Chapitre 16 - Désir de vengeance
Virus
Voilà déjà plusieurs heures que nous sommes en route. Heureusement, ma mère est habituée à entendre mes excuses quand je pars quelque part sans vouloir lui partager mes plans... Ainsi, quand je lui ai dit que la mère de Samara m'a invitée à rester coucher chez elle après un souper bien arrosé, elle a simplement rit en me disant de passer une bonne nuit et de ne pas oublier de dormir un peu.
Du coup, je n'ai pas pu m'empêcher d'afficher un petit sourire nerveux. Si elle savait combien la situation est loin d'être aussi joyeuse pour moi en ce moment...
Avec le volume élevé de mon téléphone, je sais que les deux autres occupants de la voiture ont parfaitement entendu ce que ma mère vient de me dire. Aussi, quand je raccroche, j'ai le regard furibond de Samara sur moi alors que Yongwa me regarde avec un visage faussement innocent.
- Arrêtez un peu tous les deux! Je ne pouvais quand même pas dire à ma mère que nous venons de faire exploser l'université après avoir tué trois hommes... Surtout pas alors que nous avons un corps inanimé dans le coffre de cette voiture.
- Tu imagines un peu le regard qu'elle aura sur nous quand nous retournerons chez toi après ce qu'elle vient d'insinuer pour nous deux?
- Ta mère est dans le coffre et notre université brûle et toi tu t'inquiète de ce que ma mère pense que nous sommes en train de faire !?
- Oui... La vie va bien reprendre son cours normal un de ces jours...
J'avoue que je ne sais plus si elle a raison ou si c'est une utopie de croire que nous pourrons un jour reprendre une vie normale. Après tout, je possède un don convoité par un groupe d'individus visiblement très puissants et elle aussi possède un don possiblement encore plus convoité si cela est possible...
Qu'est-ce que la vie normale pour des personnes comme nous?
Elle est comme Gene dans les X-MEN et moi comme Venom dans Spiderman. À ma connaissance, aucun de ces deux personnages n'a une vie que je peux qualifier de "normale".
D'un autre côté, je ne veux pas amplifier l'angoisse qui règne déjà dans la voiture depuis notre départ. Sans un minimum d'espoir, nous ne pourrons jamais trouver cette éventuelle solution à nos problèmes...
Perdu dans mes pensées, je n'ai toujours pas répondu à la dernière affirmation de mon amie et c'est Yongwa étrangement qui choisit de répondre.
- Pardon d'être aussi direct, mais toi et Virus risquez de devoir redéfinir ce que "normal" implique dans votre cas... Aujourd'hui, c'est cette étrange secte qui souhaite mettre la main sur Virus en utilisant la télépathie pour parvenir à leurs fins assez machiavéliques je dois dire. Qui sait ce que demain vous réserve...
- Ce n'est pas très encourageant comme discours pour une jeune femme qui en veut à mort à sa supposée mère...
- À quoi bon mentir? Vous croyez que ma vie est plus joyeuse... Je suis le fils de criminels recherchés dans le monde entier et mes parents me laissent plus moins à la merci de leurs ennemis. J'ai dû lutter toute ma vie pour trouver une cachette sûre et je ne suis même plus certain qu'elle l'est vraiment à la vue de ce qui vient de se passer aujourd'hui. Je pensais que le Dark Web était le meilleur moyen de surveiller mon entourage et je croyais être l'un des meilleurs. Pourtant, ta mère a su me retrouver et me piéger malgré tout. Si vous voulez mon avis, notre seul espoir est de devancer ceux qui veulent nous faire du mal et de les surprendre avant que ce soit eux qui y parviennent...
- Tu nous demande ni plus ni moins de combattre à nous trois des criminels dangereux qui manigancent contre nous depuis possiblement avant notre naissance? Nous, trois jeunes universitaires contre une armée de criminels, rien que ça!?
- Leur armée n'a pas vos dons et la technologie que j'ai à vous proposer... Laissez-moi au moins vous montrer ce dont je parle et vous déciderez ensuite.
