Chapitre 6 - Une vie normale
Virus
Et voilà, nous somme le matin... Ai-je dormi? Brièvement.
Je reste néanmoins étendu sur mon lit car la tête de Samara n'a pas quitté mon épaule depuis qu'elle s'y est appuyée il y a quelques heures. Son bras, toujours en travers de ma poitrine ma maintient couché sur le dos. Pour rien au monde je ne veux la déplacer!
Comment puis-je m'être attaché ainsi à cette fille qui m'était inconnue il y a moins de vingt-quatre heures? Moi qui évite presque tout contact avec mes semblables humains de peur de découvrir le mal dont ils sont capables.
Bon, dans son cas, le mal a été une douleur bien physique vus les coups qu'elle m'a donnés dans les côtes hier soir! Est-elle mauvaise ou méchante? Je ne crois pas, mais je sais que certaines personnes sont passées maîtres dans la manipulation de l'impression qu'elles laissent aux autres... J'espère seulement que je ne me trompe pas, car je sens que mon coeur s'est laissé traverser par l'éclat de ses yeux...
D'un autre côté, je connais la noirceur qui règne dans mon âme. Je ne suis absolument pas une bonne personne et quelque chose en moi me dit que je ne devrais pas l'entraîner avec moi sur les sentiers que j'ai décidé de suivre. La bonne chose est que je lui ai raconté jusqu'où je suis capable d'aller avec mes principes et elle ne semble pas avoir pris peur. En fait, ayant elle-même connu la noirceur, elle semble adopter une pensée très similaire à la mienne.
Que dois-je faire au final? Il viendra bien un jour où nous serons tiré d'affaires avec cet étrange groupe dont mon père a fait mention et nous devrons alors décider du chemin que nous voulons suivre...
Un mouvement sur mon épaule me sort de mes pensées. Baissant les yeux, je remarque le rond humide sur mon t-shirt alors que Samara relève lentement la tête. Lorsqu'elle remarque à son tour mon t-shirt, je vois son visage virer au rouge.
- Je... je suis désolée... Je ne pensais pas passer la nuit sur ton épaule. Je...
- C'est bon... Ce n'est pas comme si je n'ai pas apprécié...
Je suis certain que c'est moi qui rougis à présent. Pourquoi suis-je aller lui dire cela? Après tout, tout ça n'est qu'une mise en scène pour le moment... Pourtant, j'ai été sincère et son visage me fait penser qu'elle le sait.
Nous sommes tous les deux debout à présent et je n'arrive pas à détacher mes yeux de son visage. Cela va bientôt devenir malaisant... Un frôlement de sa main sur la mienne me prend par surprise et je constate alors à quel point nous sommes près l'un de l'autre. Je sens alors mon coeur accélérer. Est-ce moi ou elle qui a fait ce pas qui nous a rapprochés? Littéralement en proie à la panique, je n'ai absolument aucune idée de ce que je dois faire. Heureusement, c'est Samara qui brise la glace en me serrant soudainement dans ses bras.
- Merci...
Pourquoi vient-elle de me remercier au juste? C'est elle qui est venu me chercher dans la ruelle et qui m'a aidé hier soir et non l'inverse... Peu importe, je m'abandonne à l'étreinte qui me fait le plus grand bien. Jamais je n'aurais cru cela possible avant aujourd'hui. Nous restons ainsi quelques secondes, nos bras serrés autour de l'autre, avant qu'elle recule lentement, les yeux fixés dans les miens.
- Tu sais, c'est la première fois depuis très longtemps que je n'ai pas aussi bien dormi... Je fais habituellement d'horribles cauchemars sur ce qui m'est arrivé dans ma famille d'accueil, mais aujourd'hui, rien...
- C'est pour ça ton remerciement?
- Oui... Personne n'est au courant à part toi maintenant. Ma mère sait qu'ils m'ont fait du mal, mais elle ne sait pas à quel point.
- Pourquoi ne pas lui en avoir parlé?
- Je ne sais pas trop. Probablement pour ne pas la faire souffrir plus qu'elle a déjà souffert avec le suicide, je veux dire le meurtre, de mon père.
- Je suis profondément désolé pour toi.
- Ça va. Ta présence me fait du bien...
- La tienne aussi...
