Musique : AViVA- GRRRLS

PDV Matthew :

— Cent quatre-vingt dix-huit... Cent quatre-vingt dix-neuf... Deux cent.

Je me laisse tomber à plat sur le sol, la ceinture abdominale en feu, le souffle court, mais dès lors que je m'arrête, les pensées refont surface et tout ne tourne plus qu'autour de ce baiser avec Nils que Jade a surpris. Je ferme les yeux, oublie cet incident, ça n'arrivera plus. À la réunion, elle n'a fait aucune remarque, mais je sais qu'elle se souvient de tout. Aucun risque n'est à prendre, je dois maintenir Nils à distance. Des images de lui me viennent, sa façon de m'embrasser, de me regarder... Qu'est-ce qui peut bien clocher chez moi pour que je trouve ce naze plus attirant que Lara ? Je pousse un grognement de frustration, impossible de me dépêtrer de ces souvenirs qui remontent et me foutent une vérité en face des yeux que j'accepte pas.Y a du bruit dans le couloir, je mets de côté mon anxiété, fais mine de faire une série de pompes, la porte de ma chambre s'ouvre, ma mère entre.

— Waw, je vois que mon bébé tient la forme. Roucoule-t-elle en s'avançant. Dis mon chou, tu voudrais pas me débarrasser d'une certaine Jade qui attend dans le salon et qui retarde ma baise avec Steeve ?

Mes muscles cessent de fonctionner. Je me redresse d'un bond, tourne la tête vers elle en essayant de masquer mon désarroi et me focalise uniquement sur sa petite moue d'enfant qui me donne la gerbe, je sais très bien ce qu'elle signifie. Steeve. Ce prénom me reste en travers, comme celui des autres, mais ça fait rien, il aura disparu la semaine prochaine, je m'en tape. La seule chose qui me surprend vraiment c'est qu'elle ait mentionné Jade.

— Je peux savoir pourquoi tu l'as fait entrer ?

Je cherche un pull, son regard dégouline sur mon corps. Elle me dégoûte. Son trait de rouge à lèvres a bavé, Steeve doit en être la cause. Elle hausse les épaules, comme si elle n'était pas responsable, de toute évidence, elle n'est responsable de rien. Tout ce qui l'intéresse, c'est sa saloperie de coupe de cheveux qu'elle arrête pas de tripoter, jaune pisseux, des fois il me prend l'envie de les arracher un à un. Pendant une seconde, je la regarde droit dans les yeux, elle esquisse un sourire, ça me rappelle celui de Beth. Elles sont pareilles toutes les deux. Des vieilles peaux qui pensent qu'à sucer. Quand elle me regarde comme ça, qu'elle se fourre un doigt dans la bouche pour une raison qui m'échappe, j'ai l'impression qu'elle cherche à m'allumer, ça me révulse.

— Tu peux dégager de ma chambre.

Je cherche à lui envoyer de l'hostilité, ça la fait sourire de plus belle.

— Et Jade alors, qui va s'en occuper ?

Elle se rapproche, du bout des doigts, elle tire doucement sur mon sweat, fait mine de le remettre en place, mais ses mains s'attardent trop, je me contiens pour ne pas la rejeter brutalement.

— Et Steeve ? Qui va lui sucer la queue ?

Je sais que je devrais pas lui dire ça, je devrais faire profil bas comme d'habitude, mais savoir que Jade est dans cette maison me fait pression et je supporte pas que ma mère me cherche comme ça. Ça arrive fréquemment quand elle est soûle, elle se montre plus collante et me provoque comme une lycéenne en rut.

— Si t'étais pédé, tu pourrais peut-être t'en charger...

Elle me foudroie du regard, se redresse et caresse la ligne de sa mâchoire avant d'esquisser un sourire qui se veut délicieux, mais suinte sur moi comme un mauvais rêve. Ses insultes déclenchent toujours la même sensation désagréable dans mon corps, la colère monte, rampe sous ma peau, je me verrais bien la frapper de toutes mes forces pour que plus jamais elle n'insinue de telles conneries.

— .. Ça fait une heure que je le pompe, j'ai vraiment mal au bout d'un moment. Susurre-t-elle.

C'est le comble. Y a des jours où je peux supporter son comportement, mais là, je veux pas encaisser ses obscénités plus longtemps et puis, Jade attend en bas, vaudrait mieux que je rapplique avant que Steeve ait l'idée conne de lui proposer un plan à trois.

— Ok, c'est bon, j'en ai assez entendu.

