Chapitre 2 - FIN


Adrien était Chat Noir.

C'était la seule explication possible.

La seule raison pour laquelle il savait tant de choses sur Ladybug, des choses qu'Alya elle-même ignorait. L'origine cachée de toutes ses absences, que Marinette n'avait jamais remarquées parce qu'elles coïncidaient parfaitement avec chacune des siennes.

La surprise de la jeune fille était telle qu'elle n'arrivait plus à réfléchir. C'était trop, beaucoup trop de données à analyser d'un seul coup. L'identité de Chat Noir. La double vie de celui qu'elle aimait. Ces indices qui lui avaient toujours échappé jusque-là. Les implications possibles de cette découverte. L'avenir de leur relation.

L'esprit de Marinette ne suivait plus. Il fallait qu'elle parte. Qu'elle prenne le temps de se calmer, d'analyser la situation.

Parasitée par les pensées affolées qui tourbillonnaient dans son cerveau, Marinette sentit monter en elle une bouffée de nervosité incontrôlable. Une immense vague de panique qui gonflait implacablement, s'écrasait contre ses côtes, comprimait ses poumons, errodait la fragile barrière de sang-froid qui la séparait encore d'une crise de nerfs.

Il fallait qu'elle parte maintenant.

« O-Ok », balbutia-t-elle d'une voix suraïgue. « J-Je pense qu'il faut que j'y aille, mes parents risquent de remarquer que je suis partie. Et n-n-ne t'inquiète pas pour moi. Enfin, ne t'inquiète pas pour Ladybug », se corrigea-t-elle en agitant si violemment les mains devant elle qu'elle manqua de frapper Adrien en pleine mâchoire.

La dentition parfaite du jeune homme ne dû son salut que grâce un mouvement de recul instinctif de son propriétaire, qu'Adrien effectua tout en jetant un regard effrayé à sa camarade de classe.

« Je ne dirai rien ! », insista Marinette en secouant frénétiquement la tête. « Rien de rien. Je te le jure ! »

« D'accord », approuva Adrien, dont l'expression inquiète se teinta aussitôt d'un profond soulagement. « Merci, Marinette. Et merci encore d'être venue. »





Il ne fallut ensuite qu'une poignée de minute à Marinette pour fuir. Non. Pour "opérer une retraite stratégique en direction des toits".

Après s'être transformée et échappée en un temps record, la jeune fille avait trouvé refuge au sommet d'un immeuble faisant face à la gigantesque demeure des Agreste. Assise en tailleur, dos appuyé contre une cheminée, Ladybug fixait sans réellement la voir la chambre de son camarade de classe.

L'héroïne de Paris était encore sous le choc de son incroyable découverte. Elle tremblait de tout son corps, comme si une main invisible s'était saisie d'elle pour la secouer comme un prunier. Le regard étrangement hagard, les lèvres laissant échapper des murmures incohérents, Ladybug tentait désespérément de remettre de l'ordre dans ses idées.

Elle se disait amoureuse d'Adrien. Elle se prétendait l'amie de Chat Noir.

Comment avait-elle pu ne jamais comprendre ?

Soudain, les yeux de Ladybug saisirent un mouvement presque indécelable. Une petite boule sombre, qui voletait si discrètement dans la chambre d'Adrien que n'importe qui d'autre qu'elle aurait pu croire à une ombre ou à une quelconque illusion d'optique.

Mais pour l'héroïne de Paris, aucun doute possible. Cette minuscule chose aussi noire que de l'encre était un kwami, et Adrien était Chat Noir.

C'était une certitude à présent.





« Marinette, je pense que c'est une mauvaise idée », répéta Tikki. « Une très, très mauvaise idée. »

Trois jours avaient passés depuis la miraculeuse prise de conscience de la jeune fille.

Trois longues et difficiles journées ponctuées de hurlements étouffés dans des oreillers, de discours interminables et de remises en question inutilement dramatiques, qui avaient mis à rude épreuve la patience du kwami.

Heureusement, Marinette semblait s'être enfin reprise.

