Chapitre 64
Musique : Concorde- Just kiss her (héhéhé)
PDV Octobre :
Pendant la première manche de volley, je reste assise sur un banc en attendant que ce soit à mon équipe de jouer, mais pour être honnête, c'est le moment que je préfère, parce que je peux regarder Owen jouer juste avant. Il est sacrément beau et moi je suis sacrément conne même si... Même si je le revois ce matin encore foutre une calbote à Jade pour suivre le mouvement, je trouve son acte décevant, il aurait peut-être agi différemment si j'avais été plus présente. C'est un fantasme un peu grossier, mais j'ai l'impression qu'Owen s'est laissé entraîner parce qu'il considère que je l'ai lâché, il me l'a bien fait comprendre quand j'ai tenté de m'expliquer. Je revois encore la déchirure frappante dans son regard quand je lui ai dit que je partais.
Les raisons pour lesquelles je l'ai zappé pendant plus d'une semaine, il s'en tape, tout ce qui est resté imprimé dans son esprit c'est que je le laissais, maintenant il me reste plus que mes yeux pour l'admirer de loin. Je sais bien que je l'ai blessé, mais il m'a blessé en retour en se foutant des excuses que je pouvais lui faire. Alors que je le mate plus que de raison, je réalise en le voyant s'approcher que son match est fini, un peu comme notre relation j'imagine. Quand je pense qu'avec Jade on est à deux doigts de foutre en l'air le Virginity Game, ça me déprime de savoir que je pourrai pas savourer ce moment avec lui. Il s'arrête à moins d'un mètre, me regarde de toute sa hauteur. Je bouge pas du banc alors que mon équipe court vers le terrain.
— Je t'accompagne à l'infirmerie.
Mon cœur rate un battement à l'idée que ce soit bien à moi qu'il s'adresse, sa main pendue dans le vide en attente d'être saisie.
— C'est pas à l'infirmerie qu'il faut que j'aille, mais sur le terrain.
Sa mâchoire se contracte légèrement. Il est beau. Pas seulement physiquement, mais bien au-delà. Dans l'étincelle qui anime son regard, dans sa façon d'être et de se nier, dans sa manière de sourire et d'offrir toute la beauté du monde seulement en esquissant les lèvres.
— T'es sûre que tu veux aller de ce côté ? Mme demande-t-il alors que je prends la direction des filets et lui celle de la sortie.
Pendant une seconde, une once d'espoir vient me faire chavirer. Qu'est-ce que j'en ai à foutre du volley, si je suis restée ici, c'est pour Owen et juste pour lui, alors à quoi je joue en me morfondant toute seule dans la nébuleuse de mes pensées ?
— L'infirmerie, c'est une très bonne idée, j'ai un mal de tête cuisant.
Il sourit, tend à nouveau sa main vers moi. C'est étrange, ce matin encore il n'avait plus l'air de vouloir me porter dans son cœur et maintenant, contre toute attente, c'est le contact de ma main qu'il réclame. Et peu importe dans quel piège le suivre me conduit, je prends le risque d'enlacer mes doigts aux siens, comme si nous retrouvions dans cet échange, un semblant de familiarité. Lorsqu'il s'apprête à bifurquer dans le vestiaire des mecs, mes pensées s'emballent, Owen me tire en avant et me plaque contre un mur au fond de la pièce. Son corps est si près du mien que le peu d'espace entre nous me laisse tout juste de quoi respirer.
— Octobre, est-ce que tu m'aimes ?
— Quoi ?
Je fais mine de ne pas comprendre, sa proximité me rend mal à l'aise, j'ai besoin qu'il se recule, seulement il ne bouge pas. Il me regarde toujours avec la même intensité dans le regard comme pour souligner qu'il ne se répétera pas. J'inspire profondément, tente de regarder ailleurs, mais c'est inutile, il occupe tout mon champ visuel.
— Owen, ça me prend de court là. Après ce qui s'est passé ce matin, je croyais que tu voulais plus me voir...
Il soupire, enlève ses mains du mur, se pince l'arête du nez.
— Ça m'a un peu bousculé ce que tu m'as annoncé et c'est compréhensible, ça n'avait aucun sens ! Octobre, si tu m'aimes, pourquoi tu t'es éloignée de moi comme ça ? Je croyais qu'on avait passé de bons moments ensemble...
Tout mon système s'emballe comme si un rouage se faisait la malle, mes pensées s'accélèrent et me laissent au bord du précipice. Pourquoi est-ce que je l'ai laissé comme ça ? Au fond, je le sais, bien sûr que je le sais, mais aucun mot ne sort, je suis incapable d'argumenter quoi que ce soit et la peur qu'Owen me laisse plantée là émerge. Au contraire de tout ce que j'aurais pu imaginer, il soupire doucement, dans son regard je n'avais jamais vu autant d'émotion fuser.
