Partie XIII
Après cette soirée, où Cassandre avait fini par s'ouvrir et s'effondrer, Audren ne la quitta plus.
Au début, c'est lui qui resta chez-elle. Chaque jour, il veilla sur la jeune femme effondrée, qui passait son temps à dormir et les rares fois ou elle se réveillait, celle-ci pleurait à chaudes larmes. Qu'elle soit réveillée une demi-heure ou deux heures, le résultat était le même, on retrouvait un tas de mouchoirs immaculés et humides sur la table de nuit ou sur le lit-même. Un tas gigantesque, pareil au Mont-Blanc qu'on ne l'apercevait qu'à peine. Audren se demandait même comment il était possible, qu'autant de larmes coulent à en mouiller une telle quantité de mouchoirs en papier. Mais tout cela ne le gênait pas, il allait voir régulièrement comment se portait son amie, lui rapportait des mouchoirs si elle en avait plus et ramassait les autres. Il lui apportait de quoi boire et manger. Néanmoins, les premiers jours, la jeune femme ne mangea rien. Cela l'embêtait et l'inquiétait beaucoup, alors il n'insista pas, il apporta juste des petites gourmandises, qui lui plairaient plus et donc passeraient mieux.
Au début, cette ruse n'eut pas de succès, mais à force d'acharnement, il eut la surprise de voir qu'une partie de l'assiette de cookies maison avait disparu. Alors il repartit sur la pointe des pieds, un sourire aux lèvres.
Jour après jour, semaine après semaine, son appétit revint et sembla presque normal. Alors, il commença à apporter des vrais petits déjeuners et des minis repas, qui chaque jour étaient tous mangés. Plus les jours passèrent et plus les repas devinrent de vrais repas, ce qui soulageait Audren. Cependant, son amie ne sortait toujours pas du lit, malgré les multiple encouragements du jeune homme, ce qui le rendait soucieux.
***
Un matin, après avoir passé un long moment à pleurer, Cassandre se redressa dans le lit et ouvrit le tiroir de la table de nuit, duquel elle sortit une photo et une chaîne. La photo représentait son père avec une petite fille, la chaîne, elle, était dorée et toute simple. Alors qu'elle caressait ses objets rappelant des souvenirs passés, elle repensa à une chose que lui avait dit son père.
-Dis papa, comment tu peux sourire alors que maman nous a quitté ? Je suis triste, moi, et elle me manque.
-Oh, ma chérie, comme je te comprends. Moi aussi, elle me manque maman, tu sais. Mais je sais qu'elle n'aimerait pas nous voir triste et qu'elle voudrait qu'on continue à vivre.
-Comment tu le sais, papa ?
-Parce qu'elle me l'a dit et m'a fait promettre de te rendre heureuse et de faire de toi la petite fille la plus vivante du monde. Tu ne voudrais quand même pas, me faire mentir, ma petite chipie, finit-il par dire en la chatouillant tellement que l'enfant ria aux éclats.
A ce souvenir, la jeune femme avait laissé paraître un sourire sur son visage, puis soupira longuement, rangea ses objets et décida de se lever.
Tandis que Audren cuisinait des œufs comme chaque matin, il eut une grande surprise en se retournant vers le bar, ce qui le fit basculer en arrière sa poêle à la main.
Il la regarda stupéfait. Elle était là, devant lui assise au bar. Le regardant de sa mine défaite, après des jours et des jours restée couchée.
Audren se reprit et servit les deux assiettes, lui en déposant une devant elle.
-Comment vous sentez-vous ?
-Un peu mieux.
-Tant mieux. Un verre de jus d'orange ?
-Je veux bien.
Il lui servit, puis ils déjeunèrent en silence.
Audren la regardait du coin de l'œil, bien qu'elle soit enfin sortie de son lit, il voyait bien qu'elle n'était pas en forme. Mais par respect, il ne dit rien, préférant la laisser aller à son rythme.
Après ce déjeuner, elle alla s'asseoir dans son fauteuil, les genoux replier sur sa poitrine le tout entourer par ses bras, tout en fixant dehors par la fenêtre.
Son ami resta à distance l'observant. La jeune femme avait la mine toute défaite, le sourire effacé, les yeux remplis de larmes, qui par moment perlaient le long de ses joues. Elle était complètement décoiffée et encore en pyjama.
Malgré tout ça, Audren trouvait en elle de la beauté. Il la trouvait charmante et fut touché par sa douceur que laissait paraître sa tristesse. Elle était tout un être, un être en vie, qui menait un combat intérieur pour s'en sortir. Il aurait voulu lui parler pour la réconforter, mais il savait que rien de ce qu'il dirait ne pourrait l'aider. Il l'aurait bien pris dans ses bras, mais il avait peur de la faire fuir, comme le chat sauvage qu'elle était. Alors, il ne fit rien, il se contenta de rester près d'elle, si elle avait besoin. Comme une présence invisible.
Cela dura plusieurs jours, mais Audren ne dit rien, car il savait qu'elle avait besoin de temps, et qu'elle ne sortirait pas de son mutisme et de sa TORPEUR d'un claquement de doigts. Alors il patienta.
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