Chapitre 5 - Ma copine
Virus
Je suis dans ma chambre depuis déjà un moment à préparer mes affaires pour aller dormir en bas lorsque Samara ressort de la salle de bain. Voulant détendre l'atmosphère, je décide de la piquer un peu avant même de la voir.
- Tu sembles tout à fait normale pour ce qui est du temps passé dans la salle de bain...
M'attendant au pire d'avoir osé dire cela, je lève les yeux vers elle. Certes, ses yeux m'envoient des éclairs, mais ce n'est pas ce qui me frappe le plus. Elle a retiré le maquillage sur son visage et a défait des cheveux qui étaient jusqu'alors maintenus en toque sur sa tête. Sans le noir du mascara, je n'arrive pas à détacher mon regard de ses yeux verts. Elle doit remarquer mon regard fixe, car elle s'arrête dans son élan pour me démolir les côtes une fois de plus...
- Bon, je sais, tu vas me dire que je suis mieux sans mon maquillage ridicule... Je le sais, ma mère me le répète tout le temps!
Bien que je sois un peu impressionné par son regard à cet instant, sa dernière affirmation me ramène brusquement sur terre.
- Absolument pas! Je n'ai rien à dire contre ton choix d'adopter une allure "gothique" comme tout le monde dit. En fait, je trouve que cela correspond parfaitement à ta personnalité... C'est juste qu'avec le mascara, je n'avais pas remarqué tes yeux... Désolé de t'avoir fixé ainsi.
- Ça va... Tu es bien le premier à me faire un compliment sur mon apparence. Merci...
À présent gêné par la situation, je baisse le regard et termine de ramasser mes choses pour aller en bas. Avec Samara toujours devant moi qui me bloque le chemin, je dois cependant lever les yeux pour lui indiquer de me laisser passer.
- Je crois qu'il est préférable de dormir un peu... Je te laisse mon lit et je vais dormir en bas.
- Je... je préfèrerais que tu restes dans la même pièce... Je ne voudrais pas me trouver nez-à-nez avec ton père ou même ta mère sans que tu sois là...
- Si tu veux. J'ai un kit de camping en bas au sous-sol.
- ...
Je vois bien le malaise dans son regard suite à ma proposition. J'avoue que je ne sais pas trop quelle autre proposition lui faire. A-t-elle peur que mon lit soit empoisonné? Devrais-je lui proposer plutôt de prendre le sac de couchage et le matelas gonflable? Je ne peux quand même pas lui proposer de partager le lit !? Je sais bien que c'est un très grand lit, mais quand même...
- Tu voudrais simplement dormir à côté de moi?
- ...
À mon tour de ne pas répondre... Il y a quelques minutes, elle était furieuse de l'idée que j'ai lancée à ma mère et maintenant elle fait cette proposition? N'étant vraiment pas à l'aise avec les femmes en général, je suis complètement ébranlé. Tellement ébranlé que j'en tremble en fait!
- Ne te fais pas des idées, je te propose cela pour rendre crédible l'histoire que tu as lancée à ta mère... Qui apporterait un kit de camping dans sa chambre après avoir invité sa copine à la maison?
- Tu as un point... Tu es certaine que cela ne te dérange pas?
- Si tu m'assures que tu ne m'empoisonneras pas, je ne vois pas le problème... Je promets de ne pas te frapper si tu ne tentes rien de bizarre...
- Je vais rester tranquille. Je ne voudrais pas me retrouver avec des fractures aux côtes!
- Tu crois que je pourrais emprunter des vêtements pour dormir? Disons que mes habits ne sont pas très confortables pour passer la nuit...
- Euh... Je crois que j'ai peut-être une solution... Ma cousine vient souvent ici lors de conférences à Montréal. Elle doit avoir quelques ensembles dans la chambre qu'elle utilise habituellement... Avec un peu de chance, ses vêtements te conviendront peut-être...
Je quitte donc brièvement la chambre pour aller chercher les vêtements en question. Heureusement, je constate que ma cousine semble s'être bien installée. Je dois fouiller un moment dans les nombreux tiroirs avant de finalement mettre la main sur un pyjama rose en coton d'allure tout ce qui a de plus classique.
Certain de récolter un autre regard noir, je retourne à la chambre et donne le pyjama à Samara qui le regarde un moment.
- Plutôt joli malgré sa couleur!
- Au moins tu n'es pas difficile!
Plutôt qu'un regard furieux, j'obtiens cette fois un bout de langue tirée en ma direction alors que Samara retourne à la salle de bain se changer. Le coeur battant étrangement vite, j'attends son retour en ouvrant mon ordinateur portable.