- Tu ne crois pas que nous devons d'abord gérer le cas de Mme Psycopathe dans le coffre avant de passer à ses copains?
Je viens de voir un sourire aux lèvres de Samara suite à ma dernière affirmation! Je dois dire que cette réaction pourtant toute simple me réchauffe profondément le coeur en ce moment. Cela doit paraître car elle me retourne un regard tout aussi chaleureux alors qu'elle maintient son sourire un moment avant de prendre la parole.
- Je trouve que ce nom lui va plutôt bien... Laissez-moi m'occuper d'elle quand nous serons chez toi. Je compte bien lui soutirer tout ce qu'elle sait sur les plans de ceux qui l'ont recrutée pour te surveiller...
- Tu comptes faire comment? Elle contrôle les esprits, ne l'oublie pas...
- À ce que je sache, moi aussi j'en ai la capacité et tu vas pouvoir m'aider à la surpasser...
- Je ne suis pas certain de comprendre et tu commences sincèrement à me faire peur...
- Ce stimulant que tu as absorbé aujourd'hui, tu saurais me le transmettre à très faible dose?
- Non! C'est beaucoup trop risqué! Je ne connais pas la réaction de ton corps à ces substances. La moindre erreur pourrait t'être fatale et ce serait entièrement de ma faute. Il est hors de question que je te fasse courir un tel risque...
- Tu préfères qu'elle détruise ma volonté et qu'elle m'oblige à vous tuer tous les deux? Est-ce que cela te semble moins dangereux que ma proposition?
- Il y a sûrement un autre moyen...
- Trouve cet autre moyen et je te suis. En attendant, on prend mon chemin et je le ferai avec ou sans ton aide car sinon on ne trouvera jamais les personnes responsables de nos malheurs. J'ai besoin de les trouver et de me venger de ce qu'ils nous ont fait...
- Laisse-moi au moins y penser le temps que l'on arrive...
- Volontier. Je dois me reposer pour avoir toutes mes forces quand nous arriverons...
Je n'arrive pas à croire qu'elle veuille tenter quelque chose d'aussi dangereux... Malheureusement, je sais qu'elle a raison et que je ne trouverai certainement pas un autre moyen malgré ce que j'ai pu laisser croire. Si seulement mon père pouvait me contacter avec une information sur ces gens...
Je sais que c'est risqué, mais je n'ai pas vraiment le choix. C'est notre dernière chance avant que Samara tente l'impossible avec Alice... Sans trop y réfléchir pour ne pas me convaincre moi-même de changer d'avis, je saisis mon téléphone et envoie un message non crypté à mon père. Un simple petit message texte lui demandant de m'appeler. Un message avec le fameux point d'exclamation rouge dans le sujet.
Je confirme que c'est bel et bien une urgence.
Sans partager ce que je viens de faire avec Samara et Yongwa, je ferme simplement les yeux et me repose à mon tour, faisant de mon mieux pour calmer les palpitations de mon corps qui poursuit l'élimination des nombreuses substances que j'ai absorbées depuis ce matin.
Je devrais plutôt dire depuis hier matin puisque le jour se lève peu à peu à l'horizon alors que la voiture file toujours à grande vitesse sur l'autoroute. Je ne sais même pas où nous sommes et j'avoue ne même pas avoir envie de le savoir en ce moment.
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L'arrêt brusque de la voiture me réveille en sursaut. À entendre le petit cri de stupeur de Samara, je conclus que s'en est de même pour elle. Alors que mes yeux s'habituent peu à peu à la luminosité du jour qui est à présent bien levé, je découvre avec stupeur l'immense manoir qui se dresse devant nous. Impossible de dire combien de pièces compte cette immense demeure, mais il est certain qu'au moins une cinquantaine de personnes pourraient y habiter sans jamais se marcher sur les pieds!
- C'est quoi ce manoir?
- Tu ne croyais quand même pas que des Yakuza influents comme mes parents habitaient dans un petit appartement minable d'un quartier pauvre de banlieue...
- Il y a toute une marge entre un appartement minable et un château de l'époque victorienne! Je n'imagine même pas le temps passé à faire le ménage dans une telle baraque!
