Chapitre 17

Musique : Fieh- 25


PDV Alaska :


Lorsque c'est au tour de Jade et Octobre, elles s'avancent d'un pas sûr, se dirigent vers le bord du lac, non sans un regard pour les joueurs qui les dévisagent presque incrédules, tandis que Mathilde sourit dans son coin. Notre technique a l'air de faire son effet pour le moment.

— Bon Sarah, maintenant c'est à nous.

Je me tourne vers elle et lui tends la main avec un sourire confiant. Cela semble la surprendre, il faut dire que durant cette semaine je n'ai pas été froide qu'avec les joueurs. Seulement, depuis qu'Octobre m'a fait part de ses pensées, je ne suis pas la seule à vouloir rejeter ce jeu, je ne suis plus seule et ça, je le réalise tout juste.

— Je crois bien oui, alors allons-y.

Sa main saisit la mienne ce qui m'enchante aussitôt. D'un même entrain, on s'engage vers les joueurs et à peine décrochent-ils leurs regards d'Octobre et Jade qu'ils se retrouvent happés dans notre direction. J'ai soudain du mal à masquer mon sourire, c'est tellement plus simple quand on sait l'emprise qu'on peut avoir.

— Bah dis donc les filles, vous vous êtes mises sur votre 31 finalement ? nous lance Matthew avec un sourire débile que j'ai rapidement envie de lui faire ravaler.

C'est la main de Sarah faisant pression sur la mienne qui me convainc de ne pas relever. Pour ce soir, il va falloir que je mette de la glace sur le feu si on veut que ces idiots nous mangent dans la main. Quand on se mêle au groupe, je remarque instantanément que Lissa, Charlie et Lara ne sont pas là. Étrangement j'ai un mauvais pressentiment, ces pestes incarnent tout ce à quoi je refuse de me mêler. Depuis le début, j'ai pris le temps d'observer chacune de nous, déjà par habitude, mais parce qu'avec le jeu, je sais que la confiance est plus fausse qu'elle ne l'est déjà.

— Alaska ?

Je tourne la tête au son de cette voix. C'est Aaron qui m'interpelle et me regarde comme s'il venait de faire une erreur.

— Mmh ?

Je le fixe durement, le recul à prendre avec lui n'est pas si simple. Aaron, si je ne le connaissais pas, peut-être que je pourrais le haïr autant que les autres. Et peut-être que ce serait mieux.

— Je te demandais si tu voulais manger un truc.

C'est tellement bizarre qu'après tout ce temps, je sois là, contrainte à être près de lui.

— Oui, tu me sers deux patates s'il te plaît ?

Je lui tends une assiette en carton que je trouve sur la table et dont il s'empare avant de pivoter vers la grillade. Je me place à côté de lui et le regarde faire du coin de l'œil avant de finir par observer les autres. Le contact de sa main contre mon épaule me prend au dépourvu. Il me montre mon assiette avec un large sourire comme pour me rappeler ce que je fais là et il en profite au passage pour ouvrir la bouche, ce qu'il aurait mieux fait d'éviter.

— Tiens, et Alaska, t'es vraiment superbe.

Je prends mon assiette et feins un demi sourire.

— Merci, mais le compliment tu le gardes pour quelqu'un d'autre. De toi, j'en veux pas.

Pendant une seconde, c'est comme s'il était surpris, puis sachant que c'est moi, il ne l'est pas tellement. Je lui tourne le dos et m'approche inconsciemment d'Owen. Quelque part, enfouie très loin dans un coin de ma tête, l'envie qu'Aaron me regarde encore me transperce. Mais une fois en présence d'Owen, je la chasse, l'oublie.

— Alors tu tires toujours la tronche ou t'as décidé de te détendre un peu et de t'amuser avec nous ? me chuchote-t-il.

Je ne réponds rien, plisse les yeux pour le remballer, mais d'un côté, dans cette tenue ma crédibilité serait gravement touchée. Après tout, j'ai fait le choix pour ce soir d'être une petite pouffe dans les apparences, avec ses limites bien sûr, mais Owen ne les a pas encore franchies.

