrement.

- D'accord, mais je garde quand même mes excuses.

- Comme vous voulez ! Sourit-il, avec ses mains contre le dossier de sa chaise.

Myriam prend une carte dans sa poche, s'avance vers Tyrone, en lui transmettant, et elle déclare :

- Merci ! En tout cas, je te donne mon numéro professionnel. Si tu te rappelles d'un quelconque élément, s'il te plait, contacte-moi. Mais aussi pour n'importe quel problème tu peux me contacter, je t'aiderai avec plaisir.

- D'accord. Prend-il la carte pour la mettre dans sa poche, avant de reconduire la conversation.

Merci à vous alors.

- Je t'en prie, je vais te laisser alors.

Tyrone va lui ouvrir la porte et l'agent Benatia part, après lui avoir serré la main. Dans une ambiance très calme, avec le simple bruit du programme télévisé que Tyrone regarde, celui-ci examine attentivement la carte de l'agent Benatia. Seul et focalisé face à cette carte, Quelot, qui est toujours présent, derrière lui, posé contre le mur, Tyrone lui exprime sa gratitude :

- C'est cool de ne pas me parler pendant que je discute avec des personnes. J'apprécie le geste.

Quelot, bras croisé, avec un regard sérieux, lui fait simplement un signe de tête. Il va alors se remettre à sa place sur le canapé pendant que Quelot reste sur place. Tyrone, alors, lui demande :

Enfaite tu peux m'expliquer ce que je t'ai demandé avant ?

- Oui, c'est vrai, c'est simple en effet. Tu te souviens de la pièce blanche ovale ou tu as vu Imala ? Tyrone lui exprime physiquement qu'il s'en souvient, en retournant sa tête, pour l'avoir dans son champ de vision.

Ben là-dedans, je peux imaginer, via ta vision, mes déplacements et mes gestes.

- C'est tout ? S'interroge Tyrone.

- Ouais, on ne fait pas dans le compliqué.

- C'est vrai que ce n'est tellement pas compliqué d'avoir des réincarnations dans sa tête.

- Nous, on n'est pas des réincarnations, c'est toi la réincarnation.

- Mouais ! Emet Tyrone à Quelot, en voyant l'heure sur la télévision et se dresse dans la précipitation.

Je n'ai pas encore accepté cette vie de réincarné. Pour le moment, je vais continuer à prendre mes antipsychotiques et voir les médecins pour que toi et les autres vies, vous vous tiriez de ma tête. Sur ce, je vais me doucher.

Tyrone s'empresse d'aller à la salle de bain sur ces paroles, tandis que Quelot reste sur place, en le dévisageant. Il se met à parler, à lui-même, avec un air certain, sans que Tyrone l'entende :

- Comme tout à chacun, tu seras obligé d'accepter à la fin.

II

Réapparition au début du 18e siècle, en pleine mer agitée, sous un temps nuageux et orageux, sur un bateau en bois rempli d'hommes noirs enchainés dans la soute, Quelot, après sa capture, fait partie de ces hommes. Celui-ci ouvre ses yeux délicatement après le coup sur la tête qu'on lui a mis, antérieurement. Réveillé, il scrute l'endroit, où il est emprisonné, en observant, avec un sentiment de peur, tous ses hommes noirs captifs. Respirant de plus en plus fort, il commence à paniquer et crie tout, en tirant sur ses chaines :

- Mais on est où là ? Je veux sortir d'ici.

- Tais-toi ! Ils vont venir te frapper sinon. Intervient un des hommes noirs attachés.

- Quoi ? Mais tu es fou, je ne veux pas rester ici. Réplique Quelot, en étant agité.

- Parce que tu crois qu'on a décidé d'être ici. Maintenant, tais-toi, on n'a pas envie de se faire frapper. Déclare un autre homme enchainé.

- Mais on va où déjà ? Persiste Quelot, en criant.

- Attends, tu ne comprends pas qu'on te dit de la fermer ! C'est quoi ton problème ? Le questionne ironiquement le premier homme noir qui est intervenu.

- On va à Saint-Domingue. Intervient un troisième homme attaché.

- Pourquoi tu lui dis ? Tu veux qu'on se fasse frapper.

- Non, développe le troisième homme au premier.

Juste, regarde-le. Il est tout beau, sans cicatrice, sans grosse blessure. Ça se voit qu'il n'a jamais été esclave comme nous. En plus, à sa manière de parler, je suis sûr qu'il faisait partie de ses négros qui croyaient que l'esclavagiste était qu'une histoire.

Quelot se sent mal à l'aise soudainement, en comprenant qu'il est dans le tort. Se taisant, le troisième homme reprend, en disant :

Tu vois, regardes sa tête !

- C'est vrai. Annonce Quelot, d'un ton timide.

Mais comment voulez-vous que je fasse comme-ci c'était rien ?

- On n'a jamais dit que c'était rien. Mais où tu veux aller ? Surtout que là, on est en mer en direction de Saint Domingue. Tout ce que tu récolteras, c'est la noyade. Répond le deuxième homme attaché.

Quelot, ayant pris conscience qu'il s'agite pour rien, se calme doucement et demande, d'un ton énervé, mais serein :

- C'est où Saint-Domingue ?

- Non mais tu le fais exprès, tu ne sais pas te taire ! S'énerve le premier homme.

- C'est quelque part loin de chez nous, sur une île, d'après les légendes. Répond le 3e homme attaché.

- Et toi, tu lui réponds ? Tu veux qu'on se fasse frapper aussi.

- Du tout ! Mais si tu le laisses dans l'ignorance, il fera le con et ça sera pire que de se faire frapper.

- Tu te prends pour un samaritain. C'est fini cette époque. Répond le troisième homme au premier.

- Merci quand même de me répondre. Remercie Quelot.

Mais dites-moi, vous avez vu une femme, enfin ma femme ?

Les autres hommes attachés se mettent à se moquer de lui discrètement, et le deuxième homme noir attaché déclare :

- Ici, il n'y a pas de femme. Tu veux un conseil : arrête de penser au passé. Ta vie d'avant est morte, tu es un esclave maintenant.

- Je n'accepterai jamais cette vie, je l'ai promis... Ce n'est pas pour moi cette vie autoritaire.

- C'est bien beau les mots, mais là-dessus, je te conseille de l'écouter : il n'y a pas d'espoir. Affirme le troisième homme attaché.

Ta mentalité va te mener soit à la mort ou soit à la souffrance et je t'assure que la mort est la meilleure voie.

Quelot affiche alors un visage incertain. D'un coup, il commence à s'énerver, en essayant d'enlever ses chaines. Tirant fort dessus, qui crée énormément de bruit, comme des grincements de métal qui s'entrechoquent. Le deuxième homme menotté qui lui a parlé le sollicite, une fois de plus :

- Arrête, MERDE, ils vont venir !

Et, sans surprise, un homme blanc rentre dans le cachot. Tous se taisent et, dans un silence sidérant, il se met à hurler :

- C'est quoi tout ce boucan ? Vous voulez que je vous calme ou quoi ?

Quelot, alors, se met à exiger à cet homme blanc :

- Sortez-moi d'ici ! Je ne suis pas un esclave moi !

L'homme blanc, avec un pistolet anglais, s'approche de Quelot, en souriant sournoisement, et déclare :

- Tu es un comique, toi dis donc ? Si tu te la fermais, histoire que tu n'es pas problème.

- Je ne vais pas me ta...

