Christopher - 24 décembre 2014 (1ère partie)

- Je te montre ma chambre ?

Je dévisage Océane avec un petit sourire gêné. Je sais qu'elle est mal à l'aise : elle est bien évidemment au courant qu'elle est la première fille à venir ici et que jusqu'à présent j'avais jalousement préservé cet aspect de ma vie privée.

Derrière elle, Lucas nous observe avec attention. Je m'approche d'Océane et je passe un bras autour de sa taille. Puis, je l'amène dans ma chambre et je claque un peu violemment la porte au nez de son cher frangin.

Heureusement, même si personne ne vient jamais ici, je fais en sorte que la pièce soit toujours impeccablement rangée. D'ailleurs, en observant discrètement Océane, je vois bien qu'elle est surprise.

Vu le bordel qu'était ma vie jusqu'il y a peu, je suis certain qu'elle imaginait que ma chambre en serait le reflet également.

Sur mon bureau trônent quelques trophées et au mur, j'ai accroché toutes les médailles les plus importantes pour moi : celles des JO de Pékin et de Londres, celles des championnats du monde de Berlin, Daegu et Moscou et celle des championnats d'Europe de Barcelone, Helsinki et Zurich. Je suis au top de la discipline depuis ma victoire surprise aux JO de Pékin en 2008. Depuis cette date, je n'ai perdu aucun des décathlons auxquels j'ai participé.

Je suis le seul athlète à avoir réussi cette incroyable série et à être parvenu à conserver tous mes titres. Jamais aucun athlète n'avait réussi à être champion olympique, champion du monde et champion de son continent en même temps.

En salle c'est différent, je ne participe aux championnats internationaux que si je n'ai pas de retard dans ma préparation. Donc j'ai moins de médailles et de titres et je ne sais pas pourquoi, elles n'ont pas la même saveur que les autres.

- Comment tu arrives à te motiver encore après tout ça ?

Océane regarde avec une certaine envie ma collection de médailles. Je me positionne derrière elle, je noue mes bras autour de sa taille et je pose mon menton sur son épaule :

- Peut-être parce que j'étais con, que ça me plaisait d'être le centre de l'attention et que ça me permettrait d'avoir toutes les filles que je voulais à mes pieds.

- Et maintenant ?

- Le record du monde. Je m'en suis approché, je n'ai dépassé les 9000 points qu'une seule fois, l'année dernière à Moscou et je sais que je peux le battre. Si j'arrive à me concentrer à 200 pourcent d'un bout à l'autre de l'épreuve.

- Donc éviter des situations comme à Zurich par exemple ?

Océane se retourne vers moi en souriant. J'en profite pour l'embrasser délicatement puis je la fixe en caressant lentement son visage :

- Oui mais là, c'était de ta faute...

La voix très énervée de Lucas me fait sursauter. Je m'écarte d'Océane et j'ouvre rapidement ma garde-robe pour y chercher une tenue décente. J'opte pour un pantalon classique noir, une chemise blanche et un pull beige. Je dépose le tout sur mon lit puis je retire d'une traite mon sweat et le t-shirt que je portais en dessous.

Océane vient alors se nicher contre moi pour caresser mon torse nu et je dois vraiment prendre sur moi pour résister à la tentation de l'allonger sur mon lit.

Cela viendra...plus tard.

Évidemment, mon corps réagit à mes pensées pas très catholiques et Océane le remarque très vite lorsque je fais glisser sur le sol le pantalon que je portais. J'essaie de songer à des trucs qui m'écœurent afin de faire retomber mon excitation et je me change rapidement.

Je tâche de me composer une tête présentable puis j'ouvre un tiroir de ma commode pour y prendre une bouteille de parfum.

- Non. Celui-là.

Océane me désigne le flacon d'Aqua di Gio puis dans un murmure elle me dit :

- C'est celui que tu avais au Mexique.

Je lui fais un petit sourire et j'accède à sa requête.

Enfin, je suis prêt et c'est main dans la main qu'Océane et moi nous sortons de ma chambre.

Lucas nous fixe d'un regard noir puis, sans un mot il se dirige vers la porte d'entrée.

Pendant le court trajet qui nous amène à l'appartement de la famille Metzelder, je tapote nerveusement mes doigts sur ma cuisse. J'avais prévu de passer une soirée tout à fait normale devant un DVD et voilà que je m'apprête à aller passer le réveillon de Noël avec des gens qui ne m'apprécient pas.

- Ça va aller, je te le promets.

Océane m'embrasse dans le cou puis elle me regarde en souriant. Je suis soulagé que tout soit redevenu normal entre nous mais je sais que je ne suis pas à la merci d'un nouveau revirement de situation. Surtout si Denis et Lucas continuent à me dénigrer devant Océane.

Je me promets alors que ce soir, je ne rentrerai pas seul chez moi. Dans deux jours je pars pour l'Afrique du Sud tandis qu'elle prendra la direction de Brisbane. Je ne pense pas que ce soit le bon moment pour aller plus loin avec elle mais Océane dormira dans mes bras ce soir et demain. Je saurai me montrer persuasif avec ma girlfriend. Peu importe ce que disent son frère et son père.

Lorsque nous entrons dans le salon, Justine et son mari ainsi que Joyce, Muriel et Denis se lèvent dans un ensemble presque parfait. L'accueil de la grande sœur d'Océane est très amical. Au moins quelqu'un qui ne me déteste pas.