Je passe devant elle et lui agrippe le poignet pour qu'elle ne fouine pas dans ma chambre. Elle se laisse traîner jusque dans le couloir, puis quand je m'apprête à descendre l'escalier sans lâcher la pression que ma main exerce sur son bras, elle se met à couiner comme une enfant.

— Matt, lâche-moi ! Où t'as vu qu'on traînait sa mère comme ça ?

Je m'arrête sur la première marche, chaque remarque qu'elle peut faire sur la soi-disant façon de se comporter avec un parent me met hors de moi. Je voudrais bien lui dire que c'est pas une façon de faire quand elle ramène ses amis à la maison pour faire des orgies et m'y convier, que désirer son enfant a quelque chose de malsain, que sortir avec des gars à peine plus âgés que moi me tord les tripes, mais je la regarde et je dis rien. Comme toujours, j'espère que le mépris qu'exprime mon regard suffit, mais elle sourit, remet ses cheveux en place, et me fait un petit signe avec son menton pour que je descende. Elle ne comprend rien ou alors elle fait semblant parce que ça l'amuse de me voir la détester, dans un sens, c'est ça qu'elle aime. Dans le salon, je croise d'emblée le regard de Jade qui vagabonde dans la pièce, elle reste sur le pas de la porte visiblement mal-à-l'aise. Je la comprends, mais c'est moi qu'elle met dans une position particulièrement inconfortable, j'aimerais savoir pourquoi elle est là, qu'est-ce qui a pu lui traverser l'esprit pour qu'elle déboule chez moi comme si c'était open bar.

— Jadine.

Je l'empoigne par le bras, la fais reculer de quelques pas. J'ignore si c'est l'ambiance dans cette maison qui la fait trembler ou bien la noirceur qu'elle entrevoit dans mes yeux quand je ne suis plus qu'à quelques centimètres de son visage, mais l'essentiel est qu'elle soit intimidée.

— Je peux savoir ce que tu viens foutre ici ?

Ses yeux fuient les miens pour se reporter derrière moi. Je tourne la tête, découvre sûrement en même temps qu'elle, ma mère qui enjambe Steeve sur le fauteuil pour s'asseoir sur ses cuisses. Je me mords l'intérieur de la joue jusqu'au sang. Peut-être que dans les familles normales, les gens ne s'envoient pas en l'air devant les autres et gardent leurs marques d'affection pour la chambre, mais du plus loin que je me souvienne, ma mère ne s'est jamais gênée pour s'exhiber devant moi ou même se taper un inconnu sur le sol de la cuisine alors que j'y prends mon déjeuner.

— Heu.. Je..

Je claque des doigts à deux centimètres de son visage pour qu'elle se détache du spectacle qui a lieu derrière mon dos. Son regard plonge dans le mien, la confusion qui en émane me déstabilise un bref instant, je reprends le dessus et incendie Jade du regard en espérant qu'elle brûle sur place.

— Matt, écoute, je suis venue t'aider...

— Qu'est-ce que tu me chies ?!

J'essaie de me contenir pour ne pas attirer l'attention sur nous, mais ses intentions me rebutent. C'est quoi son problème ? Je veux juste qu'elle sorte de cette maison avec ses yeux emplis d'une pitié qui me broie les intestins.

— Je sais que ça va peut-être te paraître surfait, mais Nils et moi on a parlé cet après-midi et je tenais à te dire que t'as pas à t'en faire, je dirai rien pour toi et lui...

— Normal, y a rien entre moi et lui, je prends soin d'articuler, alors que ma mâchoire se crispe et que le sang me monte à la tête. Mais maintenant que t'as dit ce que t'avais à dire, ça ira, tu peux te barrer.

Jade esquisse un pas sur le côté, elle me fixe, troque sa mine un peu apeurée contre un brin d'assurance et de colère.

— Pourquoi tu te mens à toi-même comme ça ? Matt faut que tu...

Elle s'interrompt brusquement au moment où une main se pose sur mon épaule. Je pivote brusquement, ma mère se décale et s'avance à la rencontre de Jade.

— Nous n'avons pas eu de présentation correcte, je suis Nina, la maman de Matt et toi ?

Elle sourit exagérément, son hypocrisie me troue le cul. Le fait que Jade soit la première fille à franchir le pas de cette porte doit l'émoustiller. Elle me harcèle souvent pour connaître ma vie privée, au moins grâce à elle, je sais que je ne m'enticherai jamais d'une fille dans ma vie, leur nature fragile et à la fois envoûtante suffit à m'écœurer. Quand je dois coucher avec un pion, parfois, je pense à Beth, à la façon dont elle s'est servie de moi, elle me voyait comme un jouet, au final, je fais que leur rendre la pareille.