Malheureusement, elle ne paraissait pas pour autant être décidée à faire preuve d'autant de bon sens que l'aurait souhaité Tikki.

« Je pense que c'est la meilleure chose à faire, au contraire », rétorqua la jeune fille, clairement indifférente aux réserves émises par son kwami.

« Et pourquoi ne pas simplement lui dire qui tu es ? », objecta Tikki en voletant à ses côtés.

Marinette secoua vivement la tête de droite à gauche.

« Non », répéta-t-elle avec obstination, tout en croisant défensivement les bras pour appuyer ses paroles. « Je veux qu'il devine. »

« Marinette... », soupira Tikki. « Tu ne crois pas que tu compliques inutilement les choses ? »

Mais la décision de la jeune fille était prise. Elle avait découvert l'identité de Chat Noir par elle-même, grâce à des indices qu'Adrien avait disséminé à son insu. Il n'était que justice que son partenaire comprenne à son tour qui elle était. Qu'il devine seul qu'elle était celle qui se cachait derrière le masque de Ladybug.

Et pour ça, elle avait un plan infaillible.





Dès le lendemain soir, Marinette se faufila dans la maison de son coéquipier en usant d'un stratagème strictement identique à celui qu'elle avait utilisé quelques jours auparavant.

Mais cette fois, elle n'était plus une boule de nerfs prête à s'évanouir à la seule vue de l'amour de sa vie.

Cette fois, elle était une fille en mission.

Il ne fallut à Marinette qu'une poignée de minute pour rejoindre la chambre de son coéquipier, et une fraction de secondes supplémentaire pour se glisser dans la pièce. Elle repéra aussitôt Adrien, assis en plein dans son champ de vision. Confortablement installé sur son canapé et clairement inconscient de l'intrusion de sa camarade de classe, le jeune homme tournait distraitement les pages du livre qu'il tenait entre les mains.

Un petit sourire se dessina lentement sur les lèvres de Marinette.

Il était temps de mettre son plan en marche.

L'adolescente prit une profonde inspiration et laissa échapper une légère quinte de toux. Alerté par ce bruit inattendu, Adrien tourna aussitôt la tête vers elle. Sa surprise fut telle qu'il bondit littéralement de son canapé, battant des bras avec tant de vigueur pour conserver son équilibre qu'il envoya son livre voler à deux bons mètres de lui.

« M-Marinette ? », bégaya-t-il, les yeux écarquillés de stupeur.

Puis, reprenant contenance à une vitesse remarquable, il s'approcha de la jeune fille tout en se passant machinalement la main dans les cheveux.

« Bonsoir », la salua-t-il avec un sourire chaleureux. « Je ne m'attendais pas à ce que tu reviennes me voir. »

« Salut ! », répliqua joyeusement la jeune fille. « Et bien, la dernière fois tu m'as dit que tu t'ennuyais un peu ici, alors je me suis dit qu'un peu de compagnie te ferai plaisir. »

« Et tu as eu parfaitement raison », approuva Adrien avec un nouveau sourire qui donna à Marinette la sensation de fondre de bonheur.

Décidément, Adrien, Chat Noir, peu importe.

Ce garçon lui faisait définitivement tourner la tête.

« Tu as encore escaladé le mur de ma maison ? », reprit Adrien, inconscient des émois dans lequel il plongeait sa visiteuse.

« Exactement », mentit Marinette avec un aplomb remarquable. « Je suis même passée par le toit, pour être exacte. Par la petite fenêtre qui donne sur un vieux bureau », précisa-t-elle quand le jeune homme lui jeta un regard estomaqué.

« Tu... QUOI ? », s'écria-t-il. « Mais... C'est... Ce n'est pas possible ! »

« Pas quand on a la bonne technique », rétorqua Marinette, les yeux pétillants de malice.

Mains posées sur les hanches, elle releva fièrement le menton dans une imitation parfaite de l'attitude confiante qu'arborait souvent Ladybug lorsqu'un combat tournait à son avantage.

