27. Tempête et drame - Partie 1
Je ne sais pas ce qui m'a réveillé en premier : Les fenêtres claquantes sous la pression du vent ou bien les coups de tonnerre assez violent qui font des ravages là dehors. J'entends les gouttes s'écrasant contre la fenêtre de la chambre tandis que je m'assois au bord du lit, sursautant au moindre éclair qui pourfend le ciel en deux parties.
Je n'ai jamais aimé les orages. Petit, à chaque tempête ou à chaque coup de tonnerre, je me précipitais dans la chambre de mes parents pour aller dormir avec eux parce que j'en avais peur. Peur de quoi ? De l'éclair ou juste du grognement qui semble se produire juste au dessus de votre tête ? Peut-être un mélange des deux. J'ai peur de l'orage.
J'attrape mon téléphone sur le bureau juste à côté du lit et profite de la luminosité de l'écran pour éclairer délicatement le lit de Basile. Il semble dormir, du moins, je n'ose pas vraiment me lever pour aller vérifier ça, son dos est tourné vers moi.
Les fenêtres vibrantes me donnent la chair de poule. Le vent siffle et s'engouffre sous chaque petit espace de la maison donnant une impression de "voix de fantôme" assez flippante. Je n'aime pas ce temps. Comment les gens font pour dormir et faire comme si de rien n'était ? Je déteste ce genre de personne qui arrive à supporter ça. Je présume alors que je n'ai qu'à me recoucher avec mes écouteurs dans les oreilles et trouver un moyen de faire abstraction du mauvais temps, mais quelque part, mon cerveau éveillé se remet alors à penser aux mots de Basile.
" - Quand Jacqueline partira. Je veux que tu partes d'ici. Soit heureux Gabriel, tu le mérites. Ton bonheur ne se trouve pas ici, le village n'a rien à t'offrir. Ton bonheur ne dépend pas de moi, je n'ai rien à te donner. Tu iras faire ta vie, tu quitteras ce trou perdu et surtout...Surtout...Tu ne te retourneras pas. Promets-le-moi."
Je n'ai pas pu promettre à ce moment-là. Je l'ai juste dévisagé curieusement en pensant qu'il se foutait de ma gueule et je l'ai royalement ignoré. Je ne peux pas promettre ça. Oui, je partirais. Oui, je quitterais le village, car il est évident que je n'ai rien à faire ici, mais je ne veux pas partir comme ça. Je ne veux pas me détourner de cet endroit comme si de rien n'était alors que tout le monde a considérablement fait un effort pour m'accueillir et me supporter tandis que je n'ai été qu'une odieuse personne, petit citadin prétentieux prétendant avoir tout vu et tout fait. Je me serais moi-même mis des claques, mais il faut sérieusement que j'apprenne à ne pas m'emporter aussi rapidement et à ne pas me braquer à la moindre remarque. Ces gens sont importants pour Jacqueline, pour Basile.
Cléo et Cléa, bien qu'elles aient des prénoms étranges et dont je doute que les parents se soient foulés pour les nommer, sont presque devenues des amies.
Je ne peux pas promettre de partir comme un voleur, non.
Partir, sans Basile.
Je n'ai pas envie de vivre une amourette de vacances ou de faire comme si tout allait bien ensuite. Plus j'apprends à connaître Basile, plus j'ai envie de faire partie de sa vie. Je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs. C'est niais et cliché d'aimer quelqu'un en si peu de temps, mais si je devais décrire ça à ma façon, je dirais que j'ai simplement eu le coup de foudre pour ce mec.
"Coup de foudre", hein ? Ironique quand on voit la gueule du ciel actuellement.
Ah mec ! Je me prends tellement la tête à penser à toutes sortes de choses bien débiles et inutiles à une heure pareille. Je devrais en profiter pour me recoucher, me rendormir et voir ce que demain me réserve.
Soudain mon téléphone se met à sonner et aperçoit le numéro de Cléo. C'est bien une heure pour appeler les gens ça !
- Allô ?
- Gabriel ? Désolé, je te réveille ?
- Non...Avec le temps, difficile de dormir. Qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ai besoin de toi, c'est une urgence. Le barrage de la rivière s'apprête à céder et on a besoin d'un coup de main. J'arrive dans 10 minutes
- Je m'habille et je descends.
Forcément, avec un temps de merde aussi apocalyptique celui-là, le contraire m'aurait étonné.
- Qui s'était ?
La voix de Basile à moitié endormi me surprend tandis que je tente, sur la pointe des pieds, d'attraper mes baskets, mon jean et un tee-shirt.
- Désolé, je t'ai réveillé ? C'était Cléo. Apparemment y'a des soucis avec votre barrage en carton donc elle demande de l'aide supplémentaire. Je vais aller aider. Rendors-toi.
- Tu vas au barrage ?
Sans lui répondre, je quitte mon pantalon de pyjama et enfile mon jean alors que Basile se redresse sur son lit.
- N'y va pas Gabriel. C'est dangereux.
- Je sais, mais je ne vais pas dire "non" si on a besoin d'aide. Et puis je suis bien mieux là-bas qu'à ruminer dans mon coin.
- N'y va pas !
- Je reviens, d'accord ? Ne t'en fais pas. Je saurais être prudent et puis j'ai Cléo sur le dos, tu crois vraiment qu'elle va me laisser faire des bêtises ? Si c'est juste pour tenir une lampe ou soutenir une poutre, je sais le faire.
- Non !
Alors que je me lève, Basile se précipite vers moi, se prenant les pieds dans ses draps traînant par terre et me tombant littéralement dessus.
- Hé...ça va aller, je t'assure. Ne t'en fais pas.
- J'ai un mauvais pressentiment. Le temps dehors est comment ?
Digne d'un ouragan, mais je vais passer sur les détails.
- Un peu de vent, un peu d'orage et beaucoup de pluie. Je serais trempé jusqu'aux orteils en rentrant, mais ce n'est rien. Bon, j'y vais, Cléo va m'attendre sinon.
- Je t'en prie Gabriel...
Pourquoi insiste-t-il autant ? Il y a plein d'autres gens qui doivent être là dehors à aider et qui attendent sinon de l'aide alors, je ne serais pas seul et je ne risque donc rien.
- À tout à l'heure !
Je l'embrasse sur le front, descends les escaliers et remarque les phares de la voiture de Cléo devant le portail. Je me précipite depuis la porte en pensant que mon corps est celui de Néo dans Matrix et que je pourrais ainsi éviter les gouttes de pluie, mais en vérité, j'étais déjà bien mouillé avant même d'atteindre la portière. Tant pis. Mouillé pour mouillé.
- Je suis désolé de t'appeler à une heure pareil, mais on est preneurs de toutes les mains disponibles.
- Pas de soucis, ne t'en fais pas. Cléa est chez toi ?
- Ouais, elle dort comme un loire, c'est dingue. Avec un temps pareil, elle arrive à dormir celle-là.
Il y a des chanceux dans ce monde.
- Et Basile ?
- Le coup de téléphone l'a réveillé, mais je pense qu'il va retourner se coucher. Il était tout bizarre avant que je parte.
- Bizarre ? C'est à dire ?
- Comme s'il allait m'arriver une merde ou un truc du genre. Vraiment bizarre.
Le souci étant que je n'aurai jamais dû partir. Je n'aurai jamais dû décrocher le téléphone. Je n'aurai jamais dû monter dans cette voiture. Et surtout...surtout...
Je n'aurai jamais dû être près d'un barrage voué à céder.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top