- Moi non plus je ne peux pas me l'imaginer... Le ménage, c'est l'affaire des domestiques que mon père engage, pas la mienne!
- Un jeune homme gâté et pourri, j'ai compris!
- Très drôle. Tu sais, à ta place, j'éviterais de m'embêter car je n'ai qu'un mot à dire et tu auras je ne sais combien de garde du corps sur le dos...
- Je ne leur conseille pas de me toucher...
Évidemment, nous nous lançons ces petites attaques avec un regard moqueur puisqu'il est bien sûr hors de question que nous ajoutions ce genre de conflit à nos problèmes actuels...
Un regard rapide vers Samara qui est encore en admiration devant l'immensité du manoir me confirme qu'elle ne se sent aucunement concernée par notre petit jeu.
- Avoue que tu aimerais bien habiter ici...
- Pas vraiment. J'aurais peur de me perdre dans une aussi grande maison! Et puis je ne suis pas certaine que j'aimerais avoir tous ces gens qui tournent autour de moi... Je sens la présence de nombreuses personnes ici.
- Tu les sens?
- Oui... Je ne sais pas trop pourquoi, mais je perçois leur présence dans ma tête depuis que nous sommes arrivés. Par exemple, je peux te dire qu'il y a quelqu'un qui va ouvrir la porte d'entrée dans un instant...
Comme de fait, je remarque la grande porte noire barrant l'accès à la demeure s'ouvrir lentement, un homme entièrement vêtu de noir se présentant à nous l'instant suivant.
- Bonjour Maître Yongwa. Voulez-vous que je guide vos invités dans le grand salon?
- Maître?
Bon, ma réaction peut vous sembler un peu exagérée à me surprendre ainsi devant l'invite de cet homme à l'endroit de notre ami, mais je n'ai jamais rencontré de gens assez important dans ma vie pour se faire appeler ainsi à leur arrivée chez eux...
- C'est bien ce que mon majordome à dit, maître... Disons que la hiérarchie est très importante chez nous et mon père ne tolère pas l'indiscipline. Tout le personnel me traite de la même façon et vous, mes invités, serez traités de la même façon. N'est-ce pas Édouard?
- Absolument Maître.
Je suis complètement estomaqué. Je ne croyais pas que c'était possible de trouver un endroit de ce genre ici au Québec... Je sais bien que nous avons fait de nombreuses heures de routes, mais nous sommes encore bel et bien dans la même province. Je l'ai vérifié sur mon téléphone un peu avant notre arrivée...
Alors que nous rentrons dans la maison, je songe au colis suspect dans le coffre de la voiture. Colis qui risque de reprendre conscience d'un instant à l'autre.
- Yongwa... Tu sais, nous devrions peut-être...
- Édouard va s'en occuper. Nous irons la rejoindre un peu plus tard.
- Quoi !? Tu lui fais confiance à ce point?
- Oui.
Le regard que me lance mon ami ne laisse aucun doute. Il fait parfaitement confiance à son majordome. En fait, j'ai l'impression qu'il y a plus qu'une simple confiance et cela me perturbe un peu. Je choisis toutefois de garder mon impression pour moi car nous avons bien assez à faire pour le moment dans les heures à venir...
Deux dames viennent nous rejoindre et nous guident dans le grand salon que le majordome a mentionné à notre arrivée. Une pièce immense occupée par plusieurs meubles magnifiques et dignes d'une lignée royale. Il semble que l'appartenance à la grande famille des Yakuza soit très lucrative pour des dirigeants...
Alors que nous prenons place, une autre dame arrive avec un grand plateau sur lequel sont posées quelques carafes et plusieurs verres. Du lait, du jus et même une carafe de café fumant!
- Tu es sérieux, tu veux que l'on déjeune après tout ce qui vient de se passer!?
Je comprends la réaction de Samara, mais d'un autre côté, je dois dire que les événements de la veille m'ont grandement affaibli... Je dois absolument récupérer de l'énergie si nous devons mener à bien une autre journée, bien que j'espère qu'elle soit meilleure que celle d'hier!