« Je dirais même que ça a été aussi simple que si je m'étais projetée directement en haut de chez toi », ajouta-t-elle, ponctuant sa déclaration d'un petit rire satisfait quand Adrien lui jeta un coup d'œil suspicieux.

Les choses commençaient bien.

Quelques indices par-ci, une poignée de paroles compromettantes par-là, et bientôt, Adrien comprendrait enfin qu'elle n'était nulle autre que sa chère coéquipière.





Durant la semaine qui suivit, Marinette mit un point d'honneur à ne pas laisser passer une seule journée sans s'introduire pour quelques heures dans la chambre de son coéquipier.

Chaque soir, elle venait lui rendre visite en espérant saisir enfin une lueur de compréhension dans son regard.

Et chaque soir, elle repartait déçue par son manque de résultat.

A son grand désespoir, si Adrien l'accueillait chaleureusement, si son visage s'illuminait d'un merveilleux sourire à chaque fois qu'il la voyait, jamais il ne semblait se poser de questions sur ses étranges apparitions.

Pas la moindre mise en doute.

Pas la moindre évolution.

Pourtant, Marinette se donnait du mal. Elle arrivait désormais directement par la fenêtre de la salle de bain d'Adrien en insistant ostensiblement sur le manque de prises qu'offrait le mur de sa maison à cet endroit. Durant les longues heures qu'ils passaient à bavarder tous les deux, elle faisait de son mieux pour orienter la conversation vers Ladybug, insistant de façon de moins en moins subtile sur les points communs qu'elle présentait avec elle. Leurs tailles, leurs voix, la couleur de leurs yeux... Elle ne manquait de mentionner aucun détail.

Hélas, si Adrien ne se faisait jamais prier pour parler en long et en large de l'héroïne de Paris, jamais il ne paraissait réaliser à quel point la ressemblance entre les deux jeunes filles était flagrante.

En désespoir de cause, Marinette avait même pris l'habitude d'emmener avec elle un véritable yo-yo – un yo-yo rouge, plus précisément. Pendant qu'Adrien terminait consciencieusement ses devoirs, elle passait des heures à jongler avec, à apprendre des figures plus impressionnantes les unes que les autres, tout en espérant que cet accessoire permette enfin à Adrien d'ouvrir les yeux.

Mais rien à faire.

Marinette était devenue une experte en manipulation de yo-yo-non-magique, et Adrien ne semblait toujours pas avoir réalisé qu'elle était Ladybug.

Plus d'une fois, Tikki conseilla à son amie de parler une bonne fois pour toutes à son partenaire. D'aborder franchement avec lui la question de leurs identités secrètes plutôt que de continuer à perdre ainsi son temps.

Mais Marinette était quelqu'un d'obstiné.

D'obstiné ET de créatif.

Après un nouvel échec, elle regagna sa propre chambre plus déterminée que jamais. Sous le regard perplexe de Tikki, elle fouilla dans son placard à la recherche d'un vêtement précis, explora sa réserve de fournitures de couture pour en extraire un rouleau de tissu noir et du fil de couleur similaire, puis s'installa face à sa machine à coudre.

Pendant plus d'une heure, elle alterna prises de mesure, découpes et couture, travaillant avec une application digne des plus grands professionnels jusqu'à obtenir le résultat escompté.

« Ok », s'exclama-t-elle enfin, tenant le fruit de ses efforts à bout de bras pour mieux le contempler. « Cette fois, c'est la bonne ! »





Le lendemain soir, fidèle à ses récentes habitudes, Marinette se mit en route pour rendre visite à Adrien. Une fois sur place, elle se suspendit brièvement devant la salle de bain du jeune homme. S'étant assurée que la pièce était vide, elle se faufila par la fenêtre, se détransforma et entrouvrit la porte pour jeter un prudent coup d'œil dans la chambre. Puis, après avoir constaté que son camarade de classe était seul, assis à son bureau, elle s'avança vers lui.

« Salut, Adrien ! », lança-t-elle d'une voix claire.

