Alexia est urgentiste. C'est une vocation, la destinée d'une vie, blablabla, et tout le baratin que baratine son père aux amis et voisins depuis dix ans. 

Alexia est urgentiste, et en ce moment, ça n'est pas de tout repos, encore pire qu'habituellement ( oui, parce que les gens ont attendu la pandémie mondiale pour se rendre compte que les urgentistes sauvaient des vies tous les jours, alors que ça a toujours le cas. Son boulot est épuisant même quand il n'y a pas de virus qui décime la population.) 

Le truc, c'est que son mari aussi a le même stupide boulot. Franchement, quelle idée. Alors Peter et elle passent en ce moment tout leur temps avec des malades, ils respirent le virus à pleins poumons, et c'est un peu devenu toute leur vie. Le truc, c'est que avant, ça n'était pas le cas. Malgré leur métier prenant, ils parvenaient à avoir une vie assez active, des amis, du temps pour se disputer puis pour s'aimer. Maintenant, ils n'ont même plus de temps - et encore moins d'énergie - pour se disputer et certainement plus le temps de s'aimer. C'était à peine s'ils ont le temps de se parler, ou même de se croiser. 

Vivement que ça se termine.

 Et puis, en plus de tout ça, il y a le bébé. Lou a à peine un an et c'est un beau bébé tout doux avec des jolies joues. La voisine, très gentille, s'est immédiatement proposée dès le début de la maladie pour garder Loulou, et même pour faire les courses, pour cuisiner pour eux, etc. Et c'est vraiment gentille de sa part, en effet. Sauf que ça n'est pas ce que Alexia veut du tout. 

Alexia est donc urgentiste depuis dix ans ; ce qui fait quand même un petit moment déjà. Au travail, elle a vu défilé des horreurs, et lesdites horreurs n'ont pas attendu le Covid-19. Maintenant, oui, c'est pire. Tellement pire que sur Internet des cellules psychologiques à distance sont installées pour aider les gens comme elle et Peter à tenir. Mais au milieu des horreurs, tout ce que Alexia parvient à penser c'est qu'elle risque de rater les premiers pas de son petit bébé.