— Et moi je suis Jade, la petite amie de Matt.

Une telle annonce me ramène illico sur terre. Mon regard croise le sien puis dérive sur celui de ma mère, j'ai l'impression de me noyer, mes poumons s'embrasent, je voudrais crever.

— Oh, mais... En voilà une bonne nouvelle ! Depuis le temps que j'attendais qu'il ramène une paire de seins à la maison !

Elle rit, Jade semble gênée, mais je m'en fous.

— Steeve, tu viens dire bonjour !?

Quand Nina réalise que ce dernier n'est plus sur le canapé, mais qu'il a déguerpi, sûrement aux toilettes, bien qu'à sa place, c'est à l'autre bout du pays que je serais parti, ma mère fait mine de s'excuser auprès de Jade et part à sa recherche.

— Mmh Steeve c'est ton beau-père ?

— Que dalle, ma mère et les mecs c'est comme le steak tu vois, tu manges pas le même tous les jours.

Jade n'a pas l'air de savoir si je rigole ou pas, alors elle esquisse une moue et ses lèvres se tordent pour former un sourire bizarre qui me fait sourire aussi.

— T'imagines pas dans quelle merde tu t'es mise à dire que t'étais ma copine.

Dans le fond, je me demande quelles motivations l'ont vraiment poussé à agir de cette façon, je n'envisage pas de me méfier inutilement d'elle, mais depuis qu'elle est au courant pour Nils et moi, je n'ai pas la conscience tranquille. Si je tiens à garder tout ça secret, il faut que je me la mette dans la poche avant de trouver un moyen efficace de m'en débarrasser.

— Ouais, c'est-à-dire que c'est venu tout seul, j'aurais peut-être dû t'en parler avant...

Elle a sur le visage, ce petit air innocent et je ne sais pas si elle le réalise, mais toutes ces mimiques de filles n'attisent pas ma pitié, au contraire, ça me rappelle ma mère, il n'y a rien de pire.

— T'aurais dû ouais, mais j'aurais pas voulu. Là au moins ma mère arrêtera de me prendre la tête sur le fait que j'ai pas de nana à mon âge.

Dans un sens, je lui suis reconnaissant de ne pas avoir craché le morceau depuis et d'avoir fait gober un tel mensonge à ma mère. Peut-être qu'elle évitera maintenant de chercher du réconfort auprès de moi quand ses copains ne sont pas là pour s'occuper d'elle.

— Je t'avais bien dit que je voulais t'aider.

Jade semble se détendre, je lui accorde que sans Nina dans les parages, c'est quelque chose de faisable, cependant, je ne tiens pas non plus à ce qu'elle prenne trop la confiance.

— Peut-être, mais je me doute que t'attends quelque chose en retour non ?

— Non, je te demande rien si ce n'est de l'honnêteté. Ça te semble un bon deal ?

Elle tend une main raide entre nous, j'hésite. Pourquoi est-ce que je ferais une alliance avec elle ? Qu'est-ce qu'elle pourrait m'apporter que je n'ai pas déjà ? L'envie de l'envoyer bouler me démange depuis la première seconde où je l'ai vue, mais je crains que si je la rejette, elle ne fasse pression avec ce qu'elle sait. Mieux vaut que je la brosse dans le sens du poil jusqu'à trouver une solution plus avantageuse.

— On va bien voir. Je soupire devant le peu d'options qui s'offrent à moi. Du coup je pense que tu peux y aller maintenant, on se voit demain pour le ski.

Je fais un pas dans sa direction pour ouvrir la porte d'entrée, impatient de la voir déguerpir, seulement, Jade balbutie quelque chose d'incompréhensible et baisse la tête sur le sac de sport posé à ses pieds.

— Heu justement en parlant de ça... Je pourrais pas dormir chez toi par hasard ? Ma mère est pas là ce soir et disons que mon beau-père aime bien me faire des crasses de temps en temps quand elle a le dos tourné, alors pour le moment, je suis un peu à la rue, il s'est enfermé à clé dans la maison.

