Chapitre 3

Musique : Jonathan Bree- You're so cool


 C'est finalement dans les toilettes que je passe toute mon heure de pause, au téléphone avec Solange pour qu'elle m'éclaire sur deux trois petites choses. Elle me parle à cœur ouvert de ses années de lycée, de ses doutes et de ses tentations, de son orientation sexuelle aussi, et alors que je jongle de surprise en surprise, le temps me rattrape. Solange me promet que nous reparlons de tout ça, j'ai un nœud dans la gorge au moment de raccrocher pour rejoindre ma classe. Dans le couloir, je déambule au hasard, tiraillée par mes réflexions quand Lissa m'interpelle.

— Octobre, t'étais passée où ?! s'exclame-t-elle avec un brin d'agressivité que je ne suis pas en mesure de supporter après tout ça.

— Écoute, je suis désolée d'être partie si rapidement, mais j'avais besoin de souffler un peu et d'aller aux toilettes.

Ma réponse semble lui convenir, elle ne cherche pas plus loin et m'empoigne le bras pour m'amener jusqu'en salle d'anglais. Quand on y est, elle se faufile devant moi et s'empresse de prendre place à côté d'un garçon plutôt mignon qui m'amène à tout de suite m'interroger. D'après Solange, les joueurs sont des beaux gosses, alors j'en conclus que tous les mecs potentiellement passables sont suspects. J'évite donc minutieusement le blondinet sur le côté qui me sourit de toutes ses dents et opte pour me diriger vers le fond de la classe, près de Nils. Il me sourit gentiment, décale ses affaires.

— Alors ? Comment se passe ta première journée ?

Je roule des yeux, repense à tout ce qui s'est produit.

— Ce lycée craint, les gens aussi, j'ai mal au ventre, j'ai appris que ma sœur était une légende et que les beaux gosses ne se sentaient plus. Sinon, tout va bien.

— Waouh, t'as pas une tendance pessimiste toi ?

Je le regarde droit dans les yeux en proie au plus grand désespoir qui soit. Il n'a vraiment pas l'air de comprendre ce que je vis ou alors, c'est moi qui ne pige rien à leur mode de vie.

— Non, je suis juste... démoralisée, je souffle en m'étalant sur la table.

Nils pose sa tête sur le bureau, esquisse un sourire, puis m'incite à lui faire part en détail de ce qui s'est passé. Je cède rapidement et lui conte ma rencontre avec Lissa et ses amies, la conversation que j'ai eue avec elles sur le Virginity Game et à mesure que je me confie, je réalise à quel point lui partager tout ça me fait du bien. Notamment lorsque je lui relate ce que Solange m'a appris, à savoir qu'à l'époque où elle était dans le jeu, elle découvrait son attirance pour la gente féminine. C'est soi-disant pour cette raison qu'elle a résisté aux joueurs et ça, ce n'est vraiment pas quelque chose qui me rassure. À croire qu'une fois pris au piège du jeu, on perd la tête et ses convictions pour finalement s'abandonner sans lutte aux griffes des joueurs. Au début, Nils essaie de me rassurer en me disant que je ne serai pas concernée par le jeu, que je n'ai pas à m'en faire, seulement, je suis énervée par le simple fait qu'il existe et non que j'y participe.

— T'es incroyable quand même, tu sais, une majorité des filles ici s'avère contente lorsqu'elles ne sont pas prises dans le jeu et elles ne se posent pas plus de questions.

— Alors je dois faire partie de la minorité qui s'insurge !

— Désolée de t'apprendre ça, mais la minorité regroupe, au contraire, des filles qui veulent à tout prix être choisies pour le jeu...

J'ouvre grand la bouche, aucun mot n'en sort, la mentalité de ces filles m'échappe totalement. J'ai envie de m'en offusquer, cependant, je n'arrête pas de faire ça depuis le début de l'heure à propos de tout et de rien, il serait temps que je focalise mes pensées sur autre chose.

— Ok, alors... Admettons que ta copine soit prise dans une équipe. Tu n'es pas concerné, pourtant, t'aurais envie de t'en mêler pour l'aider non ?

Pendant une seconde, Nils fait mine de réfléchir, puis il hausse les épaules et sourit.

— Ma copine n'est pas dans ce lycée alors la question ne se pose même pas et ensuite, je ne pense pas que les joueurs visent des filles en couple.