Et là, avant qu'il finisse sa phrase, l'homme blanc le cogne avec son pistolet au ventre. Tous les hommes noirs enchainés secouent la tête de gauche à droite parce qu'ils voient leur compatriote se faire frapper alors qu'ils l'ont conseillé de se calmer. L'homme blanc se met à regarder les autres hommes noirs, ligotés, qui se mettent à détourner leurs regards. Ainsi, il ordonne à Quelot, qui souffre de douleur, en remontant son menton avec son pistolet :

- Maintenant, tu te calmes ? Et ne me force même plus à redescendre négro !

- Vous pouvez... Rester ici ! Exprime Quelot, en ayant beaucoup de mal à parler dû au coup qui s'est pris au ventre, mais avec un ton affirmé.

Parce que... Je ne me tairais pas !

- Ah oui ! Émet l'homme blanc, avec un grand sourire pervers, en caressant le crane de Quelot.

Tu es bien brave, mais ici, ça ne mène à rien.

Et l'homme blanc cogne plus fort Quelot, sur sa tête avec son pistolet, qui s'évanouit, une nouvelle fois, très vite. Se tournant vers les hommes attachés, il leur réplique d'un ton ferme :

Maintenant le prochain que j'entends, il va recevoir pire. Je me suis bien fait comprendre ?

Tous continuent à baisser le regard, alors l'homme blanc sort du cachot, en claquant la porte, tandis que les hommes noirs enchainés restent silencieux et observent Quelot, qui perd connaissance à nouveau.

III

À l'hôpital, où Tyrone s'est fait hospitaliser suite au traumatisme qu'il a subi lors du retournement du bus par un camion, celui-ci, accompagné de son père, attend dans une salle où de nombreuses personnes patientent. Le docteur Connors, qui a opéré Tyrone, sort de son bureau. Ayant senti à sa présence, Tyrone se dresse pour le rejoindre tandis que son père reste dans la salle d'attente. À l'intérieur, après l'avoir fait rentrer, le Docteur lui annonce :

- Je t'en prie. Assieds-toi Tyrone ! S'exécute-t-il, avec un air incertain, toujours accompagné de Quelot, que personne ne peut voir à part lui, face au Docteur Connors. Celui-ci lui demande alors, en s'asseyant :

Alors comment ça va depuis hier ?

- Je vais bien merci !

- Toujours des hallucinations ? Continue à l'interroger le docteur Connors.

- Oui malheureusement, mais je m'y fais puisque les antipsychotiques n'ont pas trop d'effet sur moi.

- Ce n'est pas l'objectif de ce traitement ! Tu le sais ?

- Oui, vous n'êtes pas le premier à me dire ça, mais les antipsychotiques ne fonctionnent pas. Donc qu'est-ce que je peux faire ?

- On en parle après. Normalement, le psychiatre, le docteur Mando, devrait arriver dans un instant. Sinon tu as bien fait des examens, avant de venir me voir ?

- Oui, j'ai fait une IRM, un scanner, un autre bilan sanguin complet, et je sais plus quoi d'autre. Enumère Tyrone, toujours, face au médecin.

- D'accord, je devrai avoir les résultats. Attends ! Le Docteur Connors, s'incline vers son écran d'ordinateur. En tapotant sur son clavier tactile et en utilisant sa souris d'ordinateur sans fil pour vérifier, il se met à lire attentivement ses résultats puis déclare, avec d'un stupéfait :

J'ai les résultats. Ben... C'est parfait comme hier, je ne comprends vraiment pas. C'est incroyable, tu n'as rien de particulier, rien qui n'explique ton rétablissement.

- Ah ! Euh, je ne peux pas savoir moi aussi Docteur.

- Tu le sais très bien. Intervient Quelot, qui s'est assis sur la chaise vide à côté de Tyrone.

Mais dire la vraie raison te ferait complètement passer pour un véritable fou.

Tyrone, qui a entendu les propos de Quelot, reste de marbre, un instant, montrant un visage inquiet, à la simple idée de dire qu'il est une réincarnation et que c'est pour cela qu'il a pu survivre. Le remarquant, le Docteur Connors lui demande soucieusement :

- Tu vas bien, Tyrone ? En un moment, les expressions de ton visage ont changé.

- C'est rien ! Et sinon alors qu'est-ce que je dois faire avec ce peu de résultat ?

- Écoutez, on va vous surveiller encore. Il y a des risques de rechute au niveau vasculaire ou cardiaque... Voir encore, la possibilité que tu fasses une crise de panique.

Tyrone l'écoute, en étant perplexe, et ne réagit pas. Directement, ils entendent toquer à la porte. Le docteur Connors ordonne alors à la personne qui toque :

- Entrez !

Le docteur Mando, cette femme aux allures froide, les cheveux attachés en queue de cheval, avec son regard perçant, entre en disant '' Bonjour '' à Tyrone et au Docteur Connors. Le docteur Connors, lui prépare une chaise à ses côtés, face à Tyrone. Le docteur Connors alors se renseigne vis-à-vis du Docteur Mando, pendant qu'elle s'apprête à s'asseoir :

- Enfin, tu es là ?

- Oui, j'avais des réunions. Désolée ! Répond le Docteur Mando au Docteur Connors, installé sur sa chaise.

- Il n'y a pas de soucis. Reprenons alors. Déclare le Docteur Connors, en résumant la situation.

Tyrone disait qu'il voyait toujours ses hallucinations, c'est bien ça Tyrone ?

- Oui exactement Docteur.

- Et vos hallucinations, demande le docteur Mando, en sortant une petite tablette électronique.

Vous les voyez et les entendez aussi ? Comme avant-hier ?

- Oui, rien n'a changé. Comme je l'ai dit, j'essaye de m'y faire.

- Et c'est toujours la même personne ? D'après les dossiers, c'était une femme indienne, c'est ça ? Poursuit-elle son entretien, pendant que le docteur Connors note les réponses qu'émet Tyrone, en le lâchant le moins possible du regard.

- Non mais ça, c'était avant-hier. Là... Déclare Tyrone, en tournant sa tête à sa gauche pour observer Quelot qui n'exprime aucune inquiétude face aux révélations de Tyrone.

C'est un homme noir !

- D'accord ! Et j'imagine que vous le voyez toujours, c'est pour ça que vous avez tourné la tête ?

- Exactement Docteur Mando. Il est à ma gauche.

Elle hoche la tête, sans présenter un seul signe de jugement et en montrant une grande écoute active envers Tyrone. Continuant son questionnement, elle révèle, en même temps, sur sa tablette les informations importantes pour elle :

- Donc les antipsychotiques ne sont pas efficaces donc ?

- Totalement.

- C'est ce qu'il me disait, avant que tu arrives ! Intervient le Docteur Connors.

- D'accord, et vous avez fait une crise de panique avant-hier ? Comment l'avez-vous ressentie ? Demande calmement le Docteur Mando à Tyrone, en posant sa tablette sur le bureau, avant de le fixer.

- Ben... Écoutez, je ne sais pas moi, j'ai éprouvé des choses inconnues. J'étais dans la noirceur totale. Je ne peux pas dire plus.

- C'est dû à quoi d'après vous Monsieur Hirst ?

- De quoi ? La crise de panique ou ce sentiment de noirceur ?

- Les deux ? Persiste-t-elle, en lui adressant un regard attentionné.

- Je ne sais pas trop en vrai ! Argumente Tyrone en ayant le regard vague par rapport à l'insistance que lui porte le Docteur Mando.

Peut-être à cause des hallucinations, soit à cause de la policière qui m'a interrogée ou peut être les deux en même temps. Pour la noirceur, je ne peux pas l'expliquer.

- Excusez-moi de vous couper ! Interrompt le Docteur Connors, en s'adressant à Tyrone.

Et, en fait, as-tu retrouvé la mémoire ?