Putain. Soit l'univers entier se lie contre moi, soit Jade a vraiment une vie aussi pourrie que la mienne dont je n'avais pas conscience. Enfin, en même temps je me fous un peu des problèmes qu'elle rencontre, c'est justement l'avantage du Virginity Game, je ne sais rien de sa vraie vie et elle ne sait rien de la mienne, mais là, nous sommes en train de franchir des limites qui ne connaissent pas de retour en arrière, si je veux m'en sortir indemne, va falloir que je m'assure qu'elle n'empiète pas trop sur ma vie privée. Je pourrais l'envoyer chier maintenant, après tout, je suis sûr que n'importe quelle amie à elle peut se charger de ce problème, ça me concerne pas au final. Sauf qu'au moment où je m'apprête à la remballer parce que ça fait vraiment trop d'un coup, ma mère se ramène et vient enfin en présence du fameux Steeve qui empeste le sexe et se permet quand même de me faire de l'œil. Avant qu'un des deux n'ouvre sa putain de bouche, je prends le sac de Jade, ferme la porte, puis l'attrape par la main.

— Jade dort à la maison ce soir et demain on part au ski ensemble.

Sans rien dire, elle m'emboîte le pas quand je traverse le salon et se laisse faire jusqu'à l'étage. Quand on pose un pied dans le couloir, je lui lâche la main pour ouvrir la porte de ma chambre et balance son sac sur le côté.

— C'est sympa chez toi.

Le regard de Jade arpente la pièce, je serre les dents, je me demande encore quelle connerie m'a poussé à la ramener dans ma chambre, mais maintenant qu'on y est, je n'ai pas envie de la voir flairer davantage, moins elle en sait, mieux ce sera.

— Ouais ouais, bon dépêche-toi de te trouver des fringues confortables, dans cinq minutes j'éteins la lumière et on dort.

Devant ma condition, Jade laisse glisser sur son visage une expression stupéfaite. Je lui tourne le dos, enfile un tee-shirt plus ample, puis retire mon jogging.

— Attends, t'es sérieux ? Matt, il est dix-neuf heures, tu vas pas me faire croire qu'on va dormir maintenant ?

Elle a vraiment l'air surprise. Depuis qu'on est dans ma chambre, elle n'a pas bougé de l'entrée, déjà que je suis pas à l'aise, son appréhension n'arrange pas les choses.

— T'avais besoin d'un endroit où dormir et t'en as un, alors de quoi tu te plains ? Tu t'attendais peut-être à ce qu'on fasse un repas en compagnie de ma mère et de son gars, puis qu'après on fasse des jeux de société tous ensemble ?

— Non, vraiment pas, ce serait une ambiance bien trop glauque pour moi, t'as raison, mieux vaut pioncer tôt, on aura un teint de rose demain matin.

Devant son air moqueur, je m'installe rapidement sur mon lit et éteins la lumière sans même la consulter pour lui faire comprendre qu'elle n'est pas en mesure de jouer avec moi.

— Non, Matt t'abuses, rallume ! S'exclame-t-elle, tandis que je ferme les yeux et me cale plus confortablement sous la couette.

Jade se plaint, pousse quelques jurons, mais faut croire qu'elle finit par s'en sortir, en une minute je la sens se glisser à côté de moi sur le matelas. Sa présence ne me plaît pas. Son parfum est entêtant, j'ai l'impression qu'il pénètre dans mon corps à la moindre respiration, je suffoque de l'intérieur. Dans le silence de la nuit qui me berce habituellement, le souffle de Jade vient se mêler au mien et pompe soudain tout l'oxygène de la pièce. Son corps dans le lit est comme un poids qui s'enfonce, et s'enfonce encore, jusqu'à ce que moi-même j'aie la sensation de couler, entraîné vers un fond qui n'existe pas.

— Matt ?

Dans le noir, je me dis que la voix de Jade pourrait être celle de n'importe quel fantôme qui rampe dans l'ombre. Des fantômes vicieux qui glissent sur mon corps et se permettent de me posséder comme si je n'étais qu'un pantin.

— Quoi ?

— Ta mère avait l'air contente quand je lui ai dit que j'étais ta copine. Elle est pas au courant pour le jeu ? Elle pense que t'es toujours puceau ?

C'est plus fort que moi, à cet instant, un rire nerveux s'échappe de ma gorge et vient s'échouer contre la chair de l'oreiller que je presse dans ma main à chaque mot que Jade prononce au lieu de fermer sa gueule. Qu'imagine-t-elle en posant ces questions ? Je la revois un peu plus tôt me demander de l'honnêteté, c'est bel et bien la dernière chose dont je pourrais faire preuve. D'ailleurs, si j'aime être un joueur c'est bien parce qu'on me fout la paix, personne ne sait et personne ne cherche à savoir, seulement, je ne parviens pas à m'accabler d'excuses suffisamment longtemps et voilà que le souvenir de ma première fois revient. Beth. Salope de Beth.

