Comme elle s'y attendait, Océane n'a rien pu faire contre Simona Halep. Elle s'est battue comme elle le fait à chaque fois mais la roumaine était vraiment trop forte. Evidemment, ma girlfriend avait eu du mal à encaisser cette défaite mais comme Pascal le lui a dit, c'est grâce des matchs comme celui-là qu'elle progressera.

Nous avons quitté Dubaï ce matin et Océane vient de terminer un très léger entraînement. Je l'attends dans notre chambre tandis qu'elle termine de prendre sa douche. Nous avons prévu d'aller faire un peu de shopping dans un immense centre commercial d'inspiration vénitienne. Vu les prix pratiqués, je doute qu'Océane décide de s'acheter quelque chose mais cette sortie est surtout pour nous l'occasion de nous retrouver en tête à tête.

Ma cheville va mieux, je peux poser le pied au sol. Heureusement, je n'ai rien de cassé mais bordel qu'est-ce que j'ai eu peur !

Je me demande si je serai capable d'assurer à Prague et je suis en train de songer à l'éventualité de déclarer forfait. Ce serait bien une première ça...

L'arrivée d'Océane à mes côtés me permet de chasser mes inquiétudes. Prudemment, je me lève du lit et d'un pas qui n'est pas encore tout à fait assuré, je sors de la chambre avec ma girlfriend.

Le centre commercial est bondé et je suis ébahi par le luxe qui se dégage du lieu. Ce truc est immense et je fronce les sourcils lorsque je vois sortir de chez Versace Collection deux femmes avec deux sacs imposants. Etant donné qu'un simple t-shirt va chercher dans les 300 €, je n'ose imaginer le montant de la facture. Je gagne bien ma vie mais personnellement ça me ferait mal de mettre 1000€ pour un pull. Manifestement, Océane est comme moi et cela me rassure.

Nous déambulons dans le center commercial avant de nous arrêter pour boire un verre et nous regardons passer devant nous la foule toujours plus nombreuse.

Je ne sais plus qui a commencé mais nous nous mettons à imaginer ce que contiennent les sacs des passants et nous partons dans des idées de plus en plus loufoques. J'attrape mal au ventre à force de rigoler.

Nous décidons de quitter le centre en début de soirée et, alors que nous nous dirigeons vers la sortie, je remarque un magasin de lingerie.

- Viens.

- Christopher ! Je t'ai dit que je ne voulais pas que tu m'achètes quelque chose ici ! Tu as vu les prix !

- Je veux aller voir. Là.

Océane écarquille les yeux lorsqu'elle repère la boutique. Elle proteste un instant mais je l'entraîne sans l'écouter en la tenant fermement par la taille.

Je repère un rayon, dans le fond du magasin avec des ensembles très sexys et je me mets à imaginer ma jolie française vêtue de l'un d'entre eux.

Océane se met à rougir lorsqu'elle jette un œil dessus.

- Non, non...

- Laisse-moi t'en acheter un. S'il te plait.

Je me décide assez rapidement et je tends l'ensemble à ma girlfriend pour qu'elle l'essaie en lui demandant de me confirmer que c'est la bonne taille.

J'attends quelques instants puis Océane m'appelle d'une toute petite voix. Je m'approche de la cabine d'essayage où elle se cache et très lentement j'entrouvre le rideau.

Ok, je pense qu'il est grand temps de rentrer à l'hôtel ou je serai bien capable de lui faire l'amour là tout de suite.

Tandis que ma girlfriend se rhabille, je file à la caisse, aussi vite que ma cheville me le permet et je glisse le sac en plastique contenant l'ensemble que je viens d'acheter pour Océane dans un sac à dos que nous avions pris avec nous. Si Justine nous voit rentrer à l'hôtel et qu'elle repère le sac...j'imagine sa tête...

Lorsque nous sortons du centre commercial, Océane m'arrête un instant :

- Tu n'aurais pas dû...

- Considère que c'est ton cadeau de noël en retard.

Je l'embrasse tendrement puis, nous nous apprêtons à quitter définitivement les lieux lorsqu'une voix m'interpelle derrière nous :

- Christopher ?

Je me tourne lentement en me crispant immédiatement et je salue à peine la jeune femme qui s'avance vers moi le sourire radieux. Océane comprend très vite qu'il s'agit d'une fille avec laquelle je me suis envoyé en l'air et j'ai bien l'intention de couper court à ces retrouvailles imprévues.

En resserrant ma prise autour de la taille de ma petite-amie , je salue mon interlocutrice et je lui présente ma compagne.

- Oui, je suis au courant, j'ai lu les journaux j'avoue que j'ai été très surprise.

Sa manière d'ignorer royalement Océane ne me plait pas du tout et je tente d'abréger la conversation.

- Je ne savais pas que tu vivais à Doha. Mais...je regrette Meghan, nous devons rentrer à l'hôtel. Océane est inscrite au tournoi WTA et...

- Je comprends. Hum...puis-je cependant te parler deux minutes en privé ?