Et voilà, nous sommes tous les deux en train de rougir une fois de plus. Cette situation est vraiment trop bizarre! Je me retrouve encore une fois à me questionner sur la meilleure action à prendre quand la voix de ma mère retentit dans toute la maison.
- Levez-vous les tourtereaux! Il me semble que tu es encore inscrit à l'université non?
L'effet de la surprise occasionnée par l'annonce dans les yeux de Samara est magique: ses beaux yeux verts s'illuminent et pétillent de ce qui semble être un pur bonheur. Sans aucune hésitation, elle me prend par la main et me tire vers la sortie de la chambre.
Ma résistance à avancer vient malheureusement détruire son merveilleux regard qui se remplit de déception alors qu'elle se retourne vers moi.
- Tu as peur de me présenter à ta mère?
- Absolument pas... Mais si elle voit ton cou dans cet état, elle risque de poser bien des questions...
- Zut! Je n'y pensais plus à cette blessure...
Mon coeur, qui s'était brièvement arrêté à la vue du regard déçu de Samara, reprend ses battements réguliers alors que ses yeux reprennent leur éclat alors qu'elle se précipite pour fouiller dans ses affaires pliées près du lit.
- Voilà!
Je vois alors dans ses mains un large collier de cuir... En un écalir, elle l'attache autour de son cou et me fixe une fois de plus droit dans les yeux.
- Rassure-moi et dis-moi que cela cache ma blessure?
- En effet... Tu ne le portais pas hier ce collier?
- Je le portais le matin à l'université, mais je l'ai enlevé car je ne l'aime pas trop en fait... Il m'empêche de respirer parfois.
- Et tu l'avais quand même avec toi...
- Mon look l'exige...
- Disons que là ton look est un peu bizarre... Pyjama rose et collier de cuir noir...
- Et alors? Ta mère va-t-elle en faire tout un plat?
- Sûrement pas!
Moi en t-shirt et short, elle en pyjama rose et collier de cuir, nous rejoignons ma mère à la cuisine. Cette dernière lève immédiatement la tête et fixe Samara un bref instant, un large sourire sur son visage.
- Bonjour ma chère...
- Samara. Je m'appelle Samara. Bonjour à vous.
- Moi c'est Viviane. Oublie tout de suite le "vous" je t'en prie.
- D'accord.
- Tu prends du café?
- Pas vraiment... Du lait ou de l'eau serait mieux.
- Une universitaire qui ne prend pas de café? Surprenant.
- Pas de café. Pas d'alcool. Pas de drogue. Je suis plutôt ennuyante...
- Ennuyante? Virus, est-ce que je suis ennuyante dis-moi?
Surpris de mon implication soudaine dans la conversation entre ma mère et Samara, je me concentre brièvement sur la dernière affirmation de cette dernière. Je comprends alors la question de ma mère.
- Bien sûr que non! Samara, ma mère est comme toi... Elle n'a jamais pris une goutte d'alcool et elle déteste le café. Pour la drogue, je n'ai pas de preuve, mais je doute qu'elle ait touché à ce genre de cochonnerie un jour... Il n'y a que moi et mon père comme fans de café ici...
- Tu vois Samara, tu ne devrais pas te juger toi-même plus durement que tu juges les autres... En passant, j'aime bien ton collier...
Je vois la surprise bien visible dans les yeux de Samara. Je n'ai pas l'impression qu'elle a souvent eu des commentaires positifs sur son look.
- Merci...
- Je suppose que le pyjama rose n'est pas trop dans ta palette n'est-ce pas?
- ... En effet... Virus l'a pris dans les affaires de sa cousine. Je n'avais pas prévu rester dormir ici cette nuit.
- Et bien je suis heureuse que tu sois restée pour que je puisse te rencontrer! Mon fils est toujours pas mal cachottier avec moi...
- Maman!
Pourquoi une mère veut-elle toujours nous mettre dans l'embarras? Remarquez-bien, je ne peux pas vraiment lui en vouloir, car elle ne sait en effet pas grand-chose de mes journée, fort heureusement d'ailleurs!
Je me sens néanmoins très bien en ce moment. L'effet de la conversation avec ma mère sur Samara est impressionnant: elle sourit, son regard pétille, elle rayonne de ce qui m'apparaît être de bonheur. Heureux pour elle, je décide d'un coup de tête de m'avancer et je lui prends doucement la main alors que je m'assois à côté d'elle à la table. Évidemment, ma mère le remarque et sourit à son tour.
