Christopher - 10 octobre 2014


Je ne sais pas pourquoi je suis venu à Linz. Depuis le 30 septembre et un message très laconique d'Océane me demandant de lui donner l'opportunité de s'expliquer avec moi de vive voix, c'est silence radio. Je lui avais dit que je devais réfléchir puis, sachant qu'elle devait préparer ses deux tournois du mois d'octobre, je ne lui avais plus envoyé le moindre message pour ne pas la déconcentrer. Manifestement, elle s'en sort bien et ne semble pas vraiment touchée psychologiquement puisqu'elle a remporté ses trois matchs de qualification.

De mon côté, je suis totalement découragé. Il n'y a pas que pour Océane que je veux changer mais elle est un véritable moteur pour moi, une obsession qui m'a vraiment donné le courage nécessaire pour changer radicalement de vie. A présent, je ne sais plus quoi faire. Je suis arrivé en Autriche pour les matchs du tableau principal : j'ai assisté à son seizième et son huitième de finale victorieux sans lui signaler ma présence.

J'avais besoin de voir Océane sans qu'elle ne sache que je me trouvais sur place. Je ne l'avais jamais vu jouer en match et j'avoue qu'elle m'a vraiment impressionné. Je ne comprends pas pourquoi elle n'a pas un meilleur classement car elle est vraiment très douée. Enfin, si...je suppose que son caractère doit lui jouer de mauvais tours de temps en temps et c'est sans doute cela qui l'empêchée de faire partie du top 100.

Aujourd'hui, son match est programmé en fin de journée. N'ayant rien à faire avant de rejoindre la TipsArena de Linz, je reste dans ma chambre à regarder la télé. Finalement, en fin de matinée, je craque et j'envoie un message à Océane pour lui dire que je serai présent pour son quart de finale. Sa réponse ne tarde pas à arriver.

Tu...Tu es là ? Mais pourquoi tu ne m'as rien dit ? Tu sais que j'ai des places gratuites, tu n'aurais pas dû en acheter. Christopher,...il faut...qu'on parle toi et moi. Est-ce que je peux t'appeler ?

Je lui réponds que ce n'est pas le moment car elle doit se concentrer sur son match et je refuse de la voir tant que le tournoi n'est pas terminé. Ce n'était sans doute pas la meilleure façon de procéder mais j'ai remarqué que son sparring partner était présent dans son box et cela ne m'avait pas plu. Pourquoi est-ce qu'elle ne me dit pas clairement qu'il n'y a rien entre eux ?

Parce que ce ne n'est pas le cas ? Parce qu'elle ne sait pas choisir ?

Il ne faut pas être fin observateur pour se rendre compte que ce mec en pince pour elle. Dire qu'il bosse avec elle tous les jours, ça me rend malade de jalousie.

N'étant pas vraiment intéressé par le premier ni le second match avant Océane, je n'arrive sur place que vers 15h45. Le deuxième quart de finale n'est pas encore terminé et je profite d'un changement de côté pour m'installer dans la tribune. Je ne suis pas dans un coin mais je ne suis pas vraiment visible non plus. J'ai ma casquette habituelle vissée sur la tête et je me demande si je vais la retirer lorsque ce sera au tour d'Océane de monter sur le terrain.

Est-ce qu'elle va me chercher ? Et si elle me trouve, est-ce que je ne risque pas de la déconcentrer ou de la perturber ?

Je suis à ce point plongé dans mes réflexions que je me désintéresse complètement de ce qui se passe sur le terrain au point de louper la balle de match. Je triture ensuite nerveusement mes mains durant une demi-heure jusqu'à ce qu'Océane fasse son entrée sur le court, suivie par son adversaire du jour, une joueuse suisse dont j'ai oublié le nom. Dans le petit journal qu'ils distribuaient à l'entrée, il y a un grand article sur ma jolie française qui est, selon les observateurs, LA révélation du tournoi. Je connais le texte par cœur car je pense l'avoir lu au moins une bonne dizaine de fois.

J'observe les gestes lents de la sœur de Lucas tandis qu'elle installe ses affaires sur le banc qui lui est réservé. Mon pote est arrivé dans les tribunes avec Justine, Pascal, Laurent et l'autre con que je considère comme mon rival. Pendant qu'elle demande des balles, je vois qu'Océane jette de discrets coups d'œil dans les tribunes. Elle ne peut pas me voir : je suis affalé sur mon siège avec la casquette qui me couvre une partie du visage. Lucas aussi semble me chercher mais il ne me trouve pas. Lorsqu'Océane se met à servir à la fin de son échauffement, je me redresse lentement et je retire ma casquette. Nos regards finissent par se croiser lorsqu'elle s'assied sur son banc juste avant le début du match. Je ne sais pas si c'est mon imagination mais j'ai l'impression qu'elle me dévore littéralement des yeux.