— Enfin, étant donné que t'es vraiment pas mal ce soir, je me dis que tes allures de princesse de glace, c'est un peu du flan, ajoute-t-il, me faisant aussitôt regretter ce que j'étais en train de penser.

Là, mes limites sont atteintes. Je place une main sur son épaule et décide de rire de bon cœur. Mais rapidement, j'exagère en rigolant plus fort, comme s'il venait de dire la chose la plus drôle qui soit, ce qui attire quelques regards vers nous. Je m'arrête brusquement, fixe Owen avec sérieux, droit dans les yeux.

— C'est fou ce que t'es drôle.

Devant son sourcil arqué et ses lèvres pincées, j'en viens à me dire que ce rôle n'est pas pour moi. Owen me révulse. Petit gars complètement paumé qui croit que sa beauté le sauvera de tout. Il sonne aussi creux que les autres. Alors que je vais pour m'éloigner de lui, l'arrivée de Lissa et ses acolytes ne passe pas inaperçue. Avec une serviette à la main, elle s'élance vers nous tout sourires, détache ses cheveux et nous regarde à tour de rôle avec son air de petit fille, comme si tout était merveilleux :

— Bon alors, qu'est-ce qu'on attend pour se mettre à l'eau ?


PDV Octobre.

Si j'avais su qu'il en fallait si peu pour faire autant d'effet. Quand Jade s'assoit sur un rocher, je jette un regard par-dessus mon épaule, celui-ci se heurte aussitôt à celui d'Owen. Je m'en détourne, croise les doigts pour qu'il ne m'ait pas vraiment vue. Faible chance.

— Bon maintenant on fout quoi ?

Je regarde Jade qui triture des cailloux sans vraiment s'amuser.

— Heu, je suppose qu'on attend qu'ils viennent ?

Le regard dubitatif qu'elle me lance ne semble pas m'approuver. Je cesse de penser à Owen et me concentre sur elle et notre plan. Je m'assieds, constate qu'à mesure que le temps avance, l'endroit où nous sommes nous plonge dans une quasi-pénombre. Les lumières au niveau du barbecue nous atteignent à peine.

— Génial, et maintenant on est presque dans le noir, c'est sûr que là, on va briller devant eux !

— Arrête de te plaindre, ils vont venir...

Je m'interromps brusquement quand je remarque Lissa qui arrive. Je me mords la joue en songeant qu'avec la lumière, je ne vois pas comment elle est. Visiblement excitée puisque je perçois d'ici son enthousiasme.

— Bon déjà, y a la greluche et elle a l'air pimpante, chuchote Jade alors que je m'apprêtais à lui dire quelque chose de similaire.

— Ouais et je crois bien qu'Alaska rapplique avec Sarah et Mathilde.

D'abord d'une démarche assurée elles prennent leur temps, mais plus elles se rapprochent, plus leurs pas se font rapides.

— Bon, les filles, on a un problème, crache Alaska à peine arrivée à notre niveau.

— En rapport avec Lissa ?

— Gagné. Cette salope a dû attendre qu'il fasse assez nuit pour se ramener en petite tenue avant de se mettre à poil.

Je pousse un soupir auquel Jade se joint par une insulte cinglante, puis des cris aigus se font entendre. D'un même mouvement, nous nous tournons vers le barbecue, nos yeux rivés sur Lissa dont les ombres sur son corps ne dessinent pas un tissu. Elle court jusqu'au lac, suivie de Charlie et Lara ainsi que de Théo et Aaron. Nous n'avons même pas le temps de nous concerter sur ce que l'on vient de voir que Matthew nous aborde à courte distance.

— Hey ! C'est le moment de se foutre à poil les filles !

— Va te faire bouffer la bite par un piranha tout seul ! Réplique subitement Alaska en lui tendant son majeur.
Matthew n'insiste pas, il rejoint les autres visiblement très excité. Ce n'était pas vraiment comme ça qu'on devait faire les choses.

— Bon bah déjà ça c'est fait, nos chances de les berner sont à présent réduites à zéro, commente Jade.

