Chapitre 1: Omac

Je regarde le feu qui ne s'arrête jamais de brûler quand l'oracle me dit:
-Si tu tombes amoureuse cette année, tu causeras la perte de la cité

Sachant très bien que cela a de minces chances d'arriver je demande espièglement après avoir secoué mes boucles rousses avec un sourire:
-Pourquoi vous ne me tuez pas alors?

L'oracle sourit et répond:
-Ce n'est pas à moi de décider

Je rentre chez moi en passant devant les mosaïques au mur dont ma préférée, celle d'un citronnier, pour me rendre dans le jardin où je cueille une tomate comme je ne suis pas censée le faire. Je regarde son rouge plaisant avant de la laver. En la coupant je manque de blesser mon doigt en entendant soudainement la voix d'Omac mélangée à celle de ses amis tout aussi stupides. Je pense qu'ils vont investir la maison mais heureusement ils se dirigent vers sa chambre. C'est pas normal, je sais pas, j'ai pas trop suivi ses passages aussi. Je sais juste qu'il passe beaucoup de temps à l'armée.

J'ai eu un frère, un vrai. Il est mort avant moi parce qu'à sa naissance quand on l'a posé aux pieds de mon père comme on le faisait souvent il l'a estimé trop faible et on l'a laissé dans la forêt pour mourir. Depuis comme une malédiction, il n'a eu aucun fils né vivant et c'est pareil pour les filles. Sauf moi. Je suis la seule véritable personne partageant le même sang que mon père.

À part cela il y a Omac, avec sa peau aussi pale qu'un nuage. Il a des yeux noirs très étroits avec cette forme particulière que je n'ai vu nulle part d'autre dans ma vie. Mais les vendeurs d'esclaves ont dit à mon père avant de le prendre à sa mère à 10 ans qu'il venait de l'Est. Papa l'a adopté parce qu'il n'avait pas de fils, mais on a toujours été élevés à part et appris à s'ignorer. Parce que je suis la fille, je suis la vraie mais je suis censée être située sous lui dans la hiérarchie et j'ai jamais pu le supporter. C'est peut-être cela qui est à l'origine de cette scission en fait. On a juste échangé de courtes conversations cordiales.

Des fois quand il est là, je l'attrape en train de me regarder mais cela veut dire que je le regarde aussi. C'est problématique. Peut-être que j'aurais pû dire cela à Maman pour régler ça, même si elle aimait beaucoup trop Omac pour le réprimander à mon goût, si elle en avait décidé. Elle aurait pu faire quelque chose, n'importe quoi j'en serai reconnaissante du moment qu'elle soit là. J'avais seize ans, cela fait déjà quatre ans.

Aujourd'hui c'était le dernier jour d'entraînement ou je ne sais pas quoi sur son grade pour Omac, de toutes les façons il n'est jamais là ces dernières années. Donc mon père a organisé un dîner, ce qui explique l'odeur que je sens d'ici. J'espère que Papa n'a pas décidé d'étaler sa fierté et d'inviter les "faux" comme on les a secrètement renommés. C'est toujours un risque à prendre pour nôtre réputation d'offenser les autres membres de l'assemblée.

Je finis ma tomate et après avoir quitté le jardin, ne pouvant pas me réfugier dans la cuisine, je prends mon livre et une chaise. Ses quatre pieds touchent calmement la terre sous l'herbe quand je sursaute en entendant la voix grave contrastant avec les lèvres d'Omac m'appeler:
-Indra

Je fronce les sourcils et me retourne. Il a une rose dans ses mains ce qui me trouble encore plus et qui étire ses livres m'évoquant la douceur malgré ce qu'il doit faire tous les jours à l'armée, j'inspire en tentant de parler par confusion puis me reprend et lui demande trop fermement:
-Qu'est-ce que tu fais?

Ses yeux se remettent à briller en plus de son sourire et il me répond:
-Je rentres dans ta tête

Je fronce à nouveau les sourcils et il me met la rose dans la main. Trop choquée pour retirer la mienne loin de sa main chaude je me contente de le regarder me dire avec une pointe de tristesse ou de reproche, si ce n'est pas les deux:
-Au moins j'ai vraiment ton attention pour une fois

Depuis je me suis concentrée et occupée pour ne pas repenser à la rose.

Le dîner se passe sans les "faux" à mon soulagement, même si c'est une décision un peu illogique de Papa. Mais malgré sa fierté par rapport à Omac il voulait passer une vraie bonne soirée. Avoir un bon souvenir.

Quand il annonce le nouveau statut d'Omac je crie presque:
-Quoi?

