Chapitre 11

Musique : Naaz- Loving Love

Je traverse le salon vitesse grand V, la chaleur moite de la pièce fait tiédir mon jean humide contre mes jambes. Sensation hautement désagréable qui s'enchaîne avec une cuisante déception quand j'arrive devant la chambre et qu'elle est fermée. Je frappe contre le bois, tourne plusieurs fois la poignée, mais rien à faire, si Jade s'est couchée elle ne doit probablement pas percevoir mon agitation. Je pousse un profond soupir, m'appuie contre le mur, le cerveau légèrement amorphe. Si j'ai pensé un peu plus tôt qu'en revoyant Owen, je me vengerais, je dois avouer que cette idée s'évapore aussitôt quand je le vois dans le couloir. Il me demande si ça va, je lui montre du doigt la porte, il rit, il m'énerve à nouveau.

— Bon tu vas pas rester plantée là, il y a une salle de bains dans la chambre du fond.

D'un geste très démonstratif, il m'incite à avancer, je me redresse, le regarde, puis regarde la porte au fond.

— Laisse moi deviner, c'est aussi la chambre dans laquelle tu dors ?

— Possiblement, mais rassure-toi, ça ne veut pas dire que je compte te mettre dans mon lit, avec ta tête, j'aurais l'impression de faire de la nécrophilie.

Je sais qu'il blague, parce que sa fossette de gauche se creuse, parce que son humour est nul, mais même si j'avais voulu faire un effort, impossible de le laisser me rabaisser ainsi.

— Bon la suite tu pouvais la garder pour toi, coucher avec un violeur doublé d'un abruti, je t'avoue que c'est pas non plus dans mes fantasmes.

Certes, c'est nul de ma part de rentrer dans son jeu, d'autant que je ne le trouve peut-être pas si abruti que ça, enfin en ce moment si, complètement, mais... Oh mon dieu. Il fallait que ce soit maintenant. Impossible de penser, je sens mon estomac se retourner, et si je ne réagis pas très vite, je vais débiter sur la porte. Je l'ouvre rapidement, allume la lumière et cours vers la salle de bains au fond de la pièce. À peine ai-je le temps de m'affaler contre la cuvette, qu'un arrière goût d'alcool m'emplit la gorge, et je rends tout ce que j'ai. 

En prenant mon inspiration, je réalise que fermer la porte aurait pu être une bonne idée, mais c'est trop tard, j'entends Owen s'approcher, il fait encore un commentaire à la con, puis il tire mes cheveux en arrière, et je suis repartie pour un tour. Je me serais bien passée des péripéties dans la salle de bains, si ce n'était pas arrivé, je me serais sentie moins honteuse par la suite vis-à-vis d'Owen. Parce que même si ça m'insupporte, je suis bien obligée d'admettre qu'il a été sympa. Il ne m'a pas emmerdée pendant que je me changeais, il m'a même laissée seule après être, heureusement, resté avec moi juste avant. Et je me dis qu'il serait peut-être temps de sortir, de voir ce qu'il fait dans la chambre, sauf que ma tête tourne encore, mes jambes sont comme du coton, en bref, je me sens légume. Et pourtant vivifiante à l'intérieur.

— Oweeen... ? Je gémis presque, des crampes fulgurantes au niveau de l'estomac.

Moins d'une seconde plus tard, la porte s'ouvre. Vu sa tête, je veux bien croire que j'ai l'allure d'un mort cette fois, un sourire ne servirait à rien, et puis je ne sais même pas si j'y arriverais.

— La prochaine fois qu'il y a une soirée, rappelle-moi de te surveiller.

