Chapitre 15
Musique : Pépite- Renaissance
Le besoin de m'isoler m'imprègne rapidement après tous les événements qui se sont enchaînés en l'espace d'une matinée. Je descends l'escalier, croise Jade qui me sourit tout en étant ailleurs. Je l'imite, sans une parole et une fois dans le salon, je remarque les joueurs dans la cuisine avec leurs rires exécrables, ça sent pourtant bon le café, ça pourrait être un bon matin. À pas de loup je me faufile au travers de la salle pour atteindre la porte d'entrée incognito, tourne la poignée et savoure le contact de la brise sur mon visage. Je fais quelques pas, reste dans un périmètre définit, mais ne me lasse pas un seul instant de tout ce que je vois.
Il faut dire qu'à Paris, je n'allais pas des endroits comme celui-ci souvent et je m'y plais bien, malgré toutes les histoires et les embrouilles liées au jeu, je suis heureuse d'être là. Paris me semble loin d'ailleurs, ici mes racines s'accrochent au moindre petit bonheur. Je pense brièvement à Manon, fixe le ciel, les arbres, puis la terre, avec une quantité d'émotions qui s'agitent à l'intérieur de moi. Manon me manque. De façon persistante, son souvenir est comme une multitude de petites gouttes, je finis par m'y noyer. Une larme roule sur ma joue. Je ne me sens pas triste, seulement nostalgique à la limite de la mélancolie. Je m'assieds par terre, rejette la tête en arrière et laisse s'évacuer mes larmes, coincée entre solitude et incertitude.
Des bruits de pas attirent mon attention. Première pensée, Owen. Seconde, toujours Owen. Pourquoi ? Aucune foutue idée. Mais en fin de compte c'est peut-être parce qu'il s'agit de sa sœur, les mêmes yeux, la même chaleur qui me fait sourire, c'est plus fort que moi. La fatigue me fait jongler d'une émotion à l'autre.
— Octobre ? Qu'est-ce que tu fais toute seule ?
Elle s'approche, sourit, se positionne à mon niveau, les fesses sur ses talons.
— Je divague complètement. J'ai parlé avec Aaron, mais ça m'a un peu déstabilisé, j'avais envie d'être un peu seule pour... Pour penser.
— Ouais, bah va falloir que tu te ressaisisses ma belle, parce qui se passe des trucs là-bas qui te concernent je pense !
Je devine qu'elle se veut chaleureuse, pourtant mon estomac vide se retourne. Je n'ai toujours pas envie de revenir à l'intérieur, de quitter mon silence si tendre pour retrouver le brouhaha insupportable des joueurs.
— Pourquoi es-tu porteuse de mauvaises nouvelles ? Je soupire en esquissant un léger sourire.
Estelle se redresse, continue de sourire, puis me tends la main pour m'aider à me relever. Ma tête tourne doucement, pendant quelques secondes des points noirs viennent brouiller ma vision.
— Bon, je vais y aller, je te souhaite bon courage pour la suite !
— Je pensais que tu resterais. Tu pars comment ? Je demande, en observant les alentours.
— T'es dingue, Owen ne me laissera jamais rester avec lui et ses potes pendant leurs jeu, tu comprends, ça entache un peu son rôle de parfait grand frère. Rit-elle, avant d'ajouter le regard ailleurs, enfin, ça fait bien longtemps que cette image est partie en fumée, mais bon, on finit par s'y faire.
Elle hausse les épaules avec détachement, puis s'éloigne de quelques pas.
— Aller, si je me grouille pas, Alice et Paul vont partir sans moi !
Je n'ai même pas le temps de lui demander qui sont ces gens qu'elle m'embrasse sur la joue et s'enfuit en courant. Je souris dans le vide une fois qu'elle a disparu, puis j'entends le moteur d'une voiture vrombir au loin. Le pas raide, je fais le tour du chalet jusqu'à la baie vitrée de la cuisine. Mon ventre grogne aussitôt quand l'odeur de la nourriture frôle mes narines, j'en ai l'eau à la bouche.
— Et bien Octobre, t'étais passée où ? Me surprend la voix d'Owen, en contrebas.
Je me tourne vers lui, l'observe disposer des assiettes sur une nappe, conclus qu'un pique-nique est prévu et que je ferais mieux d'y prendre part.
— Si la réponse t'intéressait vraiment, tu le saurais. Je lâche, avant d'ajouter, où sont les filles ?
Ce à quoi bien évidement Owen s'amuse à me renvoyer la même réponse que je lui ai fourni. Je le fusille du regard, esquisse un sourire forcé et tourne les talons pour gagner la cuisine. Quand j'entre à l'intérieur, je trouve Alaska en train de faire des œufs durs, tandis qu'Aaron la regarde du coin de l'œil, un verre à la main, l'autre dans le placard, son mouvement suspendu.
— T'as bientôt finis de mater où c'est comment ? Je lance dans sa direction, ce qui apparemment le surprend puisqu'il manque de faire tomber le verre qu'il tient.
Je ris, Alaska se tourne vers nous, surprise et me fixe comme si elle avait raté quelque chose. Quand elle remarque qu'Aaron a le regard braqué sur elle, elle rabaisse son tee-shirt qui laisse tout juste dépasser son bas de maillot.