Lorsqu'elle revient dans la chambre, je suis déjà en train d'écrire un bref message sur mon "groupe". Pour la première fois, j'ose poursuivre mon message alors que quelqu'un entre dans ma chambre. À quoi bon lui cacher quoique ce soit en ce moment...
- Ce sont tes amis du Dark Web?
- En effet.
- Ils sont au courant pour tes "capacités"?
- Absolument pas. Ils pensent que je suis un genre d'hacker qui trouve des produits pour les fabricants de drogue...
- De mieux en mieux... Hacker, fabricant de drogue... Tu as d'autres belles aptitudes dans le genre?
- C'est plutôt compliqué en effet... J'ai toujours cherché un sens à ce nom que mes parents m'ont donné et j'ai trouvé ce sens dans mes recherches sur les poisons et les substances dangereuses... C'est bizarre, mais cela m'a permis d'accepter qui je suis.
- Je te comprends. Du moins un peu je pense... Mon changement de personnalité est venu suite à la mort de mon père. J'ai dû faire ressortir la noirceur qui a envahi mon esprit et c'est la manière que j'ai trouvée.
- Personne n'a le droit de te juger pour ça...
- Donc tu vas leur demander de faire des recherches sur moi? Comment tu comptes justifier ça?
- Je vais simplement leur dire que les hommes qui me cherchent m'ont parlé de toi...
- Et pourquoi ils t'apporteraient leur aide?
- Ils ne savent pas pour mes capacités, mais je leur ai prouvé par le passé que j'étais très dangereux. Désolé de te l'apprendre ainsi, mais j'ai déjà tué avant ce soir... Deux fois.
- Pourquoi?
- Dans les deux cas, c'étaient des trafiquants de drogue qui trempaient aussi dans le proxénétisme avec des jeunes filles. J'ai mis à jour leurs réseaux et je les ai empoisonnés... Évidemment, mes contacts n'ont pas reçu tous les détails de comment j'ai fait, mais ils savent que c'est moi. Je leur ai dit que les trafiquants en question m'ont trahi.
- Tu parviens à tuer aussi facilement?
- Je sais, tu dois me prendre pour un monstre, mais ces gens faisaient subir de telles atrocités à ces filles et leurs drogues ruinaient la vie de tellement de gens... Je n'ai pas pu rester là à rien faire... Cela n'excuse pas mes actes mais...
- Moi je pense que tu as bien fait.
- Sérieusement!?
- Tu as certainement aidé bien des gens et ce n'est pas la justice qui va punir ces salopards comme ils le méritent...
- Je suis surpris de ta réaction.
- À moi de t'avouer quelque chose... Tu ne te demandes pas pourquoi j'ai cette arme avec moi et pourquoi je me suis entraînée autant dans toutes ses disciplines martiales?
- Je ne m'étais pas encore posé la question, mais maintenant oui...
- Je me suis fait battre dans ma famille d'accueil alors que je n'avais que quinze ans. Plusieurs fois.
- Ils ne t'ont pas... abusée au moins?
- Il a voulu le faire...
- ...
- Je l'ai tué avec un stylo qui se trouvait sur ma table de nuit...
- C'est horrible! Ta vraie mère le sait?
- NON! Elle ne doit jamais l'apprendre. Vues les contusions sur mon corps, la police a immédiatement conclu que c'était de la légitime défense et la DPJ m'a repris. J'y suis resté jusqu'à mes dix-huit ans et je leur ai demandé de garder mon dossier secret. Ma mère a suffisamment souffert de la mort de mon père...
- Je ne sais vraiment pas quoi te dire. J'ai le coeur brisé par ton histoire. D'abord ton père, puis ta famille adoptive violente...
- Il n'y a rien à dire... J'ai conclu qu'il faut être forte pour résister aux horreurs que la vie place sur notre chemin.
- Je partage ta vision. Je suis loin d'avoir ta force, mais je suis résistant!
- Désolée à mon tour d'être directe, mais tu as d'autres "capacités" que je devrais connaître?
- Peut-être une autre...
Bien décidé à tout lui avouer, j'ouvre un tiroir de mon bureau et sort un flacon de verre dont le bouchon est scellé par un sceau de plastique étanche. Je prends ensuite une attache à papier que je déplie avant de retirer le plastique et le bouchon du flacon. Dès que j'y plonge la tige de métal, un petit filet de fumée apparaît au-dessus du goulot.
- C'est un acide très puissant...
Je place alors mon pouce sur le goulot et retourne la bouteille devant les yeux paniqués de Samara. Je garde ainsi la pose un instant avant de retourner la bouteille et lui montrer mon pouce qui n'affiche aucun dommage.