« Oh, bonsoir Marinette », répliqua son partenaire en levant la tête vers elle. « Comment va-... »

Les paroles d'Adrien s'étranglèrent dans sa gorge quand ses yeux se posèrent sur la tenue que portait sa visiteuse. Pour l'occasion, Marinette avait revêtu une paire de baskets, un jean noir et un confortable gilet à capuche.

Et plus précisément, un gilet rouge. A pois noirs.

Un gilet aux couleurs de l'héroïne de Paris.

Marinette ne put s'empêcher de sourire devant l'expression abasourdie d'Adrien. Les yeux exorbités, le regard rivé sur elle, son coéquipier se leva sans même s'en rendre compte. Il effectua machinalement un pas vers elle, un second, puis un troisième, ses sourcils tellement haussés de stupéfaction qu'ils en disparaissaient presque sous ses cheveux blonds.

« Marinette », commença-t-il d'une voix hésitante, tout en pointant son gilet du doigt. « Tu... Ton haut... On dirait vraiment... »

Le sourire de Marinette se fit plus large encore.

Cette fois, c'était bon.

Il avait enfin compris.

« On dirait vraiment Alya ! », s'exclama triomphalement Adrien, sonnant sans le vouloir le glas des espoirs de Marinette. « Elle a quasiment le même gilet ! D'ailleurs, il me semble que c'était toi qui lui avait fait ? Tu l'avais fabriqué en deux exemplaires ? C'est du super travail ! »

Marinette le dévisagea avec incrédulité, soudain aussi sonnée que si elle avait reçu un coup de massue.

Non.

Ce n'était pas possible.

Elle avait dû mal entendre.

« C'est pour ça que j'ai eu une impression de déjà-vu quand tu es arrivée », poursuivit joyeusement son coéquipier. « C'était Alya ! »

Refusant d'en supporter d'avantage, Marinette enfouit son visage entre ses mains et laissa échapper un grognement de frustration. Qu'Adrien soit obtus, d'accord. Mais de là à lui trouver plus de ressemblances avec sa meilleure amie qu'avec son propre alter-ego, il y avait tout de même une très large marge.

Marinette aimait son partenaire de tout son cœur. Sincèrement.

Mais là, sa patience arrivait à bout.

Adrien faisait preuve d'un tel aveuglement, d'un tel manque de déduction que la jeune fille commençait à douter qu'il comprenne qu'elle était Ladybug même si elle venait à se transformer sous ses yeux.

« Ok, je ressemble à Alya ! », s'écria-t-elle en levant les yeux au ciel avec irritation. « Et pas du tout à Ladybug ! Après tout, ce n'est pas comme si on n'avait pas la même coiffure, la même couleur de peau, la même taille... », énuméra-t-elle d'une voix exaspérée.

« Mais bien sûr que tu ressembles à Ladybug », répliqua Adrien en lui jetant un regard perplexe, comme s'il peinait à croire qu'elle ait pu émettre une pareille absurdité. « C'est évident. »

Marinette en resta bouche bée de surprise.

Jamais, JAMAIS elle ne se serait attendue à une pareille affirmation de la part de son coéquipier.

Surtout pas après avoir constaté son absence de réaction face à des indices qu'elle lui avait pourtant donné avec autant de subtilité qu'un coup de pelle derrière la nuque.

« Entre nous, votre ressemblance est même tellement frappante qu'à un moment, j'étais persuadé que vous n'étiez qu'une seule et même personne », reprit le jeune homme avec un petit éclat de rire. « Si je n'avais pas la preuve que tu ne peux PAS être Ladybug, ça fait déjà bien longtemps que j'aurais cru avoir découvert son identité ! J'ai vraiment eu un choc quand j'ai réalisé que tu ne pouvais pas être elle. »

Marinette n'en croyait pas ses oreilles.

Adrien l'avait soupçonnée d'être Ladybug.

Et pour une mystérieuse raison, il était désormais persuadé qu'il était impossible qu'elle soit l'héroïne de Paris.