— Heu, ouais, non, j'ai besoin d'aide, tu peux prendre les couverts dans le tiroir à côté de toi ? Me demande Aaron, en reprenant son activité comme si rien ne s'était passé.
Je hoche la tête, ouvre le tiroir en question, impatiente qu'on passe à table. En sortant avec les verres en main, Aaron me frôle volontairement. Quand il est de dos, marchant dans l'herbe vers le pique-nique qui se met en place, je lui tends mon majeur, déjà excédée par son comportement.
— Ça va ? T'as passé une bonne soirée ?
Alaska m'offre un sourire amical, un regard chaleureux. Les souvenirs de la veille me reviennent par rafale, je me revois au bord du lac avec Owen, et la suite des événement s'enchaîne dans mon esprit avant que je ne formule une quelconque réponse.
— Dans l'ensemble on va dire que ça peut aller, je pensais que je me ferais plus chier que ça. Et toi alors ?
— Mmh ça va, les choses auraient pu être pire, mais ça me sidère de voir que certaine d'entre nous, n'ait pas l'air dérangé par le jeu. Je veux dire, il faut pas qu'on oublie pourquoi on est ici. C'est pas parce qu'on fait un joli pique-nique en apparence et que j'ai l'air d'adorer participer à ça, que les joueurs sont nos potes.
Elle s'interrompt dans sa tirade pour couper le feu et sort les œufs de l'eau bouillante avec une spatule. Je médite sur ses paroles, m'interroge sur les filles en question, suspectant Lissa. Et d'ailleurs, la voilà qui se pointe comme une fleur bleue.
— Ah, c'est vraiment génial un week-end comme celui-ci ! S'exclame-t-elle d'entrée de jeu.
— Tu peux nous dire ce qu'il y a de si génial ? Rétorque Alaska en roulant des yeux.
Lissa prend un air décontracté, pas le moins du monde impressionnée par le regard de glace que lui jette cette dernière.
— Et bien, on va pas se plaindre. On a de la bonne bouffe qui se prépare, et des beaux mâles à gogo !
Je serre les dents en repensant à mes premiers jours au lycée et à l'impression que Lissa m'avait laissé. Elle était tellement loin de cette mini pouffe qu'elle incarne à présent. Alaska semble autant ahurie que moi, et pour bien le montrer, elle laisse brutalement la casserole s'échouer dans l'évier en lâchant un petit «oups».
— Bah les filles, pourquoi vous tirez une gueule pareille ?
La voix d'Owen me surprend, je ne suis pas la seule. Il s'avance vers nous, dévore la petite blonde écervelée du regard, tandis qu'Alaska et moi le fixons sidérées.
— Vous devriez sourire comme Lissa, n'est-ce pas plus agréable à regarder ?
Cette dernière rougit et sourit un peu plus sous le vocabulaire charmeur de ce serpent. Al se braque.
— Raison de plus pour ne pas le faire. Tu crois que pour nous ta gueule est agréable à regarder ? Tu empoisonne actuellement l'air de cette pièce en respirant et pour moi c'est de trop.
Sur ces douces paroles, elle prend le saladier qui contient les œufs et se dirige vers la sortie en prenant soin de ne pas toucher Owen qui est en plein milieu du passage. Avant qu'elle ne sorte de la pièce, il tente de répliquer toujours en souriant, toujours aussi sûr de lui :
— Ton humour me charme comme aucun autre Alaska. T'as beau te la jouer princesse de glace, je sais que ma présence te stimule un certain plaisir.
Je le fixe, incrédule. Ses paroles ne semble pas laisser Alaska indifférente. Elle se retourne vers lui, plante son regard dans le sien et c'est pire que lorsqu'elle fixait Lissa, je ne voudrais en aucun cas être à sa place.
— Pour ta gouverne, la seule chose que ta présente stimule en moi, c'est une envie de gerber sec.
En une seconde, son visage change subitement, ses traits se détendent, ses lèvres s'étirent et révèlent un sourire rayonnant.
— Oh et, tu peux garder tes répliques minables pour toi la prochaine fois, j'ai horreur de ton style de drague. Si tu veux stimuler un minimum d'effet à qui que se soit, il serait peut-être temps de retravailler tes classiques.
Visiblement satisfaite de l'effet de ses paroles, Alaska sort de la pièce sans rien attendre en retour. Pour ce qui est d'Owen, sa belle confiance semble s'être fait la malle. Alors que Lissa reste de marbre sans savoir où se mettre à la suite de cet échange, je laisse subitement éclater mon fou rire. Le regard d'Owen dérive sur moi, ce dernier est indéchiffrable. Il semble légèrement décontenancé et je continue de rire, finalement, je crois qu'il est possible d'adorer ce genre de week-end.
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Oui voilà ça reprend !! Je vais essayer de vous pondre (mdr j'aime cette expression) un chapitre pour ce soir bien que cette fois je ne promette rien, mais j'espère y parvenir !
N'hésitez pas à me donner vos avis, il n'y en a jamais de trop :) ! En espérant que jusqu'ici la réecriture vous plaît, parce que ce n'est que le début et j'espère que vous serez nombreuses à replonger dans les aventures de nos chers joueurs préférés et de nos pions, plus téméraires cette fois-ci ;) !
Plein de bisou et plein d'aaaamour en vos coeurs mes petits loups !
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