Lynch, bien que blessé et épuisé, vint se placer derrière Isy afin de la soutenir tandis que les changeants faisaient de même du côté de Nel. Mais, à ma grande surprise, Rem et Hector contournèrent ce dernier pour aller se placer de notre côté. Un éclat de douleur et de colère traversa son regard, lorsqu'il vit ses compagnons rejoindre notre camp. Sa prise se renforça sur la gourde qu'il tenait toujours en main. Signe qu'il ne comptait pas céder. La tension s'amplifia, rendant l'atmosphère, déjà lourde de l'orage récent, presque irrespirable.

— Nel, je sais que tu ne cherches qu'à protéger les tiens, mais là ce n'est pas la bonne solution, essayai-je de le raisonner même si je n'avais pas beaucoup d'espoir d'y parvenir. On ne vous veut aucun mal et nous sommes du même côté.

— Vous êtes peut-être tous des changeants, mais vous marchez avec Lovory. De plus, vous ne pouvez pas être certain à cent pour cent d'avoir raison. Si nous nous retrouvons sans eau potable dans cet environnement hostile, qu'allons-nous devenir ? J'ai du respect pour Oliver et je ne lui veux pas de mal, mais je ne sacrifierais pas non plus la survie des miens pour assurer la sienne.

— Nous sommes déjà venu ici, contrairement à vous, tenta à son tours Lynch. Si j'avais le moindre doute que tu aies raison, je te soutiendrai. Mais ce qu'Hayden vient d'affirmer est vrai. Est-ce que nous voulons sauver Oliver ? Bien sûr. Mais le ferions-nous au détriment de tout le groupe ? Non.

— Vous avez tous vécus des choses horribles et rien de ce que nous dirons ne changeras cet état de fait, enchaînai-je aussitôt sentant que nous étions sur la bonne voie. Je conçois parfaitement que vous ayez du mal à faire confiance...mais vous pouvez nous l'accorder sans crainte. Ce que je fais pour Oliver, je le ferais sans aucune hésitation pour chacun d'entre vous, alors...laisse-moi le soigner.

Durant un instant tendu, rien ne transparut sur son visage ou dans son attitude, indiquant le tour que risquait de prendre cette confrontation. Puis, il desserra lentement la main, avant de tendre la gourde à Isy d'un geste un peu réticent. Même si personne ne prononça un son, le soulagement fut palpable et la tension retomba d'un cran. Coïncidence étrange, le soleil choisit ce moment précis pour percer les nuages et nimber d'une lueur chaleureuse notre sommaire refuge. Une fois la gourde en main je ne perdis pas une seconde et commençai à nettoyer les plaies d'Oliver, toujours étendu inconscient sur le sol de pierre, Isy à ses côtés.

— C'est grave ? me demanda-t-elle d'une voix triste et presque résignée.

— Ses brûlures sont nombreuses mais superficielles, Bien nettoyées elles guériront sans problème.

— Pourquoi ne se réveille-t-il pas alors ?

— Je ne sais pas encore.

— Je pense qu'il s'est cogné la tête en tombant, me dit lynch en nous rejoignant. Quand je l'ai trouvé, il gisait déjà sans connaissance, sa tête non loin d'une grosse pierre. Il n'y avait pas de sang sur cette dernière, mais comme il pleuvait, ça ne veut rien dire.

Alarmée par ce que je venais d'apprendre, je m'empressai d'examiner de plus près le crâne d'Oliver et ne tardai pas à trouver ce que je cherchais. Un hématome assez impressionnant non loin de la tempe droite, à la lisière de ses cheveux.

— Effectivement ! sifflai-je entre mes dents. Ce n'est pas passé loin. Mais la zone critique n'est pas touché et il n'y a pas de sang, c'est bon signe m'empressai-je d'ajouter pour rassurer Isy.

— Pourtant tu ne le portais pas tout à l'heure quand vous êtes arrivés, il marchait...

— Oui, c'est aussi pour cela que c'est très bon signe. Laisse juste le temps à son corps de récupérer et il va se réveiller, lui assurai-je avec un sourire rassurant en me levant. À toi maintenant, dis-je à Lynch en levant le flacon de désinfectant sous son nez.

— J'ai pas besoin de ça, ça va aller, me répondit-il en s'éloignant, se risquant même à l'extérieur.