- Euh... Non du tout. Mes souvenirs de ses deux dernières semaines ne sont pas revenus.

Les deux docteurs hochent la tête de haut en bas pour faire savoir qu'ils écoutent les propos de Tyrone. Par la suite, eux deux discutent ensemble en chuchotant dans l'oreille de l'un de l'autre.

Pendant que Tyrone et Quelot, également, les voient murmurés des propos entre eux.

- Je ne sais pas toi, mais moi ces deux blancs, je ne leur fais pas confiance.

Soumet Quelot alors que Tyrone reste silencieux par rapport à ces propos. Ne l'observe pas, Quelot lui réplique :

Oui, je sais, tu penses que je dis ça juste parce que je n'aime pas les blancs, mais je reste sur ma position. Un des deux ou même les deux cachent quelque chose. Je parie sur le Docteur Mando.

Tyrone commence à expirer et inspirer assez fort pris par l'envie de lui répondre, mais ne veut pas le faire surtout face aux docteurs. Alors Quelot enchaine d'un ton rauque :

Calme-toi gamin ! Je n'attends pas de réponse de ta part, respire.

Tyrone reste dans le même état, ayant de nombreux regards furtifs autour de lui. Le docteur Mando remarque son comportement inhabituel et l'interroge, en le voyant respiré fortement :

- Qu'est-ce qu'il vous arrive, Monsieur Hirst ?

- Rien, rien. Répète Tyrone, en gardant le même comportement.

- Tu es sûr ? On ne dirait pas. Si on est oppressant, n'hésite pas à le dire. Cherche à rassurer le docteur Connors, en se rapprochant de Tyrone.

- Non, je vous rassure, il n'y a rien.

- D'accord, mais sache qu'on est là. Exprime le Docteur Connors, avec un doute sur les propos de Tyrone, en lui touchant l'épaule, tandis que le Docteur Mando ne rate aucun moment.

Bon, nous avons décidé, le Docteur Mando et moi, de continuer ton traitement. Précise le docteur Connors, en voyant que ses actes et son rapprochement arrivent à apaiser Tyrone.

Il n'y a pas d'autre solution envisageable. Tes hallucinations, comme je te l'ai déjà dit, disparaitront avec le temps.

Tyrone, acquiesce alors. Grâce au touché relationnel que pratique le docteur Connors sur lui, Tyrone se sent ainsi un peu plus serein. Puis, le docteur Connors enlève sa main sur lui, se lève du bureau sur lequel il était assis et déclare à Tyrone avec un petit sourire innocent :

Eh bien, Tyrone, tu peux y aller !

Tyrone les remercie alors, se dresse et sort, en disant au revoir aux médecins. Mais le Docteur Connors se rappelle d'une chose et prévient Tyrone :

Tyrone, vu les exams que tu as faits, pas besoin d'une consultation de l'infirmière ce soir. Ça n'aura aucune utilité.

- D'accord, j'annulerai merci ! Répond-il, en tenant le poignet de la porte.

Tandis que Tyrone sort du bureau, le docteur Mando fait son compte-rendu sur Tyrone au docteur Connors :

- C'est phénoménal ce qu'il se passe pour ce jeune d'homme au niveau somatique. Mais ces hallucinations sont dangereuses, faut poursuivre la surveillance. Cela dit, je ne suspecte pas potentiellement des risques hétéro-agressifs, voire d'auto-agressivité.

- Je me suis dit pareil depuis que je l'ai rencontré et il n'y a aucune explication médicale. Maintenant, on va surveiller, pas le choix.

- Malheureusement, mais bon, j'y vais, moi, j'ai du travail, pas comme toi. Dit-elle, avec un sourire moqueur pour la première fois.

- Fous-toi de moi, on a tous du travail ici. Précise le Docteur Connors.

- Allez bonne fin de journée Antoine. S'adresse-t-elle au médecin.

Le docteur Mando sort alors du bureau pendant que le Docteur Connors range ses documents et éteint son écran d'ordinateur. Se mettant à sortir son téléphone de sa poche, il appuie sur le nom d'un contact où il y a écrit '' S '' l'appelle et déclare sur son répondeur :

- Salut, je viens d'avoir une réunion avec ton homme. Je n'ai toujours pas d'information pertinente pour toi, mais je te tiens au courant comme d'habitude.

Au même instant, Tyrone, sorti du bureau, cherche son père dans la salle d'attente. Ne le trouvant pas, il s'est souvenu que son père lui a dit qu'il l'attendrait dans la voiture, donc il décide de suivre le chemin qui mène au parking. Accédant au hall d'entrée de l'hôpital, en compagnie de Quelot, celui-ci lui parle bien qu'il y ait un peu de monde dans le couloir :

- Ce rendez-vous servait strictement à rien. Ces blancs ne servent à rien et ce que tu fais de ta vie ne sert à rien !

Tyrone ne réagit toujours pas au propos de Quelot, mais montre un minimum d'énervement sur son visage. En sortant de l'hôpital, après être passé dans le hall et que Quelot lui ait dit cela, il se rend dans le parking. Dedans, Quelot dit ironiquement, mais avec un air plus sérieux, ayant remarqué qu'il est en colère :

Ah oui, désolé de te parler devant tout le monde.

- Tais-toi, tu me fatigues. Lui répond Tyrone, en voyant qu'il n'y a personne dans le parking pour le surprendre.

- Ouais boss, tu as raison, je vais faire cela comme un bon esclave. Déclare Quelot, sur un air sarcastique, mais avec son ton très sérieux.

Tyrone ne cherche pas à comprendre Quelot, mais il s'est senti mal quand il lui a dit ça. Avançant malgré ça, il aperçoit la voiture de son père. Devant, il ouvre la portière et monte dedans. Christopher, qui regarde un feuilleton sur son téléphone, s'arrête, le remet sur son socle et lui demande pendant qu'il s'installe :

- Alors fiston, c'était comment ?

- J'ai trouvé que ça ne servait à rien.

- Et ce salaud reprend ma phrase, intervient Quelot, apparu sur les sièges arrière.

Tu es vachement culotté, toi.

Tyrone commence à regarder Quelot, avec des sourcils froncés, en tournant la tête en arrière. Vu que son père est encore sur son smartphone, malgré qu'il l'ait posé sur son socle, il ne l'a pas vu faire ceci et il lui déclare, par rapport à ce qu'il a dit :

- Je confirme, vraiment les médecins servent clairement à rien. Ils me fatiguent personnellement. Mais bon ne t'énerve pas, je sens que tu es en colère.

- Non, papa, même pas. Sinon ils m'ont dit que tu peux annuler la consultation de l'infirmier ce soir ? Vu tous les exams que j'ai faits, ça ne sera pas nécessaire.

- D'accord et moi, j'ai appelé ton opérateur, il t'envoie un nouveau téléphone demain ou après-demain.

- Cool ! Se sent soulager Tyrone avant de demander à son père, en s'attachant.

Bon, tu peux m'emmener chez James ?

- Je n'avais pas oublié. Oui, je t'emmène.

- Et vu que je n'aie pas de consultation ce soir, je peux rester plus longtemps chez lui ?

- Pas de soucis. Juste je vais informer ta mère avant qu'elle me fasse une crise.

Ainsi, le père de Tyrone met le GPS sur son téléphone, en souriant à sa remarque et met en contact le véhicule, avant de partir du parking.

IV

Une heure après, à peu près, dans un quartier de la banlieue parisienne, au sein d'un appartement HLM,Tyrone est posté devant une porte. Appuyant sur la sonnette et attendant qu'on ouvre, Quelot, présent, à sa droite, émet, en analysant les alentours :

- Pour un mec aussi classe que James, ça m'a toujours étonné qu'il habite là.