« P-Preuve ? », balbutia-t-elle, abasourdie. « Quelle preuve ? »

« Et bien, je vous ai déjà vues ensemble », répliqua Adrien avec un naturel déconcertant.

Marinette était à présent l'image même de la stupéfaction. Bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau, sourcils comiquement relevés, elle fixait Adrien avec autant de saisissement que s'il venait de pousser une seconde tête au jeune homme.

« Ensemble ? », répéta-t-elle d'une voix incrédule. « Ladybug et... et moi ? Mais... Mais quand ? »

« C'était la fois où Alix s'est faite akumatiser », lui expliqua patiemment son partenaire. « Je ne sais pas si tu t'en rappelles, mais tu étais debout à côté de moi quand Ladybug est arrivée. Du coup, c'en était fini pour ma belle théorie », conclut-il avec un sourire contrit. « Tu ne peux pas être Ladybug. »

Dans le cerveau de Marinette, ce fut soudain l'illumination. Une révélation brusque et vive, qui éclaira son esprit comme un éclair déchirant les ténèbres.

L'akumatisation d'Alix.

Bien sûr.

Elle s'en souvenait parfaitement. C'était le jour où Ladybug était retournée dans le temps. Le jour où une autre version d'elle-même avait fait son apparition pour combattre à ses côtés.

Le jour où, pendant un bref instant, ses amis avaient pu apercevoir à la fois une Marinette et une Ladybug au même endroit.

La situation était tellement ridicule, tellement absurde, que Marinette sentit les commissures de ses lèvres s'incurver vers le haut malgré elle. Elle se mordit l'intérieur de la joue pour tenter de conserver son sang-froid, mais en vain. Une sensation de chatouillis gonfla au creux de son estomac, couru sous sa peau et rapidement, la jeune fille fut la proie d'un fou-rire incontrôlable.

Pendant de longues minutes, elle ne put rien faire d'autre que rire, rire, rire encore, peinant à retrouver son souffle sous le regard interloqué de son coéquipier. Le corps agité de soubresauts irrépressibles, la respiration haletante, Marinette dû faire appel à toutes ses ressources pour réussir à maîtriser cette crise inattendue.

« Ahhh oui, je m'en rappelle », répliqua-t-elle enfin, tout en écrasant une larme qui perlait au coin de son œil. « Mais si je me souviens bien, il y avait DEUX Ladybug cette fois-là », poursuivit-elle en levant théâtralement deux doigts devant elle. « Donc pour que ton hypothèse soit juste, il aurait fallu que tu me voies avec les DEUX Ladybug en même temps. Parce que sinon, j'aurai très bien pu être l'une d'elles. »

Cette fois, ce fut à Adrien d'être frappé de stupeur.

Le jeune homme blêmit, vacilla, comme s'il venait de se prendre un violent coup sur le crâne. Muet de surprise, il regarda Marinette de haut en bas, les yeux tellement écarquillés qu'ils semblaient prêts à jaillir de leurs orbites.

Et lentement, à mesure qu'une idée semblait s'imposer progressivement à lui, sa peau se marbra d'une couleur cramoisie de plus en plus soutenue. Si Marinette pensait avoir déjà vu Adrien rougir, ce n'était rien en comparaison du pourpre qui parait désormais ses joues.

« T-Tu... Je suppose que tu n'es pas une championne d'escalade ? », souffla honteusement le jeune homme.

« Absolument pas, chaton », répliqua Marinette avec un immense sourire.

Adrien pâlit un peu plus encore, la peau de son visage offrant à présent un contraste saisissant avec ses joues d'un bel écarlate.

« Tu es au courant ? » glapit-il en lui jetant un regard horrifié.

« Du fait que tu sois Chat Noir ? », compléta Marinette avec une indéniable satisfaction. « Tout à fait. »

Enfonçant nerveusement ses doigts dans ses cheveux, le jeune homme laissa échapper un gémissement de détresse.

« Je suis vraiment un imbécile... », grogna-t-il en secouant la tête de droite à gauche.