Contrairement au match précédent, je suis concentré sur le jeu et je suis avec appréhension chaque déplacement d'Océane. Elle perd le premier set 6-4 mais elle n'a pas démérité bien au contraire. Elle ne semble cependant pas abattue avant de débuter le deuxième set. Après un rapide coup d'œil vers son clan, c'est vers moi qu'elle se tourne ensuite très brièvement. J'hésite à lui faire un petit geste mais la vision de l'autre gars dans son box qui ne cesse de l'encourager m'en dissuade.

Océane est concentrée et grâce à une parfaite maitrise de ses nerfs dans les moments clés, elle remporte le match après avoir remporté le second et le troisième set 6-2 et 6-1. Elle salue son adversaire au filet puis tandis que le speaker énonce son nom elle fait de véritables bonds de joie au milieu du terrain tout en saluant le public. Son sourire radieux éclaire mon visage mais je me renfrogne très vite lorsqu'elle court vers son clan pour y recevoir leurs félicitations. Son sparring partner l'enlace d'une manière qui ne me plait pas du tout et elle ne fait aucun geste pour se dégager de son étreinte.

Lorsqu'Océane sort du terrain pour rejoindre les vestiaires, je quitte la tribune en me demandant quoi faire. Machinalement je me dirige vers l'endroit où les joueuses quittent la salle et je m'appuie contre un mur. Au bout d'une heure d'attente, je m'apprête à partir lorsque je la vois arriver entourée de toute son équipe. Quand elle m'aperçoit, elle se dirige vers moi rapidement mais elle s'arrête net à quelques mètres de moi.

- Salut.

- Salut. Félicitations pour ton match, tu as super bien joué.

- Merci. Je n'ai pas compris tu...tu es là depuis quand ?

- Depuis le début. Enfin, non. Je n'ai pas vu les qualifs. Mais j'étais présent pour tes deux autres matchs.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit ? J'aurais pu...Je suis certaine que Lucas aurait été content de te voir et de discuter avec toi

- Je n'ai pas ma place dans ton clan Océane.

- Quoi ? Mais...mais si, bien sûr.

Bien malgré moi, mon regard se dirige vers le mec qui a la chance de travailler tous les jours avec elle.

- Je ne pense pas non. J'aurais juste aimé que...tu sois honnête avec moi à ce sujet. je ne pense pas également que ce soit une bonne idée que je vienne demain, je ne veux pas te déconcentrer. Je vais te laisser, il faut que tu rentres pour te reposer.

Je la laisse ensuite en plan, sans jeter un seul regard vers son équipe qui observe sans doute toute la scène et je sors rapidement de la salle pour rejoindre le parking où j'ai laissé ma voiture de location. J'ai à peine fait quelques pas que je l'entends crier après moi. Je me retourne lentement et je vois Océane courir vers moi, les larmes aux yeux.

- Christopher, attends ! Attends s'il te plait, ne part pas !

Je la laisse s'approcher de moi et sa détresse me bouleverse totalement.

- Océane...

- Je t'en prie ne part pas. Je...il n'y a rien entre Clément et moi. Je vais même lui demander d'arrêter notre collaboration parce qu'il ne comprend pas que je n'ai pas de sentiments pour lui. Et je ne veux surtout pas que tu penses que...

Elle s'arrête de parler et elle me regarde d'un air désespéré. Puis, elle se jette littéralement sur moi pour m'embrasser avec violence. Je réponds à son baiser avec autant de brutalité tout en la serrant avidement contre moi. Lorsque j'accepte de libérer ses lèvres, Océane me regarde toujours en sanglotant :

- Je t'aime Christopher. C'est complétement dingue mais je t'aime.

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle cède aussi vite et je suis incapable de lui répondre. Je me contente de l'embrasser à nouveau, bien plus délicatement cette fois. Océane se blottit ensuite contre moi et je caresse doucement son visage.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Ça m'a fait si mal de te voir avec lui alors que tu refusais que je t'approche par peur que des rumeurs se propagent sur notre compte.

- Je sais...je suis désolée, je...j'avais peur que...que tu le prennes mal, que tu penses que je joue avec toi.

- C'est exactement que j'ai ressenti. Je fais des efforts depuis Zurich, j'essaie par tous les moyens de te convaincre que j'ai changé et puis...ça...

- Tu ne vas pas partir demain ? Tu seras encore là ?

- Tu as envie que je reste ? Tu as envie que les gens me voient avec toi ?

- Oui. Je n'ai pas honte de toi Christopher. Tu fais partie de ma vie à présent.

Je frissonne lorsqu'elle me chuchote cesderniers mots. J'entends alors quelques raclements de gorge assez bruyants nonloin de nous : je regarde discrètement derrière Océane et j'aperçois toutson clan qui nous observe attentivement. Lucas semble furieux et son père n'apas l'air beaucoup plus réjoui. Super...ça commence bien...

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