Chapitre 7: Le choix
Je regarde les tas d'or dans le sac avant de l'enterrer à l'aide de mon glaive. Beaucoup d'or que j'ai volé à Papa en pensant que nous allions partir moi et Omac, avant qu'ils ne confirment le départ pour ce royaume lointain. J'avais les pièces sur moi et il ne pouvait plus se dérober sans attirer l'attention sur moi et ce que j'avais volé, donc il s'est contenté de se fondre parmi les soldats. Sûrement pour écouter un discours censé les rassurer, leurs donner une raison, une motivation pour faire couler leurs sangs en terre étrangère. Discours qu'il a sûrement dû répéter à ses propres hommes.
J'ai quand même gardé l'or sous ma toge malgré sa lourdeur, même plus que celle de mon petit ventre qui ne se montre heureusement toujours pas à l'extérieur. De toutes les façons les l'épaisseur et la largeur des toges ont sauvé de nombreuses femmes dans mon état. Mais cela ne dure pas. Papa n'avait même pas remarqué cela, pas plus que l'argent qui lui manque.
Il peut tout acheter mais pas rembourser la mort d'Aquilinus. Nous sommes peut-être une autre de ses malédictions, et ce bébé la rétribution du fils qu'il a tué. Grâce à mes lectures brèves car barbantes sur les plantes j'ai appris comment me nourrir en cueillant diverses choses mais je vais totalement éviter les champignons car j'ai survolé cette partie.
Après des jours à macher des baies et des feuilles, tout en ignorant les envies me poussant presque à pleurer, je m'enroule les cheveux d'un morceau de ma toge pour les cacher, et me munit du petit morceau de tissu déchiré que j'ai attaché pour y mettre mes pièces.
Je paye le conducteur et lui demande de me faire la monnaie en échange de plus de pièces sous les râlements des autres auquel il répond en me faisant un clin d'œil. Malgré ma paranoïa personne n'a remarqué ma présence. Le temps toujours gris a dû aider. Même le soleil est contrarié, mais j'esquisse un sourire en voyant les nombreux fruits, dont ceux pour lesquels j'étais sur le point de me laisser tuer par mon père pour en avoir.
Grâce à mon stratagème, je n'ai pas eu à supporter trop longtemps les séducteurs refusant de croire que j'étais une esclave en guise de compliment je suppose, ou les âmes vraiment charitables essayant de porter mes nombreuses affaires, dès que j'étais dans la rue trop longtemps. Avant la fin de la nuit on m'a déposé à la limite de la ville. Après m'être dirigée dans une zone morte d'une rue, pour prétendre rentrer quelque part, j'ai attendu un moment pour m'approcher de la forêt. J'ai sifflé comme Omac me l'avait appris un jour et en quelques minutes Divo arriva.
Aujourd'hui parmi mes pensées, seules choses me restant, et me mangeant l'esprit j'ai pensé à aller vivre dans une insulae. Il y a dans les 3 ou 5 étages dedans de ce que j'ai entendu, on doit sûrement être espacés entre habitations, et je pourrais passer pour une veuve...non mes cheveux roux me distingueront et les gens aiment tellement parler. À mon dernier passage ils parlaient toujours d'Omac et moi, même si officiellement c'est interdit de colporter des mensonges sans qu'il n'y ai de preuves de ce que j'entends, le Sénat essayant de limiter les dégâts. J'avais tellement envie de caresser mon ventre pour nous réconforter mais j'étais en pleine rue.
Ce matin je n'en peux vraiment plus de me parler à moi même ou tourmenter mon joyau ou Divo avec des questions à propos de ce rêve. Questions dont ils n'ont pas la capacité de répondre dans tous les sens. Je me décide à aller voir la seule personne qui me parlera sans en subir les conséquences et qui j'espère ne m'en fera pas subir les conséquences me menant à la mort. J'ai vraiment peur pour mon petit joyau mais je ne peux pas devenir folle non plus. J'ai aussi tellement peur pour Omac.
Je donne une offrande plus petite que celles des autres fois mais je ne peux attirer l'attention, on me comprendra. J'entre et m'approche du feu censé ne jamais s'éteindre. Au lieu de la prêtresse censée y veiller l'oracle me surprend avec sa voix aussi fluide que le feu mais en obscur:
-Cela faisait longtemps Indra
J'inspire et lui fait face avant de demander:
-Vous êtes là pour me tuer?