— Bah, ça peut toujours arriver, peut-être que ça leur ferait plus de challenge ou une connerie dans le genre. J'essaie juste de te faire saisir que même si je ne suis pas concernée, je ne peux pas juste vivre ma vie tranquillement, alors que des gars sont limite en train de violer des filles à côté de moi !

Le rouge me monte légèrement aux joues, je ne comprends pas comment il peut s'agir d'une telle évidence à mes yeux sans qu'il n'en voie rien. Nils passe une main derrière son cou avec une expression gênée, puis son regard va de l'horloge sur le mur à moi.

— Je ne pense pas qu'on puisse appeler proprement ça du viol vu la façon dont les choses se déroulent, mais...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que la sonnerie retentit. Je le fixe les sourcils froncés, au moins je n'ai pas a écouter son charabia, car si ce n'est pas du viol, je suis bien curieuse de savoir comment il appelle ça. De ce que j'en vois, Nils semble avoir, avec le temps, complètement banalisé ce jeu et je ne tiens pas à faire de même. Tandis qu'il range ses affaires, je sors mon emploi du temps, mes cours sont finis pour aujourd'hui. Cette nouvelle me redonne le sourire et l'envie me presse de profiter du temps qui me reste pour savourer plus convenablement la journée.

— Tu veux venir faire un tour avec moi, je lui propose, avec l'idée que nous pourrions peut-être approfondir notre conversation vers des raisonnements plus sensés.

— Pas possible, je me suis spécialisé en bio, il me reste deux heures de cours.

— Dommage, je penserai à toi en allant au centre-ville tout à l'heure.

Je lui adresse un clin d'œil et ris par la suite. Nils se joint à moi, puis nous sortons de la salle. Il me salue et va pour s'engager vers l'escalier, tandis que je lui tourne le dos et prends la direction de mon casier pour y déposer quelques livres. Quand j'arrive devant, il y a un papier rose collé sur la porte. Je m'approche, intriguée, et le lis : «Tu es nouvelle et plutôt jolie, fais attention». J'arrache aussitôt le petit mot et tourne le papier dans tous les sens, mais c'est tout ce qu'il contient. J'inspire profondément, c'est sûrement une blague, rien à voir avec le Virginity Game. Pourtant je ne pense qu'à ça, du moins, ça ne peut qu'être ça. Je pose les affaires dont je n'ai pas besoin, puis projette mon attention par curiosité sur le casier de Lissa. Mon cœur cogne un peu plus fort en découvrant un post-it identique au mien sur sa porte. Je l'arrache aussi, puis le froisse brusquement avant de le jeter dans la poubelle la plus proche en espérant que, d'une certaine façon, ce soit comme si rien ne s'était passé. Bien que l'idée d'être déjà dans le collimateur de ces malades ne m'enchante pas du tout, le fait que Lissa soit aussi concernée me rassure un peu. Après tout, mieux vaut être dans la misère à deux que seul, non ?

En sortant du lycée, je parcours du regard le parking sur lequel quelques lycéens traînent. Je me laisse tomber sur l'avant-dernière marche de l'escalier, en contrebas de l'entrée et sors mon téléphone pour chercher un café à proximité. Dans mes recherches, je suis rapidement déconcentrée par la fille assise à côté de moi qui me dévisage.

— Salut ? Hasarde-t-elle.

Elle esquisse un sourire timide, je pivote doucement vers elle et la salue.

— Tu t'appelles comment ?

Pendant une seconde, je ne suis concentrée que sur les traits de son visage étonnamment séduisants, j'en viens brièvement à penser à Solange, puis je me centre sur sa question et m'accroche à son regard cerné de noir.

— Octobre, et toi ?

— Jadine, mais je préfère qu'on m'appelle Jade.

Elle s'apprête à poser une autre question, mais laisse sa phrase en suspens et fixe un point derrière moi. Je tourne la tête deux fois, scrute les personnes présentes, et remarque trois mecs un peu plus loin qui ont visiblement captivé son attention. Ils sont à l'autre bout du parking, mais je les vois très bien, et je n'ai pas besoin d'être dans ce lycée depuis deux ans, pour savoir que ce sont eux; les joueurs. Et là, c'est la panique. Le chaos total dans ma tête parce que cette scène est complètement irréelle. Leur beauté, leur posture, absolument tout est dans l'exagération. On croirait le poster du boys band de l'année. Maintenant, les éviter sera simple comme bonjour, ils ne passent absolument pas inaperçus. Cependant je me retrouve, comme Jade, les yeux braqués sur eux, incapable de détourner le regard, ce qui s'avère hautement déroutant.

