Chapitre 6: 3

Puis vint ce jour qui s'annonce maudit, dès que je l'ai su je n'ai même pas pris une de ces trop lentes calèches mais carrément un cheval pour me rendre au port. Au milieu des pleurs de centaines de familles je cherche Omac du regard et me met à pleurer aussi. Je pleure à cause du fait que je cherche un homme parmis les centaines qui devaient partir, et j'avais de la chance que ce ne soit pas plus de soldats. En courant je me mets à crier son nom jusqu'à tousser, faisant se retourner certaines personnes, ce qui à ma chance les poussèrent à me diriger vers Omac. Dès que je le vois il me fixe surpris. Sans même y penser je lui donne une gifle avant de crier:
-Je m'en fous de nôtre règle! Je te frapperais encore plus si je le pouvais.

Comme je l'avais prévu à peine secoué Omac se contente de me fixer confus et je dis la voix baissée par les larmes qui montent:
-Tu allais partir comme ça? Tu t'en fiches de moi?

Il regarde sur le côté et soupire assez fort, et pendant une seconde je le vois bien dire à un de ces foutus hommes de me traîner loin. Mais au lieu de cela il me regarde désolé et dit:
-Je voulais t'épargner ça...non je mens. Je voulais m'épargner ça. Je ne suis qu'une ordure, mais je me sentais tout aussi mal, mais c'était trop tard pour aller te chercher et Papa aurait refusé de toutes les façons

Je fronce les sourcils confuse mais il me ramène à lui et je le serre le plus possible, le plus dont je suis capable. Omac me dit:
-Papa est parti, il ne pouvait pas...il est juste parti, il avait raison. Rien ne serait arrivé si j'avais rejoint le Sénat, mais il ne me l'a même pas dit. Il était trop triste pour les reproches, triste comme toi. Je suis désolé, putain, je suis tellement désolé de t'avoir laissé m'aimer pour que cela finisse comme cela

Je lui dis sérieusement:
-Ne t'excuse plus jamais pour ça

Il se contente de me fixer en respirant profondément les yeux brillants. Les larmes me reviennent et j'inspire plusieurs fois pour lui dire:
-Tu ne peux pas me laisser

Il essuie mes larmes et dit:
-Je n'ai pas le choix Indra, je te le jure

Je prends sa main et tremblante à l'idée des conséquences de mon geste je la pose sur mon ventre avant de lui dire doucement:
-Tu veux l'abandonner aussi, nôtre bébé?

Au lieu d'enlever sa main comme j'avais peur qu'il le fasse il la laisse un moment puis la passe autour de ma taille et son sourire allège un peu mon cœur. Il me révèle:
-Je le savais, je l'avais deviné il y a un moment

Je ris au milieu de mes larmes et il ajoute:
-Tu ne t'es pas demandé pourquoi je t'importunais encore plus dernièrement? J'étais trop heureux, je le suis toujours. Tu as enfin voulu me le dire même si c'est dans ces circonstances...

Je réponds tout de même avec les pensées que j'ai eu tous ces mois:
-Tu n'es vraiment pas en colère? Je ne l'ai pas fait exprès. J'ai oubl...

Il attrape mon visage et me dit plus sérieusement:
-J'étais tellement heureux, pas en colère. C'est nous deux qui vis en toi et je vais rester en vie pour vous. Mais si je ne pars pas avec eux je serai exécuté, surtout moi. Tu comprends?

J'hoche la tête et lui dis:
-Pardon, j'agis comme un enfant qui refuse d'écouter. Mais je ne le supporterai pas si tu meurs

Il met son front contre le mien et me dit:
-Je reviendrais, tu es celle qui va devoir survivre maintenant que tout le monde saura, mais tu auras l'aide de P...

Je le coupe:
-Papa va me tuer, littéralement

Omac l'air confus et sûrement dans le déni, fronçant ses sourcils contrastant avec sa peau couleur nacrée, me dit:
-Non

Je lui rappelle:
-Il a tué son propre fils, il va peut-être...

J'inspire fort pour ne pas me remettre à pleurer et continue:
-...perdre son autre fils, il n'a plus rien à perdre que je vive ou que je meure, au contraire ce sera juste un scandale réglé

Omac m'informe:
-Il le savait, il nous avait vu nous embrasser il n'y a pas si longtemps. Il n'est pas en colère

Je réplique:
-Contre toi, mais il mettra fin à sa descendance avec moi

Omac me dit confus:
-Ne dis pas cela

Il me tient contre lui et dit dans mon oreille:
-S'il-te-plaît sois là quand je reviendrais, jure-le

Je réponds:
-Oui si toi aussi, reviens. Je ne peux pas...je pourrais pas

Je le serre pendant qu'il me dit:
-Ne pleures pas

Je me suis accrochée à lui aussi longtemps que j'ai pu et me suis efforcée de sourire en m'éloignant, avant de monter sur le cheval aussi furieuse que dévastée, sous certains regards. La majorité étant concentrée sur leurs familles. Comme celle que j'aurais pu avoir dans un monde parfait. J'arrive devant ce que je ne peux plus appeler chez moi ne sachant pas vraiment ce que je fais. Je fais confiance à mon père, qu'il ne me tue pas ou je décide d'être sûre de survivre. Je ne sais pas moi-même ce que je veux. Mais le choix ne m'appartient plus quand Fira l'esclave qui m'avait pratiquement élevé jusqu'à mes trois ans apparaît et me dit craintive:
-Que se passe-t-il Indra? Votre père parle de scandale et de vôtre trahison mais le pire est le glaive qu'il a pris, pitié cachez-vous au cas où. Il semble avoir perdu la tête.

Je pourrais fuir ou en finir avec tout ça, mais j'ai juré à Omac.
Je dis à Fira:
-Merci de m'avoir sauvé la vie, maintenant sauve la tienne, fais attention. Au pire si on te demande tu m'as juste vu passer à cheval

Je n'attends pas sa réponse et me dirige vers l'endroit où je ne risque pas la mort, le couvent, ou le meurtre de mon bébé sûrement avec moi dans le processus. Je m'exile moi-même dans la forêt dense bordant la ville. Après nous avoir vus mais, surtout à cause de mon geste d'idiote désespérée au port, dès demain les questions se seront sûrement répandues, et les mensonges y répondant le jour d'après. Je ne regrette rien et je ne compte pas le prétendre pour atténuer une de leurs sentences. Je veux rester en vie, pas comme Caecilius. Ce prénom souvent associé à la faiblesse que Papa a utilisé pour mentionner mon frère. Je ne devrais pas penser à mon frère négativement comme ça. Ma mère et et moi l'avons renommé Aquilinus en secret, elle m'a dit qu'il était blond. Mon sourire s'évanouit au souvenir du bruit des pierres grises que je martelais il n'y a pas si longtemps. Grises comme le ciel aussi incertain que l'avenir des soldats, d'Omac.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top