Alvin
Il est six heures et demi et mon réveil se déclenche. Je l'éteint en passant une main sur mon visage. J'ai un peu le trac. Ça ne fait qu'une semaine que je suis dans mon nouveau lycée et j'ai beaucoup de mal à m'adapter.
Je me lève, prend une douche, mets mes vêtements et pars. Le bus passe à une heure très irrégulière ici alors j'essaie de sortir plus tôt. Je monte dans le bus, la boule au ventre. Il faut que je révise encore un peu les maths, j'ai peur d'avoir oublié quelques formules.
Au bout de vingt minutes, je me rends compte que j'ai été absorbé par mes révisions. J'ai raté mon arrêt. Je range mon cahier à la hâte et je descends au prochain arrêt.
Après m'être ajouté dix minutes de marche supplémentaires, j'arrive devant la grille du lycée. J'aperçois des gens de ma classe qui discute entre eux. Je leur fais un signe de tête tandis qu'ils me saluent de la main. J'envoie un message à mon meilleur ami pour lui dire qu'il me manque. Il me propose de jouer en ligne ce soir. Ça va me remonter un peu le moral.
Il est huit heures et le premier cours de la journée commence: TP de physique-chimie. Dolores s'installe à côté de moi. Nous regardons autour de nous, tous les autres trinômes sont au complet.
-Tiens, il manque Simon. Il est toujours là d'habitude.
-Il est peut-être malade.
Le prof nous distribue une feuille et nous voilà partis pour les deux prochaines heures. Dolores est de bonne humeur. Elle me fait quelques blagues pour détendre l'atmosphère. Elle a dû sentir que j'étais un peu tendu.
Nous rendons notre travail et quittons la salle pour aller dans la cour. Je vogue dans la cour à la recherche d'un potentiel visage ami.
-Alvin !
Je me retourne et vois June et Nathan, main dans la main, qui m'appellent.
-Reste pas solo. Viens avec nous.
C'est bien la première fois qu'ils me parlent depuis que je suis arrivé. J'approche, un peu penaud.
-Dis-moi t'étais en Corse avant ?
-Ouais, Ajaccio.
-Ça doit te changer.
-Bah ça caille ici.
-Tu m'étonnes.
Ils échangent quelques banalités de plus avec moi avant que la sonnerie retentisse de nouveau.
Une heure d'anglais: un enfer pour moi. J'y comprends rien. Les langues, c'est pas mon truc. En plus, mon voisin d'à côté n'est pas là. Il paraît qu'il vient la semaine des quatre jeudis. Je n'ai même pas retenu son prénom. À quoi bon, de toute façon.
Après cette torture d'une heure, en voilà une autre. Contrôle de maths. Je m'installe à côté d'Anna. Elle me toise l'air de dire: « t'as pas intérêt à copier ». La prof distribue le sujet. J'essaie de me concentrer mais je me sens un peu paralysé par le stress.
Soudain, j'entends de l'agitation dans les couloirs. Des cris. Qu'est-ce qu'il se passe ? Anna se tourne vers moi, l'air horrifiée. La prof se lève, passe une tête par la fenêtre qui donne sur la cour.
-Putain...
Des coups de feu. Toute la classe semble pétrifiée.
-Gardez votre calme, ordonne la prof.
-Moi, je me casse ! Chacun pour soi !, crie Kylian en courant vers la porte.
-Arrête !, tente la prof.
Derrière lui, plusieurs le suivent. Le tireur doit savoir où se trouve tous les élèves. Il vaut mieux tenter de se cacher dans d'autres endroits. J'arrive toujours pas à croire que ça ne fait qu'une semaine que je suis là et qu'il se passe ce qu'il est en train de se passer. Les autres sont morts de peur. Je croise le regard apeuré de certains camarades qui ont préféré faire le choix de se planquer sous leurs tables. Dans un coup d'adrénaline, je me suis finalement levé et j'ai couru en direction de la porte. La prof n'a rien dit, j'ai juste vu qu'elle me lançait un regard résigné.
Combien de temps me reste-t-il ? Où est-ce que je serai en sécurité ? J'entends des bruits de pas. Ils sont lourds. C'est le tueur. J'ouvre la première porte sur laquelle je tombe. Un labo de chimie vide. Je prends une chaise et me barricade avant de m'allonger au sol. Les minutes sont longues. J'écris à ma mère. Elle m'appelle mais je ne décroche pas. Je suis mort de peur.
Encore des coups de feu, puis le silence. Je me demande: combien ont été tué, combien ont été blessé, qui ont pu s'échapper, est-ce qu'il ne reste que moi ?
De nouveau du tumulte, ça va donc jamais s'arrêter ? On toque à ma porte.
-Il y a quelqu'un ? C'est les secours. Ouvrez.
Je rampe jusqu'à la porte, m'accroupis et tire un peu la chaise mise devant la porte. Elle s'ouvre et des hommes rentrent dans la pièce.
-Ça va jeune homme ? Vous n'êtes pas blessé ? Vous êtes seuls dans cette pièce ?
Impossible de répondre. Ma voix est restée bloquée dans ma gorge. Certains m'inspectent et d'autres inspectent la pièce. Ils me sortent de là et m'emmènent dehors. Il y a des tas de gens mais tous les visages me semblent inconnus. Je suis conduis tout droit vers l'hôpital.
Dans l'ambulance, on me parle, mais je ne réponds toujours pas. Je n'arrive pas à croire que ce qui s'est passé soit bien réel.
Arrivé dans ma chambre, une infirmière vient me rendre visite. Elle essaie de discuter avec moi mais je suis comme sonné.
-Votre mère vous appelle.
Je regarde longuement mon téléphone avant de décrocher.
-Allô Alvin ? Tu vas bien ? J'étais morte de peur ! J'ai vu les infos, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
-Maman...
J'éclate en sanglot. L'infirmière me prend dans ses bras.
-Bonjour, je suis l'infirmière qui s'occupe de votre fils. Votre fils a une réaction post-trauma, il n'a pas parlé une seule fois depuis l'attaque...
Une remontée acide et je me mets à vomir. C'est quoi ce bordel.
-Madame, rappelez plus tard...
Avant que ma mère ajoute quoi que ce soit, elle coupe la communication et court chercher une bassine.
-Ça va aller mon grand, c'est le contre-coup de toutes ces émotions négatives.
C'est un cauchemar. Je vais me réveiller. Je continue de vomir. J'ai failli mourir aujourd'hui, putain.
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