— Tu sais, j'ai passé tous les jours de ma vie depuis la mort de Mélodie à faire semblant pour me protéger, mais finalement, j'ai compris que je faisais fausse route. Tu vois, au contraire de me protéger, je me suis tout simplement arrêté de vivre...
Owen laisse sa phrase en suspens. Il a mentionné le nom de Mélodie sans buter et alors que je cherche la raison de ce changement soudain, il me l'offre d'un souffle.
— Tout ça, Octobre... C'est grâce à toi que je l'ai réalisé.
La fissure sur mon cœur grandit jusqu'à devenir un trou béant. Je ne pensais pas qu'il serait un jour si honnête, du moins, pas maintenant, c'est trop tôt et à la fois, trop tard. Son aveu devrait me rendre heureuse, mais au contraire, il me renvoie à la gueule toutes les péripéties avec ma mère et je ne sais plus quelle décision est bonne à prendre ou non.
— Je suis désolée d'être partie sans rien te dire, vraiment, mais Owen, c'était la meilleure chose à faire.
— Mais pourquoi ?! S'exclame-t-il en me prenant par les épaules.Tu peux pas savoir à quel point ça me fait du bien de pouvoir enfin te dire ce que je pense et ressens vraiment, c'est comme si...C'est comme si je venais tout juste de me découvrir...
Et il a l'air de le penser, jusqu'à la racine de son être. Ses mains finissent par me lâcher et alors que j'aimerais lui dire combien je suis heureuse, combien j'ai rêvé chaque putain de jour d'un moment comme celui-là, je n'y parviens pas.
— Pourquoi tu voudrais fuir quelque chose d'aussi beau ? Ajoute-t-il presque innocemment, bien que sa question soit comme un coup de pierre dans mon plexus.
Je plante mon regard dans le sien pour y trouver un appui, pour m'assurer d'avoir la force d'être aussi honnête que lui, seulement, quand j'encadre son visage de mes mains, j'ai peur que mes paroles le blessent, peur qu'il ne comprenne pas.
— Parce que c'est justement trop beau. Owen, je t'aime. Je t'aime et ça depuis très longtemps, mais de voir les choses devenir si vraies, si belles... C'est trop dur. C'est comme je l'ai toujours souhaité, sauf que je dois partir...
Je parviens pas à lui en dire plus. C'est tellement étrange de se sentir brisée à l'intérieur alors que je devrais sourire comme jamais. La seule pensée qui domine toute cette douceur dans ma tête, c'est l'idée que je doive quitter la chaleur d'un amour qui renaît tout juste de ses cendres.
— Non, t'es pas obligée. On peut toujours se barrer Octobre. Je suis sérieux, on prend ma bagnole et on voit où la vie nous mène.
Je souris, essaie de savoir où est passé le Owen arrogant et renfermé que je me suis coltiné pendant des mois, mais le seul que j'ai sous les yeux tient fermement ma main dans la sienne avec une confiance bouleversante.
— Waw, mais qui aurait cru qu'un jour je t'entendrais me dire ça ?
Je soupire en faisant mine de balayer ses paroles d'un geste de la main.
— C'est qu'un rêve de plus au compteur, on peut pas partir Owen.
— Pourquoi pas ? Je te parle pas de rêves, je te parle de réalité.
Il a l'air d'y croire dur comme fer à ces conneries. J'aurais presque envie de m'abandonner à sa foi quand je le vois m'aimer sans dire un mot, mais je suis envahie par trop d'émotions diverses qui s'entremêlent et me cisaillent pour m'emballer. On remonterait quelques semaines en arrière, avant que ma vie soit complètement bouleversée, j'aurais été la première à le bercer de promesses pour le lendemain, mais c'est sûrement lui qui aurait été dans la tourmente, bloqué dans une impasse où il n'y a pas d'horizon à fixer.
— Il est beau ton enthousiasme Owen, mais tu comprends pas. Je t'ai pas tout dit... Si je pars, c'est pas parce que ma mère me l'impose, c'est parce que j'en ai besoin... Avant de venir ici, j'avais pas vu mère pendant deux ans. Je croyais qu'elle m'avait jamais vraiment portée dans son cœur, mais la vérité est tout autre... La vérité, même à moi elle m'échappe.
— Comment ça ? Je te suis pas Octobre...
Le visage d'Owen se vide de sa joie. J'ai mal de me dire que c'est ma faute, mais si seulement les choses étaient plus simples.
— Moi non plus je suis rien... J'ai appris la semaine dernière que ma vraie mère est morte à ma naissance et... Et il me manque encore beaucoup d'éléments pour tout comprendre, alors est-ce que tu peux concevoir maintenant que si j'ai tant besoin de rentrer, c'est pour justement avoir des réponses ? Des réponses à ma vie.
Lui confier comme ça cette vérité qui me torture et me réveille encore en plein milieu de la nuit m'arrache un poids insoupçonné. Je me laisse glisser le long du mur, les larmes me montent aux yeux, Owen se penche en avant, cale sa tête dans le creux de mon épaule et m'enlace.