Il ne pleuvait plus et malgré l'assurance que j'avais exprimée devant Nel, j'eus un instant d'hésitation avant de le suivre. Je finis néanmoins par le rejoindre, à quelques mètres sur la gauche, où il était en train de s'assoir sur un rocher lisse encore humide de pluie.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je donne un répit à mes pauvres jambes fatiguées tout en prouvant ce que nous venons d'affirmer, m'expliqua-t-il en m'indiquant d'un petit signe de tête que nous étions observés.

— Tu crois vraiment que tremper ton pantalon pour cela était utile ?

— Oui, s'esclaffa-t-il brièvement. Avec cette chaleur, il ne le restera pas longtemps de toute façon ! Ca va les rassurer, sans compter que j'avais besoin de nous éloigner, ajouta-t-il un ton plus bas.

Allons bon ! Quel désastre nous pendait encore au nez, me dis-je en lui faisant signe de tendre sa main pour que je puisse le soigner.

— Un nouveau problème ?

— Nouveau non, mais de plus en plus préoccupant. Il est déjà plus de trois heures de l'après-midi et je peux t'affirmer, pour avoir crapahuté dans le coin avec Oliver, qu'il n'y a pas un abri sûr dans un rayon d'au moins deux kilomètres.

— Nous arriverons sans problème à couvrir au minimum le double de cette distance avant la nuit.

— Avec Oliver inconscient ? Non. Pour avoir ne serait-ce qu'une infime chance de pouvoir revenir ici nous abriter si nous ne trouvons rien plus en amont, il faudrait que nous partions tout de suite. Ce qui, en l'état actuel des choses, est impossible.

— Pourquoi ne pas rester là cette nuit dans ce cas ?

— Tu as bien conscience que cet abri de fortune ne les arrêtera pas s'ils reviennent ? Laisse Hayden, je peux le faire moi-même, me dit-il d'une voix lasse et anxieuse en tentant de me prendre la gourde des mains.

— Arrête de faire l'enfant, ce sera plus rapide si c'est moi qui m'en charge, insistai-je avec raison.

À ma grande surprise, il capitula sans discuter, me laissant examiner chaque centimètre carré de peau découverte, sans broncher...il paraissait exténué, plus que de raison à bien y réfléchir, ce qui m'inquiéta.

— Tu as l'air claqué, commentai-je l'air de rien en continuant mon inspection méticuleuse.

— Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, Oliver n'a rien d'un poids plume !

— Tu veux dire que tu l'as porté !

— Sur presque la moitié du chemin, avant que mon corps ne refuse tout effort supplémentaire. Heureusement qu'il a repris juste assez conscience pour terminer le chemin, sinon...

Je le contemplai, interloquée et impressionnée à la fois. C'était un geste courageux et altruiste qui ne m'aurait pas étonné une seconde de la part de Connors, mais venant de Lynch j'étais...troublée.

— Tu es fou Gabe, vous auriez pu y rester tous les deux.

— Comment viens-tu de m'appeler ?

— Quelle importance ? lui rétorquai-je du tac-au-tac, trop consciente de l'intensité de son regard et de son changement de ton.

— C'est la première fois que tu m'appelles par mon prénom. Que me vaut cet honneur trop rare ?

— Rien...je ne sais pas...c'est juste que...

— Tu as un petit faible pour les héros ? Ou tu viens de réaliser que tu tenais un tout petit peu à moi ?

— Bien sûr que je tiens à toi, comme à tous les autres membres de notre groupe. Ne va pas te faire des idées ! m'empressai-je de lui sortir gênée, sentant déjà le rouge me monter au visage.

— Ha, ha, s'esclaffa-t-il en se relevant. Ne t'inquiète pas, je serais sage, me souffla-t-il en effleurant volontairement ma nuque de sa main.

Ce simple contact fugace, provoqua de doux frissons sur ma peau, que je choisis sagement d'ignorer. Préférant me concentrer sur notre urgence actuelle.

— Il faut qu'on se sépare...il n'y a pas d'autre choix, lui sortis-je en m'éloignant de lui de quelques pas. S'ils se regroupent dans le fond, la caverne sera assez grande pour dissimuler efficacement trois ou quatre personnes. On laisse les moins endurants ici et nous, on avance.

— Le changement de sujet est...brutal, mais l'idée est bonne, me répondit-il avec un petit sourire ironique. Reste à savoir encore une fois qui emmener et qui laisser ici ? 

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Psst..."Virgin Territory" est...     #2ème du classement général Science Fiction !!*o*!! 

Rooh...un grand, un immense merci à vous tous pour vos lectures, votes et coms sur cette histoire <3 

Je vous adore <3 <3 <3