- Tu sais, l'habit ne fait pas le moine. Développe Tyrone.

James est classe, mais ne cherche pas à être comme les aristocrates. C'est pour ça que c'est un mec bien.

- Ouais, j'ai compris gamin. Lui aussi, il veut devenir comme les blancs si j'ai bien compris. À la différence que toi, tu l'es à moitié.

Tyrone, excédé par ses réflexions, ignore Quelot. Puis la porte s'ouvre et James apparait, en disant joyeusement :

- Oh ! Qu'est-ce que tu fous ici ? En serrant la main de son ami.

- On est là, j'ai pensé à toi. Je me suis dit que passer du temps avec toi me ferait du bien mentalement. Répond Tyrone, sur un ton agacé qu'il essaye de dissimuler.

- Tu connais, tu es comme à la maison ici. En plus tu as l'air énervé donc vas-y rentre, reste pas là. Ordonne gentiment James.

- Et sinon comment va mon hacker préféré ? Demande-t-il, en allant dans le salon de James.

- Il va bien, mais il est aussi le seul hacker que tu connaisses. Et comment va mon miraculé préféré ? Réplique James, en s'avançant vers la cuisine pendant que Tyrone se met sur le canapé.

- Personnellement, je ne connais pas de miraculé. Exprime Tyrone, avec un humour noir.

Mais je pense qu'il va bien. Et sache que j'emmerde ce hacker orphelin qui dépend de son grand frère.

- Attends, tu oses m'attaquer comme ça, sans aucune raison ! Souligne James, en prenant des verres et une boisson pour les mettre sur la table.

Petit fils de riche, alors que je t'avais déjà défoncé la gueule quand tu m'avais sorti des attaques de ce genre. Tu as sans doute oublié ça avec ton amnésie.

Ces deux-là se fixent d'un air furieux, pendant de nombreuses secondes, avant de rigoler subitement. Tyrone réplique, en pleurant de rire :

- Je suis peut-être amnésique, mais je ne peux pas imaginer que toi tu puisses me niquer.

- Faudrait déjà imaginer que toi et moi, on se batte. Émet-il, en riant toujours ensemble, avant de reprendre leur sérieux.

Sinon comment ça va sérieusement ? Tu veux que je te serre à boire aussi ? Poursuit James.

- Non merci ! Sinon écoute, d'après eux, je suis en meilleur état de santé que tout le monde, mais bon, je le vois pas comme ça.

- À cause de tes hallucinations ? S'assoit James face à son ordinateur portable et à 80 degrés de Tyrone, avec son verre en main.

- En partie ! Exprime-t-il, en constatant que Quelot est debout, devant lui.

- Je t'assure, tu m'as fait peur quand tu as parlé avec ton hallucination à l'hôpital.

- Je peux comprendre.

Fuyant le regard de Quelot qui est intense, presque accusateur, Tyrone commence à ressentir une petite gêne, au niveau de sa respiration. Mais James, qui ne remarque pas cela, vu que ses yeux sont face à l'écran de son ordinateur portable, décide de changer de sujet :

- Mais tu aurais pu m'envoyer un message avant de passer. Peut-être, je n'aurai pas été là.

- Tu oublies que j'ai eu un accident. Mon téléphone est mort dans cet accident. Réfléchis frérot un peu.

- C'est l'hôpital qui se fout de la charité, là. S'immisce Quelot, toujours avec son ton rauque.

Il n'y a pas quelques heures, tu ne savais pas où était ton téléphone.

Tyrone ignore Quelot, mais commence à être de plus en plus sous pression. Ses mains tremblent subitement, quand Quelot lui a adressé la parole. Ainsi Tyrone préfère les rentrer dans ses poches pour cacher cela avant que James continue la discussion :

- Ouais, c'est vrai, j'avais oublié, désolé. Et sinon, on n'a pas beaucoup avancé sur les cours, tu sais.

- Tu sais, je m'en fous un peu.

- Au moins tu n'as pas changé, tu t'en fous toujours autant des cours. J'ai cru que ton traumatisme allait te faire devenir sérieux. Lui soumet James, avec un petit sourire.

- Je suis déjà sérieux. Mais dis-moi, se redresse Tyrone pour venir à côté de lui.

Tu peux faire une recherche sur ton ordinateur pour moi ?

- Ouais, tu veux quoi ? Ne porte-t-il plus d'attention sur son ordinateur, après sa venue.

- Trouve-moi des articles sur des personnes qui se considèrent comme des réincarnés ou généralement des informations sur la réincarnation.

- De quoi ? Se fige James, avec un regard interrogatif.

- Tu as bien compris, je veux des informations fiable sur les réincarnés ? Demande Tyrone sur un ton affirmé.

- Euh ouais... Réfléchit-il avant de lui demander, avec inquiétude.

Mais pourquoi tu n'as pas fait chez toi ?

- Simplement, que je ne veux pas les réponses typiques de Google. Je veux que tu me donnes des réponses sur des réseaux non surveillés.

- Mais pourquoi ? Insiste James.

Tu n'as pas besoin de ça pour savoir ce genre d'information. Ce n'est même pas du top secret.

Tyrone, qui a ressenti la présence de Quelot, remarque qu'il est toujours soucieux de sa réaction. Revenant face à James, il lui formule :

- Je veux ces informations. Vu que tu détournes toutes infos liées à vos ordis, comme ton frère travaille pour le gouvernement, c'est parfait. Ça me permettra de rester dans le secret.

- Tu me racontes quoi là ? Tu sais très bien que le réseau chez toi et vos ordinateurs sont aussi bien protégés et sécurisés que le nôtre à moins que ...

- Oui, tu as compris. Relance Tyrone, en s'asseyant finalement sur la chaise à côté de James.

J'ai une sale impression qu'on m'espionne à cause de ce fichu accident. Jette-t-il un nouveau coup d'œil sur Quelot, qui est toujours aussi silencieux.

- Tu tires ça d'où Tyrone ? Maintient-il son regard contre Tyrone, en ne saisissant pas son attitude.

- Juste une impression, mais c'est lié aux faits de savoir qu'est-ce qu'il y a sur les réincarnés.

- Je ne vois pas le lien mec. Ne saisit toujours pas James, en ne sachant pas quoi faire face à son ordinateur.

- S'il te plait ! Fais-le sans me poser de question James. Conjure Tyrone.

- Vas-y !

James alors commence la recherche. Après un instant, Tyrone et lui, regardent, sur l'écran du PC, les différents résultats qu'ils ont pu avoir sur le net et le darknet. Fouillant absolument tous les sites, il balaye les onglets qu'ils trouvent inutiles et Quelot intervient brutalement, pendant que James est fixé sur le portable :

- Arrête gamin, tu ne devrais pas faire ça !

- Et pourquoi ? Interroge Tyrone, à voix haute, à Quelot.

- Et pourquoi, quoi ? Répète James, en s'arrêtant de pianoter sur son clavier, après avoir entendu Tyrone qui parle tout seul.

- Pourquoi tu as ignoré le site d'avant ? Lui ment Tyrone à James.

Ne comprenant pas, James revient sur le site pour l'examiner, pendant que Quelot exprime son ressenti :

- Tu rentres sur un terrain dangereux gamin !

- On verra ça.

James, inquiet d'entendre son ami parlé de la sorte, poursuit ses recherches, les yeux face à son PC, en demandant sèchement à Tyrone :

- C'est moi ou tu parles à ton hallucination ?

- Je me parle à moi-même.

- Tu es sur ? Persiste James.

- Pourquoi je te mentirais ?