Je ferme les yeux quelques secondes, à ma droite, Alaska s'insurge que les gars soient autant que ça menés à la baguette par une paire de seins, Jade l'accompagne bien évidemment ce qui ne m'aide pas à faire le vide dans ma tête. Quand je rouvre les yeux en direction du barbecue, je remarque qu'Owen n'est pas dans l'eau. Il est toujours là-bas, debout, bien que je n'ai pas une fichue idée de ce qu'il fait. Je laisse le sentiment qui m'envahit prendre le dessus et l'action que je fais est alors complètement détachée. S'il faut jouer, autant le faire jusqu'au bout.

— Wow, Octobre tu nous fais quoi là ? Tonne la voix d'Alaska qui me coupe dans mon élan.

Et c'est comme si en même temps qu'elle, je réalisais que mon haut de maillot est à présent dans ma main.

— Eh bien, disons que je ne vais pas laisser trois salopes faire foirer les projets que j'ai pour ce jeu. S'il faut aller jusque-là, ça me pose pas de problème, après tout, qu'est-ce qu'il y aurait de mal à assumer son corps dans son état le plus naturel ? Agiter mes nichons et mon sourire pour MON plaisir devant les joueurs devrait refroidir ces pétasses qui ont le feu au cul, et ces gringalets vont vite comprendre à quel point leur jeu est minable.

Après ma tirade, je prends le temps d'inspirer profondément avant d'enlever mon bas. Au début, je n'ai pas réfléchi en enlevant mon haut et si je ne venais pas de tenir ce discours devant les filles, je crois bien que je me serais dégonflée. Maintenant, faire demi-tour n'est même plus pensable.

— Bon moi j'en suis, j'en ai marre de me prendre la tête depuis le début de la soirée, je veux profiter de ces instants sans laisser les joueurs les gâcher, enchaîne Jade, ce qui me rassure grandement.

Puis c'est au tour de Sarah de se prononcer :

— Oui, après tout, notre vie n'a pas à s'arrêter à cause du jeu.

Puis elle pivote vers Mathilde avec un sourire.

— Tu te joins à nous ?

— Non, je passe. Je l'ai déjà dit une fois et je resterai sur cette position.

Malgré sa réticence, elle lui fait tout de même un compliment encourageant, après tout, nos décisions ne doivent pas non plus entraver nos amitiés.

— Roh, si vous le faites j'en suis, mais hors de question que je croise Matt, il risquerait de me faire chier après ce que je lui ai dit, souffle Alaska.

Nous sourions en même temps, puis nous entreprenons chacune de notre côté d'enlever le peu de tissu qu'il nous reste. Une fois que j'ai retiré mon bas, je cours jusqu'à la berge et m'enfonce rapidement dans l'eau. Le froid me surprend au début, mais après quelques brasses, celui-ci devient agréable. Derrière moi, j'entends Jade se plaindre de la température, Sarah qui rigole et l'arrose, mais au fur et à mesure que je m'éloigne, leur boucan se fait moins distinct et le raffut des joueurs avec les garces plus présent. Quand Théo nous voit à l'eau, il crie pour que tout le monde l'entende et lance le départ d'une bataille d'eau qui peut s'avérer hautement gênante, mais là encore je chasse mes angoisses et fais demi-tour vers les filles que j'éclabousse sans pitié.

 Les premières minutes se passent finalement extrêmement bien. Le rire d'Alaska me ferait presque oublier tout ce qui s'est passé avant. Au bout d'un moment, même si la bataille ne s'arrête pas et prend une plus grande ampleur ainsi que nos rires, je ne distingue presque plus qui est qui. La nuit s'est brusquement abattue, couvrant nos têtes d'un ciel noir parsemé d'étoiles. C'est si beau que j'en viens à faire une pause et m'éloigne pour admirer le ciel sans personne autour de moi. Avec l'obscurité, il y a peu de chance que quelqu'un remarque mon absence. Enfin, j'ai peut-être pensé trop vite. Une pression s'exerce sur mon pied comme si quelque chose me tirait vers le fond. En moins d'une seconde, tous les scénarios imaginables passent dans mon esprit et la panique finit par me submerger. Je m'apprête à pousser un cri quand je suis brusquement tirée vers le fond.