Puis, semblant enfin se reprendre, il plongea ses yeux d'un vert limpide dans ceux extraordinairement bleus de Marinette. Un sourire de bonheur incrédule se dessina lentement sur son visage, effaçant peu à peu l'expression de gêne qui hantait encore ses traits. Adrien débordait à présent joie palpable, vibrante, qui semblait irradier de tout son être.

« C'est toi ! », s'exclama-t-il avec un rire ravi. « C'est bel et bien toi ! Je me sens tellement bête de ne pas l'avoir compris plus tôt. J'ai eu des soupçons, et... Et je n'ai rien vu. Pourtant, c'est l'évidence même ! Toi et Ladybug, vous... enfin, tu... Tu es la fille la plus extraordinaire que je connaisse ! ça ne m'étonne pas une seconde que tu aies trouvé qui je suis en premier », poursuivit-il, le regard pétillant de joie.

Il s'avança d'un pas de plus vers Marinette et posa ses mains sur ses épaules. La jeune fille se mit aussitôt à rougir jusqu'à la racine de ses cheveux. Elle avait beau avoir gagné en assurance durant ces derniers jours, ce n'était manifestement guère suffisant pour l'immuniser totalement contre le charme de l'amour de sa vie.

Le cœur battant à tout rompre, Marinette sentit un délicieux frisson traverser sa colonne vertébrale.

Un frisson de joie. D'excitation. D'émotions plus plaisantes les unes que les autres et qui promettaient de devenir dangereusement addictives.

« Et tu continues de me supporter même si je suis le dernier des idiots », reprit Adrien avec un sourire qui aurait fait définitivement fondre le cœur de Marinette si ce dernier ne lui appartenait pas déjà. « Jamais je n'aurai pu rêver d'une meilleure coéquipière. Tu es merveilleuse, courageuse, créative... »

Marinette se sentait à deux doigts d'exploser de bonheur. Même dans ses rêves les plus fous, jamais elle n'aurait espéré que ses visites nocturnes prennent une pareille tournure. L'indéniable affection qu'elle entendait dans la voix d'Adrien, les mots même qu'il prononçait, et ses yeux, oh, ses yeux...

La façon dont il la regardait valait mille déclarations d'amour.

Mais Marinette se sentait à présent le cœur au bord de l'explosion et si Adrien continuait à la couvrir ainsi de compliments, elle allait certainement s'évanouir.

Alors, par pur instinct de survie, elle coupa ce flot de parole de la seule façon qui lui vint en tête.

Elle le saisit par le col de sa chemise, l'attira vers elle et l'embrassa.

Adrien se figea et aussitôt, Marinette se demanda avec une terreur glaçante si elle n'avait pas commis une erreur. Mais à peine une fraction de seconde plus tard, elle sentit son coéquipier se mettre à sourire sous ses lèvres. Adrien se détendit, passa ses bras autour de la taille de Marinette et lui rendit son baiser avec une telle ferveur que la jeune fille eu la sensation que ses genoux se liquéfiaient sous elle.

Paupières closes, Marinette savourait sans réserve le mouvement langoureux des lèvres d'Adrien contre les siennes, l'odeur enivrante de sa peau, la douce caresse de ses doigts le long de sa mâchoire. Son cœur chantait sa joie avec enthousiasme au creux de sa poitrine, battant avec tant de force que la tête lui tournait. Ce torrent de merveilleuses sensations déferlait inexorablement sur Marinette, l'entrainant dans un véritable océan de félicité où tout n'était que chaleur et douceur.

« Marinette », murmura Adrien d'une voix essoufflée, n'abandonnant les lèvres de la jeune fille que pour couvrir son visage de tendres baisers. « Ma princesse... Ma Lady... »

Marinette ne put s'empêcher de rire en entendant ces surnoms rouler affectueusement sur la langue de son coéquipier.

Finalement, Tikki avait tort.

Ces visites nocturnes étaient définitivement la meilleure idée qu'elle ait eu de sa vie.




*** FIN ***

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