Il me semblait avoir déjà aperçu Joyce à plusieurs reprises et lorsqu'elle me salue, la manière dont elle me regarde m'alerte immédiatement : elle a la même façon de me dévisager que toutes les filles avec lesquelles j'avais couché et cela ne me plait pas du tout. Il ne manquerait plus que la petite amie de Lucas me face du charme tiens !

Marc, le mari de Justine est le premier à briser la glace : manifestement son épouse l'a briefé à mon sujet et il ne se montre pas du tout hostile à mon égard. Du coin de l'œil je constate que cela ne plait pas vraiment à Denis mais tant pis. J'oublie d'ailleurs très vite la présence du père d'Océane et j'entame une discussion assez sympathique et animée avec Justine et son époux. Ce n'est que lorsque Denis Metzelder me demande d'une voix un peu guindée ce que je veux boire que je redescends un peu sur terre.

Je refuse les alcools qu'il me propose pour opter pour un jus de fruit. Océane me chuchote alors à l'oreille que j'ai tout à fait le droit de boire l'un ou l'autre apéritif mais je secoue la tête : inutile de tenter le diable et puis, je veux lui montrer que je sais être raisonnable.

Muriel, la mère d'Océane n'ose pas vraiment m'adresser la parole mais au moins je n'ai pas l'impression qu'elle me déteste comme son mari. Je suis d'ailleurs assis à côté d'elle pendant le repas et elle finit par me poser quelques questions au sujet de mes entrainements et elle s'inquiète de l'état de ma cheville. Je suis surprise qu'elle soit au courant de ma petite mésaventure du début du mois et j'apprécie sa réelle sollicitude à mon égard. Après avoir dégusté l'entrée, Justine propose de distribuer les cadeaux puis, elle rougit lorsque mon regard croise le sien : elle sait comme moi que je serai le seul à ne rien recevoir et elle cherche du soutien du côté de son frère et de sa sœur.

Tandis que nous nous asseyons à nouveau dans le divan du salon, Océane prend ma main pour ne plus la lâcher.

Je la regarde avec amusement découvrir ses cadeaux puis, à la fin de la distribution, je suis très étonné lorsqu'elle se lève et qu'elle me demande de la suivre. Lucas l'interpelle alors :

- Tu fais quoi ?

- J'aimerai donner son cadeau à Christopher. Mais...cela ne regarde que nous alors, je préfère aller dans ma chambre.

Sans trop comprendre je la suis docilement : elle...a quelque chose pour moi ? Putain et moi je n'ai rien pour elle ! Quand a-t-elle bien pu le choisir puisque nous ne nous sommes plus fréquentés pendant un mois et qu'avant cela nous n'avions jamais évoqué le réveillon de Noël ?

Avec la même réserve qu'elle avait affichée un peu plus tôt chez moi, Je suis Océane dans sa chambre. Au mur, pas de médailles mais plusieurs posters dédicacés de Rafael Nadal, Tomáš Berdych et Dominika Cibulková. Sur son bureau à côté de son ordinateur portable je remarque quelques babioles et plusieurs cadres photos la représentant avec d'autres joueuses de tennis. Dans un coin je remarque plusieurs tubes de balles et deux sacs pour ranger ses raquettes. Comme moi, Océane aime manifestement que rien ne traîne car la pièce est parfaitement rangée. Je la vois se diriger vers sa table de nuit et en sortir un petit paquet qu'elle me tend d'une main tremblante.

- Océane...je...je n 'ai rien pour toi. Je ne savais pas...je n'imaginais pas te revoir avant ton départ pour l'Australie.

- Je sais. S'il te plait, accepte le fait que ta présence ici avec moi ce soir c'est un cadeau.

- Non...non je ne peux pas...

Je n'ai absolument aucune idée mais j'espère que tu m'aideras afin que je puisse t'offrir quelque chose. J'y tiens.

- D'accord.

J'ouvre alors lentement la petite pochette qu'elle m'a donnée et j'y découvre une chaîne toute simple où est attaché un pendentif mêlant les anneaux olympiques et une petite raquette de tennis.

- Moi non plus je n'avais rien mais...cette chaîne, Justine me l'a achetée à Londres il y a deux ans pour me motiver pour Rio et...je trouvais que...qu'elle nous représentait bien. Je ne l'ai jamais mise. Par superstition sans doute. Mais j'aimerai que...

Elle me prend la petite chaîne des mains pour me la passer autour du cou sans que son regard ne quitte le mien. Je glisse le pendentif sous ma chemise puis j'embrasse doucement Océane.

Certaines personnes dépensent parfois des sommes folles alors qu'il suffit parfois d'un truc tout simple. Ma girlfriend n'imagine même pas que son geste me touche beaucoup et que cette petite chaîne vaut à présent pour moi bien plus que tous les trésors du monde.

- Je sais que ce n'est pas grand-chose mais...

- Détrompe-toi. Ça me touche énormément.

Je profite alors de l'occasion, puisque nous sommes seuls et loin des oreilles indiscrètes pour lui demander de passer les deux nuits précédent son départ avec moi :

- Je veux pouvoir passer quelques instants seul avec toi. Je ne sais pas quand je pourrai te revoir puisque nous seront sur deux continents différents pendant un certain temps et...et je te promets que je ne me conduirais pas comme...

Océane ne me laisse pas finir et pose un doigt sur ma bouche :

- Tu n'as pas besoin d'en dire plus.


---------------------

Ouais, je sais, je suis trop gentille....

J'avoue, vous allez avoir droit à qques chapitres sympas. Comment ça, c'est louche ??? MDR

D'accord, le calme ne dure jamais longtemps chez moi je plaide coupable...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top