La lumière dans le couloir. Les voix. La douleur. Il y a tant de petites choses qui m'empêchent de dormir, de fermer un œil. Les heures de visites étant passées, Basile et maman sont repartis et ne reviendront pas avant demain.

La solitude, la peur me maintiennent éveillé, les yeux grands ouverts tandis que j'essaye de faire abstraction de cette sensation qui me parcourt le corps entier. L'impression d'être écrasé. Littéralement. Je ne sens pas mes jambes et je sais que ce n'est pas mon signe. Ce n'est jamais bon signe quand une partie tout entière de votre corps vous dit merde. Est-ce le prix à payer ? Est-ce ce que j'ai perdu ? C'est un prix dès plus acceptable, je ne vais pas m'en plaindre. Je ne vais pas leur dire que j'ai mal ou que je crains ce que demain me réserve.

Hé Basile, dis-moi, quand tu eus l'âge de comprendre que ta vie ne sera jamais comme celle que tu avais imaginée ou prévue, qu'est-ce que ça t'a fait au juste ? Qu'est-ce que tu as ressenti ? Car pour tout te dire, je suis partagé. Une partie de moi est soulagée comme si on lui accordait une seconde chance et une autre est pétrifiée en ne sachant pas quoi faire.

Là de suite, j'ai peur.

Mais je suis heureux aussi.

Tu ne trouves pas ça bizarre ? D'être incapable de ressentir une seule émotion à la fois ? Pourquoi sommes-nous obligés de nous torturer avec un fourre-tout d'émotions nous envahissant. Je me sens comme un smoothie avec tous plein de choses à l'intérieur de moi et je ne sais pas ...je ne sais pas quoi faire avec. Je me retrouve allongé là, les yeux rivés vers les quelques craquelures du plafond, bercés par les quelques bruits et bips de machines autour de moi et j'en viens à me demander si c'est vraiment la vie que je veux mener.

En serais-je capable ? Arrivé-je à m'y faire ?

Je n'en sais rien. Et ça, je n'aime pas. Je n'aime pas ne pas savoir, ne pas avoir le contrôle. Je n'aime pas être dans l'ignorance et n'avoir aucune prise sur ce qui va m'arriver. Ça m'effraie et je déteste ça.