Chapitre 15, partie 2
Abigaël est dans là, nue sous une serviette d'un blanc éclatant, les cheveux encore mouillés. Elle relève le nez jusqu'à la sorcière, fronçant un sourcil en une question muette. Avant même que Faith ne puisse glisse le moindre mot, elle attrape une paire de ciseaux, qu'elle braque sur la nouvelle venue.
Les yeux de l'Irlandaise ne s'encombrent pourtant d'aucune peur. Ils glissent sur le corps musclé de la chasseuse, sur les cicatrices qui décorent sa peau blanche de rose. Son histoire s'inscrit sur ce morceau de chair, des marques de crocs jusqu'à celles de coups.
Faith referme la porte derrière elle, jetant un regard au couloir trop sombre. Abigaël continue à la fixer, lui demandant des yeux ce qui l'appelle dans sa chambre.
— Je suis désolée, réponds la sorcière, Désolée de t'avoir amené ici...
— T'es qui ? Et qu'est-ce que tu fous dans ma chambre ? demande froidement Abigaël, son arme de fortune dressée devant elle.
— Faith... Je m'appelle Faith. C'est à cause de moi que tu es là... Je... Je t'ai vu avec le vampire et après ton accident, je t'ai transporté jusqu'au manoir... Ils te voulaient et je...
Les yeux de la chasseuse s'ouvrent plus grands, empli de rage et de hargne. Faith ne lui laisse pas le temps de bondir. Abigaël a beau avoir toutes les raisons du monde de lui en vouloir, la sorcière lui a sauvé la vie.
Et sauvé la sienne en même temps.
— Je suis désolée d'arriver comme ça mais j'ai besoin de toi Abigaël. J'ai besoin de ta puissance de chasseuse pour sortir d'ici et surtout pour faire sortir Shiloh de sa geôle.
La voix de Faith s'étrangle un instant, alors qu'elle déglutit.
— Je... J'ai des pouvoirs qui peuvent te donner une puissance que tu n'imagines même pas. J'ai besoin de toi Abigaël. Je peux pas sortir d'ici toute seule.
Le regard de la sorcière se fait suppliant alors qu'elle se sait parfaitement à la merci des réactions de la chasseuse. Si cette dernière attaque, elle ne pourra pas la bloquer, pas même l'éviter.
L'autre la fixe, surprise qu'elle ose venir et avouer être à l'origine de ses tourments. Plus surprise encore qu'elle se permette de lui demander quelque chose après l'avoir jeté dans les ténèbres.
— Je ne peux pas faire de miracle. Tu ne battras pas Salazar en combat singulier. Mais.. il dort dès que le soleil se lève et tu pourras te débarrasser d'Eve facilement.
Abigaël l'écoute, sans prononcer le moindre mot, inquiétant d'avantage la sorcière qui sent ses mains devenir moites. Faith implore des yeux, tout son corps tendu par la peur et l'appréhension.
— Je t'en supplie Abigäel.
— Alors c'est toi, la sorcière de Shiloh, se contente de répondre la chasseuse.
Elle se met en marche, sans attendre la réponse de la sorcière. Abigaël s'approche de la seule armoire de la pièce, déposant son arme improvisée avant d'ouvrir les portes en bois massif. Des tenues de soirée plus éblouissantes les unes que les autres apparaissent devant les yeux de Faith. Elle a déjà vu Eve les porter alors que les vampire s'amusaient de galas sanglants et côtoyaient la haute société.
— Il m'a parlé de toi enfin... de vous, ajoute La chasseuse. T'as de la chance de l'avoir tu sais. Il est dingue de toi. En revanche lui, j'ai pas l'impression qu'il a beaucoup de chance de t'avoir toi. Je suppose que c'est aussi de ta faute s'il est ici ?
Faith baisse les yeux, coupable. Elle a entraîné Shiloz dans sa chute, comme Lucifer avait entraîné les anges.
— Eve sera peut-être affaiblie par la lueur du soleil mais ça s'ra certainement plus compliqué que ça...
Tout en parlant, Abigaël laisse tomber sa serviette, se retrouvant totalement nue, attrapant sa nouvelle tenue. Le regard de Faith se porte immédiatement sur son dos, sur les immenses cicatrices qui le transpercent de part en part. La chasseuse a vécu l'horreur et Faith ne parvient pas à détourner ses yeux des marques, anciennes et nouvelles, qui la défigurent
— A moins que... lance soudainement Abigaël après avoir enfilé une robe ancienne.
Elle se tourne afin de porter son attention sur la sorcière qui la regarde, intriguée.
— Même avec l'aide de tes pouvoirs, je ne pense pas pouvoir vaincre Eve. J'ai des compétences mais je suis qu'une simple mortelle... Sauf si je remédie à ça...
Faith soulève un sourcil interrogatif. Jamais Eve ou Salazar n'accepteraient de transformer la jeune femme, leurs sangs bien trop précieux pour leurs esprits orgueilleux.
— Tu peux récupérer mon arbalète et me trouver une arme solide ?.
— Eve ne va pas tarder, réponds Faith. Je ne peux rien faire aujourd'hui si ce n'est récupérer tes armes. La nuit va rapidement tomber mais je t'apporte tout ce dont tu as besoin aux premières lueurs de l'aube.
Le regard d'Abigaël s'emplit d'une détermination sauvage alors qu'un rictus carnassier ourle ses lèvres.
