Christopher - 9 août 2014


Petit à petit, je m'enferme dans ma bulle : la compétition commence dans trois jours et je redouble d'efforts afin d'être au top dès la première épreuve de mon décathlon et surtout pour éviter une blessure stupide.

Aujourd'hui Andrew m'a concocté un programme assez chargé : vitesse courte à plat et haies ce matin, saut en hauteur l'après-midi. Même si nous sommes adversaires, même si nous allons nous battre pour le titre de champion d'Europe, je continue à m'entraîner avec Lucas. Nous fonctionnons ainsi depuis trois ans, cela nous permet de nous stimuler l'un l'autre et puis, il y a une réelle amitié entre nous. En tout cas, pour le moment. Ça risque de ne plus vraiment être le cas s'il comprend que j'ai des vues sur sa petite sœur adorée.

Je me demande toujours comment j'ai fait pour ne pas la remarquer plus tôt. J'ai le vague souvenir d'une petite brune qui suivait Lucas partout pendant les Jeux de Londres mais pour le reste, c'est le néant. A ma décharge j'étais plutôt branché suédoises et australiennes à cette époque. Ah et peut-être bien qu'il y a avait eu l'une ou l'autre italienne aussi.

- Chris, je t'attends depuis cinq minutes ! Tu pourrais faire ton sac au lieu de rêvasser ?

- Ouais ouais j'arrive.

Nathan m'observe avec attention près de la porte de notre chambre. Je fourre rapidement toutes mes affaires dans un sac à dos et je le suis au rez-de-chaussée de l'hôtel où nous attends une navette pour nous conduire au stade mis à notre disposition pour nous entraîner. Dans la voiture, je vois bien que mon meilleur ami se retient de m'adresser la parole alors qu'il en crève d'envie.

- Crache le morceau Nathan.

- Ça ne te ressemble pas l'abstinence Chris...

- La...quoi ?

- Ton cocktail gagnant a toujours été sexe, fêtes et entraînements. Hors, ça fait trois jours que nous sommes à Zurich et tu n'as pas encore été dormir ailleurs. Pourtant nous avons déjà croisé quelques jolis numéros et tu ne sembles même pas les voir. T'es malade ?

- Non, je vais très bien.

- Bah j'en suis pas sûr tu vois et... oh mais j'ai compris !

- C'est quoi cet air d'abruti sur ta tronche ?

- T'es en train de tomber amoureux de la jolie petite française !

- Non.

- Tu n'es même pas crédible Christopher Hodges !

Je ne réponds rien et lorsque j'arrive sur la piste du stade d'entraînement, je décide de nier complètement mon meilleur ami. Je ne sais pas si je suis déçu ou soulagé mais Océane n'accompagne pas son frère ce matin. Evidemment, même si elle n'est pas en tournoi, elle a son propre programme à suivre. Je me demande ce que fait son petit ami. C'est étonnant qu'il ne l'accompagne pas. Toute la famille Metzelder est à Zurich sauf lui. Il y a peut-être des tensions entre eux, qui sait ? C'est moche à dire mais j'avoue que ça m'arrangerait bien.

Je suis sorti de mes réflexions par Andrew qui m'engueule comme il se doit devant tout le monde parce que je franchis les haies n'importe comment.

- Le bassin plus haut Chris, ta jambe d'attaque, tu ne la rabats pas assez vite. Non mais qu'est-ce que tu fiches aujourd'hui ?

- Ça va ça va Andrew, laisse-moi le temps de démarrer.

Pour lui prouver que je n'ai pas perdu ma technique en une nuit, je reprends l'exercice directement sans commettre la moindre erreur. De son côté, Lucas n'est pas à la fête non plus. Sa hantise de la première haie n'a toujours pas disparu et je sais qu'il le vit très mal. Lorsque nous faisons une petite pause lui et moi je lui donne quelques conseils :

- Tu ne réduis pas assez ta dernière demi-foulée Lucas. Mobilise aussi plus rapidement ta jambe libre.

- Je sais...mais cette foutue haie...Même après toutes ces années ça me trotte toujours dans la tête.

- Pense à autre chose alors. Oublie la technique, les haies, la course. Je sais pas moi, pense à Joyce par exemple. Tu es grand, tu as la puissance nécessaire pour passer sans problème et sans accrocher la moindre haie. Tu aurais quinze centimètres de moins je ne dis pas mais là...

- Mouais...de toute façon ça ne peut pas être pire. Je me tape la honte à chaque compétition.

- Arrête de dire ça. Allez, montre-moi ce que tu as dans le ventre mec !

D'un pas mal assuré Lucas se dirige à nouveau vers le départ. Il se concentre un instant sur ses startings blocks puis il se met en position de départ. Pour recréer les conditions identiques à la compétition, la première haie a été positionnée à 13 mètres 72 exactement. Je retiens mon souffle en observant mon ami se redresser au signal de son père. Lucas passe presque sans effort apparent la première haie et il enchaîne rapidement avec les deux suivantes. Lorsqu'il s'arrête de courir, je le rejoins rapidement.

- Bah voilà !

Il n'a pas l'air spécialement convaincu mais au moins je sais que clôturer sa séance d'entraînement de la sorte va lui faire du bien au moral. Une voix claire retentit alors derrière nous et je me retiens de faire volte-face.