- Pour ne pas passer pour un fou.

Tyrone décide de ne pas répondre, mais lui sourit donc James accepte sa fausse réponse malgré lui. Alors que Tyrone reste soucieux avec une respiration de plus en plus rapide et des petites gouttes de sueur sur son visage, Quelot, qui l'observe, lui déclare sur un ton rude :

- Continues, tu ne fais pas fou du tout !

Avant qu'il se mette à répondre à Quelot, d'une façon accablante, James le stoppe et lui énonce les résultats qu'il a vus :

- Ecoute mec, se concentre Tyrone sur l'écran que James pointe avec son doigt.

Que ça soit sur le darknet ou sur le net, les résultats sont les mêmes que sur Wikipédia, à peu près. Le darknet n'évoque même pas une seule idée là-dessus. Et même, le site que tu m'as dit de fouiller n'a rien de concret.

- Il doit y avoir un résultat ? Même le moins important ? Ou sinon je suis...

- Fou ? Intervient Quelot, voyant Tyrone qui parle avec une respiration de plus en plus visible. Oui, c'est le bon mot '' Fou '' ou j'ai mieux... Aliéné.

Tyrone, qui essaye de rester calme, en mettant ses mains sur son visage, ignore les propos de Quelot tandis que James poursuit la phrase de Tyrone en voyant l'état de son ami :

- Tu es quoi ? Tu as l'air bizarre là...

- Je suis... Bégaye Tyrone, en arrivant à s'apaiser un minimum.

Je suis dans l'erreur... Mais sérieusement ? Tu n'as aucune information ?

- Je n'en ai aucune. Tout ce que j'ai trouvé, tourne autour du biocentrisme. Ce concept qui inclut la réincarnation et tout, mais rien de plus.

- Ce concept évoque quoi ? Des faits inédits ou inconnus ? Lui demande Tyrone, avec une expression de curiosité, cherchant à oublier Quelot.

- Attends un instant !

James refait, alors, une fouille informatif sur internet et décèle un site qu'il a zappé. Il lui annonce, en affichant ce site :

- J'ai trouvé un, mais ce n'est pas fameux. Une multinationale, la Néo-Société, fera une conférence publique par leur PDG pour une confrérie scientifique sur le biocentrisme, avec en élément principal le cycle de la réincarnation.

- Quand c'est ? Demande-t-il, en sentant, dans son dos, Quelot qui est de plus en plus insistant.

- Dans 4 jours à compter d'aujourd'hui.

- Parfait ! Répond Tyrone, en se tournant pour observer Quelot qui agite la tête négativement. Avec son regard qui s'assombrit, Tyrone se lève, de manière furieuse, mais troublée, en remerciant James :

Merci frérot, mais je vais y aller.

Tyrone se presse de prendre ses affaires, toujours avec sa sueur qui s'intensifie et sa respiration presque bruyante. Mais James l'interpelle, en remarquant son état :

- Attends, mais mec, tu vas où ? Laisse-moi te ramener.

- Non t'inquiètes, mon père m'attend en bas... Il m'a dit qu'il reviendrait dans trente minutes.

- Vas-y, attends, j'enfile mes shoes et je t'accompagne. Se dresse James de sa chaise.

- NON, JE T'AI DIT ! Hurle-t-il sur James qui s'immobilise de surprise.

LAISSE-MOI TRANQUILLE, JE N'AI PAS BESOIN DE TON AIDE !

Effarouché de voir que Tyrone s'est mis à lui hurler dessus, James reste immobile et sans voix en voyant son ami sortir de chez lui énervé, qui lui semble décompenser psychologiquement à l'œil nu.

V

Dans un port du XVIIIe siècle, rempli de bateau en bois maintenu sur un vieux quai d'amarrage. Le bateau où est détenu le jeune Quelot, arrive sur le quai. Des hommes blancs sortent une vingtaine d'hommes noirs enchainés les uns à côté des autres, en pointant leurs armes sur eux. Quelot, dans ce groupe, reste silencieux en marchant, avec un air effrayé. Ces hommes blancs avec les esclaves, dont Quelot, se dirigent vers une place publique pour pouvoir les vendre. Les hommes noirs, qui seront bientôt vendus au plus offrant, sont placés autour de cette place et un homme blanc se met à faire une annonce au public qui apprécie ces hommes noirs comme une marchandise :

- Mes Amis ! Aujourd'hui, on a un lot exceptionnel d'esclaves pour vous, faites vos choix.

De nombreux hommes blancs, paraissant fortunés, tous entourés de gardes ou de proches, observent attentivement ces hommes attachés. Payant pour certains de ces esclaves, Quelot, témoin de cela, commence à se mettre à hurler, en étant heurté de la situation :

- EH ! Libérez-moi ! Je ne suis pas un esclave !

Tous les hommes noirs enchainés contemplent Quelot, en étant ahuris, mais sans dire un mot et le laisse faire, en baissant la tête. Un des hommes blancs du navire arrive et ordonne à Quelot d'un ton rude :

- La ferme négro !

- Je me tairais pas, je ne suis pas un esclave. Je ne ferais rien de ceux que vous m'ordonnerez.

- Ah ouais ! Lui dit l'homme blanc, en prenant un fouet derrière son dos.

On verra après t'être fait fouetter si tu feras toujours le malin avec ta belle gueule.

Avant de porter son coup de fouet, un homme blanc, avec un chapeau et une légère barbe aux yeux bleus, aux allures empathiques, dans la foule, décrète, d'un ton autoritaire :

- Stop ! Ne le frappez pas, moi, je le veux !

- Mais monsieur... Il faut le corriger. Réplique l'homme blanc, avec le fouet.

- Laissez-le ! Je vous paierai le prix fort s'il n'est pas blessé. Maintiens l'homme dans la foule.

- Bien monsieur ! Acquiesce le marchand d'esclaves et murmure à l'oreille de Quelot.

Tu as de la chance négro. Profites-en !

Quelot, soulagé de ne pas s'être fait fouetter, est posté à genoux. Se faisant lever par les hommes de garde de son acheteur, celui-ci, pendant ce temps, paye le marchand. Alors que ses gardes emmènent Quelot dans un vieux carrosse, mené par des chevaux, l'acheteur souhaite à Quelot, qui n'est pas serein, après qu'il soit dedans, en fermant la portière :

- Fais bon voyage !

VI

Sur un trottoir peuplé de piétons, complètement déboussolé, en transpirant abondamment et respirant de plus en plus vite et plus fort, Tyrone a ses yeux qui fusent de tous les côtés. Perturbant totalement les piétons qui passent autour de lui, en le dévisageant, avec sa démarche qui zigzague et avec la tête qui tourne, lui procurant des vertiges, Tyrone se dit à haute voix :

- Merde, mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?

- Reconcentre toi, gamin ! Apparait Quelot à sa droite, en marchant avec lui.

Je ne sais pas ce qui t'arrive, mais reprends tes esprits.

Tyrone, respirant et inspirant fort, se stoppe avant d'appuyer sa main sur une vitrine. Mettant son autre main sur sa tête pour essuyer sa sueur, il hausse la voix contre Quelot :

- Toi laisse-moi tranquille, c'est ta faute si je refais une crise de panique là. Je ne sais pas ce que vous me faites, mais vous me fatiguez au sens propre et au sens figuré.

Les passants parisiens, qui constatent Tyrone dans cet état, ne lui portent pas plus d'attention alors qu'il se met à parler seul. Tyrone, apercevant ces passants, en plus de Quelot, intrigué, décide de reprendre sa route, en avançant tel un homme affaibli.

- Tu aurais dû te reposer à la place de faire le semi-espion pour savoir qu'est-ce qui t'arrive ?