Je perçois bien son agacement et en même temps, il semble foutrement amusé. Je crois que je hausse les sourcils, l'air indigné, mais je crois aussi que ça ne ressemble probablement à rien. Owen s'approche, me soulève, je ferme les yeux, c'est agréable. Quand je les rouvre, mon corps est confortablement installé sur un matelas, j'entends la voix d'Owen, il me tend un verre d'eau, ça m'attendrit. Ou alors je suis trop dans les vapes. Et lui prend ses aises, se glisse sous les draps à mes côtés. Sa cuisse frôle la mienne, je sens son contact, c'est comme si je regagnais mon corps à cet instant. Je sens les frissons qui montent le long de ma cuisse, la chaleur qui se propage entre nous. Je me tourne de son côté, il ne fait pas tout à fait noir. Je réalise que je suis en sous-vêtements. Je ne me souviens pas m'être changée, ou alors peut-être dans la salle de bains. C'est très flou. Ce qui l'est moins, ce sont ses doigts qui touchent ma jambe. Puis mon bras. Une part de moi voudrait reculer, lui montrer que je n'aime pas, mais l'autre est fatiguée de faire semblant et apprécie fortement ses caresses.

Quand j'ouvre les yeux, j'ai la gorge sèche, ma tête tourne encore, et le corps étranger à côté du mien me laisse de marbre. Les souvenirs de la veille remontent de façon saccadée jusqu'à mon cerveau. Je retire la couverture qui m'étouffe presque, jette un coup d'œil circulaire dans la pièce, puis me lève. Dans un premier temps, j'envisage de retourner dans ma chambre pour mettre la main sur des vêtements, mais quand je m'élance à moitié nue dans le couloir et constate que la porte est fermée à clé, la panique m'enserre. Sur la pointe des pieds, je trottine jusqu'à la porte après l'escalier et abaisse la poignée qui s'enclenche sans le moindre problème. Mais ce n'est pas sans surprise. Car quand je m'habitue à la pénombre, je reconnais immédiatement Aaron, lové dans un lit en compagnie d'une fille qui n'a rien à voir avec le Virginity Game.

— Oh putain ! Je lâche sous le choc.

La fille se redresse brusquement, nos regards se croisent et aussitôt je la reconnais. D'où, à l'heure actuelle je n'en ai pas la moindre idée, mais ses cheveux colorés et son visage ne me sont pas inconnus. Légèrement mal-à-l'aise de notre échange visuel durant lequel je me rappelle n'être qu'en sous-vêtements, je lui adresse un petit signe de la main et m'éclipse rapidement de la chambre. Une fois dans le couloir, j'inspire un grand coup, songe à ce que je viens de voir. Aaron aurait-il transgressé une des règles ? Sur le coup, je n'ai pas les idées très claires pour m'interroger là-dessus, mais si c'est le cas, la chance est peut-être sur le point de me sourire. En attendant, j'entre dans la salle de bains où Jade et moi nous sommes changées hier et enfile une chemise que je trouve suspendue à un crochet.

 Par la suite, je nettoie mon visage avec de l'eau, en bois, puis sors et descends l'escalier, curieuse de voir l'état du rez-de-chaussée. Dans le salon, il fait plus frais. Quelques invités de la veille dorment dans le couloir, j'ai comme l'impression que personne n'est réveillé, enfin, jusqu'à ce que j'entende des bruits de pas dans l'escalier. Prudemment, je jette un regard au-dessus et vois Owen. Mon corps se raidit, je fais mine de trouver une occupation, mais la seule chose qui me vient à l'esprit, c'est de rester les bras ballants à le fixer avec une anxiété palpable. Quand il pose un pied dans le salon, visiblement la tête ailleurs, je pouffe de rire en le voyant marcher dans une flaque d'alcool. Il grogne, relève la tête vers moi et s'approche avec un air rabougri qui ne fait qu'augmenter mon hilarité.

— Ressaisis-toi, faut qu'on parle.

Je ravale mon sourire en voyant ses traits tendus.

— Quoi ?

— A propos d'hier soir, je...

Il se tait, me dévisage de la tête aux pieds avec un air surpris qui se transforme en un léger rictus amusé sur ses lèvres. J'arque un sourcil comme pour lui rappeler qu'il voulait me parler moins d'une seconde plus tôt, mais il passe complètement à autre chose.

— C'est ma chemise que tu portes ?