— Je comprends Octobre. Enfin non, je comprends rien, mais disons que la souffrance que je vois dans tes yeux, je la connais.
Il sourit tristement.
— Je crois... Je crois que ma mère m'a jamais aimé. Quand je suis né, elle s'est presque pas occupé de moi, je l'ai toujours connu dépressive et sans arrêt en train de s'enfiler des boîtes de médocs pour finir à l'hôpital presque tous les mois...
Un bref silence suit ses paroles et j'en comprends soudain l'importance. Je regarde Owen, je le regarde vraiment et comme la première fois où je l'ai vu, c'est lui que je discerne, sans artifices ni déni. C'est lui dans toute la splendeur de sa sensibilité. J'ai l'impression que si je lâche ses mains, je n'arriverai plus à reprendre pied, pourtant, il se les réapproprie pour les mener à son front et je le fixe attentivement tandis qu'il écarte les mèches de ses cheveux.
— Regarde, j'ai une cicatrice d'une fois où elle m'a laissé tomber par terre sous prétexte que j'étais trop lourd...
Il fait mine d'esquisser un petit sourire, s'apprête à remettre ses cheveux en bataille pour qu'on ne puisse plus discerner l'entaille, mais je m'empresse d'interrompre son geste, dépose un baiser sur ce souvenir, comme si ça pouvait apaiser l'enfant en lui.
— Je suis tellement désolée que t'aies eu à vivre ces choses-là.
Ses bras enlacent ma taille, mes mains encadrent son visage, j'admire le moindre de ses traits pour ne jamais oublier sa douceur, le petit plissement de son nez tandis qu'il ferme les yeux, soudain serein.
— Pas moi.
Il les rouvre, la flamme dans son regard m'irradie.
— Si je les avais pas vécues, on serait peut-être pas là, en ce moment, et dieu sait combien je suis heureux d'être avec toi.
Je souris parce qu'il sourit de la plus désirable des façons. Je pourrais presque oublier toutes les choses qui m'ont blessé tant je l'aime. Ses mains font pression sur mon dos, ses lèvres capturent les miennes, mon âme respire une fois près de la sienne.
— On devrait en profiter, ces moments-là nous sont comptés.
Owen me fait à nouveau basculer contre lui pour m'embrasser. Une fois que nos langues ont suffisamment joué entre elles, que mes mains ont pris plaisir à caresser chaque parcelle de son visage, il laisse un espace se creuser entre nous, j'ai les joues en feu, l'envie qu'il m'embrasse encore et encore jusqu'à m'en rompre le souffle.
— Si on pouvait faire tout ce dont on a envie, là, maintenant, par quoi tu voudrais commencer ? me demande-t-il, avec un air taquin qui sous-entend de grandes choses.
Malgré les envies lubriques qui viennent circuler dans ma tête, je reporte son attention sur un sujet qui m'apparaît plus crucial.
— Mmh... Je voudrais détruire une bonne fois pour toutes, la cage qui te maintient dans le rôle d'un joueur.
— Je te parle de quelque chose de réalisable.
Son petit air rebuté vient tout gâcher. Cependant, je garde le sourire et me moque de lui en tapant le bout de son nez avec mon doigt.
— Oh, mais détrompe-toi, c'est absolument faisable. Je voulais t'en parler d'ailleurs, avec Jade, on compte pas rester sans agir. Le jeu va prendre fin et j'espère que tu ne vas pas chercher à nous en empêcher.
Owen attrape ma main, mord mes doigts puis dépose un baiser sur ma joue. Je ris, il se redresse, semble enfin décidé à me répondre.
— Octobre, crois-moi, si vous y parvenez, je serai le premier à te prendre dans mes bras pour te féliciter d'un tel exploit.
Je le regarde avec plus de véhémence, il a considérablement changé, c'est comme s'il était prêt à quitter l'ombre du paraître pour enfin être. Dans un sens, même si je pars et que mon cœur est déjà lourd, je ne regrette pas ma venue. J'ai eu la chance de faire à nouveau sa rencontre et de tomber amoureuse de lui une fois de plus. Bientôt, le jeu va s'effondrer, mais d'ici là, je veux savourer chaque seconde et minute qui s'écoule durant lesquelles mes lèvres peuvent rejoindre les siennes. Je réalise alors, avec les sensations qui se développent dans mon corps, que toutes mes cellules lui portent le même amour et quand Owen m'embrasse à pleine bouche, le sentiment d'être entière me saisit, comme si, près de lui, son cœur tambourinant contre le mien, mes brisures n'étaient plus.
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Yop les ptits loups !
Bon, ce chapitre n'était pas prévu, mais je me suis rendu compte que je ne prévoyais pas de retrouvaille entre Owen et Octobre avant qu'elle soit à l'aéroport, ce qui en fait, n'a pas vraiment de logique, donc sachez qu'il reste encore 3 chapitres, voilà, joie et amour, j'espère que ce petit moment de love vous a plu ! ;)
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