- Non. Si tu as quelque chose à me dire tu peux le faire devant Océane.

- Oh. Très bien. Ecoute, il a des choses que tu ignores à mon sujet depuis...Moscou.

Je regarde l'athlète américaine et je fronce les sourcils. Peut-être que j'aurai dû accepter sa proposition et ne discuter qu'avec elle. Mais alors, Océane se serait imaginée que je lui cache quelque chose.

Je me remémore rapidement Moscou : Meghan, spécialiste du 3000 steeple, avait été la première que j'avais baisée durant ces championnats. Puis, elle avait passé trois jours en compagnie de Luke, un sprinteur anglais et enfin, elle avait clôturé sa semaine en fricotant avec un jamaïcain. Elle m'avait amené dans sa chambre, j'avais tiré mon coup deux fois et j'étais reparti aussi vite que je n'étais arrivé, fin de l'histoire.

Je me rappelle alors des paroles de Lucas il y a deux mois et je soupçonne Meghan de me préparer un coup foireux comme Kristin avant elle.

- Comment ça ? Ta vie privée ne me concerne pas.

- Plus maintenant.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Qu'il est temps que je te présente ton fils.

Je m'étrangle en entendant ses paroles : mon fils ? Quel fils ?

Océane s'est reculée de quelques pas mais je dévisage toujours Meghan d'un air ahuri.

- Mon fils ? Tu prenais la pilule et je n'ai pas oublié la capote. Alors...

- Un accident est vite arrivé.

- Non. Je vérifie toujours.

Et je sais que je n'ai commis aucune erreur : je me retire toujours avant de perdre mon érection et je vérifie scrupuleusement que la capote est intacte, donc non je sais que ce qu'elle me dit est faux et archi faux.

- Tu ne peux pas nier qu'il y a une certaine ressemblance entre lui et toi...

Meghan me désigne une femme qui attend non loin de nous avec une poussette :

- Je ne te présente pas ma sœur Chris. Elle aussi trouve que...

Je regarde le gosse qui dort dans la poussette : il doit avoir un an et demi, deux ans tout au plus. Ouais il a les cheveux blonds comme moi quand j'étais gamin mais après ?

- Non, je sais que tu mens. Ce n'est pas mon fils.

- Ecoute, j'aimerai que nous trouvions un arrangement et j'aimerai éviter de passer par le tribunal pour que tu le reconnaisses officiellement et j'aimerai éviter de t'obliger à passer un test de paternité donc...

- Oh mais tu n'en auras pas besoin. Je sais ce que je dis : ce gosse n'est pas le mien. T'as un avocat ? Qu'il contacte Jamie. Et je te promets que tu l'auras ton foutu test de paternité. Parce que je veux te prouver que tu mens.

- Les résultats peuvent s'acheter quand on a de l'argent et qu'on est connu Chris...

- QUOI ? Non mais arrête ton cirque Meghan.

- Oh non Chris. Je n'arrêterai que lorsque tu auras accepté de payer la pension alimentaire pour ton fils.

- CE.N'EST.PAS.MON.FILS !

Furieux, je la laisse en plan et je me dépêche de rattraper Océane qui s'enfuit presque en courant.

Putain, fait chier !

Je rattrape ma girlfriend assez vite et j'étouffe un juron en voyant les larmes qui coulent sur ses joues.

Je l'oblige à s'arrêter, à me regarder et totalement désemparé je lui dis :

- Elle ment. Elle ment je le sais. Je n'ai jamais eu d'accident, je sais que c'est impossible ce qu'elle a dit.

- Mais tu l'as entendue ! Elle cherchera à mettre en doute la fiabilité du test que tu passeras. Ce sera sa parole contre la tienne et...je suis presque certaine que c'est elle qui aura le beau rôle.

- Non, non, je ne la laisserai pas faire. Merde mais pourquoi il faut que ça m'arrive ? Elle ne pouvait pas me foutre la paix ?

Je saisis mon smartphone pour appeler Jamie tandis que j'aide Océane à monter dans un taxi :

- Ouais Jamie c'est moi. Ecoute, Meghan Rowlan-Smith est à Doha pour le moment. Elle vient de me sortir que j'avais un fils et elle m'a clairement menacé si je ne reconnaissais pas ma paternité et que je ne lui payais pas une pension alimentaire.

- Elle dit vrai ?

- Jamie, putain tu te fous de ma gueule ou quoi ? Non, c'est impossible. Alors tu vas me dégoter un bon avocat et je veux qu'on me fasse un prélèvement d'ADN qui ne puisse absolument pas être contesté en justice et qui soit fait dans les règles.

- D'accord Chris je m'en 'occupe.

- Jamie, je suis à Doha. Je veux voir mon avocat dès demain ICI. Et je veux faire ce test le plus vite possible.

- Chris, je ne sais pas si...

- Débrouille-toi.

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Comme je le disais précédemment, tjs se méfier des chapitres plus calmes...