- Mais je cherche à savoir comment est arrivé ce problème de réincarnation putain. Lui répond Tyrone, à voix haute, au milieu des piétons.

- Qui te dit que c'est un problème gamin ?

- Vos énigmes commencent vraiment à me fatiguer. Au moins, Imala répondait à mes questions. Déclare-t-il, en baissant le volume de sa voix, car il attire trop l'attention.

- Je ne me souviens pas qu'Imala t'ait révélé beaucoup de choses.

Tyrone scrute Quelot, avec son air énervé, en continuant à marcher, en ayant de légers vertiges. Quand, subitement, il rencontre le prêtre Kanté accompagnant une vingtaine d'enfants. L'apercevant trop tard, Tyrone veut l'éviter, mais le prêtre, l'ayant remarqué, l'appelle avec un grand enthousiasme :

- Oh Tyrone !

Tyrone, qui s'est retourné pour fuir, ne pouvant pas éviter le Prêtre Kanté, s'incline face à lui. Essayant de masquer sa panique, il essuie le peu de sueur, qui lui reste au visage avec le dos de sa main droite, et se calme au plus vite. Puis devant lui, avec un sourire forcé, il le salue poliment et le prêtre lui demande :

Comment ça va ? Tu es déjà sorti de l'hôpital ? Ton père m'a tenu un peu informé de ta situation. Qu'est-ce que tu fais dehors alors que tu es en phase de rétablissement ?

- Je vais bien, merci de demander. Je me balade juste. Répond simplement Tyrone, très lentement, avec beaucoup de mal.

- Tu en es sûr ? On ne dirait pas que tu vas bien.

- Je vous assure que ça va. Répond-il, en voyant Quelot, dans son champ de vision, face à lui, au milieu des enfants qui accompagnent le prêtre.

- Dis-lui aussi que tu es fou, un de plus, ça ne change rien hein. Lui conseille ironiquement Quelot.

Tyrone, sentant de plus en plus qu'il rentre dans une phase de panique, déclare rapidement au prêtre Kanté, en courant :

- Désolé mon père. Je suis pressé. À bientôt.

- Mais Tyrone attend... Se soucie le prêtre, en voyant Tyrone décamper le plus vite possible.

Apres qu'il est fui vite et ne pouvant pas laisser les enfants, qui ont entre 6-9 ans, Kanté décide de ne pas le poursuivre.

- Mon père, on ne va pas être en retard pour le cinéma ? Demande l'un des enfants.

- Si, si, tu as raison Cédric. On reprend le chemin.

Le prêtre fait signe aux enfants et s'en va avec eux, toute en ayant un regard craintif derrière lui, alarmé par l'attitude de Tyrone.

Angoissé, après avoir marché, avec beaucoup de mal, en se tenant aux murs des bâtiments, Tyrone, avec des vertiges qui ne font que se prolonger, crie soudainement au milieu des passants :

- Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? C'est plus possible ! MA TÊTE !

Tous les civils le regardent bizarrement, mais ne lui portent aucune aide. Tous portent un certain jugement à son comportement, malgré ça, Tyrone n'y prête aucune attention comme les piétons font pour lui. Après s'être reposé contre un mur, un moment, vers une petite ruelle vide et sombre, il tombe subitement sur les genoux, après avoir fait un pas. Les larmes qui coulent, Quelot lui demande, en ayant son regard sur la ruelle :

- Sais-tu où tu es là ?

Avec son mal de tête intense, il essaye de se repérer dans cette ruelle désaffectée, remplie de morceaux de verre à terre, où à 100 mètres il y a un bâtiment avec une petite fenêtre. Cet endroit, c'est là où Tyrone a vu cette chose qu'il l'a l'horrifié, il y a plus de deux semaines, mais qu'il a oublié à cause de l'accident. Donc Tyrone lui répond, en essuyant ses larmes :

- Non, je ne sais pas où on est. Et c'est quoi cette question ?

- Parce que c'est toi, qui nous as emmenés ici. Il y a bien une raison ?

- Tu me racontes quoi là ? Parle franchement putain. Commence à s'énerver Tyrone.

- Regarde-toi ! Tu t'énerves, tu cries, tu passes pour un fou pour tes proches et pour ses piétons ! Sermonne Quelot, en haussant de plus en plus la voix.

Tu es parano, tu désobéis à tes chers docteurs blancs, à tes parents, etc... Tu ne vas pas bien GAMIN !

- Je ne suis pas ton gamin ! Arrête de m'appeler comme ça ! Élève-t-il la voix sur Quelot, en se levant difficilement, grâce au mur auquel il s'agrippe puis il décide de s'immiscer dans cette ruelle, vers la fenêtre, où il n'y a pas de passants.

Et, en plus, tes réflexions pro-noires me fatiguent sincèrement !

Enfin, une femme, qui passe devant la ruelle où Tyrone est, le remarque en train de ne crier sur personne. Décidant de s'approcher de lui, elle lui pose une question :

- Monsieur ! Euh... Vous allez bien ?

- Non, je ne vais pas bien et foutez-moi la paix ! Je ne vous ai pas demandé votre avis, putain ! Hurle Tyrone contre cette femme, qui se préoccupe de lui.

La femme, surprise par tant d'agressivité envers son acte de bienveillance, fuit en appelant la police avec son téléphone pour les prévenir qu'un homme parait louche et semble agressif. Tandis que Quelot, qui contemple cette femme partir, reprend la discussion :

- Tu as été dur avec cette femme ? Elle s'inquiétait juste pour toi.

- Je l'emmerde et je t'emmerde toi aussi ! Vous me cachez des choses, vous êtes soi-disant mes esprits de mon ancienne vie. Vous voyez ce que je vois, mais vous ne voulez pas me dire ce qu'il s'est passé Imala et toi... Donc on arrête de jouer à ce petit jeu et je veux des réponses. TOUT DE SUITE !

- Tu ne fais pas fou du tout à parler tout seul à voix haute. Parle-t-il à Tyrone, d'une voix rude mais calme.

- MERDE ! Mais ce n'est pas vrai, réponds-moi !

- Tu veux que je réponde à tes questions. OK, mais, toi, tu dois accepter cette vie-là.

- Mais quelle vie ? Se questionne Tyrone, en sentant sa tête qu'il va presque exploser et en serrant ses mains sur son crâne.

Cette vie de réincarné... Putain, comment on peut accepter cette vie. Toi, tu acceptais cette vie de négro esclavagiste ? Poursuit-il, en le pointant du doigt, visible par encore une dizaine de nouveaux passants qui le regardent bizarrement au loin.

- Tu oses comparer l'esclavage avec ta situation ? Quelot se met à interroger Tyrone sur un ton moralisateur, faisant presque reculer Tyrone, car il commence à être furieux.

Tu as fait fort. J'en ai vu des comparaisons comme les camps de concentration, mais celle-ci n'est pas mal. Bravo, tu es en train de dire que c'est de la torture de nous parler. C'est ça ? Hein Tyrone. C'EST ÇA ?

- Tu commences à m'agacer sincèrement ! Se redresse-t-il face à Quelot, droit dans les yeux.

Je veux des réponses. DES VRAIES RÉPONSES ! Pas vos pseudo-explications pour me faire croire que je suis fou.

- Tu veux des réponses pour aller mieux gamin. Sourit-il narquoisement pour la première fois.

Déjà, avant d'accepter cette nouvelle vie, arrête d'écouter tes docteurs blancs ou les hommes et femmes corrompus par la mentalité blanche.