Je fixe d'abord celui qui est debout, limite en train de poser devant sa voiture. Il est brun, ses cheveux longs ondulent légèrement autour de son visage où règne un sourire littéralement saisissant. J'en détache mon regard et manque de bol, il se fait happer aussitôt par le second joueur. Un blond, presque platine, un corps fin, de ce que je peux en voir, puisqu'il est de dos. Et quand il se retourne, je me dis qu'il est beaucoup trop beau pour que ce soit vrai et que ça sert à rien de regarder le troisième parce qu'après ça je vais être complètement démotivée. Non, très franchement, je ne m'attendais pas à ça. Je ferme les yeux une nanoseconde, puis je les reporte sur Jade, toujours en pleine contemplation. Dans un sens, c'est plutôt positif que je me sois détournée d'eux plus rapidement qu'elle. Je claque des doigts devant son visage, puis ris pour attirer son attention. Elle me regarde, semble prendre conscience que je suis là depuis un petit bout de temps, puis elle rit à son tour.

— Bon alors ça c'est l'effet joueur je suppose ? je lance en souriant, prête à faire un effort pour voir le côté risible de la chose.

— Ouais, enfin appelle ça comme tu veux, c'est l'horreur l'attraction qu'ils exercent !

Je surprends Jade à jeter un regard à la volée en direction des joueurs. Depuis combien de temps les connaît-elle ?

— Je viens de le sentir, je savais même pas que c'était possible. T'es nouvelle toi aussi ?

D'un côté je croise les doigts pour qu'elle dise oui, comme ça nous serions trois dans le même bateau, et d'un autre, ça me donnerait un peu d'espoir si elle était déjà ici avant.

— Ah non, ça fait deux ans que je me coltine cette vue. De loin, c'est facile de les fantasmer sous les allures de mecs de rêves, mais faut rester à distance quoi.

Je hoche la tête, pensive. Bon, au moins je suis rassurée. Jade se redresse, me désigne le seul joueur que je n'ai pas regardé.

— Tu vois le troisième gars, après celui près de la voiture ? Elle sourit, puis ajoute : C'est Matthew, et lui, à distance tu vois, c'est l'homme de ma vie.

Je la regarde abasourdie, puis souris et prends le risque de jeter un coup d'œil en direction de ce fameux Matthew, mais quand je me dis qu'il est plutôt mignon, qu'il a un haut sympa, il se tourne dans notre direction et je le reconnais aussitôt. C'est le gars qui était avec Nils dans le couloir, son «pote» même. Je tente de faire un quelconque lien, mais je ne peux pas croire que Nils soit le joueur manquant. Alors que je m'enlise à nouveau dans mes pensées, Jade fait brusquement claquer ses talons et fouille son sac.

— Qu'est-ce que tu fais ? je demande, oubliant un instant Nils et tous mes doutes.

— Bah... Merde, j'avais oublié que j'avais cours en fait. Sauf que je trouve pas mon portable et je sais pas quelle heure...

Elle s'interrompt pour chercher son téléphone, pousse quelques jurons tandis que je tends ma montre sous ses yeux. Jade me remercie, s'excuse de partir comme ça, puis s'engouffre dans le bâtiment. Je reste quelques secondes assise sur les marches, j'évite soigneusement de regarder sur ma droite, c'est zone rouge, trou noir, les flammes de l'enfer, enfin bref, à mort les joueurs. Et en pensant à ça, je me dis que s'ils me voient seule, peut-être qu'ils viendront, en mode mecs gentils qui aident petite nouvelle égarée. Cette pensée me fait déglutir. Je prends mon sac, puis m'éclipse en vitesse du parking. Je ne sais pas s'ils me regardent, s'ils parlent de moi ou si c'est seulement mon cerveau qui déraille un peu sous des idylles fantasques, mais je marche vite, peut-être trop et manque de trébucher bêtement. Manquerait plus que ça.

Une fois loin du lycée, je consulte une carte de la ville sur mon téléphone et repère facilement la route que je viens d'emprunter. Je trouve un petit café à dix minutes d'ici, fixe mes écouteurs dans mes oreilles et marche d'un bon pas. Quand j'arrive au lieu voulu, j'ouvre la porte, m'approche du bar pour commander un sirop, puis retourne sur la terrasse pour savourer la chaleur qui persiste encore en ce début de septembre. En attendant le serveur, je m'allume une cigarette et me place confortablement sur la chaise. Le corps exposé au soleil, je me prélasse sous ses rayons, mes pensées bien loin des fixettes de ce matin et enfin, je me sens respirer. Le serveur choisit ce moment pour m'apporter le sirop, je le gratifie d'un sourire amical, puis retrouve le confort de ma bulle. 