- Et ce n'est pas le plus impressionnant...
Alors que je tiens l'attache métallique de mon autre main, entre mon pouce et mon index, Samara peut clairement voir à présent la fumée qui s'échappe de mes doigts. Après seulement quelques secondes, l'attache tombe au sol en deux sections, son centre entièrement rongé par le puissant acide.
- Je peux faire cela avec n'importe quelle substance... Poison, acide, drogue, analgésique. J'ai tout essayé.
- L'acide était encore plus fort dans ta main non?
- En effet. Même formule chimique, mais plus grande concentration. Le contact avec mon pouce a vidé la moitié du flacon en quelques secondes et je viens de tout concentrer dans ma main à l'instant.
- Incroyable!
- Tu n'as pas peur de moi?
- Un peu, mais tu partages tout cela avec moi et tu me fais confiance donc je ne vois pas pourquoi tu me ferais du mal. Je peux moi-aussi m'en prendre à toi à ma manière et tu restes pourtant près de moi...
- Tu as raison. Tu es certaine de vouloir partager le lit avec moi?
- Seulement si tu restes tranquille!
Le sourire qui illumine le visage de Samara à cet instant tranche énormément avec les événements de la journée qui se termine. Touché droit au coeur, je ne peux que profiter au maximum du moment.
- Mes côtes me suggèrent de rester très, très tranquille, je t'assure!
- Je suppose que demain sera ma présentation officielle à ta mère?
- Il faudra bien...
- Tu as peur de sa réaction en voyant mon style peu commun?
- Pas vraiment. Je n'ai jamais vu ma mère porter un jugement négatif sur qui que ce soit... Son petit sourire en coin tout à l'heure me donne plus l'impression qu'elle va tout faire pour chercher à savoir qu'est-ce qui te rend si différente...
- Différente?
- Je n'ai jamais fréquenté aucune fille avant toi. Et aucun homme non plus avant que tu penses des choses à mon sujet!
- Donc je suis ta première copine...
- Pour les besoins de la cause, oui...
- Et quand notre situation se sera arrangée, cela va changer?
- ... Je...
- Je comprends... Nous pouvons faire semblant un moment. Je vais faire de mon mieux...
- Non, je ne pense pas que tu comprennes... Ce que j'allais dire, c'est que personnellement j'aime bien l'idée que tu sois ma copine. Réellement... Mais je ne sais pas ce que toi tu veux, donc je suis un peu mal à l'aise de le dire aussi directement...
- Je ne peux rien te promettre, mais plus j'en apprends sur toi et plus j'ai l'impression que ça peut marcher... Je suis incapable de faire confiance aux hommes pour une raison évidente, mais tu me sembles différent...
- Pour être différent, je le suis...
- On se donne une chance?
- Pourquoi pas!
- Alors profitons des quelques heures qui restent avant le matin pour dormir un peu.
Le coeur battant beaucoup trop vite, je prends donc place à côté de Samara dans le lit. Raide comme un bâton, je suis étendu sur le dos à la limite du matelas et elle adopte une position très similaire de son côté, à l'autre extrémité du matelas. Pendant quelques secondes, l'air est si lourd que je pourrais presque le creuser de mes mains. Une main se pose soudainement sur ma poitrine, me faisant tellement sursauter que je passe près de laisser aller un cri de stupeur. Notant mon sursaut, Samara commence à retirer sa main, mais je la retiens d'un mouvement instinctif.
- Désolé, je suis un peu nerveux... Tu peux laisser ta main sur moi si tu veux...
En réponse, elle se retourne et appuie sa tête contre mon épaule, son bras posé sur ma poitrine. La chaleur qui m'envahit à cet instant est tout simplement incroyable. Impossible qu'elle ne sente pas mon coeur qui bat la chamade dans ma poitrine! Cela ne semble pourtant pas l'embêter puisque j'entends déjà sa respiration profonde. Elle dort...
Heureux comme je ne pense pas l'avoir jamais été auparavant, je m'endors peu à peu à mon tour. J'en oublie presque les dangers qui nous guettent et le fait que nous allons devoir disparaître comme l'a dit mon père...
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Chapitre 5 complété!
Comme à l'habitude, quelques petites questions en préparation de la suite:
1) Surpris de la relation de Virus avec le Dark Web et le milieu criminel?
2) Samara aura-t-elle des problèmes par rapport au meurtre qu'elle a commis?
Au niveau de l'histoire, trouvez-vous que la relation entre Virus et Samara se déroule trop vite?
Cedemro
29/10/2020
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