- Mais merde, tu me racontes quoi là ? Arrête de croire qu'on est en 1600. L'esclavage, c'est fini mon pote. Exprime Tyrone, en mettant des guillemets, tout en étant énervé.

C'est vrai qu'il y a encore beaucoup de racisme, j'en suis témoin et j'en ai subi, mais en faire une généralité, c'est pas possible. Ma mère est blanche et je ne peux pas penser comme ça, alors arrêtes AVEC TA PUTAIN DE MENTALITÉ DE MERDE.

Dévisageant Tyrone, il se tourne vers les passants, qui se préoccupent un minimum du comportement pas commun de Tyrone. Celui-ci, à bout de souffle, à cause de sa dispute avec Quelot, regarde à son tour les passants où certains se sont mis à le filmer. Voyant un jugement attristé de la part de ces personnes, il entend Quelot prononcer plus calmement :

- Tu aurais vécu juste... Mais juste, une seule minute de ma vie d'esclave... Je t'assure que tu aurais eu la même mentalité que moi.

- C'est vrai, mais aujourd'hui moi, je n'ai pas vécu ta vie et ce que je veux, c'est vivre la mienne. Et Imala et toi, vous m'empêchez de la vivre. Parle-t-il à Quelot, plus doucement, en se mettant à genoux à cause de la fatigue.

- Tu veux la vivre. Accepte cette vie qu'on t'a offerte.

- Tu veux que j'accepte cette vie de réincarné où je peux parler avec des esprits comme un fou... Où je peux me rappeler leurs souvenirs... Où je peux guérir plus vite que la normale, où je ne sais pas quoi encore ? C'est cette vie que je dois accepter.

- Oui et elle ne parait pas mauvaise comparé à l'esclavage. Souligne Quelot.

- Vrai, mais je vais vérifier par moi-même mes capacités alors.

Tyrone, avec une grande vitesse, prend un bout de verre par terre et se tranche les veines sur l'avant-bras. Surpris, mais sans l'exprimer physiquement, Quelot lui demande :

- Pourquoi tu as fait ça ? Tu veux confirmer que tu es fou.

- Oui, je suis fou, et je vais en avoir la preuve. Si je ne guéris vite, au moins je saurai que je ne le suis pas. Dit-il, en gémissant de douleur, à Quelot, laissant son avant-bras saigné.

- Et dire que je te pensais intelligent.

- Je vais même te prouver que je suis un génie. Attends !

Tyrone, avec son verre brisé dans sa main, commence à le diriger vers son cou, sans la moindre hésitation. Mais Quelot, brusquement, stoppe Tyrone dans son élan en attrapant le bras de Tyrone où il tient son verre brisé. Déconcerté de voir qu'il ne peut pas bouger sa main avec le verre, qui est à un millimètre de son cou, à cause de Quelot, qui n'est pas réel, Tyrone se demande, avec un air effrayé :

- Comment... Mais comment tu peux faire ça ?

- Tu es peut-être un génie, mais là, tu ne le prouves clairement pas. Je te présente ta nouvelle capacité, enfin ça, c'est notre capacité. Je peux interagir sur tes gestes et tes actes quand je le désire et là, c'était une nécessité.

- Mais... Reste stupéfait Tyrone, en écoutant Quelot.

- Heureusement que tu ne sais pas viser. Observe-t-il l'avant-bras de Tyrone qui saigne peu. Tu ne saignes pas beaucoup ça prouve que tu n'as pas touché une artère.

Restant immobile sans bouger, il le fixe avec un regard apeuré pendant que Quelot lâche son bras, qui redevient mobile à nouveau. Jetant le morceau de verre, à terre, dû au choc émotionnel, Quelot lui déclare, en reculant d'un pas :

- Bien joué ! Maintenant, je vais me taire et regarder.

- Regarder quoi ? Soupçonne Tyrone, en ne comprenant pas ce que Quelot a dit.

Soudainement, la police surgit, en écartant les passants, puis deux d'entre eux se rapprochent de Tyrone. Voyant qu'il a son bras gauche en sang et du verre brisé avec du sang par terre, l'un des deux policiers lui réclame :

- Monsieur, Police ! Qu'est-ce qu'il se passe ? On a eu un signalement que vous n'étiez pas dans un état normal.

Tyrone constate qu'ils se rapprochent de lui et reste de marbre, sans dire un mot. Quelot, ainsi, lui assure, avec une nouvelle fois, un sourire narquois :

- Tu vois, c'est pour ça que je vais me taire.

Les deux policiers sont face à lui, avec leurs mains sur leur étui et une certaine prudence. Mais Tyrone reste encore silencieux, avec les yeux abaissés et une respiration bruyante, mais lente. Un d'eux pose une question à Tyrone qui le décèle dans cette posture :

- Monsieur, pourquoi vous êtes à genoux, face à un bout de verre taché de sang, avec une entaille à votre avant-bras ?

N'émettant aucun mot, très affligé par la situation, Tyrone prononce rien, toujours désorienté par ce que Quelot vient de faire, avec un regard vide. Le policier, face à lui, poursuit :

Monsieur, restez calme et ne bougez pas ! C'est pour votre bien. D'accord ?

Tyrone, mortifié, à la simple expression de son visage, se fait escorter par le policier dans un silence absolu dans leur voiture. Toujours dans cet état, il se laisse emmener directement en hôpital psychiatrique, sans se poser de question.

Arrivée à l'asile, à la nuit tombée, la police l'emmène dans le hall d'entrée. Des aides-soignants prennent Tyrone, en compagnie d'une infirmière, et l'emmènent dans une chambre isolée.

Pendant tout le trajet, de son arrestation à l'hôpital, il est resté totalement silencieux, avec un regard des plus tourmentés. Dans sa chambre d'hospitalisation, contenant un lit, une table de chevet, des toilettes et un pyjama d'hôpitaux psychiatriques, Tyrone commence à ravaler son crachat, inquiet, en voyant l'état de cette chambre, presque funèbre. La larme à l'œil, dérobé par la situation, l'infirmière, accompagnée d'un aide-soignant, déclare à Tyrone, après avoir posé des affaires de toilettes et un pyjama sur son lit :

- Monsieur Hirst, je vais vous laisser vous reposer. On ne vous brusquera pas ce soir. Je viendrais vous voir demain. Là, je vais vous laisser dormir, il est tard. D'accord ?

L'infirmière observe Tyrone, qui ne réagit pas, en serrant fortement les dents. Par conséquent, elle enferme Tyrone, en lui souhaitant '' Bonne nuit ! '' Entendant le grincement de la serrure, qui ferme dans sa chambre, il s'essuie les yeux puis voit surgir Quelot, qui le félicite malicieusement, posé sur son lit :

- Bravo, tu y es arrivé ! Tu es considéré comme fou, tu as atteint ton objectif.

Tyrone se tait, en regardant sa chambre avec chagrin, et Quelot continue en restant sur son lit :

Ouais, c'est mieux que tu te taises, on te surveille, je pense. S'ils ont la preuve que tu parles seul, on prouvera que tu es officiellement fou.

- Je ne suis pas fou. Proteste, d'une voix basse, Tyrone.

- Pourtant, tu le ruminais pas mal.

Tyrone, qui se questionne, en décidant d'aller s'asseoir sur son lit, met sa tête entre ses mains en pleurant véritablement. Ne laissant que la mélancolie l'envahir, Quelot, qui s'est levé, face à lui, poursuit d'un ton presque adoucissant :

Ouais, c'est une vie autoritaire qu'on a choisie toi et moi. Profère-t-il, en réussissant à avoir l'attention de Tyrone, avec un regard ferme.