Mon bonheur ne dure cependant que trois minutes. Trois minutes de rêve avant qu'un nuage n'avale le soleil. Enfin, c'est ce que j'ai cru au premier abord. Après j'ai ouvert les yeux, et je l'ai regretté. Owen se tient devant moi. À moins que le soleil m'ait tellement tapé sur le crâne que maintenant j'aie des hallucinations. Or si c'était le cas, j'aurais opté pour Brad Pitt ou Johnny Depp comme apparition parfaite. Sauf qu'après le silence et la venue la plus bizarre qui soit, je constate que c'est bien Owen qui est là.

— T'es toute seule ? il me demande, sûrement pour briser le silence, même si je reste persuadée qu'il aurait pu trouver mieux.

— Belle observation. Je ris avant de lui demander de se décaler.

Il obtempère, et alors que je pensais qu'il en profiterait pour faire ce qu'il a à faire, car oui, il a forcément quelque chose à faire, Owen se contente de tirer la chaise en face de moi et s'installe l'air de rien.

— Pourquoi tu es ici ?

Je le fixe, incrédule. Il vient, il s'installe à côté de moi et c'est lui qui ose me poser cette question ? Je ris pour moi-même, puis ferme les yeux un court instant.

— Je ne sais pas.

J'espère qu'il ne va pas s'attarder, néanmoins, quand je me risque à entrouvrir un œil, je remarque qu'il n'a pas bougé. Il se penche en avant et sort son téléphone de sa poche.

— Tu me donnes ton numéro ?

À la seconde où il me pose cette question, un blanc se fait, puis j'éclate de rire. Sûrement que le mélange soleil et nervosité ne fait pas bon ménage, cependant je continue de rire, plus par envie de me moquer de lui devant son air outré, que pour rire réellement de sa question un peu déplacée.

— Alors ?

— Non.

— S'il te plaît, tente-t-il cette fois avec le sourire.

— J'ai dit non, tu comptes insister encore longtemps ? 

Je lève les yeux au ciel, Owen ne dit plus rien, je me surprends à penser qu'il est beau quand il se tait. Les gens qui passent pourraient penser que nous sommes amis alors que nous ne sommes qu'étrangers. Je ne sais pas si Owen cogite sur des idées semblables, son regard est impénétrable, déstabilisant, et quand il esquisse un sourire, je tombe des nues.

— T'as prévu de me présenter des excuses ou tu m'offres simplement une occasion de me venger ?

Un sourire carnassier se plaque sur mes lèvres, je fais tinter les glaçons dans mon sirop contre les parois du verre de sorte à ce qu'il fasse le lien. Owen cesse de me regarder de haut, une expression confuse vient se balader sur son visage, mais il se reprend.

— Si tu veux des excuses on peut s'arranger, moi c'est un numéro que je cherche. Le tien.

Inversion des rôles express. Je le trouve de plus en plus grossier et le pire, c'est qu'il se croit enjôleur avec sa répartie médiocre et ses fossettes douteuses. Ça me met hors de moi. Et peut-être qu'il n'est pas à proprement responsable, mais disons qu'il est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, celui qui va prendre pour tout le reste. Je me lève sèchement, saisis mon verre et lui jette le contenu à la figure.

— Si tu veux des excuses, on peut s'arranger. Il te suffit juste de ramper.

Je lui sers mon plus beau sourire, Owen est un chanceux qui s'ignore. Lui tout ce qu'il regarde c'est son tee-shirt mouillé, je lui préciserais bien que le sucre est bon pour la peau, mais j'aurais peur de pousser le bouchon un peu trop loin. Alors que je m'éloigne, croyant m'être débarrassée de lui, il revient brusquement à la charge.

— Hé ! Où tu vas ?!

Je ne me retourne pas, manquerait plus qu'il surprenne mon sourire alors que je me demande pourquoi il refuse de lâcher l'affaire.

— Je rentre chez moi candy boy.

— Laisse-moi te raccompagner.

À l'instant même où il me lance cette proposition, je fais volte-face. Son attitude éveille instantanément mes soupçons, je n'arrive pas à cerner ses arrière-pensées, mais étrangement, j'ai le sentiment qu'elles sont loin d'être simplement amicales.