- Je rêve ou tu l'as magnifiquement bien passée cette foutue haie ?

Océane se précipite vers son frère pour lui taper dans la main. Lucas discute quelques instants avec sa sœur puis il s'éloigne pour aller faire un petit footing de décrassage avec ses équipiers. Ayant terminé plus tôt que lui, je reste sur le bord de la piste pour ramasser mes affaires. Je change également de t-shirt avec une lenteur bien calculée tout en regardant discrètement vers Océane qui est partie s'assoir un peu plus loin. Je souris en constatant qu'elle ne perd pas une miette du spectacle.

Toi ma belle, tu ne pourras pas me résister bien longtemps.

Je prends ensuite mon sac et je la rejoins. Lorsque je m'assieds à ses côtés, à une distance raisonnable, elle a un petit mouvement de recul.

- Je ne vais pas te manger tu sais.

- Je préfère que tu ne restes pas à côté de moi. Je n'ai pas envie de...je ne veux pas voir mon nom dans la presse people, c'est vraiment pas le moment.

Je me lève alors lentement, déçu mais bien décidé à ne pas me la mettre à dos, surtout devant son frère qui, j'en suis certain, doit m'observer de loin.

- Tu as des ennuis ?

- Des ennuis...

Elle me lance un sourire moqueur et elle se lève à son tour.

- Des ennuis...je viens de perdre 140 places à la WTA, je n'ai pratiquement aucune chance de me qualifier pour Rio et j'ai découvert que mon petit ami me trompait, sans doute depuis des mois, avec ma partenaire de double. Je ne sais pas si on peut parler d'ennuis.

Merde...Je n'ai pas le temps de lui dire quoi que ce soit car elle se dirige rapidement vers son père et son frère qui se trouvent à une cinquantaine de mètres de nous. Je prends la direction opposée pour sortir du stade et reprendre la navette pour l'hôtel. Nathan n'a pas encore fini mais je dois aller me reposer avant la séance de l'après-midi.

Je me retourne une dernière fois vers la piste et je grimace : il y avait du monde ce matin et je suis certain que de nombreuses filles m'ont maté pendant toute la durée de mon entraînement. Cela veut dire aussi que tout le monde a pu remarquer que je me suis approché d'Océane, que je lui ai parlé et que...

Putain...ils vont tous penser que je lui ai proposé un rencart et qu'elle m'a jeté. Et si quelqu'un parle à la presse, ça va encore faire le tour de tous ces magazines à la con. Faut absolument que je parle à mon manager moi...

Je tape nerveusement du pied dans la voiture qui me ramène à l'hôtel puis, arrivé à destination, je me précipite vers les ascenseurs afin de me retrouver au calme dans ma chambre. Je vérifie mon smartphone rapidement : pas d'appel, pas de message. Bon, je me fais peut-être des idées après tout. Mais afin d'anticiper, je contacte Jamie, mon manager.

- Chris, comment vas-tu ? J'arrive à Zurich demain pour ta conférence de presse. Je te brieferai un peu avant. Quelles sont les nouvelles ?

- Hum...en fait je...j'ai parlé avec une fille ce matin et je...je n'ai pas envie qu'il y ait quelque chose dans la presse à ce sujet.

- Pourquoi ?

- Parce qu'il n'y a rien entre nous, qu'il s'agissait d'une simple discussion et qu'elle est la sœur de Lucas Metzelder.

- Ah, je vois. On dirait que tu prends les menaces de la fédération au sérieux ?

- Oui, je me suis calmé. Et je n'ai couché avec aucune fille si tu veux savoir. Je ne suis pas sorti non plus, je n'ai participé à aucune fête, je...

- Ça va Chris, ça va je te crois. OK, tu veux quoi ?

- Que tu me prépares un démenti au cas où les journaux s'imagineraient qu'il y a quelque chose entre Océane et moi. Lucas va me tuer si la photo de sa petite sœur apparait dans la presse people.

- D'accord, je réfléchis à ça. Christopher...tu ne me caches rien j'espère ?

- Qui ça, moi ? Non.

Après avoir raccroché, je m'écroule sur mon lit. Non, il n'y a rien entre Océane et moi. Pour mon plus grand regret... Je me redresse brusquement une petite heure après m'être endormi. Je ne peux pas penser à elle de cette manière. Océane n'a rien à voir avec ce genre de filles que j'ai l'habitude de fréquenter. C'est une fille bien, sérieuse, concentrée sur sa carrière et qui semble avoir un bon staff autour d'elle.

Je ne suis pas frustré de ne pas avoir réussi à coucher avec elle, non, je suis terriblement frustré parce que...parce que je crois que je commence à être attiré par cette jolie française.

Je ne pense pas à elle en me demandant ce que ça va donner au lit, j'en suis même à des kilomètres. Non,...quand je pense à elle, je me demande comment ça serait dans le cadre d'une vraie relation, d'un truc sérieux, vraiment sérieux.

Je veux me poser, je veux avoir une certaine stabilité dans ma vie et j'ai l'impression qu'avec une fille comme Océane ça pourrait vraiment marcher.

Si seulement je n'avais pas autant déconné...



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Finalement j'ai un peu d'avance, je vous poste encore un chapitre.

Premier échange entre Océane et Christopher. Bon bah....c'est pas gagné pour notre anglais...

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