— Allez file petite sorcière. Et ne te fait pas attraper, j'te pardonnerais pas de m'abandonner après m'avoir jeté dans la gueule de ce fils de pute.
— A demain Abigaël. Bonne chance pour ton dîner et ne te laisse pas embobiner par les paroles de Salazar. Elles sont remplies de poison.
La chasseuse laisse échapper un reniflement dédaigneux avant de lui indiquer la porte.
Faith retourne dans le couloir sans demander son reste. Elle doit récupérer les choses que lui a demandé la chasseuse. Puis rentrer chez elle, ensorceler des pieux. Si le bois dans le cœur d'un vampire est mortel, les sorcières ont depuis longtemps inventés des sorts qui rendent plus dangereux encore les armes des chasseurs. Depuis la nuit des temps, les deux espèces ont toujours chassé ensemble. Faith ne fait que remettre au goût du jour des traditions qu'elle avait perdues en quittant l'Irlande.
Elle se glisse dans les couloirs, guettant le moindre bruit. Des éclats de voix la font se tapir derrière une porte. Salazar passe devant elle, en compagnie d'une Eve ivre de colère. Faith ne les voit pas mais elle les imagine très bien. Lui, avec un costume flamboyant, une rose dans la poche de sa veste, ses traits taillés à la serpe ennuyés. Et elle, dans une robe de soirée aussi noire que ses longs cheveux, surement remontés en un chignon strict. Faith tente de ralentir les battements de son cœur alors que les vampires passent devant la pièce où elle s'est cachée. Trop occupé dans leur discussion, tournant autour d'un certain Cadavrius, les deux immortels ne la sentent pas et rapidement le son de leur voix disparaît.
La sorcière souffle avant de sortir. Elle aimerait avoir recourt à son corps astral qui la préserve du moindre danger mais elle ne peut rien porter ainsi immatérielle. Faith frissonne, peu habituer à prendre de véritables dangers. La peur glisse en elle, tentant de paralyser la moindre de ses terminaisons nerveuses. Mais l'adrénaline gonfle également son cœur et la certitude de se battre enfin pour une cause juste l'entraine à avancer.
Elle fouine, de longues minutes qui s'égrainent en heures, dans les pièces trop nombreuses du manoir. Où par tous les dieux, Salazar aurait pu cacher l'arbalète d'une chasseuse ?
Faith réfléchit tout en recherchant avant d'enfin avoir une idée. Un vampire comme Salazar n'a pas acheté ce lieu seulement pour ses sous terrains morbides. Il a des choses à cacher et, comme tous les gens comme lui, doit certainement avoir des nombreuses pièces invisibles et portes dérobées.
La sorcière a vu assez de film pour s'en inspirer. Les objets les plus importants du vampire doivent être dans un lieu qu'il ne quitte jamais et affectionne plus que tout.
Elle se glisse ainsi jusqu'à la bibliothèque, aussi silencieuse qu'une ombre. Il y a surement une porte secrète, un livre qui actionne un mécanisme ou même un sort faisant disparaître la pièce. Elle en appelle à sa magie, se laissant guider par l'émeraude. Ses pouvoirs s'étendent sur le sol, comme une traînée visqueuse ne laissant aucune marque derrière elle. Ils rampent jusqu'aux étagères et s'enroulent autour d'un livre.
Bingo !
Elle en sautillerait de joie si elle n'avait autant peur. Mais elle a vu juste.
Elle s'approche, rappelant la magie jusqu'à ses paumes. Le mécanisme est simple et la sorcière l'actionne, faisant tourner une porte.
Des dizaines de bocaux apparaissaient devant ses yeux, remplis de choses dont Faith ne veut même imaginer la nature. Le cuir du sorcier qu'elle avait vu être dépecé sèche sur un chevalet de tannage et un frison remonte le long du dos de la jeune femme. Il règne ici une odeur désagréable, qui vient chatouiller ses narines. Un mélange poussière et de moisit. Certaines choses ici sont là depuis bien trop longtemps.
Faith ramasse rapidement l'arbalète et ses munitions, prenant soin de ne toucher à aucuns autres objets. Elle les glisse alors dans son dos avant de déguerpir sans demander son reste.
Les deux immortels sont toujours loin lorsqu'elle descend l'escalier principal, le son de ses pas assourdit par la moquette. Elle retient son souffle, tente de ne pas faire grincer le loquet de la porte avant d'enfin être éblouie par le soleil.
Elle ne se retourne pas, ne perds pas une seconde avant de refermer le panneau de bois et elle quitte le manoir, presque trop facilement.
Eve et Salazar ne sont pas assez prudents, certains de leur suprématie. Leur place de princes existe, Faith l'a appris à travers les registres des sorcières. Mais ils sont bien trop confiants en l'imprenabilité de leur manoir.
Arrivée sur la plage, hors de vue de la vieille bâtisse, elle serre un peu plus les minutions contre son cœur. Les carreaux, si différents de ceux qu'elle a autrefois pu voir, agresse la peau sensible de ses doigts. Une écharde s'enfonce dans la pulpe de son pouce alors qu'elle en observe le piquant. Ils ressemblent à de minuscules pieuses. Fait pour tuer des vampires là où tout autre métal aurait échoué.
Faith sourit alors, certaine qu'avec l'aide d'Abigaël, elle va parvenir à sortir Shiloh d'ici. Pour gagner, enfin, sa liberté.
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