— T'as pas l'air de capter le message, alors je vais aller droit au but; je veux pas d'un boulet qui me fait du rentre-dedans.

Décidément, Owen est entêté. Il profite de ma petite réplique pour réduire la distance entre nous et contrairement aux étincelles que j'attendais, il lâche les silex le premier.

— Je suis désolé. Il m'arrive d'être con, mais il m'arrive aussi d'être sympa. Et je te propose de le découvrir en me laissant te conduire jusque chez toi.

Il baisse la tête, passe une main dans ses cheveux désordonnés avant de me regarder de nouveau droit dans les yeux. Ok, pour le coup il me laisse sans voix. Je veux bien envisager de considérer son offre, mais uniquement parce qu''il fait chaud et parce qu'en réalité, je n'ai pas la moindre idée de comment rentrer chez moi.

— Tu me dois bien ça. Ajoute-il avec un soupir en lorgnant sur son tee-shirt.

— Je te dois rien. Toi par contre, c'est pas dit que j'accepte tes excuses, alors embarquons dans ta vago avant que je change d'avis !

Ah, douce fierté quand tu nous tiens. Owen rit. Il ébouriffe mes cheveux me faisant houspiller au passage.

— Allons-y Duchesse !

Il s'avance vers une voiture grise, assez neutre, qui n'a rien du genre bling-bling auquel je m'attendais et à peine sommes-nous installés qu'il retire son tee-shirt l'air de rien avant de s'engager sur la route. Il met en marche la radio et ne m'adresse pas la parole durant les premières minutes. C'est un peu gênant, je crois que je le préférais avec ses propos décalés à tout bout de champ.

— J'peux savoir ce que t'es venues faire à ce café ? Tu me suivais et t'avais pour mission de me ramener ?

Je ne sais pas ce que je raconte, ni pourquoi je gaspille de l'énergie à tenter de faire la causette avec lui, mais l'envie est plus forte que moi. Plus tenace.

— Si je te disais oui, tu trouverais ça bizarre non ?

— Je te demanderai surtout si c'est une blague... C'est une blague d'ailleurs ?

Owen sourit et je me mets à en faire de même en trouvant sa compagnie agréable. Il faut dire qu'il a tout pour être agréable au premier abord, une bonne playlist, un humour bancal mais qui mine de rien fait son effet, un torse fabuleux que j'ai la chance de voir dès notre deuxième rencontre, un...

— Octobre ? C'est bien ton prénom ?

Aie. Avec mes pensées fantasques, je n'ai pas écouté un traître de mot de ce qu'il pouvait dire. Je hoche la tête en signe d'approbation et affiche un sourire de reine qui bien souvent me sort des situations les plus complexes. Owen me repose sa question de base, à savoir, qu'est-ce que moi je faisais au café. Et c'en est une bonne, parce que je ne sais pas exactement ce que j'y faisais. Certes, j'avais envie de me changer les idées, de m'éloigner des joueurs et de mes tracas généraux, mais est-ce une réponse qui pourrait le satisfaire ?

— Je sais pas vraiment, est-ce qu'il faut une raison particulière pour justifier les moindres de nos actions ?

Owen détourne son regard de la route pour me dévisager bizarrement. Contre toute attente, il explose de rire.

— Bah quoi ? Je passe à côté d'une carrière d'humoriste ou c'est tout autre ?

Il a du mal à se contenir et bizarrement, je me sens un peu vexée.

— Désolé, mais c'est que je m'attendais pas à cette réponse et je dois dire que dans certaines circonstances je m'amuserais bien à te la renvoyer à la gueule !

— Et dans quelles circonstances exactement ?

Son rire se tasse, mes bras croisés sur mon ventre se desserrent doucement. Je l'observe furtivement, il évite ma question et semble se concentrer sur autre chose.

— T'entends pas un bruit bizarre ?

On s'échange un regard, puis je fouille mon sac et mets la main sur mon téléphone qui vibre avec acharnement. C'est qu'il a l'ouïe fine mon candy boy. Je m'excuse auprès de lui et décroche.

" — Allô ?

— Octobre ? C'est Lissa.

— Salut...

— J'ai une question, est-ce qu'il y avait un mot collé sur ton casier tout à l'heure ?

Je jette un coup d'œil vers Owen et lui indique la rue à prendre jusque chez moi, avant de répondre à Lissa, surprise qu'elle se montre si directe.