De l'eau s'immisce dans ma gorge, mon nez, la sensation est atroce. J'essaie de me débattre, la pression se desserre doucement, une masse sombre remonte à quelques centimètres de moi. Deux mains s'agrippent fermement à ma taille et je regagne aussitôt la surface. J'inspire un grand coup, crache de l'eau et tente de me ressaisir. Mes idées deviennent rapidement très claires, je relève la tête et croise finalement la cause de cette frayeur : Owen. Je ne perds pas mon temps pour m'offusquer de son geste.

— Mais qu'est-ce qui te prend ?!

— Tu croyais quand même pas que j'allais te laisser tranquille après ce que tu m'as fait ce matin ? jubile-t-il.

Ce matin...Les souvenirs de ma petite vengeance me reviennent. Je lève les yeux au ciel, décidément c'est un abruti entêté que je me coltine. Et alors que je m'apprête à répliquer, sa jambe frôle la mienne, le contexte de la situation me rattrape et le malaise avec.

— Bon, maintenant que t'as eu ce que tu voulais, dégage. Il y a certaines distances à respecter et j'aimerais que t'évites de me toucher ou même de m'approcher.

Je bats des pieds, m'éloigne un peu de lui, consciente de ma nudité et de la sienne qu'heureusement l'eau camoufle.

— Oh eh, je n'ai même pas le droit de faire ça ? demande-t-il.

À cet instant même, sa tête disparaît sous l'eau. Je n'ai pas le temps de réagir que ses bras enlacent une de mes jambes tandis que je sens son visage se poser contre ma cuisse. Comme s'il l'embrassait. Je m'agite dans tous les sens, Owen remonte à la surface, pousse un grognement. Même avec l'obscurité, je discerne ses traits crispés. J'en connais un qui s'est pris un coup de genou et qui n'a pas aimé.

— Si tu tiens à ta misérable vie, c'est la dernière fois que tu me touches, je crache, irritée qu'il n'ait pas plus de respect.

Puis le voyant sourire, je l'éclabousse violemment et m'empresse de partir en quelques brasses. Mon humeur est à plat après cet échange, l'envie de barboter dans l'eau m'est complètement passée. Doucement, je gagne la rive à l'abri des regards, le plus loin possible. Cependant, je constate que nous avons manqué d'anticipation avec les filles, car je n'ai pas de serviette à portée de main et celles que les joueurs ont prévu pour tous sont à côté du barbecue. La solution serait que je récupère mon maillot pour ensuite m'en dégoter une, seulement, quand je repère l'endroit où nous nous sommes installées et où Mathilde est restée, je vois Théo venir à sa rencontre. Il se tient debout en face d'elle, une serviette enroulée autour de la taille. J'espère qu'elle va vite le remballer afin que je puisse la rejoindre, mais contre toute attente, elle lui fait signe de prendre place et le voilà qui s'installe. Je grogne dans mon coin, frissonne au moment où le vent se lève, décidément, j'enchaîne vraiment les coups de malchance ce soir. 


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Ennnnfin cette soirée commence ! J'ai cru qu'on y arriverait jamais ^^ !

Je suis donc ravie, heureuse, émerveillée, enthousiasmée ( avec les neurones un peu emmêlés) de vous présenter ce chaaaapitre 18 ! Les choses commencent à bouger (oui un peu faut le constater tout de même) ^^ et j'espère que le PDV d'Alaska ne vous a pas trop perturbé, car sachez que le personnage est un peu (peut-être beaucoup) différent de la première version, voilà je vous en souffle pas plus quand même... ;)

Bon avec un petit peu plus de sérieux (le petit sondage habituel), n'hésitez pas à me faire part de vos avis sur la réécriture, après tout sans vous elle aurait sûrement jamais vu le jour ^^ donc si vous y voyez des inconvénients sur certains points, des défauts quels qu'ils soient, ou même des choses que vous penseriez bien d'ajouter ou d'améliorer, faite m'en part, c'est toujours bon à prendre ! :D

Mes petits loups, je vous embrasse, j'espère vous publier un autre chapitre sous peu, et sinon sachez qu'à la rentrée j'essayerai d'avoir un rythme plus "ponctuel" (faut dire qu'avec les cours j'aurai forcément un rythme plus régulier en fait ) ^^ Amour amour et joie en vos petits coeurs d'humain ! ❤



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