Sans attendre, je me jette sur le plateau et me sert un grand verre de jus que je vide ensuite d'un trait. Je suis rapidement imité par Samara alors que Yongwa se sert un café noir et nous fixe d'un regard amusé.
- Je vois que tu as changé d'idée... Je me doute bien que vos dons demandent une grande énergie et vous aurez besoin de toutes vos capacités pour interroger notre invitée... Demandez ce que vous voulez aux domestiques, nous irons rejoindre Édouard dans une heure.
Une heure? Je ne crois pas que ce soit une bonne idée sachant que Alice risque de se réveiller d'une minute à l'autre. Mieux vaut partager mon impression...
- Excuse-moi, mais je crois qu'Alice risque de se réveiller d'une minute à l'autre... Tu ne crois pas que c'est risqué pour ton majordome?
- Son pouvoir ne lui sera d'aucune utilité contre Édouard...
- Tu as vu de quoi elle est capable...
- Édouard ne possède pas d'esprit à contrôler.
- Quoi?
- C'est une machine...
- Attends... Tu veux dire que c'est un robot?
- Un automate en effet. C'est mon père qui l'a développé il y a déjà bien des années avant de s'enfuir ici pour cacher ses travaux...
- Tu es en train de me dire que ton père à conçu un automate qui peut se faire passer pour un être humain et qu'il a simplement décidé de s'enfuir ici plutôt que de partager sa découverte... Pourquoi?
- Car ceux qui voulaient mettre la main sur ses travaux avaient de très mauvaises intentions... Quelque chose de très grave est sur le point de se produire et tout ce qui vous arrive à toi et Samara n'est vraiment pas le fruit du hasard, j'en suis certain. Je te suis depuis déjà bien des années comme tu dois t'en douter à présent. Comme j'ai suivi Alice aussi pour découvrir les gens pour qui elle travaille...
À la mention du nom de sa mère, Samara serre les dents et la colère est bien visible dans son visage. Alors qu'elle écoutait simplement la conversation depuis le début, il est clair à présent qu'elle commence à s'impatienter.
- Si je comprends bien ce que tu as dit plus tôt Yongwa, ma fausse mère fait partie d'un grand projet visant à utiliser Virus et son don pour commettre je ne sais trop quel méfait. Quel est le rapport avec ce robot que ton père a développé?
- Je n'ai pas trop discuté avec mon père pour ne pas qu'il se doute de mes recherches. Honnêtement, je ne sais même pas si nous pouvons lui faire entièrement confiance... Ce que je sais, c'est que ce groupe qui a engagé Alice est possiblement allié à ceux qui voulaient récupérer les travaux de mon père. Pensez-y un peu: un jeune homme dont l'esprit est contrôlé par des télépathes qui répand un virus mortel et une armée d'automates immunisés contre la maladie... N'est-ce pas un bon moyen de tenter un coup d'état à l'échelle mondiale?
J'avoue que les derniers mots de Yongwa viennent littéralement d'arrêter les battements de mon coeur... Un bref regard vers Samara me confirme qu'elle n'est pas dans un meilleur état que moi alors que son teint devient soudainement complètement livide.
Que sommes-nous censés faire contre un projet d'une pareille envergure?
Nous ne sommes que trois jeunes universitaires je vous rappelle...
Bon, ajoutons un robot ultra perfectionné capable de passer pour un humain.
Quatre. C'est quand même peu...
Alors que je me morfonds sur notre sort, je vois que le visage de Samara reprend soudainement des couleurs et une détermination farouche apparaît dans son regard.
- Pardonne-moi Yongwa, mais le déjeuner devra attendre... J'ai des informations à soutirer à madame Psychopathe!
- Tu dois d'abord reprendre des forces...
- Crois-moi, mon désir de vengeance est une force à laquelle elle ne résistera pas!
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Chapitre 16 complété!
Et voici les petites questions en préparation de la suite:
1) Que va faire Samara?
2) Est-ce qu'ils peuvent faire confiance à Yongwa et son automate?
Cedemro
25/11/2020
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