Je pousse un bref soupir, pourquoi suis-je encore surprise qu'un truc pareil m'arrive ?

— Je sais pas, à toi de me le dire, je l'ai trouvée dans la salle de bains près de l'escalier.

Owen me le confirme d'un sourire narquois, puis remet une mèche de mes cheveux en place avec une attention que je trouve légèrement déplacée, chose que je ne manque pas de lui signaler en dégageant sa main d'un geste brusque.

— Mmh, t'as meilleure mine qu'hier soir en tout cas, bien dormi sinon ? Me demande-t-il l'air de rien en baladant son regard dans la pièce comme pour éviter le mien.

Son attitude me laisse sceptique, je ne sais pas vraiment ce que je dois faire. Lui parler normalement comme si nous étions bons copains ne me semble pas

— Ressaisis-toi, faut qu'on parle.

Je ravale mon sourire en voyant ses traits tendus.

— Quoi ?

— A propos d'hier soir, je...

Il se tait, me dévisage de la tête aux pieds avec un air surpris qui se transforme en un léger rictus amusé sur ses lèvres. J'arque un sourcil comme pour lui rappeler qu'il voulait me parler moins d'une seconde plus tôt, mais il passe complètement à autre chose.

— C'est ma chemise que tu portes ?

Je pousse un bref soupir, pourquoi suis-je encore surprise qu'un truc pareil m'arrive ?

— Je sais pas, à toi de me le dire, je l'ai trouvée dans la salle de bains près de l'escalier.

Owen me le confirme d'un sourire narquois, puis remet une mèche de mes cheveux en place avec une attention que je trouve légèrement déplacée, chose que je ne manque pas de lui signaler en dégageant sa main d'un geste brusque.

— Mmh, t'as meilleure mine qu'hier soir en tout cas, bien dormi sinon ? Me demande-t-il l'air de rien en baladant son regard dans la pièce comme pour éviter le mien.

Son attitude me laisse sceptique, je ne sais pas vraiment ce que je dois faire. Lui parler normalement comme si nous étions bons copains ne me semble pas cohérent, mais l'envoyer chier et reprendre mes distances comme j'en avais l'intention n'est pas très fair-play non plus, notamment après ce qui s'est passé hier. Ma tête est un vrai merdier ce matin.

— J'ai connu mieux. Je souffle alors pour trancher entre les deux options.

Owen hoche la tête, j'évoque par la suite le sujet qu'il voulait aborder au début, mais il le balaie d'un geste de la main et me regarde de travers.

— Octobre, va falloir que tu te mettes autre chose sur le dos.

— Pardon ?

— Ma chemise. J'en ai besoin.

Je le fixe, incrédule. Il masque un petit sourire mesquin, puis l'étincelle joueuse qui naît dans son regard suffit à m'indigner.

— Tu te fous de moi ? T'es as pas besoin là, maintenant, tout de suite ?!

Il fait mine de réfléchir, croise les bras, puis les décroise.

— Eh bien, si. Et puis, imagine si quelqu'un se lève et te voit avec, il pourrait se faire des idées.

Il aborde alors l'air arrogant du génie qui a réponse à tout. Et je ne lui trouve rien du gars sympa qui m'épaulait la veille.

— Owen, personne n'en aura rien à foutre, parce que personne ne le remarquera.

Il se tait. Plante son regard dans le mien, et j'ai beau savoir qu'en théorie mes arguments me donnent raison, le geste qu'il fait dans ma direction est maître.

— Octobre, ma chemise.

Il maintient sa main tendue et attend que je lui remette son dû. Je voudrais lui arracher le visage, mais la migraine que je me coltine depuis le réveil, m'incite à capituler. Je retire brusquement le bout de tissu que j'avais fièrement enfilé dans la salle de bains et le fourre en boule dans sa main.

— Et oublie pas d'aller te faire foutre. Je crache en l'incendiant du regard.

Il esquisse un sourire taquin, puis se tourne, remonte les marches, et me laisse seule, comme si vraiment, il n'était venu que pour me faire chier.

