Partie X

                                                              PAR SMS

Cassandre :

Bonsoir. Vous faites quoi tout de suite ?


Inconnu :

Rien de spécial. Et vous ?


Cassandre :

Seriez-vous intéressé par une balade ?


Inconnu :

Ma fois, pourquoi pas.


Cassandre :

D'accord. On se retrouve sur le pont où on s'est vu la première fois.


Inconnu :

Avec plaisir. À tout de suite.


Cassandre :

À tout de suite.


                                                            ***


-Bonjour, Cassandre.

-Bonjour, répondit-elle en se tournant vers cette voix qui commençait à lui être familière.

-Vous allez bien ?

-A votre avis ?

-Je dirais que ce n'est pas la grande forme.

-Vous avez gagné.

-Que se passe-t-il ? Vous voulez m'en parler ?

-Je sais pas trop, dit-elle en se retournant face à l'eau.

-Que savez-vous alors ?

-Que je ne me sens pas très bien et que je ne veux pas être seule.

-Je suis là, répondit-il en se rapprochant.

-Et je vous en remercie, prononça-t-elle en lui jetant un regard timide.

-...

-Voulez-vous marcher un peu ?

-Avec plaisir.


           Les deux jeunes gens marchèrent dans les rues piétonnières un long moment sans dire mot. Mais cela ne semblait gêner ni l'un, ni l'autre.

           Après une longue heure de marche, Cassandre s'arrêta net, regarda ses pieds et souffla un grand coup.


-Qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne va pas ?

-Non ! Enfin si, mais non.

-Je ne comprends pas. Expliquez-moi.

           Cassandre garda la tête baissée pendant plusieurs minutes. Puis, la redressa doucement vers Audren.

           Aussitôt, il remarqua ses yeux brillants de larmes.

-Oh, Cassandre ! Que se passe-t-il ?

-Je me sens si seule, lui confit-elle, laissant son chagrin sortir et ses larmes couler.

-Oh ! Fit-il en se rapprochant d'elle pour la prendre dans ses bras et la réconforter. Je suis là, moi.

-Ce n'est pas pareil.

-En quoi est-ce différent ?

-Je ne vous connais pas, ou si peu.

-J'en déduis, alors que ce n'est pas la solitude même qui vous rend si triste. Mais le manque d'un être cher.

           Cassandre releva le visage, s'essuya les yeux et regarda dans les siens. Cherchant une réponse, un indice à une telle compréhension de sa part. Mais elle ne trouva rien qu'un regard vert sincère aux éclats orangés, ici et là.

-Comment faites-vous ?

-Quoi donc ?

-Pour être si compréhensif. Si perspicace sur les choses qui me tourmentent ?

-Je ne sais pas, c'est comme un don, comme si j'avais une connexion avec les gens qui ont mal. Ou plutôt, avec tout ce qui touche à la tristesse et la souffrance. Je la ressens, la perçois et la comprends.

-Hmm. Comment le vivez-vous ?

-Plutôt bien. J'ai appris à vivre avec...

            Alors qu'elle allait poser une autre question, Audren la devança.

-...j'ai appris à l'aimer, et à la trouver belle, quelques soient les circonstances.

-C'est beau ce que vous dites, affirma-t-elle, alors qu'elle essayait d'absorber ses paroles et de les intégrer comme pour en faire un leitmotiv pour toutes les fois, ou elle se sentirait mal.

-Je peux concevoir que cela puisse être absurde ou incompréhensible. N'essayez pas de penser pareil, si ce n'est pas votre vision.

           Elle releva les yeux et les plantèrent une nouvelle fois dans les siens. Perturbée de voir à quel point, il la comprend. Mais surtout par le fait qu'il devine chacune de ses pensées.

           Mais son regard n'indiquait rien de mauvais, juste sincérité et un petit quelque chose bien enfouit, qu'elle n'arrivait pas à discerner pour le moment.

           Ils reprirent leur chemin, puis Cassandre proposa d'aller boire une boisson pour se réchauffer un peu.

           Lui, commanda un café ; elle, un chocolat chaud.

           Aucun des deux ne parlèrent, ils se regardaient, ils examinèrent l'âme de chacun dans un silence de mort. Jusqu'à ce que le serveur vienne briser ce silence.

-Voilà un café et un chocolat chaud.

-Merci, dirent-ils en cœur sans se lâcher du regard.

           Le serveur les regarda tour à tour stupéfait par cette complicité atypique, qui se construisait sous ses yeux. Puis, il repartit derrière son bar.

           Au fils des secondes, des minutes, puis des heures, les langues commencèrent à se délier. Mais pas suffisamment du côté de la jeune femme, qui bloquait encore. Ils repartirent tous les deux, lui tenant Cassandre dans ses bras, alors qu'elle se noyait dans ses larmes.


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