L'oracle répond:
-Serais-tu venue si tu le pensais? De plus tu serai déjà morte, mais pire, tu as oublié que l'on ne fait pas couler le sang dans un temple
J'hoche la tête et répond:
-Je ne savais pas ce qui allait m'arriver, mon père veut ma mort
L'oracle me dit:
-Je ne me mêle pas aux affaires de cette cité mais il est bien venu
Je supplie l'oracle:
-Dites m'en plus s'il-vous-plaît, je ferai une meilleure offrande, je ne pouvais juste pas être reconnue
L'oracle rit doucement ce qui m'énerve. Il reprend:
-Tu essaies d'acheter un oracle dans un temple? Tu as vraiment une estime de moi assez basse
Je réponds honteuse:
-Excusez-moi, mais c'est dur
L'oracle répond:
-Tu pourrais retourner sur tes pas mais le choix t'appartient...pour tout
Je lui demande surprise:
-Vous savez? Pour mon rêve?
L'oracle répond vaguement:
-Je sais que tu en a eu un, tu as le choix de m'en parler ou pas
Je réponds:
-J'ai versé du sang dans du feu et il n'a pas été troublé, mais quand j'ai versé du vin cela l'a fait monter et fortifié...et j'ai eu cette impression que l'on a quand on est indécis. Qu'est-ce que cela veut dire?
L'oracle dit:
-C'est sur ton amant, l'autre tâché...
J'inspire soudainement tremblante. L'oracle semble réfléchir, hésiter donc je lui dis frustrée:
-Vous allez m'expliquer ou non?
Il répond:
-Je ne sais pas si tu es prête à l'entendre, si c'est le moment
Je réplique:
-Je suis là non?
L'oracle inspire et me dit:
-Le vin décuplera sa force, ils gagneront grâce à lui et on se souviendra de lui jusqu'à la fin des temps. Mais il mourra de ses blessures peu après la victoire.
Je contracte ma mâchoire et commence à respirer anormalement en entendant ça, l'oracle continue:
-Avec le sang ils perdront, beaucoup d'hommes mourront mais Omac reviendra vivant. Malheureusement il trouvera un désastre, une cité détruite. Il ne restera que toi, des cendres et des ruines.
J'essaie de respirer plus lentement et de m'arrêter de trembler, mais c'est le moment que l'oracle choisit pour me mettre une coupe dans chaque main avant de me dire:
-Tu les reconnaitra à l'odeur si ce n'est la vue ou la texture, dans le pire des cas ton esprit en fera le liquide que tu veux déverser. Tu ne peux te tromper, échapper à ton choix
Je serre les coupes tremblantes et me rend compte que la gardienne du feu n'est pas revenue. Elle nous a laissé la garde de son précieux feu. Elle sera tuée s'il meurt. Mais peu importe ma décision cela n'arrivera pas, cela n'importe même plus. Je regarde l'oracle et lui dis:
-Cela ne vous importe peu, n'est-ce pas?
L'oracle répond:
-Ce qui doit arriver est déjà écrit
Je lui demande:
-Vous avez indirectement dit que mon père pouvait me reprendre, que se passera-t-il si je laisse tout cela et retourne tenter ma chance chez mon père?
L'oracle répond:
-Alors il n'y aura plus de choix, il risque de ne pas revenir tout comme la cité disparaître ou l'inverse, ou toutes les combinaisons possibles. Nous n'aurons plus cette rare occasion d'avoir le choix
Mais quel genre de présent ces choix sont? Je devrais taire mes pensées avant que de pires choses arrivent. J'inspire et cherche un autre moyen de m'en sortir en demandant:
-Et si je verse les deux?
L'oracle me demande:
-Tu n'en a pas rêvé?
Je réponds:
-Juste des nuages noirs
L'oracle explique:
-L'obscurité nous entourera
Je demande:
-Qu'est-ce que cela veut dire?
L'oracle me dit:
-Je n'ai pas de réponse à tout, et je ne veux pas avoir la réponse à cette vision là
J'hoche la tête. Quand je verse le liquide mon cœur cogne comme s'il voulait éclater mes os et les larmes inondent mon visage.
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