— Oui pourquoi ?

— Il y en avait un sur le mien ? s'écrie-t-elle, presque excitée.

— Écoute oui, mais je les ai jetés, je pense pas que ça ait tant d'importance, on est nouvelles, toutes les nouvelles doivent en avoir reçu un !

J'essaie de mettre de l'enthousiasme dans ma voix, mais Lissa s'empresse de me contrer.

— Le problème Octobre, c'est que t'aurais dû m'en parler, ça me concerne. Shannon, la copine de Clarisse n'en a pas eu, oh, et, surprise, elle est nouvelle aussi ! souffle-t-elle ironiquement. Ta théorie tombe à l'eau, ils nous ont vraiment en cible, alors contente-toi de les éviter à présent !

L'autorité qui perce dans sa voix me déstabilise. Suis-je bien en appel avec Lissa ? Elle soupire dans le combiné, puis s'excuse de s'être montrée si revêche. Je fais de même par rapport au mot, puis nous échangeons quelques paroles pour détendre la conversation. Quand j'entends Owen souffler, je le regarde et suis prise d'un élan de compassion devant son air ennuyé.

— Lissa, écoute ça te dérange si on se rappelle après ? Je suis en voiture avec Owen là, j'arrive bientôt chez moi."

Je raccroche en espérant qu'elle ne voulait pas ajouter quelque chose, mais aux vibrations qui s'ensuivent dans ma main, je suppose aussitôt le contraire.

— Tu réfléchiras à ma demande ? m'interroge Owen.

— Heu ça dépend, tu fais allusion à laquelle ?

J'esquisse un sourire en coin, tandis qu'il se gare devant chez moi.

— Ton numéro. Tu me le donneras ?

— T'es sérieux ?

Je ne sais pas pourquoi mais ça me met mal-à-l'aise qu'il revienne là-dessus. Alors que je m'apprête à sortir, Owen verrouille les portières et même s'il aborde son adorable sourire en coin, je suis loin d'apprécier le geste.

— En échange de la course, c'est pas grand-chose non ?

— On en est à de la séquestration, c'est plus qu'un simple «pas grand-chose» à ce niveau-là.

Un bref silence s'ensuit durant lequel son sourire disparaît. Owen déverrouille la portière et là, je crois bien que je l'ai vexé. Je souffle, cache mon amusement face à son air boudeur.

— Bon, t'es prêt à noter ? Je le dirai qu'une fois.

Owen relève la tête avec une étincelle avide dans le regard qui me retourne l'estomac. Je détourne le mien, commence à épeler les chiffres de mon numéro, puis sors en lui souhaitant une bonne soirée. Avec son sourire satisfait et ô combien charmeur, Owen me salue et redémarre. J'en profite pour regarder les messages de Lissa et retiens mon souffle quand je vois écrit le mot «joueur» associé à Owen. Le quatrième, le seul qui manquait, ce n'était pas Nils. J'en reste bouche bée. La voiture d'Owen a disparu au bout de la rue et quand j'y repense, nos échanges me paraissent soudain moins anodins. Je compose le numéro de Lissa et au fil des sonneries, je me rassure comme je peux en me disant qu'au moins, j'ai bien fait de lui donner un faux numéro.

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Alors, c'est là que ça commence vraiment, parce que, même si apparemment ce n'était qu'un petit détail, vous avez peut-être remarqué que la phrase "mythique" (lol) de Lissa qui consistait à demander à Octobre, ce qu'elle faisait avec le pire des joueurs, n'est plus présente ! 

Voilà pourquoi je n'ai jamais mis la suite de la réécriture sur l'autre version. J'ai réalisé que ça chamboulerait tout pour celles qui commencent à peine à découvrir ce Virginity Game, mais bon, plus besoin de se poser la question puisque à présent, la suite n'existe plus, du moins pas encore.... enfin peut-être, dans un coin de ma tête, auquel.... VOUS N'AUREZ JAMAIS ACCÈS !! niarkniarkniark... Bon, ok, ça va je rigole, je vous ai déjà  dit que je pétais les plombs ? 

Et devinez la suite ? Oui, c'est exactement ça, plein d'amouuuuuuuuur, qu'il en pleuve, qu'on s'en étouffe, qu'on en bouffe (bon pas au point d'en gerber parce que ce serait tout de suite moins glorieux, mais vous avez pigé le truc, vive l'amour quoi) ! ^^ 

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