Ils rient et Ariu la fille d'un des amis de Papa me dit:
-Ce n'est pas possible que tu n'en ai eu aucune idée, c'est ton frère

Je réplique:
-On est pas frère e.....

Papa dit au-dessus de ma phrase:
-Ils ne sont pas bons en communication, et cela lui a fait la surprise aussi

Omac me lance avec un sourire énervant:
-Surprise!

Ils se mettent à rire. Le sujet change et je croise à nouveau le sourire débile d'Omac qu'il lance à Ariu qui fait mine d'arranger ses cheveux. Sérieusement? Je ferme longuement les yeux ennuyée par toutes ces information. Je secoue légèrement la tête confuse. Comment il a réussi à devenir Centurion aussi vite? Je savais qu'il était fort à l'école, mais pas meilleur que moi à ce point-là? On dirait bien que tout le monde me l'a caché, pas étonnant que Papa l'aime autant. Je soupire.

Après ce dîner ruiné par le fait que certains invités aient fini au vomitorium, à mon dégoût et l'amusement d'Omac et Papa, il y a eu ce qu'avait prévu ce corbeau d 'Omac.
J'ai bien passé une bonne partie de la nuit à ressasser sur la signification des pétales déjà en train de mourir sur ma table. Qu'est-ce qu'il se passe?

Aujourd'hui je n'accorde pas un regard ni un mot à Omac. De toute les façons j'ai d'autres choses à faire, Papa va enfin m'emmener à un combat de gladiateur comme quand j'étais petite. Ce sera un homme contre un tigre, nôtre homme. La raison pour laquelle Papa ne voulait pas que je voie un combat, avant qu'il devienne meilleur. La dernière fois que je l'ai vu il avait 15 ans de ce que l'on savait et moi 14 mais il avait déjà l'air d'avoir  tout vu. On va le retrouver dans le ludus, différent des cellules que je m'imaginais c'est une sorte de lieu de vie. Je vois un homme à la peau pâle et des yeux bleu brillant, surtout à la lumière du soleil passant. Cela et son sourire bien aligné sont ce qui m'a semblé le plus familier. Il est devenu musclé, il a des cicatrices et son visage rond s'est asséché, même ses cheveux blonds se sont obscurcit. Il me sourit à nouveau et je l'imite, jusqu'à entendre les explications de Papa à Omac. Donc je recule ce qui nous fait rire mais on s'arrête quand Papa arrive et demande à moitié contrarié et curieux:
-Qu'est-ce que tu fais ici Indra?

Je réponds:
-Je voulais savoir comment il avait changé

Le gladiateur dont je ne me souviens plus du nom après toutes ces années baisse la tête. Tandis qu'Omac lui lance un regard hostile. Papa dit fièrement:
-Eh oui regardes comme il est fort maintenant, tu verras

Omac dit avec un sourire sournois:
-Bonne chance euh...

Le gladiateur répond:
-Inor

Omac sourit à nouveau.
Je lui lance un sale regard puis demande un peu craintive:
-Il se battra contre qui?

Papa dit excité:
-Contre quoi

J'écarquille les yeux en disant:
-C'est lui, c'est un bestiari

Moi et Papa on le regarde et avec son sourire fier Inor nous dit:
-Non, je n'ai combattu qu'un lion. Il m'a donné la majorité de mes cicatrices. Logiquement.

J'aime sa voix calme et contrôlée, je ne veux pas qu'elle se taise à jamais. Je regarde Papa et lui dis accusatrice:
-Et tu m'as empêché de voir cela

Papa répond:
-Je t'emmène enfin à nouveau parce que c'est un vrai combat avec un tigre, ce que l'on a pas eu en des décennies. De plus il y a de vraies conséquences

Je ne sais pas pourquoi mais comme quand j'étais enfant aux combats mon cœur bat plus vite et je demande:
-Explique-moi

Papa regardes Inor qui m'explique de sa voix contrastant à son monde sanglant:
-Je gagne ma liberté ou je meurs dans cette arène

Mon cœur bat à cette vitesse pour une autre raison cette fois. J'ai l'impression qu'on peut l'entendre donc je le comble en demandant à Papa:
-Il est obligé?

Il rit et me dit:
-Je me souviens que tu étais beaucoup moins compatissante petite

Inor ajoute:
-Je l'ai voulu et tout est en place

Papa rit et dit:
-Il a trouvé le moyen de tous nous mettre sous ses ordres en échange de ce spectacle qui je pense va être quelque chose

Je dis à Papa:
-Et vous allez le laisser mourir pour cela ?

Papa soupire et dit:
-C'est pour cela que j'ai arrêté de t'emmener

Je réplique:
-Pour que je devienne une dame effrayée par tout? Une mauviette 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top