— Owen, pourquoi t'es venu ?!

Il fait un pas en arrière, fronce les sourcils, et sourit franchement avant de me répondre.

— Mmh, juste pour t'emmerder je crois bien.

Puis, il repart, et ses paroles restent. Je fulmine intérieurement, frustrée comme une enfant de ne pas réussir à comprendre son petit manège. Comme une solution miracle pour détendre mes nerfs, mon regard se pose sur un paquet de cigarettes. Je trottine jusqu'à la table basse, prends une clope et souris. Dehors, le vent souffle et me fait bien sentir que je suis en sous vêtements. Satané Owen, je me demande encore pourquoi j'ai cédé si facilement. J'allume ma cigarette et constate après quelques minutes, qu'il est finalement agréable d'être presque nue sous les premiers rayons du soleil. Les poils sur mes bras et mes cuisses se hérissent, un délicieux frisson me parcourt. Je fume et lâche avec la fumée, la plupart des soucis qui encombrent habituellement mon esprit.

Ma cigarette est finie, pourtant, je reste un moment dehors et savoure les sensations qui m'envahissent jusqu'à être tiraillée entre l'envie de rester et celle de me blottir au chaud sous une couverture. Ce désir me fait cependant chavirer. Quand je retourne au chalet, rien ni personne n'a bougé. Je gagne l'étage, plus en forme qu'à mon réveil et pose mon regard sur la porte derrière laquelle se trouve Aaron. Mon entretien avec lui sera pour plus tard, ma priorité étant de mettre la main sur des vêtements, peu importe lesquels. À ma plus grande déception, la chambre dans laquelle dort Jade est toujours fermée, ce qui m'amène devant la chambre d'Owen. Je l'ouvre, d'abord curieuse, et quand je le découvre endormi sur le lit, la chemise que je portais au sol, je vois rouge.

— Petit bâtard...

Je jubile à l'idée merveilleuse qui germe dans ma tête et fais de ce pas demi-tour pour rejoindre l'autre salle de bains. N'ayant pas de récipient à portée de main, je jette mon dévolu sur la poubelle, retire le sachet plastique qui contient quelques déchets, puis inspecte le bac en plastique qui semble parfait pour ma vengeance. Je le remplis d'eau jusqu'à la moitié, puis le cale contre mon torse et traverse le couloir pour retourner dans la chambre d'Owen. J'ouvre la porte, inspire profondément, souris en le voyant toujours sous les draps, puis soulève le bac à ma hauteur avant de m'approcher du lit à pas feutrés. Je parcours du regard le visage d'Owen posé sur l'oreiller comme un prince ténébreux dans l'oubli. Cette pensée m'arrache un soupire et au lieu de me dégonfler comme je l'envisage le temps d'une seconde, je m'empresse de lever haut les bras pour déverser toute l'eau sur lui. À partir de cette seconde, tout se passe très vite, et à la fois, très lentement. 

J'étouffe un rire quand il se redresse brusquement, son regard injecté de sang s'accroche au mien, j'y lis une confusion intense, comme si tout se mettait en place dans sa tête. Et quand il comprend, je suis déjà en train de m'enfuir, à la fois hilare et paniquée. Par contre, je n'avais pas envisagé qu'il puisse se lancer à ma poursuite. L'idée d'être traquée est loin de me plaire et plutôt que de foncer sans réfléchir, j'opte pour bifurquer dans la pièce sur ma gauche. Je claque la porte derrière moi, tourne immédiatement la clé dans la serrure et moins d'une seconde après, la poignée s'abaisse brusquement à deux reprises. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, l'adrénaline qui s'est subitement répandue dans mes veines m'enivre sauvagement. Un rire incontrôlé s'échappe de ma gorge, je me tourne pour faire face à la pièce, et ris tout de suite moins en croisant le regard d'Aaron. Cette fois, je l'ai sacrément bien réveillé, et la fille avec.

— Pour ma défense, la prochaine fois, fallait penser à fermer à clé, et maintenant que c'est le cas, ça va le rester un moment.

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