Prologue

On dit que l'amour rend aveugle, mais je n'en suis pas tout à fait certain, car je n'ai jamais aussi bien vu depuis que j'ai pu voir à travers toi. J'ai redécouvert le monde d'une façon que je n'osais même pas imaginer jusqu'à maintenant, jusqu'à toi. Comme si, subitement, ce dernier teinté alors de noir vient de retrouver ses couleurs. Sa luminosité. Sa musique.

Il y a bien des choses que l'on ne voit pas, que l'on ne remarque pas ou que l'on ne veut plus voir tout simplement, mais tu sais ce que l'on dit ? On ne connaît la valeur des choses que quand on les perd. Et parfois, on se perd soi-même. On se noie dans cette mer gigantesque qui nous tire vers le bas. On se noie sans le réaliser et sans pouvoir se sauver.

C'est la vie qui nous happe et qui nous attrape. C'est celle que tu ne vois pas et que tu n'as jamais vue. Non, tu l'as entendu. Chacune de ses respirations aussi brève soit-elle, chacun de ses mots qu'elle te murmurait tout bas. Ses mêmes mots que tu m'as appris à entendre, à déchiffrer.

Une brise. Une goutte d'eau tombant sur un pétale. Un battement de cœur.

Je me suis soudain trouvé une passion pour les sons et la musique si particulière de la vie dictée par ta voix. Tu ne t'en rends certainement pas compte, mais ta voix à quelque chose de spécial. Elle est ce qui m'a tiré de cette mer noire, sombre et profonde. Elle est ce qui m'a permis de remonter à la surface. De respirer. De revivre. Encore maintenant, tu n'as pas conscience de l'impact que tu as sur les gens, parce que tu ne les vois pas, mais tout autour de toi, gravite un monde. Un monde entier. Ils sont là, t'entourant continuellement, te souriant, te remerciant. Ils font des mimiques que tu ne vois pas et pourtant que tu devines avec une aisance dingue.

Tu es là, fredonnant "Walking on sunshine" sans te douter un seul instant que je suis là, en face de toi, caché honteusement derrière un bouquet de fleurs, te regardant hocher de la tête en ordonnant des tournesols dans un vase.

Et tu sais ce que j'entends quand je ferme les yeux ? Non pas la musique que tu siffles, ni même le tapotement de tes pieds au sol, non, rien de tout ça.

J'entends ton cœur dansant tandis que le mien s'en éprend éperdument.

On dit que l'amour rend aveugle, mais moi je dirais qu'il nous rend la vue encore bien meilleure qu'elle ne l'était avant. Avant l'instant présent. Avant tout ça. Avant toi.

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