 Jade espère sûrement que je le lui partage, que je lui explique qu'à mes quinze ans j'ai perdu ma virginité avec la meilleure amie de ma mère, mais que croit-elle ? Je lui partage mon lit, pas mes secrets. Jamais je serai capable de parler à quiconque des orgies que ma mère organise, avec ou sans moi peu importe. C'est dans ce genre d'ambiance minable que Beth m'a pompé la queue avant de la vouloir en elle sans me demander vraiment ce que j'en pense. Les images de cette fois-là sont bien ancrées dans ma mémoire, j'ai pour habitude de fréquenter les démons de mon passé, mais pas de les dévoiler. Ce qui est sombre reste dans l'ombre, à l'abri des regards indiscrets comme ceux de Jade.

— T'as vu ma mère l'espace de cinq minutes, mais laisse-moi te dire qu'une soirée avec elle c'est la mort. Je préfère que personne ne vienne ici.

Le corps de Jade bouge, son genou effleure le mien, pendant une seconde, je m'imagine lui briser, mais je fais pas l'ombre d'un mouvement et elle semble heureuse de sentir ce contact, alors elle laisse son genou où il est. La façon dont une femme cherche sans cesse la chaleur d'un autre corps témoigne sûrement de leur fragilité et de ce besoin d'affection qui leur ronge les pores, c'est fou

— T'as vu ma mère l'espace de cinq minutes, mais laisse-moi te dire qu'une soirée avec elle c'est la mort. Je préfère que personne ne vienne ici.

Le corps de Jade bouge, son genou effleure le mien, pendant une seconde, je m'imagine lui briser, mais je fais pas l'ombre d'un mouvement et elle semble heureuse de sentir ce contact, alors elle laisse son genou où il est. La façon dont une femme cherche sans cesse la chaleur d'un autre corps témoigne sûrement de leur fragilité et de ce besoin d'affection qui leur ronge les pores, c'est fou ce qu'il m'agace. Je les déteste, elles et leur corps avec ces formes voluptueuses qu'il me faudrait désirer, je ne ressens que du dégoût au fond de moi et dans un sens viscéralement tordu, c'est ce dégoût qui me tient en vie.

— Et ton père ? Il est où ?

Jade a le don de poser les questions qu'il faut pas au moment où il ne faut pas. Si elle savait à quel point je rêve de la faire taire en lui fracassant la mâchoire, peut-être qu'elle garderait ses distances sous le drap et ferait mine de dormir pour ne pas aggraver sa situation. Néanmoins, j'ai le visage de Nils qui se met à virevolter dans mon esprit, je pense souvent à lui, mais c'est comme les fantômes et les démons, ce sont des pensées qui restent dans une boîte. Je pense souvent à lui quand on évoque mon père, je me demande parfois quelle réaction aurait ma mère si elle savait que je suis comme lui.

 Des fois, quand elle rentre dans ma chambre la nuit ou même quand elle me touche avec cette avidité dans le regard qui me broie l'estomac, je sais que je lui rappelle mon père, elle me le dit, trop souvent parfois et dans ces cas-là je serais capable de la tuer. Quand elle l'assaille de reproches en disant qu'il est responsable de ses misères, que si je n'ai pas de copines c'est parce que je tiens de lui. De lui et de son sang de pédé qui l'a amené à partir. La main de Jade tapote mon ventre, je crois que j'ai laissé sa question sans réponse, mais n'y voit-elle pas là justement une réponse ?

— Mon père, il est mort.

Je souffle, avec les souvenirs et les cauchemars qui prennent forme dans ma tête, je sens que je ne vais pas trouver le sommeil et si Jade continue de parler ça ne va faire que remuer un couteau déjà suffisamment enfoncé dans ma chair, alors je lui dis «bonne nuit» et enfin j'ai le droit au silence.

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MOUHAHAHAHAHAHAHA (hum hum)..

PDV inédit, personnage particulier je vous l'accorde, mais... Matthew est mon bébé. ^^ tellement de souffrance dans son pov' petit être, ça me fait l'aimer incroyablement beaucoup !

Et vous vous le trouvez comment alors ?

La relation Matthew/Jade ?