- Vous vous connaissez depuis longtemps tous les deux?
Ouch! J'avoue ne pas avoir prévu cette question et je ne suis vraiment pas certain de l'attitude à prendre pour ne pas me perdre dans mes mensonges. Lançant un bref regard à Samara, je remarque qu'elle ne semble aucunement troublée.
- Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs semaines sur Internet dans un forum de discussions. Il m'a proposé de le rencontrer quelques fois dans un café pas loin d'ici et il se trouve que nous sommes tous les deux inscrits dans le même programme à l'université...
- Internet... Je ne comprendrai jamais comment vous faites pour discuter avec des inconnus...
- Cela nous permet pourtant de découvrir des personnes exceptionnelles...
Le regard que Samara me lance suite à son affirmation me fait fondre sur place. Je lui retourne son regard et me surprends moi-même à me pencher vers elle pour déposer un bref baiser directement sur ses lèvres! Qu'est-ce qui a bien pu me passer par la tête !?
M'attendant à me faire repousser ou même frapper, je recule rapidement la tête et garde mon regard fixé sur Samara. Étonné de voir un grand sourire à ses lèvres, je tombe presque de ma chaise lorsqu'elle dépose sa tête sur mon épaule!
- Je t'aime...
Trois mots tous simples qui me traversent pourtant comme une flèche. Je suis en pleine panique... Est-ce qu'elle joue simplement le jeu tel que demandé par mon père? Dois-je lui répondre ou est-ce que mon baiser rapide suffit? Samara doit bien voir la panique dans mes yeux...
- Je suis bien heureuse pour vous deux! Je suis surprise de voir mon fils s'engager et je sais bien qu'il peut te paraître un peu froid, mais je suis certaine qu'il fera tout pour toi Samara.
- Je n'en doute pas...
Le déjeuner se déroule sans autre malaise et nous remontons environ trente minutes plus tard à ma chambre. Après avoir fermé la porte, je regarde Samara fixement un moment, nerveux à l'idée de lui poser la question qui me ronge. C'est elle qui s'approche finalement de moi, comme si elle lisait en moi.
- Je veux que tu saches que je ne joue aucun jeu. Je me sens bien avec toi et ce n'est pas rien considérant mon passé difficile... Quelque chose me dit que tu partages un sentiment similaire pour moi. Je me trompe?
- Tu ne te trompes pas, mais je trouve juste que c'est une situation étrange. Nous ne nous connaissions pas il y a tout juste une journée...
- Ce n'est certainement pas plus étrange que tes étranges facultés... Je me fiche bien de ce qui est normal ou pas. Je me sens bien avec toi et j'aimerais bien profiter de ma rencontre avec toi.
- Tu pensais vraiment ce que tu as dit tout à l'heure devant ma mère?
- Que je t'aime?
- Oui...
M'attendant à sa réponse, je suis surpris par son avancée subite dans ma direction et par le contact brusque de ses mains à mon torse. La poussée est tellement forte que je bascule en arrière et tombe sur le lit. Samara me rejoint le moment suivant et m'enlace tendrement dans ses bras.
- Je le pensais vraiment. Je t'aime Virus.
Le coeur voulant exploser et sortir de ma poitrine, je l'enlace moi-aussi.
- Moi aussi je t'aime Samara...
Nous restons ainsi enlacés un moment. Mon esprit est complètement brouillé par un mélange de surprise, d'incompréhension, d'inquiétude, mais surtout d'un bonheur qui prend de plus en plus de place. Jamais je n'aurais cru que ma vie prenne un tel tournant, pas avec toutes les choses que j'ai pu faire dans le passé...
Ai-je le droit de prétendre à une vie normale?
Dans tous les cas, certainement pas avant d'avoir repoussé la menace qui pèse sur nous.
D'ailleurs, où peut bien être mon père?
Je dois absolument le voir avant de partir pour l'université...
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Chapitre 6 complété!
Et voici les petites questions en préparation de la suite:
1) Virus est-il réellement honnête avec Samara?
2) Ou est le père de Virus?
Je sais la relation entre Virus et Samara est peut-être un peu "cliché", mais je n'arrive pas à imaginer le déroulement autrement avec ce qui vient dans les prochains chapitres...
Cedemro
02/11/2020
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