Tu as osé comparer l'esclavage avec notre situation, mais je vais te faire une mini-comparaison sur l'esclavage avec ta situation, dans cet hospice. Moi, je n'ai pas accepté d'être un esclave et toi, à ce que je vois, tu ne veux pas accepter d'être un fou. Maintenant la question est de savoir si tu veux te battre pour ne plus être ce que tu es pour cette société de blancs. Tyrone se retient, en ayant un regard qui exprime une véritable haine dirigée contre Quelot.

Tu as raison. Je t'accorde le fait de ne pas de me répondre, mais réfléchis-y gamin.

Quelot se retourne, comme s'il compte disparaitre, mais Tyrone lui demande subitement :

- Pourquoi tu es venu ? Pourquoi, c'est toi le deuxième esprit à être venu me voir ?

- C'était pour te brusquer. Lui répond-il sincèrement.

Maintenant, j'y vais, j'en ai marre. J'ai passé assez de temps avec toi. Je te souhaite bonne chance pour la suite avec ta vie. Réellement, si tu souhaites le savoir, je m'en fous de ta vie, mais vu qu'on est lié. J'espère que tu feras les bons choix.

- Dernière chose. Demande Tyrone, d'une faible voix.

Pourquoi, si tu n'as pas accepté cette vie d'esclave, tu te présentes avec ton nom d'esclaves ?

Avant de disparaitre, Quelot reste sur place, le regard sombre, réfléchissant un instant, avant de lui souhaiter :

- Au revoir Tyrone ! Bonne chance !

Reprenant son souffle, après qu'il soit partir, Tyrone, sur son lit, se laisse partir dans un long sommeil, en fermant rapidement les yeux.

VI

À l'extérieur d'une grande villa, de plusieurs hectares de terrain, à l'ère du XVIIIe siècle, deux carrosses, un très vieux et un autre carrosse sublime, arrivent devant cette propriété. Dans le carrosse sublime, sort l'homme blanc, qui a acheté Quelot, avec deux de ses gardes. Se dirigeant, tous les trois, vers le vieux carrosse, ils ouvrent la porte de ce carrosse. L'homme blanc ordonne à Quelot, qui est placé à l'intérieur :

- Sors d'ici !

Quelot, toujours enchainé de haut en bas, se dresse et se déplace lentement, un pas après l'autre. Sorti du carrosse, où à l'intérieur de son carrosse, il fait extrêmement sombre, Quelot voit mal, à cause de la luminosité du soleil contre ses yeux, cette grande villa magnifique remplie de verdure et de potager. L'homme blanc exprime à Quelot :

- Viens avec moi ! Je vais te faire visiter. Vous, exige-t-il aux gardes, avec son doigt.

Enlevez-lui les chaines et suivez-nous.

Après lui avoir enlevé les chaines, Quelot et son acheteur marchent le long de l'habitation. Il contemple la beauté du paysage puis gratifie son geste :

- Monsieur, je veux vous remercier de m'avoir évité de me faire fouetter. Je ne suis pas à ma place, ici. Je ne suis pas un esclave.

- Ne m'appelle pas Monsieur... reprend l'homme blanc à Quelot, d'un ton sec.

Appelle-moi Tom !

- Excusez-moi Tom, mais sinon je suis sûr qu'on peut trouver une solution.

- Je l'ai déjà trouvé. Déclare-t-il à Quelot, avec un sourire narquois.

- Comment ça ?

Plus ils marchent, plus Quelot commence à apercevoir des esclaves noirs travailler dans les champs. Encore plus horrible à travers son regard, il découvre de nombreux hommes noirs morts, attachés à une croix ou pendus à de grands arbres, qui l'affectent profondément. Celui-ci, alors, surpris se met à bafouiller :

- Mais, mais...

- Oui, regarde bien ! Tu n'as pas tout vu ! Exprime méchamment Tom.

Après leur avoir dit cela, Quelot distingue que ce paysage, devant lui, n'est pas si beau, mais qu'il a tout d'épouvantable. Voyant des hommes noirs se faire fouetter à mort, d'autres noirs se faire noyer dans un étang de la villa et des noirs se faisant marquer par des bâtons de fer enflammé. Le regard de Quelot commence à scintiller, versant naturellement une larme. Il se met alors à paniquer d'avance, empli de peur.

En faisant un pas en arrière, contre l'un des gardes du corps de Tom, Quelot est emmené juste devant un arbre où il y a un homme noir pendu, qui semble être mort récemment. Directement, il se jette à terre pour vomir

- Vous êtes des gens horribles ! Emet Quelot, après s'être redressé.

- Tu sais, c'est la vie qui veut ça. Lui répond Tom, en contemplant l'homme pendu.

Et ma vie est une vie autoritaire, mais ça va aussi devenir la tienne.

Quelot conserve le silence face à tant horreur, presque tétanisé. Alors Tom enchaine, en lui montrant l'homme pendu :

Tu vois, ce négro est mort juste avant que je t'achète. Tu veux savoir pourquoi ?

Tom, face à Quelot, qui ne dit aucun mot, le regarde droit dans les yeux pour poursuivre son discours :

J'imagine que tu ne veux pas savoir, mais je vais te le dire quand même. Alors ce bon négro s'amusait toujours à fuir la villa, mais cette imbécile se faisait toujours rattraper donc on le torturait. Mais il fuyait toujours, donc au final, je l'ai tué... C'était très distrayant. Mais bon, faire mourir les esclaves à la fin ce n'est pas très lucratif. Aujourd'hui, je vise une nouvelle philosophie... Celle de plus torturer pour savoir le moment où l'esclave deviendra obéissant, au lieu de le tuer.

Quelot, qui se larmoie passivement, se sent intimider par les propos de Tom qui enchaine :

Ouais, je sais, ce n'est pas beau hein ? Mais bon. Dès que je t'ai vu, j'ai perçu toute ton innocence en toi, mais aussi de la ténacité. J'ai su que ça sera un plaisir de te casser mentalement, alors ne commence pas à pleurer parce qu'on n'a rien initié.

- Qu'est-ce que vous voulez ? Demande Quelot, sur un ton terrifié.

- Ce que je veux, je te l'ai déjà dit. Tu veux plutôt savoir pourquoi je te montre cela et te raconte tout ceci. C'est simple, regarde-toi comparer aux autres négros. Se place-t-il au même niveau du champ de vision de Quelot.

Tu es tout beau, sans cicatrice, avec de belles mains, de beaux pieds, pas comme eux avec des cicatrices ou des blessures. Je t'ai montré ça pour que tu saches qu'ici si tu fais le con, si tu tentes de t'évader, si tu me désobéis, en gros si tu es contre moi. Tu retrouveras plus ton corps que tu as maintenant. Tom se met alors à l'enlacer.

Je veux que tu prennes conscience que tu as la chance d'avoir un beau visage et un beau corps et que si tu désobéis, tu vas te retrouver comme eux ou pire qu'eux. Parce que je te préviens déjà... Tu vas être mon souffre-douleur.

Tom, avec son bras autour des épaules de Quelot, le relâche, le laissant prendre conscience de la situation. Ayant marché, quelques bons mètres, Tom se tourne en lui rappelant :

Ah oui, j'ai oublié. Le prénom que tu avais, jadis, tu peux l'oublier. Ton prénom, maintenant, sera Quelot. C'est le nom du négro que je viens de tuer. Comme ça, tu auras le nom d'un mort pour te faire prendre conscience que tu es mon putain d'esclave et que tu dois accepter ta situation. A demain Quelot !

Tom part en souriant, tandis que Quelot se jette à quatre pattes et se met à pleurer autour des deux gardes du corps de Tom, comprenant la situation qui l'attend.


Habitation à loyer modéré

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